Prouvés faux il y a 100 ans, les «Protocoles des Sages de Sion» alimentent encore l’antisémitisme

Couvertures d'éditions traduites des "Protocoles des Sages de Sion" (collage, Wikimedia Commons))
Couvertures d'éditions traduites des "Protocoles des Sages de Sion" (collage, Wikimedia Commons))
Photo du Mémorial de la Shoah à Toulouse, en France, lors d'un hommage posthume à Mireille Knoll, une femme juive assassinée à son domicile dans le cadre d'un crime qualifié d'"antisémite" par la police (AFP)
Photo du Mémorial de la Shoah à Toulouse, en France, lors d'un hommage posthume à Mireille Knoll, une femme juive assassinée à son domicile dans le cadre d'un crime qualifié d'"antisémite" par la police (AFP)
Des fleurs, des bougies et un message disant "Pour une société ouverte et tolérante - L'antisémitisme n'a pas sa place ici" sont photographiés devant la synagogue 'Hohe Weide' à Hambourg, Allemagne, le 5 octobre 2020, un jour après une attaque contre un étudiant juif. (AFP)
Des fleurs, des bougies et un message disant "Pour une société ouverte et tolérante - L'antisémitisme n'a pas sa place ici" sont photographiés devant la synagogue 'Hohe Weide' à Hambourg, Allemagne, le 5 octobre 2020, un jour après une attaque contre un étudiant juif. (AFP)
Des manifestants tiennent une banderole sur laquelle est écrit "8 mai, commémoration, fête, lutte contre l'antisémitisme" lors d'une manifestation contre la présence d'éléments d'extrême droite dans la police allemande et d'autres services de sécurité à Berlin le 8 mai 2021. (AFP)
Des manifestants tiennent une banderole sur laquelle est écrit "8 mai, commémoration, fête, lutte contre l'antisémitisme" lors d'une manifestation contre la présence d'éléments d'extrême droite dans la police allemande et d'autres services de sécurité à Berlin le 8 mai 2021. (AFP)
Un membre de l'Initiative contre l'antisémitisme de Gelsenkirchen tient une pancarte indiquant "combattre l'antisémitisme - Peu importe d'où il vient - #plus jamais" lors d'une veillée devant la synagogue de Gelsenkirchen, en Allemagne, le 14 mai 2021. (AFP )
Un membre de l'Initiative contre l'antisémitisme de Gelsenkirchen tient une pancarte indiquant "combattre l'antisémitisme - Peu importe d'où il vient - #plus jamais" lors d'une veillée devant la synagogue de Gelsenkirchen, en Allemagne, le 14 mai 2021. (AFP )
Des pancartes sont brandies lors d'une contre-manifestation à un rassemblement anti-juif, organisé par un groupe de manifestants d'extrême droite à Whitehall, dans le centre de Londres, le 4 juillet 2015. (AFP)
Des pancartes sont brandies lors d'une contre-manifestation à un rassemblement anti-juif, organisé par un groupe de manifestants d'extrême droite à Whitehall, dans le centre de Londres, le 4 juillet 2015. (AFP)
Des hommes juifs orthodoxes marchent dans le quartier de Crown Heights à Brooklyn le 27 février 2019 à New York à la suite d'une série d'attaques antisémites qui ont rappelé des souvenirs douloureux. (AFP)
Des hommes juifs orthodoxes marchent dans le quartier de Crown Heights à Brooklyn le 27 février 2019 à New York à la suite d'une série d'attaques antisémites qui ont rappelé des souvenirs douloureux. (AFP)
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Publié le Samedi 07 août 2021

Prouvés faux il y a 100 ans, les «Protocoles des Sages de Sion» alimentent encore l’antisémitisme

Photo du Mémorial de la Shoah à Toulouse, en France, lors d'un hommage posthume à Mireille Knoll, une femme juive assassinée à son domicile dans le cadre d'un crime qualifié d'"antisémite" par la police (AFP)
  • En 1921, le Times de Londres a prouvé définitivement que les infâmes «Protocoles des Sages de Sion» n'étaient rien d'autre qu'une falsification grossièrement plagiée
  • Les "Protocoles" consistent en de prétendus procès-verbaux de réunions secrètes d'un sommet de dirigeants juifs anonymes complotant pour l'imposition d'un gouvernement mondial unique sous un roi juif dictatorial

