Macron et la nouvelle politique de reconnaissance, de l’Algérie au Rwanda

Le président français Emmanuel Macron aux côtés du président rwandais Paul Kagame  le 27 mai 2021. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron aux côtés du président rwandais Paul Kagame le 27 mai 2021. (AFP)
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Publié le Jeudi 10 juin 2021

Macron et la nouvelle politique de reconnaissance, de l’Algérie au Rwanda

  • D’autres présidents français s’étaient déjà exprimés sur la colonisation, mais Emmanuel Macron a ajouté les actes aux paroles, multipliant les actions
  • Macron a démontré que l’équation de sa politique mémorielle, reconnaissance mais pas repentance, était la réponse la plus appropriée à apporter

PARIS : «Au nom de la vie, nous devons dire, nommer, reconnaître. Écrire ensemble une nouvelle page avec le Rwanda», a déclaré Emmanuel Macron lors de sa récente visite à Kigali. Avec ces paroles, qui témoignent d’un rôle français dans le génocide rwandais de 1994, Macron confirme une «nouvelle politique de reconnaissance» de l’État français. Cette politique mémorielle a été initiée avec l’Algérie, quelques mois plus tôt. Toutefois, il est légitime de se demander si ce nouveau tournant dans la politique africaine de la France suffit à panser les plaies de l’Histoire, permettant une relance positive des relations entre la France et plusieurs pays africains. 

L’histoire coloniale de la France, tout comme certaines phases postcoloniales ont laissé de traces indélébiles. Au fil des ans, une relecture de l’Histoire a permis de faire des corrections, comme la reconnaissance en 1995, par l’ancien président Jacques Chirac, de la responsabilité de la République française (à l’époque du gouvernement de Vichy) dans la déportation durant l'Occupation. Plus tard, en 2006, le même président a instauré une date symbolique contre l’esclavage. Le 10 mai est désormais la Journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition. 

«Au nom de la vie, nous devons dire, nommer, reconnaître. Écrire ensemble une nouvelle page avec le Rwanda», a déclaré Emmanuel Macron.

Jacques Chirac voulait aller plus loin et a tenté d’étendre sa politique mémorielle à l’Algérie, le paroxysme de l’histoire coloniale de la France. Il a négocié avec l’ancien président Abdelaziz Bouteflika un traité d’amitié, mais les deux hommes et les opinions publiques respectives n’étaient pas prêtes pour de grands gestes, compte tenu d’une histoire récente meurtrie et passionnelle.

Au cours des mandats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande (2007-2017), les questions mémorielles sensibles, de l’Algérie au Rwanda, ont continué de peser sur l’action de la France et son image. Différents gestes n’ont pas réussi à percer le mur de silence, ni à préciser le degré de responsabilité de la France dans certains pays du continent noir.

La colonisation, axe majeur de la politique mémorielle

Même avant d’accéder à la présidence, le candidat Emmanuel Macron, issu d’une nouvelle génération qui n’a pas connu les épisodes les plus durs de l’Histoire (notamment la guerre d’Algérie), réalise qu’il doit traiter ce dossier critique de la politique mémorielle de son pays.

Au début de 2017, Macron, en pleine campagne présidentielle, visite Alger, et surprend son auditoire en qualifiant la colonisation de «crime contre l’humanité».

«Cela fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes», déclare-t-il sans hésiter. 

Mais cette prise de position est aussitôt dénoncée par une partie de la classe politique et de l’opinion publique, qui demande une révision des deux côtés de la Méditerranée. Macron finit par abandonner l’idée des excuses – assimilée à la notion de repentance –, optant pour la reconnaissance. Ainsi, des excuses par rapport au passé français en Algérie ne seront pas prononcées. 

