Les Etats-Unis frustrés par la faiblesse des forces afghanes face aux talibans

Les Etats-Unis de Joe Biden affichent de plus en plus leur frustration (Photo, AFP).
Les Etats-Unis de Joe Biden affichent de plus en plus leur frustration (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 11 août 2021

Les Etats-Unis frustrés par la faiblesse des forces afghanes face aux talibans

  • Tout en assurant qu'il ne regrettait pas sa décision de retirer ses troupes du pays en guerre, le président américain a adressé mardi un avertissement clair aux autorités de Kaboul
  • Les Afghans «doivent avoir la volonté de se battre», «pour eux-mêmes, pour leur nation», a lancé Joe Biden

WASHINGTON: Les Etats-Unis de Joe Biden affichent de plus en plus leur frustration, voire leur agacement, face à l'incapacité des forces afghanes à contrer l'offensive des talibans -- révélatrice aussi d'un certain échec de Washington après 20 ans de présence en Afghanistan.

Tout en assurant qu'il ne regrettait pas sa décision de retirer ses troupes du pays en guerre, le président américain a adressé mardi un avertissement clair aux autorités de Kaboul.

Les Afghans "doivent avoir la volonté de se battre", "pour eux-mêmes, pour leur nation", a lancé Joe Biden.

Il a affirmé que les Etats-Unis avaient "dépensé plus de 1.000 milliards de dollars en vingt ans, entraîné et équipé (...) plus de 300.000 militaires afghans" qui sont "plus nombreux que les talibans" -- des effectifs surestimés aux yeux de nombreux observateurs.

Le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a renchéri en jugeant que l'armée afghane avait "le potentiel" pour "infliger des pertes plus importantes", contestant "cette idée que l'avancée des talibans ne peut pas être arrêtée".

Et au Pentagone, on insiste aussi pour que Kaboul utilise enfin sa "supériorité": "ils ont des forces aériennes, les talibans non; ils ont des armes modernes et des compétences en termes d'organisation, les talibans non".

Moral des troupes

La petite musique montait depuis quelques jours, à mesure que les forces gouvernementales enchaînaient les défaites et que les insurgés s'emparaient de nombreuses capitales provinciales.

Une "tendance" qui "préoccupe profondément" les autorités de Washington, même si elles refusent de reconnaître en public avoir été prises de court par ce début de débandade.

En privé, les diplomates américains admettent en revanche être surpris par la rapidité de l'avancée des talibans, avant même la fin du retrait des forces internationales, prévue d'ici le 31 août. Et sont encore moins tendres avec les choix stratégiques du président Ashraf Ghani et des autres dirigeants afghans ainsi qu'avec leurs divisions politiques, qui pèsent selon eux sur le moral des troupes.

"Ils ont raison, le gouvernement afghan peut faire davantage", dit à l'AFP Carter Malkasian, ex-responsable du ministère américain de la Défense aujourd'hui spécialiste de l'Afghanistan au cabinet de conseil CNA.

Selon lui, la classe dirigeante afghane doit surmonter ses divisions proverbiales et surtout montrer l'exemple en envoyant "au front les meilleurs chefs militaires".

Andrew Watkins, de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group, décrit aussi un système bureaucratique afghan trop centralisé qui entrave ou retarde l'acheminement de fonds et d'équipements vers les forces progouvernementales locales susceptibles de contrer les talibans sur le terrain.

"Quand Washington dit qu'il faut de l'unité politique, je pense qu'ils estiment que Ghani et tous les anciens chefs de guerre doivent mettre leurs divisions de côté et coopérer", explique-t-il.

"Trop optimiste"

Ces deux experts veulent voir dans la visite du président Ghani mercredi à Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord de l'Afghanistan assiégée par les rebelles, et sa rencontre sur place avec le puissant chef de guerre Abdul Rachid Dostom un premier signe de sa volonté de reprendre la main.

Pour l'administration Biden, il s'agit de justifier une décision irrévocable: si le soutien à l'armée afghane va se poursuivre, pas question de remettre en question le départ des soldats américains d'Afghanistan pour venir à son secours.

Le 46e président des Etats-Unis plaide que rester un peu plus longtemps, comme le demandent certains opposants et responsables militaires, est la meilleure "recette pour y rester éternellement".

Mais l'argument de la présumée incompétence ou pusillanimité des forces de Kaboul peut aussi se retourner contre les Américains, qui ont passé vingt à financer, entraîner et équiper une armée qui s'avère jusqu'ici incapable de résister seule.

Cet "échec à créer des forces afghanes efficaces" est l'un des principaux arguments avancés par le chercheur Anthony Cordesman dans un rapport du cercle de réflexion Center for Strategic and International Studies publié cette semaine sur les raisons de la "défaite" en Afghanistan.

"Les Etats-Unis ont eu un discours bien trop optimiste au sujet des progrès du gouvernement afghan en matière de gouvernance, de progrès militaires et de création de forces de sécurité afghanes efficaces", écrit-il.

"Le changement aurait dû intervenir il y a un mois, un an, plusieurs années", soupire aussi Andrew Watkins, redoutant qu'il soit désormais "trop tard".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.