WASHINGTON, D.C. : Cet été marque le 100e  anniversaire d'un triomphe journalistique contre la haine. En 1921, le Times de Londres a prouvé définitivement que les infâmes «Protocoles des Sages de Sion» n'étaient rien d'autre qu'une falsification grossièrement plagiée. Pourtant, malgré cela, les «Protocoles» ont alimenté un siècle de haine, de violence et même de génocide contre le peuple juif.

Cette déconnexion met en évidence l'un des plus grands défis auxquels la presse et la communauté internationale sont aujourd'hui confrontées : réfuter quelque chose de calomnieux n'est pas suffisant pour empêcher ceux qui ne le savent pas de le croire, surtout si les extrémistes sont incités à continuer à promouvoir la calomnie.

Ces dernières semaines, la Ligue anti-diffamation (ADL) a annoncé la nouvelle lorsque notre PDG a révélé dans Newsweek que le président élu iranien Ebrahim Raïssi est à la tête d’une fondation qui a produit un horrible documentaire de 50 épisodes pour promouvoir les «Protocoles».

Pire encore, sous le mandat de Raïssi, la fondation a distribué le documentaire à des millions de pèlerins qui visitent le sanctuaire Imam Reza à Mashhad sous son contrôle. Le documentaire, intitulé «Le plan du diable», a été diffusé sur plusieurs chaînes de télévision publiques en Iran et a même fait l'objet d'un quiz sur les «Protocoles» auxquels les pèlerins étaient invités à participer au sanctuaire.

La volonté de Raïssi de commettre des crimes horribles au nom du régime iranien est déjà bien connue. Il est donc évident qu'il aurait volontairement supervisé l'exploitation des lieux saints et des médias modernes pour développer les «Protocoles» au service de la vision du monde de Téhéran.

Ce qui est plus surprenant, c'est l'utilisation courante et généralisée des «Protocoles» eux-mêmes, un siècle maintenant après qu'ils se sont avérés faux. Comprendre cette histoire peut nous aider tous aujourd'hui alors que nous sommes aux prises avec les défis posés par la désinformation, notamment en provenance d'Iran.

Le président iranien nouvellement élu, Ebrahim Raïssi, prend la parole lors de sa prestation de serment au parlement iranien à Téhéran, le 5 août 2021. (Photo, AFP)
Le président iranien nouvellement élu, Ebrahim Raïssi, prend la parole lors de sa prestation de serment au parlement iranien à Téhéran, le 5 août 2021. (Photo, AFP)

Ce que les «Protocoles» prétendent

Les «Protocoles» ont émergé dans l'Empire russe au tournant du XIXe  siècle. Ils prétendent être une série de procès-verbaux de réunions secrètes d'un sommet de dirigeants juifs anonymes complotant pour l'imposition d'un gouvernement mondial unique sous un roi juif dictatorial.

Chacun des 24 soi-disant «protocoles» du document est un chapitre qui se concentre sur un aspect différent de ce prétendu complot juif, comme le contrôle de tout l’or du monde, des gouvernements, des médias, des systèmes éducatifs et des sociétés franc-maçonnes. D'autres thèmes incluent les stéréotypes anti-juifs tels que la cupidité, la déloyauté, la soif du sang, la suprématie et la corruption morale.

​​​​Theodor Herzl au deuxième congrès sioniste à Bâle, en 1898. (Photo, Wikimedia Commons)
Theodor Herzl au deuxième congrès sioniste à Bâle, en 1898. (Photo, Wikimedia Commons)

Certains prétendent que les «Protocoles» sont les procès-verbaux du sommet de 1897, connu sous le nom du Premier Congrès sioniste, que Theodor Herzl a organisé à Bâle, en Suisse. Pourtant, cela ne tient pas compte du fait que les «Protocoles» eux-mêmes accordent peu d'attention au sionisme, qui était tout l'objet du sommet de Herzl, tenu sous le contrôle de la presse et dont les procès-verbaux sont accessibles au public en détail.

