A Dubaï, des Afghans inquiets pour leur pays aux mains des talibans

 Aziz Ahmed, un Afghan de 32 ans, propriétaire d'un restaurant aux Emirats arabes unis, le 16 août 2021. AFP
Aziz Ahmed, un Afghan de 32 ans, propriétaire d'un restaurant aux Emirats arabes unis, le 16 août 2021. AFP
L'afghan Ezzatollah, qui travaille dans une boulangerie afghane dans un quartier résidentiel de Dubaï, le 16 août 2021. AFP
L'afghan Ezzatollah, qui travaille dans une boulangerie afghane dans un quartier résidentiel de Dubaï, le 16 août 2021. AFP
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Publié le Mardi 17 août 2021

A Dubaï, des Afghans inquiets pour leur pays aux mains des talibans

  • «Même si ma mère mourrait, je ne pleurerais pas autant que j'ai pleuré hier», confie à l'AFP cet habitant de Dubaï âgé de 32 ans, au lendemain de l'entrée des talibans dans la capitale Kaboul qui a consacré leur prise de pouvoir en Afghanistan
  • «Nous espérons que ces gens ont changé», ajoute l'homme en tenue traditionnelle afghane, qui a fui son pays pour l'émirat dans les années 90

DUBAÏ : Pour Aziz Ahmed, un Afghan propriétaire d'un restaurant aux Emirats arabes unis, le retour au pouvoir des talibans dans son pays, après deux décennies de guerre, fait l'effet d'un "mauvais rêve".  


"Même si ma mère mourrait, je ne pleurerais pas autant que j'ai pleuré hier", confie à l'AFP cet habitant de Dubaï âgé de 32 ans, au lendemain de l'entrée des talibans dans la capitale Kaboul qui a consacré leur prise de pouvoir en Afghanistan. 


"Nous espérons que ces gens ont changé", ajoute l'homme en tenue traditionnelle afghane, qui a fui son pays pour l'émirat dans les années 90.

Ont-ils changé ?

Les talibans ont imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique lorsqu'ils dirigeaient l'Afghanistan entre 1996 et 2001, année où ils ont été chassés du pouvoir avec l'invasion du pays par une coalition internationale menée par les Etats-Unis.


Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, le port de la burka (un voile intégral) était obligatoire en public et elles ne pouvaient quitter leur domicile qu'accompagnées d'un chaperon masculin de leur famille.


Les flagellations et les exécutions, y compris les lapidations pour adultère, étaient pratiquées sur les places publiques et dans les stades. 


Dimanche, à la faveur du retrait des troupes étrangères, les combattants talibans ont pris le contrôle des postes de contrôle de Kaboul et sont entrés dans le palais présidentiel. 


Ces dernières années, les talibans ont policé leurs discours en promettant de respecter les droits humain, notamment ceux des femmes, en accord avec les "valeurs islamiques". 


Mais pour Aziz Ahmed, les talibans devront travailler dur pour gagner la confiance de la population. "Lorsque le nom de taliban vous vient à l'esprit, vous ressentez de la terreur, vous pensez à des meurtres, vous pensez à des coups. C'est un mauvais rêve", insiste-t-il.


"Ils disent qu'ils ont changé. Nous espérons et attendons désespérément de voir un changement pour en être convaincus", ajoute-t-il.


Les dirigeants des talibans ont assuré que les Afghans n'avaient rien à craindre, qu'il n'y aurait pas de représailles contre ceux qui ont soutenu les Etats-Unis et leurs alliés.  


"Je veux voir de vrais changements, pas que des paroles. Je veux voir des femmes se rendre sur leur lieu de travail, des femmes se déplacer librement", dit Aziz Ahmed.


"Dans l'islam, rien ne se fait par la force. Vous ne pouvez pas me forcer à prier, vous ne pouvez pas me forcer à être musulman, vous ne pouvez pas me forcer à laisser ma barbe pousser", affirme-t-il.


Selon le consulat afghan à Dubaï, l'un des émirats composant la fédération, quelque 150.000 Afghans vivent dans ce pays du Golfe. Nombre d'entre eux ont réussi dans les affaires alors que d'autres travaillent dans des magasins, des restaurants ou sur des chantiers.

«Effrayés»

Gholameddine, qui travaille dans le même restaurant que Aziz, assure qu'il ne rentrera au pays que si la situation est "sûre". 


"Je vis aux Emirats depuis environ six ans", raconte-t-il à l'AFP, disant espérer pouvoir un jour "gagner sa vie" dans son pays où vivent ses parents âgés.


D'autres Afghans résidant à Dubaï ont dit espérer que les talibans apporteront la stabilité au pays.


"Les talibans ne sont pas un problème", estime Ezzatollah, qui travaille dans une boulangerie afghane dans un quartier résidentiel de Dubaï.


"Je n'ai pas peur de rentrer chez moi", confie-il à l'AFP, en préparant du pain "naan" pour ses clients.


Pourtant à Kaboul, des milliers de personnes tentent désespérément de fuir le pays, provoquant la panique et le chaos à l'aéroport de Kaboul. 


Aziz Ahmed explique que les Afghans, dont sa propre famille, sont "effrayés".


"Ces (talibans) sont illettrés, ils ne sont pas éduqués. Sans une éducation, comment pouvez-vous diriger un gouvernement ? C'est pas possible".     


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"