En revanche, l’Élysée élabore sa politique mémorielle en confiant à l’historien reconnu d’origine algérienne, Benjamin Stora, la tâche de préparer un «rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie». En adoptant les conclusions de ce rapport, Macron préfère des «actes symboliques» forts et progressifs. Pour Stora, «l’excuse n’est pas la question centrale, ce qui compte ce sont les actes concrets, comme la reconnaissance officielle des crimes ou la déclassification des archives». 

Rappelons que d’autres présidents – Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou  François Hollande –s’étaient déjà exprimés sur la colonisation, mais Emmanuel Macron a ajouté les actes aux paroles, multipliant les actions. Il a ainsi reconnu la responsabilité de la France dans la disparition de Maurice Audin et l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel. Il a également fait participer la France aux commémorations des massacres du 8 mai 1945. Même s’il reste encore beaucoup à faire pour les partisans d’une reconnaissance entière de la responsabilité française, on constate que la politique volontariste du président français rompt avec ses prédécesseurs. Il démontre à travers ses actions qu’il n’est pas l’otage de cette époque de l’histoire tumultueuse entre la France et l’Algérie. 

Dans le sillage de la politique mémorielle entamée en Algérie, Macron s’est attaqué au lourd dossier rwandais, où les débats intenses autour d’un rôle joué par la France ont duré de longues années entre hommes politiques, intellectuels, artistes, et de nombreuses ONG en France et à l'étranger.

Mais, face à un faible répondant côté algérien, ou un manque de volonté pour examiner mutuellement la mémoire, et tenter de la clarifier, la classe politique française reste bien divisée. À droite, certains détracteurs du président l’accusent de prêter le flanc à de la repentance excessive, et de céder à un courant «racialiste». Mais, les proches du président ripostent, en expliquant qu’Emmanuel Macron veut s’inscrire dans la lignée du général de Gaulle, qui considérait que la décolonisation était la grandeur de la France. L’objectif de la démarche présidentielle est plutôt de redorer le blason de la France, prouver sa crédibilité, et reconquérir un certain «prestige international».

Malgré ces progrès tangibles, certains insistent pour lier la question des excuses à des réparations, sujet qui suscite plus de débats et de divisions. Pour cette raison, Macron se contente de la reconnaissance, comme il l’a fait déjà à propos de trésors africains dérobés pendant la période coloniale. Les demandes d’indemnisation ne sont pas à l’ordre du jour, mais une révision de la politique africaine, et de modes de coopération et d’investissements s’impose.

Après plus de vingt-cinq ans de tensions entre les deux pays, Macron a trouvé les mots et a désamorcé à sa façon une «bombe à retardement».

Regarder l’histoire contemporaine en face 

Dans le sillage de la politique mémorielle entamée en Algérie, Macron s’est attaqué au lourd dossier rwandais, où les débats intenses autour d’un rôle joué par la France ont duré de longues années entre hommes politiques, intellectuels, artistes, et de nombreuses ONG en France et à l'étranger. On peut dire qu’ils ont finalement porté leurs fruits lors de la récente visite de Macron à Kigali. Le président français a reconnu que la France avait eu, dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, «une responsabilité accablante dans un engrenage qui a abouti au pire». Emmanuel Macron n'a en revanche pas parlé de culpabilité ou de complicité avec le régime génocidaire de l'époque. Son discours, prononcé dans l'enceinte du Mémorial de Gisozi, a été bien accueilli par l'actuel président du Rwanda, Paul Kagame.

Ainsi, après plus de vingt-cinq ans de tensions entre les deux pays, Macron a trouvé les mots et a désamorcé à sa façon une «bombe à retardement». Il prouve que l’équation de sa politique mémorielle – reconnaissance mais pas repentance – est validée par la pratique, et constitue la réponse la plus appropriée. 


Un homme tué par balles près de Grenoble

Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
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  • L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang
  • La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête

GRENOBLE: Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police.

L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang, la mâchoire brisée, avec une trottinette à ses pieds. En arrêt cardio-respiratoire, il a été déclaré décédé sur place par le SAMU.