Alors que les «Protocoles» commençaient à circuler en dehors de la Russie, l’organisation précurseure de l’ADL et d’autres groupes juifs américains ont publié une déclaration commune en 1920, les rejetant comme «une falsification de base». L'année suivante, le Times a trouvé une preuve définitive à cet effet, dans ce que le journal pense qu’il pourrait être «peut-être le plus grand scoop de Times» de son histoire.

Ce que le Times a trouvé

En août 1921, le Times a publié une série d'articles révélant comment ils ont découvert que d'énormes parties des «Protocoles» étaient en fait plagiés à partir d'une œuvre de fiction beaucoup plus ancienne qui n'avait rien à voir avec les Juifs.

Tandis que plusieurs autres passages des «Protocoles» étaient déjà connus pour avoir été volés à d'autres œuvres de fiction politique, le Times a trouvé «la base principale du faux sur lequel il se basait, ou dans lequel était incorporé du matériel provenant d'autres sources».

Page de titre de l'ouvrage antisémite Serge Nilus, Le Grand dans le Petit, Les Protocoles de Sion, 1905, Russie, un canular antisémite prétendant décrire un plan juif de domination mondiale. (Photo, Wikimedia Commons)
Page de titre de l'ouvrage antisémite Serge Nilus, Le Grand dans le Petit, Les Protocoles de Sion, 1905, Russie, un canular antisémite prétendant décrire un plan juif de domination mondiale. (Photo, Wikimedia Commons)

Ce livre était «Dialogues en enfer entre Machiavel et Montesquieu» de Maurice Joly, un ouvrage de propagande politique française publié en 1864.  Joly a cherché à mobiliser l'opposition à l'époque contre l'empereur Napoléon III en condamnant et même en diabolisant les dirigeants puissants en termes vagues. Les «Protocoles» ont simplement échangé un conseil obscur de Juifs anonymes comme principal méchant.

Le Times a reçu le livre de Joly par un expatrié russe en Turquie et en a vérifié une seconde copie au British Museum. Il semblait que les «Protocoles» aient été rédigés de manière bâclée «avec l'intention de promouvoir la propagande antisémite en Russie, et en même temps avec l'idée de renforcer le pouvoir autocratique du tsar, en tant que seul homme qui pourrait sauver le monde du «danger juif».

Réfutations ultérieures

Plus d'informations sur comment et pourquoi les « Protocoles » ont été falsifiés de cette manière ont émergé au fil du temps. En 1934-35, deux groupes juifs suisses ont poursuivi en justice des agitateurs nazis locaux à Berne pour diffamation après avoir publié les «Protocoles».

Les groupes ont fait venir des témoins qui ont réfuté les affirmations concernant la conférence de Bâle de 1897 et une prétendue alliance judéo-maçonnique, tandis que la défense n'a pas réussi à étayer même ses affirmations les plus fondamentales.

Les témoins à charge comprenaient même des experts russes qui ont identifié par leur nom les agents de la police secrète russe impliqués dans l'élaboration des «protocoles», dans l'espoir d'influencer le tsar Nicolas II, tout en affaiblissant les réformistes et en faisant des juifs les boucs émissaires des difficultés de la Russie.

Le tribunal a donné raison à l'accusation, concluant «qu'il est désormais prouvé avec la plus grande clarté» que les textes «avaient été copiés» de l'œuvre de Joly, très probablement pour gagner en influence à la cour du tsar».

Aux États-Unis, le constructeur automobile Henry Ford a publié une adaptation des « Protocoles » sous la forme d'une série d'articles dans un journal local de 1920 à 1922 et sous la forme d'un livre intitulé « The International Jew » (Le juif international), qui s'est vendu à un demi-million d'exemplaires.

