Martinique: en plein Covid, la litanie des décès, lue à la radio, ressemble à une «hécatombe»

Les croyants gardent leurs distances lors d'une messe dans l'église Notre-Dame-de-la-Nativite de Schoelcher, dans l'île des Caraïbes françaises de la Martinique alors que les taux d'infection à Covid-19 ont atteint des niveaux sans précédent dans les territoires français d'outre-mer, en particulier dans les Caraïbes, le 15 août 2021. AFP
Les croyants gardent leurs distances lors d'une messe dans l'église Notre-Dame-de-la-Nativite de Schoelcher, dans l'île des Caraïbes françaises de la Martinique alors que les taux d'infection à Covid-19 ont atteint des niveaux sans précédent dans les territoires français d'outre-mer, en particulier dans les Caraïbes, le 15 août 2021. AFP
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Publié le Mardi 17 août 2021

Martinique: en plein Covid, la litanie des décès, lue à la radio, ressemble à une «hécatombe»

  • «On a dû s'arrêter, parce qu'il y en a toujours d'autres qui arrivent», raconte l'animatrice de la radio RCI (Radio Caraïbes International). L'émission, qui dure habituellement une demi-heure environ, a été rallongée
  • Tant pis pour l'allocution présidentielle d'Emmanuel Macron sur l'Afghanistan, les avis d'obsèques sont une «priorité»

FORT-DE-FRANCE : "C'est une hécatombe" s'écrit Francine-Julie Jean-Gilles, l'animatrice de la radio RCI (Radio Caraïbes International) à Fort-de-France: elle vient enfin de terminer, au bout de 55 minutes, la lecture à l'antenne des avis d'obsèques, une tradition antillaise qui s'apparente désormais à "un baromètre" de l'épidémie de Covid-19.


"Nous avons le regret de vous faire part des décès de...": D'une voix grave, Francine-Julie, dite "Julie" pour la radio, énumère, sur fond de violons, les noms des défunts: d'abord les femmes, puis les hommes. 


Ensuite, elle détaille leur âge, les lieux des obsèques, des veillées, les familles endeuillées et les volontés du défunt. Dans ses mains aux ongles violets, le paquet de feuilles semble ne jamais se réduire.


Depuis quelques jours, Julie voit cette liste s'allonger: "D'habitude, on a au maximum 30-35 avis. Là aujourd'hui j'en avais 69, et deux autres sont arrivés entre temps" en pleine émission, explique-t-elle, dans le studio de la radio privée, la première en terme d'audience dans les Antilles où l'épidémie flambe.


"On a dû s'arrêter, parce qu'il y en a toujours d'autres qui arrivent", raconte-t-elle. L'émission, qui dure habituellement une demi-heure environ, a été rallongée. Tant pis pour l'allocution présidentielle d'Emmanuel Macron sur l'Afghanistan, les avis d'obsèques sont une "priorité".

«Une réalité»

Pour Julie, cette litanie devenue "quotidienne" amène "à réfléchir, à se dire qu'il y a une réalité à prendre en considération", analyse l'animatrice, qui a appris le matin le décès de sa tante, morte du virus aux urgences du CHU.


Elle veut croire que "tout le monde, à travers ces avis, se rend compte de la situation de façon plus criante". "Je ne dis pas que tous les décès sont liés au Covid, mais on pense qu'il y a en quand même beaucoup".


Le nombre d'avis "a augmenté d'un coup, c'est passé de 20 à 40, et de 40 à 60, et de 60 à un peu plus, c'est perturbant", renchérit Serge Battet, le directeur d'antenne de RCI, qui voit dans ce programme "un baromètre du nombre de morts" en Martinique.


L'émission, qui existe depuis la naissance de la radio il y a 60 ans, est très suivie, avec plus de 110.000 auditeurs à 6h30, soit presque un tiers des habitants de l'île d'environ 370.000 habitants. Elle est également diffusée à 13H30 et le soir. 


Les avis d'obsèques sont commandés par les pompes funèbres, à la demande des familles, qui peuvent choisir un ou plusieurs passages.


Une radio concurrente, Martinique La 1ere (service public) diffuse un programme similaire.

«La grand-mère de qui»

Écouter le nom des défunts à la radio fait partie de "la culture des Antilles: on veut savoir qui est mort, la famille de qui, l'enfant de qui, la grand-mère de qui. Et cela permet d'aller aux veillées, qui sont très importantes en Martinique", explique Serge Battet.


"C'est notre coutume d'écouter nos avis d'obsèques", confirme Carmen Minoton, marchande d'épices au grand marché couvert de Fort-de-France. "C'est comme ça qu'on sait que telle ou telle personne est partie", ajoute-t-elle, mais avec l'augmentation des avis "c'est psychologiquement dur", avoue la commerçante de 66 ans, qui a perdu la veille une collègue, morte du Covid.


Le nom de cette dernière a été lu par Julie. 


Serge Battet espère que l'émission pourra "inciter les gens à se faire vacciner". Mais en Martinique, où le taux d'incidence était lundi de 1.153 cas pour 100.000 habitants, et où 224 personnes sont déjà décédées du virus, une grande partie de la population reste réfractaire au vaccin. 


Ce que confirme Suzy, 37 ans, autre vendeuse du marché de Fort-de-France: "la liste est longue, mais ça ne m'incite pas à me vacciner du tout", assène-t-elle, se demandant même "si ce n'est pas rapport au vaccin que tout le monde meurt".


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).