De guerriers motocyclistes à diplomates : comment l'insurrection des talibans afghans a évolué

Des militants talibans et des villageois assistent à un rassemblement dans le district d'Alingar de la province de Laghman, en Afghanistan, le 2 mars 2020 pour célébrer l'accord de paix et leur victoire sur les États-Unis. (Photo, AFP)
Des militants talibans et des villageois assistent à un rassemblement dans le district d'Alingar de la province de Laghman, en Afghanistan, le 2 mars 2020 pour célébrer l'accord de paix et leur victoire sur les États-Unis. (Photo, AFP)
Un combattant taliban célèbre avec des villageois un cessez-le-feu le deuxième jour de l'Aïd à la périphérie de Jalalabad, le 16 juin 2018. (Photo, AFP)
Un combattant taliban célèbre avec des villageois un cessez-le-feu le deuxième jour de l'Aïd à la périphérie de Jalalabad, le 16 juin 2018. (Photo, AFP)
Des militants talibans célèbrent le cessez-le-feu le deuxième jour de l'Aïd dans la banlieue de Jalalabad, le 16 juin 2018. (Photo, AFP)
Des militants talibans célèbrent le cessez-le-feu le deuxième jour de l'Aïd dans la banlieue de Jalalabad, le 16 juin 2018. (Photo, AFP)
Des combattants talibans victorieux se mêlent aux villageois dans une ville de Kandahar, le 13 août 2021. (Photo, AFP)
Des combattants talibans victorieux se mêlent aux villageois dans une ville de Kandahar, le 13 août 2021. (Photo, AFP)
Des combattants talibans brandissent leurs armes dans le district d'Ahmad Aba, à la périphérie de Gardez, la capitale de la province de Paktia, le 18 juillet 2017. (Photo, AFP)
Des combattants talibans brandissent leurs armes dans le district d'Ahmad Aba, à la périphérie de Gardez, la capitale de la province de Paktia, le 18 juillet 2017. (Photo, AFP)
Cette capture d'écran extraite d'une vidéo d'AFP TV montre des membres armés talibans debout sur un véhicule militaire dans les rues d'Herat, la troisième plus grande ville d'Afghanistan, après le retrait des forces gouvernementales. (Photo, AFP)
Cette capture d'écran extraite d'une vidéo d'AFP TV montre des membres armés talibans debout sur un véhicule militaire dans les rues d'Herat, la troisième plus grande ville d'Afghanistan, après le retrait des forces gouvernementales. (Photo, AFP)
Sur cette photo d'archives, le drapeau américain flotte sur un mât après qu'il a été hissé lors de la cérémonie d'ouverture de l'ambassade américaine à Kaboul, la capitale afghane, le 17 décembre 2001. (Photo, AFP)
Sur cette photo d'archives, le drapeau américain flotte sur un mât après qu'il a été hissé lors de la cérémonie d'ouverture de l'ambassade américaine à Kaboul, la capitale afghane, le 17 décembre 2001. (Photo, AFP)
Un combattant taliban est encerclé par des habitants à Pul-e-Khumri le 11 août 2021 après que le groupe a pris le contrôle de Pul-e-Khumri, la capitale de la province de Baghlan à environ 200 km au nord de Kaboul. (Photo, AFP)
Un combattant taliban est encerclé par des habitants à Pul-e-Khumri le 11 août 2021 après que le groupe a pris le contrôle de Pul-e-Khumri, la capitale de la province de Baghlan à environ 200 km au nord de Kaboul. (Photo, AFP)
Des négociateurs talibans descendent le hall d'un hôtel lors des pourparlers à Doha, la capitale du Qatar, le 12 août 2021. (Photo, KARIM JAAFAR / AFP)
Des négociateurs talibans descendent le hall d'un hôtel lors des pourparlers à Doha, la capitale du Qatar, le 12 août 2021. (Photo, KARIM JAAFAR / AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 15 août 2021

De guerriers motocyclistes à diplomates : comment l'insurrection des talibans afghans a évolué

  • Les talibans ne sont plus seulement un assortiment d'hommes brutaux en turbans noirs : ils sont une formidable force de combat
  • On estime que les talibans comptent 55 000 à 85 000 combattants entraînés ; les habitants se disent que le groupe est mieux équipé que jamais

KARACHI, Pakistan : printemps 1996. Tulipes, coquelicots et contradictions fleurissaient à travers l'Afghanistan. Les Ouzbeks et les Tadjiks de la ville septentrionale de Mazar-i-Sharif célébraient Norouz, le nouvel an persan. Un drapeau rouge flottait sur la Mosquée Bleue de la ville.

À proximité, des milliers de personnes se sont rassemblées pour regarder des cavaliers jouer au buzkashi, un jeu similaire au polo, sauf que le ballon est remplacé par la carcasse d'une chèvre. Ce jeu reflète bien la violence et les luttes de pouvoir qui ont marqué l'Afghanistan pendant des siècles.