La publication Ford «Le Juif international », le problème le plus important du monde. Articles de The Dearborn Independent, 1920. (Photo, Wikimedia Commons)
La publication Ford «Le Juif international », le problème le plus important du monde. Articles de The Dearborn Independent, 1920. (Photo, Wikimedia Commons)

Mais face à d'éventuelles sanctions légales pour diffusion d'un faux document, Ford a renié les «Protocoles» en 1927 et s'est excusé auprès de l'ADL. En Russie même, un tribunal de Moscou en 1992 a statué en faveur d'un journal juif poursuivi pour diffamation lorsqu'il a qualifié un groupe ultranationaliste d'antisémite pour avoir publié en série les «Protocoles».

Trois universitaires russes, acceptés à la fois par la défense et l'accusation, ont uniformément témoigné en concluant que les «Protocoles» étaient faux. En 1999, un historien a identifié des documents dans les archives de la Russie prouvant ce qui avait été allégué par deux témoins experts lors du procès de 1934-35 en Suisse : que les « Protocoles » ont été élaborés par un agent de la police secrète russe nommé Matthieu Golovinski pour diaboliser les Juifs et marginaliser les réformateurs russes.

Comment une falsification prouvée s'est propagée

Malgré de telles réfutations, les «Protocoles» ont continué à se répandre, peut-être parce qu'ils ne faisaient que confirmer ce que beaucoup de gens croyaient déjà.

Par exemple, dans son manifeste de 1925 «Mein Kampf» (Mon combat), Adolf Hitler a montré qu'il était conscient que les «Protocoles» étaient identifiés par les médias grand public comme faux. Pourtant, il était tellement convaincu que sa haine envers les Juifs était justifiée qu'il a décrit ces réfutations comme «la meilleure preuve qu'elles sont authentiques».

Hitler a fait référence aux «Protocoles» comme un moyen d'atteindre ses fins politiques, écrivant qu'une fois que le public peut être convaincu d'y croire, «la menace juive peut être considérée comme détruite».

Des pancartes sont brandies lors d'une contre-manifestation à un rassemblement anti-juif, organisé par un groupe de manifestants d'extrême droite à Whitehall, dans le centre de Londres, le 4 juillet 2015. (Photo, AFP)
Des pancartes sont brandies lors d'une contre-manifestation à un rassemblement anti-juif, organisé par un groupe de manifestants d'extrême droite à Whitehall, dans le centre de Londres, le 4 juillet 2015. (Photo, AFP)

Son parti nazi a commencé sa campagne contre les Juifs d'Allemagne en 1933 par un boycott des magasins appartenant à des Juifs, l'appelant une défense contre le «Plan de Bâle», une allusion aux «Protocoles». En fin de compte, l'Allemagne nazie a publié et distribué plus de vingt éditions, et le livre a même été utilisé pour instruire les enfants dans certaines écoles allemandes.

En légitimant le mythe d'une conspiration juive visant à dominer le monde, les «Protocoles» ont contribué au génocide nazi de six millions d'hommes, de femmes et d'enfants juifs. Pourtant, c'est après la défaite d'Hitler que les «Protocoles» ont atteint leur public le plus large, gagnant un impact mondial dans la seconde moitié du 20e  siècle.

Des controverses sur les «Protocoles» ont été signalées en 1968, non seulement en Pologne mais aussi au Liban, où 200 000 exemplaires auraient été publiés pour être distribués en Afrique francophone. En 1972, ils ont fait l'objet d'histoires impliquant non seulement le ministre grec de l'Éducation, mais aussi l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, qui gardait une pile sur son bureau et disait aux visiteurs : «Vous devez le lire».

L'ADL a noté que dans les années 1970, les «Protocoles» étaient documentés dans des pays d'Amérique latine tels que l'Argentine, le Brésil, le Chili et le Panama, et également publiés à cette époque en Inde  et au Pakistan. D'autres éditions ont vu le jour au Japon en 1987, au Mexique en 1992 et en Indonésie en 2003.

Les «Protocoles» au Moyen-Orient

Aucune région n'a aujourd'hui le monopole des «Protocoles». Par exemple, un sondage d'opinion réalisé le 28 juin auprès d'adultes américains a révélé que, parmi les personnes interrogées qui croient à la théorie du complot d'extrême droite QAnon, 49 % de ce sous-groupe croient également aux «Protocoles». Pourtant, à cause du conflit arabo-israélien, les «Protocoles» ont particulièrement attiré certains publics au Moyen-Orient.

