Afghanistan: les talibans aux portes de Kaboul et du pouvoir

Les insurgés se sont emparés sans résistance dimanche de la ville de Jalalabad (est), quelques heures après avoir pris Mazar-i-Sharif, la quatrième plus grande ville afghane et le principal centre urbain du nord du pays. (Photo, AP)
Les insurgés se sont emparés sans résistance dimanche de la ville de Jalalabad (est), quelques heures après avoir pris Mazar-i-Sharif, la quatrième plus grande ville afghane et le principal centre urbain du nord du pays. (Photo, AP)
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Publié le Dimanche 15 août 2021

Afghanistan: les talibans aux portes de Kaboul et du pouvoir

  • Beaucoup d'Afghans, surtout dans la capitale, et les femmes en particulier, habitués à la liberté qu'ils ont connue ces 20 dernières années, craignent un retour au pouvoir des talibans
  • «Nous nous sommes réveillés ce matin avec les drapeaux blancs des talibans partout en ville. Ils sont dans la ville. Ils sont entrés sans combattre»

KABOUL: Les talibans étaient dimanche sur le point de reprendre le pouvoir en Afghanistan, après être arrivés aux portes de Kaboul, où leurs combattants ont reçu l'ordre de ne pas entrer pendant que le gouvernement promettait une transition pacifique.


"L’Émirat islamique ordonne à toutes ses forces d'attendre aux portes de Kaboul, de ne pas essayer d'entrer dans la ville", a annoncé sur twitter Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans.


Ils ont aussi promis qu'ils ne chercheraient à se venger de personne, y compris des militaires ou fonctionnaires ayant servi pour l'actuel gouvernement.


Appelant les Afghans à "ne pas s'inquiéter", le ministre de l'Intérieur, Abdul Sattar Mirzakwal a assuré qu'un "transfert pacifique du pouvoir" vers un gouvernement de transition allait avoir lieu.


Malgré les promesses des insurgés, des combattants talibans armés ont été aperçus dans une banlieue éloignée de la capitale, encerclée et où la panique était totale, mais sans qu'il y ait d'affrontements.


"Ne paniquez pas, Kaboul est en sécurité", a tenté de rassurer sur Twitter Matin Bek, le chef de cabinet du président Ashraf Ghani.


Les insurgés s'étaient emparés sans résistance dans la matinée de la ville de Jalalabad (est), quelques heures après avoir pris Mazar-i-Sharif, la quatrième plus grande ville afghane et le principal centre urbain du nord du pays.

Le président Ghani demande aux forces de sécurité d'assurer l'ordre public à Kaboul

Le président afghan, Ashraf Ghani, a demandé dimanche aux forces de sécurité de garantir la "sécurité de tous les citoyens" en maintenant l'ordre public à Kaboul, alors que les talibans sont sur le point de prendre le pouvoir en Afghanistan.


"J'ai ordonné aux forces de sécurité (...) de garantir la sécurité de tous nos concitoyens. C'est notre responsabilité et nous le ferons de la meilleure manière possible. Quiconque pense à créer le chaos ou à piller sera traité avec force", a déclaré le chef de l’État dans un message vidéo envoyé à la presse.


En à peine dix jours, les talibans, qui avaient lancé leur offensive en mai à la faveur du début du retrait final des troupes américaines et étrangères, ont pris le contrôle de quasiment tout le pays.


La déroute est totale pour les forces de sécurité afghanes, pourtant financées pendant 20 ans à coups de centaines de milliards de dollars par les États-Unis, et pour le gouvernement du président Ghani, lequel semble désormais acculé à la capitulation et à la démission.


"Il serait presque impossible pour (Ghani) de rallier les forces de sécurité pour défendre Kaboul. Toutes perspectives de combat dans la ville elle-même déclencheraient une catastrophe humanitaire majeure", a déclaré à l'AFP Ibraheem Thurial Bahiss, un consultant de l'International Crisis Group (ICG), estimant que le pression devait monter sur le chef de l’État pour qu'il démissionne.

Des dizaines de soldats afghans fuient en Ouzbékistan face à l'offensive des talibans

Des dizaines de soldats afghans se sont réfugiés en Ouzbékistan voisin pour fuir l'offensive fulgurante des talibans, ont annoncé dimanche les autorités de Tachkent dans un communiqué.


Les troupes ouzbèques à la frontière entre les deux pays ont arrêté 84 soldats afghans et des discussions ont été engagées avec les autorités afghanes pour organiser leur retour dans leur pays, a indiqué le ministère ouzbek des Affaires étrangères dans un communiqué.


L'Ouzbékistan a fourni aux soldats afghans détenus de la nourriture, un logement temporaire et des soins médicaux, a-t-il précisé. 


Tachkent a également noté une grande présence de troupes gouvernementales afghanes étaient du côté afghan de la frontière, au poste-frontière de Termez-Hairatan. "Des mesures sont prises pour fournir une assistance humanitaire à ces personnes", a ajouté le communiqué du ministère sans donner de détails. 


Selon l'agence de presse russe TASS, le porte-parole du ministère ouzbek, Yusup Kabulzhanov, a confirmé que les négociations sur le retour des soldats se déroulaient à la fois avec le gouvernement officiel afgahn et avec les talibans.


Les talibans se sont emparés samedi de Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord de l'Afghanistan, qui se trouve à environ 100 kilomètres de l'Ouzbékistan par la route. Le président afghan Ashraf Ghani s'était rendu dans la ville trois jours auparavant pour mobiliser ses troupes. 


Deux chefs de guerre, le maréchal Abdul Rashid Dostom, ancien vice-président afghan, et Atta Mohammad Noor, ex-gouverneur de Balkh, qui avaient pris la tête de forces locales de résistance aux talibans à Mazar-i-Sharif, ont eux aussi trouvé refuge en Ouzbékistan, dénonçant une trahison de l'armée afghane.


