Etats-Unis: le variant Delta relance la bataille du masque

Le président américain Joe Biden, portant un masque sanitaire. AFP/archives
Le président américain Joe Biden, portant un masque sanitaire. AFP/archives
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Publié le Mercredi 11 août 2021

Etats-Unis: le variant Delta relance la bataille du masque

  • L'affrontement a comme un air de déjà-vu. Au début de l'épidémie, le masque était rapidement devenu un symbole d'appartenance politique dans le pays, alors dirigé par un Donald Trump mettant un point d'honneur à s'afficher le moins possible masqué
  • Un an plus tard, le sujet est de nouveau particulièrement sensible à l'approche de la rentrée scolaire

WASHINGTON : La flambée de l'épidémie de Covid-19 provoquée par le variant Delta alimente à nouveau la controverse politique autour du masque aux Etats-Unis, certains gouverneurs s'opposant à toute mesure visant à le rendre obligatoire malgré les recommandations des autorités sanitaires.

L'affrontement a comme un air de déjà-vu. Au début de l'épidémie, le masque était rapidement devenu un symbole d'appartenance politique dans le pays, alors dirigé par un Donald Trump mettant un point d'honneur à s'afficher le moins possible le visage couvert. 

Un an plus tard, le sujet est de nouveau particulièrement sensible à l'approche de la rentrée scolaire.

"Ce sont les parents qui doivent décider", a une fois de plus martelé mardi le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, qui a interdit aux écoles de son Etat d'imposer le port du masque aux élèves. "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire valoir les droits" des parents, a-t-il ajouté.

Plusieurs districts scolaires ont annoncé vouloir défier l'ordre du gouverneur. En retour, Ron DeSantis a menacé de couper les fonds aux écoles rebelles, ou même de cesser de verser les salaires des responsables scolaires impliqués dans ces décisions.

"Qu'un gouverneur ait l'autorité de dire" aux directeurs d'écoles voulant imposer le masque "+vous ne pouvez pas faire cela+, je trouve cela complètement contre-intuitif, et même hypocrite", a cinglé mardi le président démocrate Joe Biden. 

Haute circulation du virus

En mai, les Américains vaccinés avaient pu dire adieu au masque, les autorités sanitaires estimant alors qu'ils pouvaient le tomber sans risque. Début juillet, la principale agence de santé publique du pays (CDC) avait assuré que cette recommandation vaudrait également dans les classes à la rentrée pour les enfants vaccinés.

C'était compter sans le variant Delta, hautement contagieux. Et une couverture vaccinale insuffisante pour éviter une forte poussée de l'épidémie: seule la moitié de la population américaine est entièrement vaccinée. Et les enfants de moins de 12 ans ne sont pas éligibles.

Fin juillet, patatras: le masque est de nouveau recommandé en intérieur pour les personnes vaccinées, dans les régions où la circulation du virus est importante. Soit quasiment 90% du pays actuellement, selon la classification des CDC.

Les autorités sanitaires mettent en avant des données préliminaires montrant que les personnes vaccinées, en cas d'infection, pourraient davantage transmettre le virus avec Delta qu'avec les autres variants. 

Dans la foulée, de nombreuses entreprises révisent leurs règles. Le numéro un de la distribution aux Etats-Unis, Walmart, réimpose le port du masque à tous ses salariés, deux mois et demi après l'avoir levé pour ses employés vaccinés. 

Mettre la politique de côté

L'épidémie est actuellement particulièrement virulente dans le sud-est du pays. Justement là où se trouvent les Etats parmi les moins vaccinés. 

Or "les gens non vaccinés sont aussi moins susceptibles de porter le masque", souligne auprès de l'AFP Eric Cioe-Pena, expert en santé publique à Northwell Health. "Nous n'avons pas l'adhésion de la part des gens dont nous avons justement besoin qu'ils adhèrent."

Dans l'Arkansas le gouverneur républicain Asa Hutchinson avait bien imposé le port du masque durant le pic épidémique cet hiver. Mais lorsque les cas ont diminué, il l'a finalement levé et, sous pression d'un gouvernement local très conservateur, a signé une loi interdisant d'imposer de nouveau une telle obligation à l'avenir.

"Avec le recul, j'aimerais que ça ne soit pas devenu la loi", a-t-il confié début août lors d'une conférence de presse. Lundi, il s'est alarmé sur Twitter du nombre record d'hospitalisations, soulignant que l'Etat ne comptait plus que huit lits disponibles en soins intensifs.  

Au Texas, comme en Floride, le gouverneur républicain Greg Abbott a interdit aux écoles d'imposer le masque. Et là aussi, plusieurs districts scolaires ont annoncé qu'ils le feraient malgré tout. Même scénario en Arizona.

Au contraire, à New York ou encore dans l'Illinois, Etats démocrates, tous les écoliers devront obligatoirement porter un masque.

"Nous nous comportons comme s'il y avait deux pays", a regretté auprès de l'AFP Nahid Bhadelia, directrice du Centre de recherche sur les maladies infectieuses émergentes à l'Université de Boston. "Mais ce qui est triste, c'est que ce n'est pas le cas. Parce que ce qui se passe dans le sud du pays affectera le nord."

Avec des enfants non vaccinés se retrouvant dans la même salle de classe et "si vous retirez la politique du scénario (...), le moyen de rendre cela plus sûr est de vacciner tout le monde autour, et d'exiger le port du masque." 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.