Les chercheurs ont documenté 102 instances différentes des «Protocoles» publiées sous forme de livre ou de série de journaux en Turquie entre 1946 et 2008, contre seulement trois fois auparavant.

L'ADL a documenté dans une brochure intitulée « Les protocoles : mythe et histoire » que, de 1965 à 1967, «environ 50 livres sur des sujets politiques publiés en arabe étaient, soit fondés sur les «Protocoles», soit cités à partir d'eux».

Les extrémistes ont eu le plus grand intérêt pour les «Protocoles» car ils valident leur position. La charte du Hamas de 1988 déclarait : «Aujourd'hui c'est la Palestine, demain, ce sera un pays ou un autre. Le plan sioniste est sans limites… quand ils auront digéré la région qu'ils ont envahie, ils chercheront une nouvelle expansion, et ainsi de suite. Leur plan est incarné dans les «Protocoles des Sages de Sion».

De même, le régime fondamentaliste iranien a propagé les «Protocoles» depuis ses premières années. L'Organisation de propagande islamique du leader iranien publie et distribue les «Protocoles» depuis les années 1980.

La fondation, que le président élu Raïssi dirigeait il y a encore quelques années et qui a produit sa série de films de 50 épisodes sur les «Protocoles» sous son mandat, publie également ses propres éditions papier depuis les années 1990.

En 2003, la chaine Al-Manar du Hezbollah a diffusé une série de 29 épisodes basée sur les «Protocoles» intitulée «Al-Shatat» (la diaspora). La production du film a été facilitée par le régime d'Assad, mais la pression diplomatique a conduit la télévision d'État syrienne à l'abandonner, et les autorités françaises ont forcé Al-Manar à quitter Eutelsat à cause du film.

Des partisans du leader libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, l'écoutent via un écran lors d'un rassemblement à Khiam, au Liban, le 13 août 2017. (Photo, Reuters/Archives)
Des partisans du leader libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, l'écoutent via un écran lors d'un rassemblement à Khiam, au Liban, le 13 août 2017. (Photo, Reuters/Archives)

Pourtant, les forces modérées ont parfois aussi évoqué les «Protocoles» de manière regrettable, comme en 2002 lorsque la télévision d'État égyptienne et une chaîne privée ont diffusé «Horseman Without a Horse» (Cavalier sans cheval), un autre documentaire en plusieurs épisodes basé en partie sur les «Protocoles».

En réponse aux plaintes, la télévision d'État a coupé des parties du film et a ajouté un avertissement, mais il a été rediffusé à la fois en Égypte et à l'étranger. La star du film se vante d'avoir inspiré la vente de deux millions d'exemplaires des «Protocoles».

Arab News a publié un éditorial notant que les «Protocoles» étaient «depuis longtemps avérés être faux» et que même si seulement 1% de «Cavalier sans cheval» est basé sur le livre, «c’est 1 % de trop».

Asharq Al-Awsat a publié une interview avec un universitaire palestinien critiquant le film et qualifiant le texte de «livre fictif» qui nuit à la question palestinienne. En 2008, le Grand Mufti d'Égypte a qualifié les «Protocoles» de «livre fictif qui n'a aucun fondement factuel».

Tant au Moyen-Orient que dans d'autres régions, le mythe d'une cabale juive contrôlant le monde est encore assez courant dans certains cercles aujourd'hui, même si les «Protocoles» ne sont pas explicitement mentionnés.

Et dans mon propre travail, je tombe sur des exemplaires des «Protocoles» vendus par des exposants privés lors de foires du livre gérées par l'État dans certaines parties de la région, dont une qui a eu lieu en Égypte le mois dernier. Je les ai également trouvés dans certains manuels d'État, mais grâce aux réformateurs de l'éducation, cela est devenu beaucoup moins courant aujourd'hui.

Se défendre contre la désinformation aujourd'hui

Le 22 juin, le ministère américain de la Justice a saisi 36 sites Web liés au Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) d'Iran et à ses mercenaires, dont beaucoup avaient des antécédents de propagande haineuse et mensongère contre l'Arabie saoudite, l'Amérique, Israël et le peuple juif. Et certains d'entre eux ont régulièrement invoqué les «Protocoles» à des fins de propagande.

