ALEXANDRIE: Le chef des Houthis a fermement rejeté le plan de paix actuel négocié par l'ONU et a ordonné à ses partisans de continuer à se battre, portant ainsi un coup aux efforts visant à mettre fin à la guerre au Yémen.
Lundi, dans un discours télévisé, Abdul-Malik al-Houthi a déclaré qu'accepter le plan de paix signifierait pour les Houthis se rendre à leurs opposants. Il a exigé comme condition préalable aux pourparlers de paix la fin du «blocus» et des frappes aériennes de la coalition arabe sur ses forces.
«La perspective américaine de la paix signifie la reddition, l'occupation et la poursuite de l'agression et du siège», a-t-il affirmé, ordonnant à ses partisans de poursuivre leur recrutement et leur entraînement et d'envoyer des renforts sur les champs de bataille.
Martin Griffiths, l'ancien envoyé spécial de l'ONU au Yémen, avait poussé les parties yéménites à accepter un plan de paix qui recommandait d'appliquer une trêve nationale, de rouvrir l'aéroport de Sanaa et de lever les restrictions sur les ports de Hodeida, avant d'entamer des pourparlers de paix.
Le médiateur de l'ONU avait estimé que l'arrêt des opérations militaires à travers le Yémen, y compris l'offensive meurtrière des Houthis soutenus par l'Iran contre la ville de Marib, atténuerait la grave crise humanitaire.
Mais les Houthis ont rejeté le plan, répondant que la coalition devrait d'abord arrêter les frappes aériennes, rouvrir le port de Hodeida ainsi que l'aéroport de Sanaa, sans restrictions sur les vols et les destinations.
Le gouvernement yéménite a déclaré que la nouvelle initiative de paix répondait aux préoccupations des Houthis concernant l'aéroport et le mouvement des marchandises et du carburant via le port de Hodeida, accusant la milice de ne pas vouloir mettre fin à la guerre.
Lundi, le porte-parole des Houthis, Mohammed Abdel Salam, a déclaré à la chaîne libanaise Al-Mayadeen qu'ils ne cesseraient pas de sitôt les opérations militaires, accusant Washington de se tenir aux côtés de leurs opposants.
«Le champ d’action à Marib et dans les autres régions n'est lié à aucune discussion politique», a-t-il soutenu, se référant ainsi aux dernières tractations diplomatiques internationales menées par les médiateurs omanais et de l'ONU pour les convaincre d'accepter l'accord de paix de l'ONU.
Le rejet par les Houthis des efforts de paix visant à mettre fin à la guerre est intervenu quelques jours après la nomination par le secrétaire général de l'ONU de Hans Grundberg, un diplomate suédois, comme nouvel émissaire pour le Yémen.
Des analystes politiques yéménites soutiennent que les Houthis tentent d'envoyer des messages à la communauté internationale et au nouvel envoyé de l'ONUm, signifiant qu'ils ne renonceraient pas à leurs gains militaires, et que personne ne devrait s'attendre à ce qu'ils fassent de grandes concessions pour aboutir à la paix.
«Il existe une ferme conviction (chez les Houthis) que le fait d’accepter des solutions pacifiques, de mettre fin au coup d'État ou d’abandonner les gains militaires est constitue une reddition», a précisé à Arab News Ali al-Fakih, rédacteur en chef d'Al-Masdar Online. Les Houthis cherchaient à séparer l'offensive de Marib des autres problèmes, Marib étant considérée comme une affaire interne, a-t-il ajouté.
«Ils veulent dire à la communauté internationale qu'ils n'acceptent qu'une solution, celle qui met un terme à l'ingérence de la coalition arabe au Yémen, ouvre les aéroports et les ports maritimes, et les reconnaît comme une autorité légitime.»
Lundi, le ministère yéménite de la Défense a déclaré que de nombreux dirigeants houthis auraient été tués dans des frappes aériennes lancées par les avions militaires de la coalition, alors qu’ils tenaient une réunion dans le district de Rahaba.
Les avions de combat ont également détruit cinq véhicules militaires et tué plusieurs Houthis dans la même région.
La semaine dernière, les soldats de l'armée et les tribus alliées ont fait des avancées limitées à Rahaba, après avoir pris le contrôle de deux montagnes.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com