À environ mille kilomètres de là, dans la ville méridionale de Kandahar, j'ai vu des membres des talibans, alors une nouvelle force religieuse, tenir une importante congrégation de religieux des séminaires d'Afghanistan et du Pakistan.

«Les talibans comptent sur les oulémas pour appliquer la charia sur cette terre d'Allah», a déclaré le chef des talibans, le mollah Omar, alors qu'une foule de miliciens armés poussait des cris de guerre. «Une nouvelle génération doit être formée. Notre devoir est d'utiliser la force, de prendre des armes… notre mission doit être remplie».

Mon Talib (étudiant) a expliqué la signification des paroles d'Omar. «Ces religieux de madrasa (université islamique) sont nos gardiens idéologiques et leurs étudiants sont de futurs soldats », a-t-il expliqué.

Les talibans ont d'abord gagné en popularité parmi les habitants pour avoir offert la sécurité et mis fin à la guerre civile brutale qui sévissait dans le pays. 

En traversant la frontière pakistanaise vers la ville de Spin Boldak, en route vers le siège des talibans à Kandahar, les drapeaux blancs distinctifs du groupe étaient visibles de loin, flottant sur les toits et parmi les collines environnantes.

img 1
Des combattants talibans victorieux se mêlent aux villageois dans une ville de Kandahar, le 13 août 2021. (Photo, AFP)

Au moment de ma visite suivante à Kandahar, en 1998, les talibans avaient pris le contrôle d'environ 90 % de l'Afghanistan. Les religieux locaux ont annoncé de nouvelles règles dans les mosquées et sur les ondes de Radio Charia.

La musique, le football et le cerf-volant étaient interdits. On demandait aux hommes de laisser pousser une barbe d'au moins la longueur d'un poing fermé. Les femmes n'étaient pas autorisées à quitter leur domicile à moins d'être accompagnées d'un parent masculin. L'éducation des filles était interdite.

Je portais un salwar kameez (pantalon et chemise) traditionnels mais j'étais toujours raillé à cause de ma barbe française et de ma tête découverte. Mon chauffeur avait appris à passer habilement des cassettes de musique sur l'autoradio pour jouer des hymnes guerriers en conduisant en ville ou à proximité des postes de contrôle des talibans.

J'y avais voyagé pour couvrir les tout premiers pourparlers entre l'ONU et le mollah Omar dans sa résidence aux allures de forteresse.

«Le monde occidental ne comprend pas les talibans», m'a répété à plusieurs reprises le mollah Mouttamaen, l'un des principaux membres du groupe. Je lui ai demandé si les talibans, à leur tour, comprenaient le monde. Il détourna son regard dans un silence tendu.

En enquêtant sur les expériences des minorités sous le régime taliban, j'ai trouvé un quartier dans lequel les hindous et les sikhs avaient reçu l'ordre de porter un tissu jaune pour s'identifier. J'ai écrit une histoire à ce sujet qui a été publiée pendant que j'étais encore en Afghanistan. Après avoir reçu des menaces, j'ai été obligé de fuir le pays en pleine nuit.

Depuis lors, les talibans sont devenus une force organisée. Ce n'est plus un assortiment d'hommes brutaux et ignorants dans des turbans noirs conduisant des motos et intimidant les habitants.

img 2
Des combattants talibans brandissent leurs armes dans le district d'Ahmad Aba, à la périphérie de Gardez, la capitale de la province de Paktia, le 18 juillet 2017. (Photo, AFP)

Lorsque j'ai rencontré le mollah Akhtar Mansour à la fin des années 1990, il venait d'être nommé ministre de l'aviation par le mollah Omar car il avait abattu deux hélicoptères russes avec un lance-roquettes et était donc censé comprendre comment les objets fonctionnaient dans les airs. Il est devenu le chef des talibans en juillet 2015 et a été tué lors d'une frappe américaine de drones en mai 2016 après être entré au Baloutchistan en Pakistan depuis l'Iran.

Le mollah Omar s'est souvent vanté de la façon dont le mouvement taliban a commencé avec seulement quelques dizaines d'étudiants de madrasa avec des motos et deux véhicules empruntés. Maintenant, cela s’est développé en toute une structure hiérarchique. 

Ses dirigeants se regroupent au sein du Conseil de direction, ou Rehbari Choura, un organe décisionnel pour les affaires politiques et militaires. Il contrôle de nombreuses commissions sur l'économie, la santé et l'éducation, fonctionnant comme un cabinet de ministres.

Le mollah Abdul Ghani Baradar est en réalité le ministre des Affaires étrangères des talibans. Sa commission politique dispose d'un bureau à Doha pour la représentation internationale, qui négocie avec les diplomates au nom de la milice islamique. Les talibans ont développé des liens avec l'Iran, la Russie et la Chine en vue d'un éventuel retour au pouvoir.

«Si nos leader mangent des repas avec un couteau et une fourchette à Moscou, Pékin, Téhéran ou Doha, cela ne signifie pas que nous trahirons notre idéologie », a déclaré un responsable taliban.