Les gardiens de la révolution iranienne célèbrent le lancement d'un missile dans un lieu secret en Iran, le 3 juillet 2012. (Photo, AP/IRNA, Mostafa Qotbi/Archives)
Les gardiens de la révolution iranienne célèbrent le lancement d'un missile dans un lieu secret en Iran, le 3 juillet 2012. (Photo, AP/IRNA, Mostafa Qotbi/Archives)

Une telle désinformation peut être dangereuse. Un autre site géré par le CGRI interrompu par le ministère de la Justice en 2020 était AWD News, autrefois le domaine Web numéro un promu par les internautes iraniens sur Twitter.

En 2016, AWD News a rapporté sans fondement qu'Israël avait menacé le Pakistan d'armes nucléaires s'il entrait en Syrie, et en réaction, un compte du ministre pakistanais de la Défense a en fait tweeté, puis supprimé, un avertissement selon lequel «Israël oublie que le Pakistan est aussi un État nucléaire».

Heureusement, l’internet et les médias sociaux offrent aussi de nouveaux outils pour contrer la désinformation. Il existe de bonnes bases sur la façon d'identifier les fausses nouvelles, par exemple.  Les plateformes de médias sociaux et les gouvernements sont encouragés à prendre une série de mesures pour aider à repousser la haine et l'extrémisme en marge d'Internet.

Lorsque la diffamation est passible de poursuites judiciaires, les plaideurs courageux peuvent également demander aux tribunaux d'arrêter la publication de traités comme les «Protocoles».

Mais surtout, le monde numérique offre de vastes nouveaux espaces pour que toutes les personnes de bonne conscience puissent s'exprimer. Débattre de telles idées controversées et diffuser des messages précisément fondés de tolérance intercommunautaire et interconfessionnelle, contrecarrer les mythes haineux tels que les «Protocoles» et expliquer comment nous savons depuis un siècle qu'ils sont tout simplement sans fondement.

 

•          David Andrew Weinberg est le directeur des affaires internationales de l'Anti-Defamation League à Washington.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Guinot Institut apporte l’excellence de la beauté française à Dubaï

 Le monde du bien-être et de la beauté à Dubaï s’enrichit d’un nouveau joyau venu tout droit de Paris. Guinot Institut Paris, reconnu comme le salon de beauté n°1 en France, vient d’ouvrir son premier institut au cœur de Dubai Healthcare City. (Photo fournie)
Le monde du bien-être et de la beauté à Dubaï s’enrichit d’un nouveau joyau venu tout droit de Paris. Guinot Institut Paris, reconnu comme le salon de beauté n°1 en France, vient d’ouvrir son premier institut au cœur de Dubai Healthcare City. (Photo fournie)
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  • Fondée il y a plus d’un demi-siècle, Guinot s’est imposée comme une référence mondiale des soins professionnels grâce à ses innovations scientifiques, ses formules exclusives et son exigence de qualité
  • Chaque soin, conçu comme un rituel personnalisé, allie science et précision pour sublimer la beauté naturelle de chaque femme

DUBAI: Le monde du bien-être et de la beauté à Dubaï s’enrichit d’un nouveau joyau venu tout droit de Paris. Guinot Institut Paris, reconnu comme le salon de beauté n°1 en France, vient d’ouvrir son premier institut au cœur de Dubai Healthcare City, marquant une nouvelle étape dans la diffusion du savoir-faire français en matière de soins de la peau.

Un héritage de plus de 50 ans d’expertise

Fondée il y a plus d’un demi-siècle, Guinot s’est imposée comme une référence mondiale des soins professionnels grâce à ses innovations scientifiques, ses formules exclusives et son exigence de qualité. Les produits Guinot, développés et fabriqués en France, respectent des standards pharmaceutiques stricts et des engagements environnementaux rigoureux.

