Rwanda: Paul Rusesabagina, héros hollywoodien accusé de «terrorisme»

Incarné à l'écran par Don Cheadle comme un altruiste à la voix douce, M. Rusesabagina est aussi l'un des plus féroces critiques du président rwandais Paul Kagame. (AFP)
Incarné à l'écran par Don Cheadle comme un altruiste à la voix douce, M. Rusesabagina est aussi l'un des plus féroces critiques du président rwandais Paul Kagame. (AFP)
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Publié le Mardi 17 août 2021

Rwanda: Paul Rusesabagina, héros hollywoodien accusé de «terrorisme»

  • La justice rwandaise l'accuse d'être le cerveau d'attaques menées par le Front de libération nationale (FLN), groupe rebelle considéré comme terroriste par Kigali
  • Le journaliste américain Philip Gourevitch, qui l'a rencontré, le décrit comme «un homme aux manières douces, solidement bâti et d'apparence plutôt ordinaire»

NAIROBI: Héros pour Hollywood, "terroriste" pour Kigali: Paul Rusesabagina, dont l'histoire a inspiré le film "Hotel Rwanda", est devenu un des plus célèbres opposants au régime rwandais qui l'accuse d'être responsable d'attaques meurtrières menées par un groupe rebelle.


Jugé pour neuf chefs d'accusation qu'il conteste, dont celui de "terrorisme", l'ancien directeur de l'Hôtel des Mille Collines à Kigali sera fixé vendredi sur son sort. Il encourt la prison à vie.


L'histoire de ce Hutu modéré à l'apparence tranquille, avec sa moustache et son costume bien mis, a inspiré le film "Hotel Rwanda", sorti en 2004, qui relate son sauvetage de plus de 1.000 personnes durant le génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts, principalement des Tutsi.


Incarné à l'écran par Don Cheadle comme un altruiste à la voix douce, M. Rusesabagina est aussi l'un des plus féroces critiques du président rwandais Paul Kagame.


Aujourd'hui âgé de 67 ans, il est réapparu au Rwanda, en août 2020, après près de 25 ans d'exil, en uniforme rose de prisonnier, menottes aux poignets, après ce qu'il a dénoncé comme un "enlèvement".


La justice rwandaise l'accuse d'être le cerveau d'attaques menées par le Front de libération nationale (FLN), groupe rebelle considéré comme terroriste par Kigali.


Lui et sa famille réfutent. Ses proches affirment qu'il a toujours été l'homme courageux, calme et déterminé présenté dans le blockbuster hollywoodien et dénoncent un procès "politique" visant à faire taire un opposant.


"Papa a toujours plaidé pour la justice, la paix et les droits humains. Maintenant, ce sont ses droits qui sont violés", a déclaré sa nièce et fille adoptive, Carine Kanimba, en octobre 2020.

Homme «ordinaire»
Né en 1954 dans une famille d'agriculteurs du centre du Rwanda, Paul Rusesabagina a brièvement étudié la théologie, puis l'hôtellerie, au Kenya et en Suisse.


De retour au Rwanda en 1984, il est embauché comme directeur général adjoint du plus prestigieux hôtel de la capitale Kigali, l'Hôtel des Mille Collines. 


Quand le génocide commence en avril 1994, des centaines de personnes, principalement des Tutsi, s'y réfugient. 


Hutu modéré marié à une Tutsi, Paul Rusesabagina discute avec les tueurs, les apaise avec des bières, utilise ses relations pour obtenir de la nourriture, tandis que ses "invités" boivent l'eau de la piscine. Il enverra des SOS aux gouvernements européens et au président américain Bill Clinton avec le fax de l'hôtel.


Le journaliste américain Philip Gourevitch, qui l'a rencontré, le décrit comme "un homme aux manières douces, solidement bâti et d'apparence plutôt ordinaire".


"C'est ainsi qu'il semblait se considérer, une personne ordinaire qui n'a rien fait d'extraordinaire en refusant de céder au tourbillon de folie qui l'entourait", écrit-t-il dans son livre "Nous souhaitons vous informer que demain nous serons tués avec nos familles" paru en 1998.


Paul Rusesabagina est déçu par le nouveau pouvoir à dominante tutsi, qui a renversé le régime extrémiste hutu et mis fin au génocide.


Il accuse le Front patriotique rwandais (FPR) et son chef Paul Kagame d'autoritarisme et d'alimenter un sentiment anti-hutu. Il quitte le pays en 1996 avec femme et enfants pour la Belgique et les Etats-Unis.

Notoriété et critiques 
La sortie en 2004 de "Hotel Rwanda" lui offre une soudaine célébrité: il est décoré aux Etats-Unis de la Médaille présidentielle de la liberté, donne des conférences à travers le monde... 


Il est toutefois critiqué par des survivants des Mille Collines, qui lui reprochent de tirer profit de leur malheur et d'embellir son rôle.


"Il profitait des réfugiés (qui) payaient leurs chambres et pour la nourriture", affirme à l'AFP l'un d'entre eux, Edouard Kayihura: "Un héros est quelqu'un qui met sa vie en danger pour en sauver d'autres. Je ne vois personne qui a fait cela pour nous sauver".


Fort de sa nouvelle notoriété, M. Rusesabagina se fait aussi plus virulent contre Paul Kagame, ce qui lui vaut des attaques de partisans du régime.


"Il a toujours été une personne à la voix douce, assez modérée", mais "au fur et à mesure qu'il a été attaqué, il a été poussé dans des positions plus extrêmes", estime Timothy Longman, professeur à l'université de Boston, qui l'a rencontré pour la première fois au milieu des années 1990. 


Lié aux groupes d'opposition en exil, M. Rusesabagina participe en 2017 à la création du Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), dont le FLN est considéré comme le bras armé. 


En 2018, dans une vidéo, il estimait "le moment venu pour nous d'utiliser tous les moyens possibles pour amener le changement au Rwanda, car tous les moyens politiques ont été tentés et ont échoué".


Mais il a toujours nié toute implication dans les attaques pour lesquelles il a été jugé.


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.