Le Liban en crise endeuillé après l'explosion meurtrière d'une citerne d'essence

Des blessés du Akkar ont aussi été évacués vers des hôpitaux en Turquie et au Koweït. (AFP)
Des blessés du Akkar ont aussi été évacués vers des hôpitaux en Turquie et au Koweït. (AFP)
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Publié le Lundi 16 août 2021

Le Liban en crise endeuillé après l'explosion meurtrière d'une citerne d'essence

  • La tragédie de dimanche est venue raviver celle du port de Beyrouth
  • «Un massacre s'est produit à cause d'une crise économique provoquée par la corruption qui mine le pays depuis des années»

BEYROUTH: En plein naufrage économique, le Liban observe lundi un deuil national après la mort de 28 personnes, brûlées vives dans l'explosion d'une citerne d'essence alors qu'elles cherchaient à se procurer désespérément du carburant.


La tragédie, qui a frappé dans la nuit de samedi à dimanche la région du Akkar, dans le nord du Liban, vient illustrer l'ampleur de l'effondrement économique, dans un pays où la population est quotidiennement confrontée à de multiples pénuries, d'essence, d'électricité et même de pain.


Le drame met aussi en lumière les manquements d'une classe politique accusée d'être coupée des réalités, fustigée pour sa corruption et son incompétence, incapable de lancer des réformes pour enrayer la crise. Et ce, malgré les injonctions répétées de la communauté internationale et la menace de sanctions brandie par la France et l'Union européenne.


L'explosion au Akkar, une des régions les plus pauvres du pays, a fait 28 morts et près de 80 blessés, mettant sous pression un secteur hospitalier déjà à bout de souffle, privé de médicaments et d'électricité.


Dans plusieurs hôpitaux, des correspondants de l'AFP ont vu dimanche des dépouilles enveloppées dans des linceuls blancs, tandis que résonnaient dans les couloirs les hurlements de douleur des familles.


"Il y a beaucoup (...) de corps que nous n'avons pas pu identifier", indiquait une source sécuritaire à l'AFP, précisant que des tests ADN avaient débuté.

«Corruption meurtrière»
L'organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé l'envoi dans les prochaines heures de médicaments et de fournitures médicales pour soigner jusqu'à 3.000 patients mais aussi 250 malades souffrant de brûlures.


Des blessés du Akkar ont aussi été évacués vers des hôpitaux en Turquie et au Koweït.


La tragédie de dimanche est venue raviver celle du port de Beyrouth. Le 4 août 2020, l'explosion de plusieurs tonnes de nitrate d'ammonium avait fait plus de 200 morts et ravagé une partie de la capitale, traumatisant les Libanais.


Au Akkar, une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de l'explosion qui intervient dans un contexte de pénurie de carburant paralysant tout le pays.


Le réservoir d'essence, vraisemblablement stocké par son propriétaire à des fins spéculatives, avait été "confisqué" par l'armée pour que l'essence soit distribuée aux citoyens.


L'explosion aurait eu lieu après des bagarres entre des habitants qui cherchaient à se procurer de l'essence, selon l'Agence nationale d'information (ANI).


Dimanche soir, des dizaines de personnes ont manifesté à Beyrouth devant le domicile du Premier ministre désigné Najib Mikati, chargé de former un nouveau gouvernement, après la démission de l'équipe sortante l'été dernier. Des contestataires ont investi la maison d'un député.


"Un massacre s'est produit à cause d'une crise économique provoquée par la corruption qui mine le pays depuis des années", résume Sahar Mandour, chercheuse chez Amnesty International.


"C'est une corruption meurtrière, visible à l'oeil nu", fustige-t-elle.

«Quitter le Liban»
Depuis l'automne 2019, le Liban traverse l'une des plus pires crises économiques au monde depuis le milieu du XIXème siècle, selon la Banque mondiale.


Avec une inflation galopante et des licenciements massifs, aujourd'hui 78% de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.


A court de devises étrangères, la Banque centrale a annoncé qu'elle ne financerait plus les subventions sur les carburants.


Les stations essence ont alors fermé dans l'attente d'une hausse des prix et l'armée a dû lancer samedi des inspections à travers le pays pour les contraindre à rouvrir.


Privées de carburant, les centrales électriques ne fonctionnent quasiment plus et le courant est coupé jusqu'à 22 heures par jour. Les maisons restent plongées dans le noir de longues heures, car les propriétaires des générateurs de quartier, qui ne trouvent pas de mazout, rationnent leurs clients.


Coincé dans une interminable file d'attente devant une station-service de Beyrouth, Mohamed ne voit aucune lumière au bout du tunnel.


"Il faut quitter le Liban", indique-t-il à l'AFP lundi. "J'ai déjà entamé les préparatifs. Que Dieu aide ceux qui vont rester ici", lâche cet ingénieur trentenaire, père de deux enfants.


Sa cadette de six mois pleure des nuits entières en raison de la chaleur, les climatiseurs restant éteints en raison des délestages.


Sa famille paye des sommes colossales pour faire fonctionner le générateur qui alimente le concentrateur d'oxygène de sa grand-mère, pour qu'elle "ne meurt pas". 


"Il n'y a pas d'espoir", ajoute-t-il.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.