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Une nouvelle adresse d’excellence à Dubaï

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L’Autorité saoudienne du divertissement lance un nouveau programme pour stimuler l’innovation

Le programme met l’accent sur le développement de modèles économiques, d’identités de marque, de prototypes et de stratégies de mise sur le marché. (SPA)
Le programme met l’accent sur le développement de modèles économiques, d’identités de marque, de prototypes et de stratégies de mise sur le marché. (SPA)
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  • Le programme « Entertainment Innovations » vise à dynamiser la créativité et la compétitivité du secteur du divertissement saoudien en soutenant les talents et entrepreneurs
  • Plus de 1 million $ d’aides et 300 000 SR de prix seront attribués aux projets les plus innovants à l’issue d’un challenge de trois jours

RIYAD : L’Autorité générale du divertissement (GEA) a lancé le programme « Entertainment Innovations », destiné à renforcer la créativité et l’innovation dans le secteur du divertissement en Arabie saoudite.

Conçu pour soutenir les talents et les entrepreneurs, le programme vise à développer des solutions favorisant la croissance du secteur et sa compétitivité à l’échelle mondiale, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Les inscriptions sont désormais ouvertes. Plus de 100 participants formeront des équipes diversifiées, accompagnées de mentors et d’experts du secteur, précise la SPA.

Le programme se déroule en plusieurs étapes : inscription via le site de l’autorité, sélection des candidats et constitution des équipes pour un bootcamp virtuel, puis un challenge de trois jours qui s’achèvera par des présentations finales devant un jury. Les lauréats seront ensuite récompensés.

Selon la SPA, l’initiative met l’accent sur le développement de modèles économiques, d’identités de marque, de prototypes et de stratégies de mise sur le marché.

L’objectif est de transformer des idées créatives en projets durables, alignés sur les ambitions du Royaume en matière de développement du divertissement, tout en favorisant la collaboration entre créateurs, investisseurs et experts.

Le programme vise trois objectifs majeurs : promouvoir l’innovation dans le secteur, attirer des talents spécialisés dans la technologie, le design et l’entrepreneuriat, et élargir le vivier de jeunes créatifs.

Au total, 300 000 riyals saoudiens (environ 80 000 dollars) de prix et plus d’un million de dollars en soutiens et accompagnements seront attribués aux trois premiers lauréats.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Ouverture du Grand Musée égyptien : le monde réuni au Caire pour son inauguration

Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
La statue colossale en granit rose du roi Ramsès II, vieille de 3 200 ans, à l'entrée du Grand Musée égyptien. (Fourni)
La statue colossale en granit rose du roi Ramsès II, vieille de 3 200 ans, à l'entrée du Grand Musée égyptien. (Fourni)
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  • Le Grand Musée Égyptien, plus grand musée au monde consacré à une seule civilisation, expose plus de 57 000 artefacts, dont la collection complète de Toutankhamon
  • Inauguré par Abdel Fattah Al-Sissi, l’événement a rassemblé des dirigeants mondiaux et marque un nouveau chapitre culturel et historique pour l’Égypte

LE CAIRE : Le Grand Musée Égyptien — le plus grand musée archéologique au monde dédié à une seule civilisation — a officiellement ouvert ses portes.

L’événement d’inauguration a réuni de nombreuses personnalités internationales, parmi lesquelles le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le roi Philippe de Belgique et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

Les hauts responsables arabes présents étaient menés par le ministre saoudien de la Culture, le prince Badr ben Abdallah, accompagné du prince héritier Theyazin d’Oman et du président palestinien Mahmoud Abbas.

Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a inauguré ce musée tant attendu, vitrine d’un milliard de dollars dédiée aux trésors pharaoniques, affirmant que son ouverture marquait « un nouveau chapitre de l’histoire » pour le pays.

« Aujourd’hui, alors que nous célébrons ensemble l’ouverture du Grand Musée Égyptien, nous écrivons un nouveau chapitre de l’histoire du présent et de l’avenir de cette patrie millénaire », a déclaré Al-Sissi devant un parterre de princes, reines, chefs d’État et autres dignitaires réunis sur l’esplanade du musée.

Le spectacle fastueux de samedi a illuminé à la fois les pyramides et la façade monumentale du musée, avec de grandes mises en scène musicales et des performances conjointes entre Le Caire et Tokyo, Paris et New York.

