Un projet du prince héritier préserve l'artisanat najdi en Arabie saoudite

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Publié le Vendredi 06 août 2021

Un projet du prince héritier préserve l'artisanat najdi en Arabie saoudite

  • Une centaine de meubles et de textiles ont été recréés selon les techniques traditionnelles saoudiennes
  • Certains articles ont servi d’arrière-plan à des réunions de haut niveau avec des dignitaires tels que John Kerry

RIYAD : Lorsque le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a rencontré l'envoyé spécial du président américain pour le climat, John Kerry, le 16 juin, un élément inhabituel sur les photos officielles a attiré l'attention.

Au lieu du sobre décor des palais, où de tels hauts fonctionnaires se réunissent généralement, Kerry s'est retrouvé entouré d'une splendide exposition de décor traditionnel najdi.

Des chaînes géantes de perles bédouines étaient accrochées aux murs autour de lui, et de superbes tables en bois dur, entourées de poufs colorés, ornaient l'espace au sol.

Arab News peut révéler que la décoration intérieure fait partie d'un projet demandé par le prince héritier pour créer plus de 100 objets uniques qui représentent l'héritage de Najd.

Cyma Aziz et Faysal Al-Saadaoui ont été chargés de faire réaliser les textiles, les meubles et autres articles à la main à l'aide d'outils et de matériaux entièrement saoudiens.

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Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (au centre) rencontre l'envoyé spécial du président américain pour le climat John Kerry (2e à gauche) dans la capitale Riyad en juin. (Photo, AFP/Palais royal saoudien/Archives)

Aziz confie à Arab News que le prince héritier a insisté pour qu'aucun clou venu de l'extérieur du Royaume ne soit utilisé sur le projet.

Al-Saadaoui, l'un des collectionneurs d'antiquités saoudiennes les plus expérimentés à Riyad, est un spécialiste de l'architecture et la conception de Najd, la vaste région centrale de l'Arabie saoudite. Aziz est pour sa part une présentatrice de télévision passionnée par la préservation des arts et de la culture najdi.

Les deux ont d'abord été abordés pour le projet privé dans leur point de vente à Diriyah , appelé «Saadaoui Najd», par un architecte d'intérieur de l’équipe du prince héritier.

Le designer a été intrigué par leur collection et a visité leur principale galerie d'art et d'antiquités à Olaya en été 2018.

«L’homme nous a rendu visite et il a été étonné de la quantité éclectique d'antiquités. Il était ravi de voir notre large sélection de meubles, d'accessoires et de textiles najdis inspirés des tapis bédouins pour la tapisserie d'ameublement et les rideaux», raconte Aziz.

C’est ainsi que le projet prend forme. L'équipe du prince héritier voulait s'assurer que l'artisanat et le design traditionnels de Najd soient représentés dans chaque élément.

La partie la plus importante du projet est connue sous le nom de « Majlis », où les leaders politiques et les invités comme John Kerry rencontrent le prince héritier. 

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Cyma Aziz et Faisal Al-Saadaoui ont été chargés de faire réaliser les textiles, les meubles et autres articles à la main à l'aide d'outils et de matériaux entièrement saoudiens. (Photo, AN /Lama Al-Hamawi)

L'équipe a d'abord recherché les techniques authentiques de construction et d'ameublement najdi, disponibles grâce à l'aide de sources locales et du gouvernement.

Ils ont ensuite visité des maisons de village traditionnelles pour étudier les détails et la conception du mobilier. 

«L’abondance des détails et de conceptions dans la collecte de données nous a permis de créer efficacement des conceptions authentiques. C’est ce qui explique la rapidité avec laquelle nous avons pu compléter le projet du prince héritier», révèle Aziz.

«Un projet de cette ampleur ne peut normalement être achevé en moins d'un an, mais l’échéancier se limitait à trois mois», a-t-elle souligné.

Le projet comprenait des sacs à eau en cuir vintage, des panneaux en cuir peint, des fauteuils, des canapés, des tables basses, des tables d'étude, des buffets, des coffres, des chaises, des vases en albâtre et bien d’autres articles. 

Nos partenaires ont passé des jours et des nuits à fabriquer chaque pièce pour représenter parfaitement la culture saoudienne. 

De nombreuses techniques ont été utilisées dans le projet, notamment les détails et la sculpture à la main des tables d'appoint, la peinture des clous en or et en cuivre, ainsi que la gravure à l'eau-forte, la gravure au feu et le dessin de chaque pièce.

La conception du projet a été établie au sein de la galerie Olaya, mais la production de chaque pièce a été réalisée dans un atelier de Sinayah, la zone industrielle de Riyad.

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Au lieu du sobre décor des palais, où de tels hauts fonctionnaires se réunissent généralement, John Kerry s'est retrouvé entouré d'une splendide exposition de décor traditionnel najdi lors de sa rencontre avec le prince héritier Mohammed ben Salmane. (Photo, AN /Lama Al-Hamawi)

«J'ai personnellement supervisé la production des pièces, des premières heures du matin à minuit passé, dans un atelier à Saniyah », précise Aziz.

Elle était la seule femme de l'atelier. Ses frères terminaient leur journée de travail dans une banque, et venaient ensuite lui prêter main forte.

«Ce n'est pas un domaine où l'on voit habituellement les femmes, mais ce projet, ayant des contraintes de temps si limitées et tant de détails, nous a poussés à unir nos forces avec les ouvriers et menuisiers dans nos ateliers».

Le processus de livraison était également très complexe, car il y avait tellement de pièces fragiles qui prenaient des heures à créer.

«Les meubles najdi classiques ne sont pas livrés avec des vis et des rondelles desserrées à emballer et à envoyer. En fait, ces meubles ne peuvent pas être facilement assemblés sur place, nous avons donc dû envoyer des pièces finies, ce qui signifie des chargements de camions plus volumineux», explique-t-elle.

Aziz et Al-Saadaoui indiquent qu'ils étaient passionnés par le projet en raison de son importance dans la préservation du patrimoine local.

«J'ai personnellement rencontré et travaillé avec des artisans de différentes régions du Royaume, et j'ai été affligée d'apprendre que la plupart d'entre eux ne se soucient pas de transmettre leur artisanat à leurs enfants, car ils veulent qu'ils poursuivent des perspectives de carrière plus brillantes après avoir étudié dans de grands instituts et passer une partie de leur vie dans les grandes villes», se désole Aziz.

«Notre prince héritier, en plus de donner l’exemple, est allé encore plus loin avec des méga projets qui annoncent l'ère du «made in Saudi Arabia» pour la renaissance et la préservation de nos arts populaires».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com