À un moment donné, les jeunes combattants talibans en Afghanistan craignaient la puissance aérienne américaine. Une fois, j'ai vu un soldat taliban crier des injures à une formation de bombardiers B-52. «Rencontrez-nous face à face si vous en avez le courage», a-t-il crié au ciel. Maintenant, le groupe aurait utilisé des drones dans plusieurs de ses attaques.       

On estime que les talibans comptent actuellement entre 55 000 et 85 000 combattants entraînés, et les habitants affirment qu'ils sont mieux équipés que les années précédentes. 

«Ils ont des lunettes de vision nocturne, des lunettes de visée thermiques, des véhicules blindés, des gilets pare-balles, des appareils sans fil», a témoigné Rashid Khan, un habitant de la province de Nimroz.   «Ils ont une énorme quantité d'armes américaines saisie aux forces afghanes, même des Humvees (véhicules de transport à roues de l'US Army».   

Bien que les forces talibanes semblent prendre le contrôle du pays après le récent départ des troupes américaines, avec des districts et des capitales provinciales tombant comme des dominos, le rétablissement et le maintien du pouvoir en Afghanistan ne seront certainement pas faciles.

img 3
Un homme vend des drapeaux talibans dans la province de Herat, à l'ouest de Kaboul, en Afghanistan, le 14 août 2021. (Photo, AP/Hamed Sarfarazi)

Ils seront confrontés à l'opposition d'une nouvelle génération d'Afghans, notamment des jeunes instruits qui s'opposent farouchement au retour du groupe au pouvoir. 

Au cours des récents pourparlers de paix, il y a eu beaucoup de spéculations sur les changements que les talibans ont apportés au cours des deux dernières décennies en termes de gouvernance, de respect des droits humains, d'expression artistique et de savoir si les femmes seront autorisées à travailler et les filles à aller à l'école.

Les leaders politiques du groupe savent que les méthodes du passé ne leur donneront pas de légitimité, mais les combattants sur le terrain sont idéologiquement déterminés à instaurer un «émirat islamique». 

Parmi ces derniers figurent les hommes qui ont abattu le comédien Nazar Mohammad Khasha à Kandahar en juillet. Dans un autre incident, deux ravisseurs présumés ont été exécutés publiquement sans procès. Des rapports circulent également sur diverses restrictions déjà imposées aux femmes.

Il semble que les talibans aient désormais trois visages : les leaders Rahbari Choura qui sont les gardiens de l'idéologie talibane ; les leaders politiques de la Choura qui tentent de gagner en légitimité en améliorant l'image publique des talibans ; et la masse des combattants forgés par la guerre. 

img 4
Des négociateurs talibans descendent le hall d'un hôtel lors des pourparlers à Doha, la capitale du Qatar, le 12 août 2021. (Photo, KARIM JAAFAR / AFP)

Il existe également une incertitude quant à savoir si les talibans peuvent ou vont empêcher l'Afghanistan de redevenir une plaque tournante mondiale du terrorisme. Plus de 2 000 combattants affiliés à Daech opèreraient dans le pays.

Il y a en outre le problème des talibans pakistanais utilisant l'Afghanistan comme refuge à partir duquel ils peuvent lancer des attaques contre le Pakistan.

Il sera difficile pour les talibans afghans de rompre les liens avec Al-Qaïda et les talibans pakistanais, même s'ils le souhaitent, car le trio a formé un lien au cours de la «guerre contre le terrorisme».

Alors que de nombreux analystes ont été surpris par la rapidité avec laquelle le régime des talibans est tombé après l'invasion américaine de 2001, les frontières poreuses ont continué à offrir un sanctuaire à ses membres. Beaucoup sont entrés dans la province pakistanaise du Baloutchistan avec leurs familles.

Une grande partie de la frontière a depuis été clôturée, mais à l'époque, les combattants talibans dans les villages reculés des provinces de Zaboul et d'Uruzgan pariaient sur le fait que les forces américaines finiraient par se lasser des combats.

«Le mollah Omar a dit : "Les Américains ont les horloges mais nous avons le temps" », comme l’a dit un combattant chevronné. La perception des talibans d'avoir le temps de leur côté persiste encore.

Pendant plus de 40 ans, l'Afghanistan a été un champ de bataille d'idéologies et d'ethnies conflictuelles, un bras de fer sanglant entre les seigneurs de la guerre pour l'opium et les opportunités de corruption.

Je me souviens des paroles de Shahrbano, une jeune femme afghane que j'ai rencontrée à Peshawar il y a des années et dont la famille a dû fuir Kaboul à deux reprises ; une fois à cause des conflits internes des moudjahidines, qui ont réduit la ville en ruines, et de nouveau pendant le règne régressif des talibans.

«À chaque invasion, qu'elle soit russe, américaine, des moudjahidines ou des talibans, chaque Afghan meurt peu à peu», a avoué Shahrbano. « Nous sommes la cible dans ce jeu de la mort, comme une carcasse en buzkashi, et le monde le regarde, encore et encore».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Short Url
  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Short Url
  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.