Deux impacts de balles dans son dos et dans sa mâchoire ont été relevés par la suite par le médecin légiste, selon même la source.

La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête.


«Mieux vaut être un homme en politique»: quand les députés testent le programme Evars

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
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  • Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons
  • A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité

PARIS: "Mieux vaut être un homme, en politique, qu’une femme". Comme des collégiens ou des lycéens, des députés ont suivi une séance d'Evars, un programme proposé aux élèves pour notamment remettre en cause les stéréotypes sexistes.

Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ainsi que les questions d’orientation et d’identité sexuelles.

A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, - principalement de la gauche au centre-droit - ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité (Planning familial, Sidaction, Fédération des centres d' information sur les droits des femmes et des familles...) qui milite depuis 2023 pour la généralisation de ces séances.

"Nous voulons faire de la pédagogie auprès des députés pour qu’ils deviennent nos ambassadeurs dans les territoires", explique Marie-Charlotte Garin, en signalant que les députés reçoivent des courriers de parents opposés au programme, notamment de l'association Parents vigilants.

"Nous voulons faire vivre ces séances aux députés pour leur donner des arguments, il y a beaucoup de fantasmes autour de ce programme", observe Mme Riotton, présidente de la Délégation aux droits des femmes.

"On galère" 

Après une première partie sur des sujets à destination des CP (vocabulaire des parties intimes, prévention des violences sexuelles), le Planning familial propose ensuite aux élus de tester "la rivière du doute", outil utilisé cette fois au collège pour réfléchir aux stéréotypes sexistes.

"Je vais vous dire une affirmation et ceux qui sont d'accord se placent à gauche, ceux qui sont contre à droite: +Il vaut mieux être un homme en politique qu’une femme+, lance sa présidente Sarah Durocher.

Chez les députés présents, six sont d'accord. Et comme en classe, le dialogue s’engage.

"Je dis oui, mais c’est ce qu’il faut changer", commence Jean-Francois Rousset (EPR).

"C'est plus difficile d'être une femme, on galère, c'est difficile de se faire entendre", confirme Soumya Bourouaha (GDR). "Il y a beaucoup à changer et ça ne viendra pas des hommes" , renchérit une autre élue.

Second stéréotype: "Les hommes savent naturellement prendre la parole en public. D'accord ou pas?"

"Qu'ils soient compétents ou pas, la réalité montre qu’ils osent plus", remarque Anne-Cécile Violland (Horizons). "Tout à l'heure, j’ai pris spontanément la parole et je ne m’en suis même pas aperçu", constate Jean-Francois Rousset.

 "Sujet politique" 

"Nous voulons que ce programme devienne un sujet politique, dont s'emparent les députés. Il permet d'éviter les LGBTphobies, les féminicides, les maladies sexuellement transmissibles, c'est bénéfique pour les individus et collectivement", plaide Sarah Durocher.

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an.

Depuis 2001, la loi impose trois séances annuelles d’information et d’éducation à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées, mais elles n’ont jamais été généralisées.

Saisi par le Planning familial, Sidaction et SOS Homophobie, le tribunal administratif de Paris a reconnu mardi que l’État avait manqué à ses obligations, en tardant jusqu'en février dernier pour adopter le programme Evars. Dans son jugement, il écarte les arguments avancés par le ministère de l'Education qui avait fait valoir "la sensibilité du sujet et les controverses qu'il suscite" pour expliquer ce retard.

Les trois associations demandent "la reconnaissance" du "rôle central des associations" dans sa mise en œuvre". "Nous avons formé 150.000 jeunes dans 3.600 établissements, mais nous avons refusé autant de demandes faute de moyens", explique la présidente du Planning.

Pour Sandrine Josso (Horizons), "les députés devraient aussi suivre une formation sur les violences sexistes et sexuelles. Il en existe une depuis 2022 et personne n’y va".


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.