"J'ai beaucoup d'histoires non dites que je partagerai en temps voulu", a affirmé Atta Mohammad Noor sur Twitter, précisant se trouver à présent dans un "endroit sûr". 


Après la prise de Jalalabad (est) dimanche matin, la capitale afghane, Kaboul, est désormais la seule grande ville encore aux mains du gouvernement afghan.


Privées du crucial soutien américain, démoralisées, des troupes afghanes ont tenté à plusieurs reprises de fuir vers les pays voisins d'Asie centrale depuis que les talibans ont lancé leur offensive, profitant du retrait des forces américaines et de l'Otan du pays en mai. 


En juillet, un millier de soldats afghans ont ainsi traversé la frontière vers le Tadjikistan après des combats avec les talibans.

Peur et colère 
Face à l'effondrement de l'armée afghane, le président américain, Joe Biden, a porté à 5.000 soldats le déploiement militaire à l'aéroport de Kaboul pour évacuer les diplomates américains et des civils afghans ayant coopéré avec les États-Unis qui craignent pour leur vie.


Le Pentagone évalue à quelque 30.000 le nombre de personnes à évacuer au total. Comme la veille, les hélicoptères américains continuaient dimanche leurs rotations incessantes entre l'aéroport et l'ambassade américaine, un gigantesque complexe situé dans la "zone verte" ultra-fortifiée, au centre de la capitale.


L'ambassade américaine a ordonné à son personnel de détruire les documents sensibles et symboles américains qui pourraient être utilisés par les talibans "à des fins de propagande".


Londres a parallèlement annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissants britanniques à partir. Plusieurs pays occidentaux vont réduire au strict minimum leur présence, voire fermer provisoirement leur ambassade. Mais la Russie a indiqué dimanche ne pas prévoir d'évacuer son ambassade et indiqué oeuvre pour la tenue d'une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU.


Le président américain a menacé les talibans d'une réponse "rapide et forte" en cas d'attaque qui mettrait en danger des ressortissants américains lors de l'opération d'évacuation. 


Mais il a aussi défendu sa décision de mettre fin à 20 ans de guerre, la plus longue qu'ait connue l'Amérique, lancée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, pour renverser les talibans en raison de leur de refus de livrer le chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden.


"Une année ou cinq années de plus de présence militaire américaine n'aurait fait aucune différence, quand l'armée afghane ne peut ou ne veut pas défendre son propre pays", a-t-il affirmé.


Au fil de la journée, la panique s'est emparée de la capitale. Les magasins ont fermé, des embouteillages monstres sont apparus, des policiers ont été vus troquant leur uniforme pour des vêtements civils. 


Une énorme cohue était visible auprès de la plupart des banques, les gens cherchant à retirer leur argent tant qu'il était encore temps. Les rues étaient aussi remplies de véhicules chargés à ras bord tentant de quitter la ville, ou de se réfugier dans un quartier que les gens estiment plus sûr.

Afghanistan: le pape exprime son «inquiétude» et prône «le dialogue»

Le pape François a exprimé dimanche son "inquiétude" concernant la situation en Afghanistan, où les talibans sont aux portes de Kaboul, et appelé au "dialogue" pour résoudre le conflit en cours. 


"Je m'unis à l'inquiétude unanime concernant la situation en Afghanistan", a déclaré le pape lors de sa traditionnelle prière de l'Angélus en public place Saint-Pierre, appelant à prier "pour que cesse le fracas des armes et que des solutions puissent être trouvées à la table du dialogue".


"C'est seulement de cette manière que les membres de la population martyrisée dans ce pays - hommes, femmes, enfants et personnes âgées - pourront rentrer chez eux, vivre en paix et en sécurité, dans le plein respect réciproque", a-t-il ajouté.


Ces déclarations sont intervenues alors que les talibans sont sur le point de reprendre le pouvoir en Afghanistan, après être arrivés aux portes de Kaboul, où leurs combattants ont reçu l'ordre de ne pas entrer pendant que le gouvernement promettait une transition pacifique.              

Les 'valeurs islamiques' 
Dans le quartier de Taimani, au centre de la capitale, la peur, l'incertitude et l'incompréhension pouvaient se lire sur le visage des gens.


"Nous apprécions le retour des talibans en Afghanistan, mais nous espérons que leur arrivée mènera à la paix et non à un bain de sang. Je me rappelle, quand j'étais enfant, très jeune, les atrocités commises par les talibans", a déclaré à l'AFP Tariq Nezami, un commerçant de 30 ans.


"J'espère juste que leur retour mène à la paix, c'est tout ce que je veux", a-t-il insisté. "Vous voyez, beaucoup d'Afghans fuient chaque jour Kaboul, ça veut dire qu'ils ont de mauvais souvenirs des talibans, ils les fuient."


Beaucoup d'Afghans, surtout dans la capitale, et les femmes en particulier, habitués à la liberté qu'ils ont connue ces 20 dernières années, craignent un retour au pouvoir des talibans.


Lorsqu'ils dirigeaient le pays, entre 1996 et 2001, ces derniers avaient imposé leur version ultra-rigoriste de la loi islamique.


Les talibans, qui veillent à afficher aujourd'hui une image plus modérée, ont maintes fois promis que s'ils revenaient au pouvoir, ils respecteraient les droits humains, en particulier ceux des femmes, en accord avec les "valeurs islamiques". 


Mais dans les zones nouvellement conquises, ils ont déjà été accusés de nombreuses atrocités: meurtres de civils, décapitations, enlèvements d'adolescentes pour les marier de force, notamment.


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.