Situé à environ deux kilomètres des pyramides de Gizeh, le site s’étend sur 490 000 m². Son design, signé par le cabinet irlandais Heneghan Peng Architects, mêle modernité et histoire.

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Le site, situé à environ 2 kilomètres des pyramides de Gizeh, couvre une superficie totale de 490 000 mètres carrés. (Fourni)

Le musée est le fruit de l’initiative de l’ancien ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosny, qui proposa l’idée en 1992. La construction débuta en 2005, mais fut interrompue trois ans durant les troubles politiques qui suivirent la révolution de 2011.

Le projet a néanmoins surmonté de nombreux défis — bouleversements politiques et pandémie mondiale — qui ont retardé son ouverture à quatre reprises.

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Le Grand Musée égyptien de Gizeh, dans la banlieue sud-ouest de la capitale, Le Caire. (Fourni)

« Dire que le Grand Musée Égyptien est un cadeau de l’Égypte au monde n’est pas une exagération, car l’héritage de la civilisation égyptienne ancienne constitue un patrimoine universel », a déclaré le Premier ministre égyptien, Mostafa Madbouly.

Cet héritage sera présenté sur 40 000 m² d’espaces d’exposition, dont 7 500 m² consacrés aux trésors du roi Toutankhamon, tous découverts dans sa tombe sur la rive ouest de Louxor en 1922 par l’archéologue britannique Howard Carter.

Le musée abrite plus de 57 000 artefacts répartis entre les galeries de Toutankhamon, les galeries principales, la Grande Salle, le Grand Escalier et le musée de la barque de Khéops. La barque solaire de 4 600 ans du pharaon Khéops, longue de 43 mètres, découverte dans les années 1950 près de la Grande Pyramide, est l’un des joyaux de la collection.

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Un visiteur visite le Grand musée égyptien à Gizeh, dans la banlieue sud-ouest de la capitale Le Caire. (AFP)

« Ce qui distingue véritablement le Grand Musée Égyptien, c’est la présentation complète de la collection de Toutankhamon — plus de 5 000 artefacts exposés ensemble pour la première fois », a confié à Arab News l’ancien directeur du musée, le Dr Tarek Tawfik.

L’inauguration de samedi comprenait notamment l’ouverture de deux salles consacrées à ces 5 000 pièces exceptionnelles.

« Les visiteurs seront émerveillés par les techniques modernes de présentation du musée, qui racontent l’histoire du roi à travers une approche curatoriale novatrice, différente des styles d’exposition traditionnels », a ajouté Tawfik.

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La statue de la reine Hatchepsout au musée. (Fourni)

Certaines sections du musée sont ouvertes au public depuis 2024, et de nouvelles galeries ouvriront le 4 novembre, dans l’espoir d’attirer visiteurs locaux et touristes internationaux.

Dès l’entrée, le parcours débute par l’obélisque suspendu du roi Ramsès II dans la cour du musée. Les visiteurs peuvent également admirer une statue monumentale du pharaon dans le hall d’accueil avant d’emprunter le Grand Escalier — une statue vieille de 3 200 ans et haute de 11 mètres, déplacée ici après avoir longtemps trôné au centre d’un rond-point encombré devant la principale gare ferroviaire du Caire.

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Les galeries principales traitent de trois thèmes principaux - les croyances, la société et la royauté - couvrant différentes périodes de l'Égypte ancienne, de l'ère préhistorique et des anciens, moyens et nouveaux royaumes jusqu'à la période gréco-romaine. (Fourni)

Les galeries principales explorent trois thèmes centraux — croyances, société et royauté — couvrant les différentes périodes de l’Égypte ancienne, de la préhistoire à l’époque gréco-romaine.

Le musée abrite aussi un vaste centre de restauration de 32 000 m², le plus grand du Moyen-Orient, comprenant 16 laboratoires spécialisés ouverts au public — une première mondiale.

Présenté comme un pont entre l’héritage antique de l’Égypte et sa vision moderne, le Grand Musée Égyptien offre une fenêtre unique sur l’une des civilisations les plus fascinantes de l’histoire.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com