D'Oum Kalthoum à Dalida, les astres d'Orient célébrées à l'Institut du monde arabe

Des installations présentées dans le cadre de l'exposition « Divas » à l'Institut du monde arabe (IMA) à Paris le 19 août 2021. (Stephane de Sakutin/AFP)
Des installations présentées dans le cadre de l'exposition « Divas » à l'Institut du monde arabe (IMA) à Paris le 19 août 2021. (Stephane de Sakutin/AFP)
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Publié le Vendredi 20 août 2021

D'Oum Kalthoum à Dalida, les astres d'Orient célébrées à l'Institut du monde arabe

  • La courte vie d'Asmahan, la moins connue, a tout d'un roman, entre scandales - amants, alcool, poker, etc -, destin de star entre micro et écran sans oublier l'espionnage au service des alliés
  • Une place de choix est évidemment réservée à Oum Kalthoum, la "Quatrième Pyramide", la voix la plus célèbre du monde arabe

PARIS : Des monuments Oum Kalthoum ou Fairouz, à l'icône pop Dalida, l'Institut du monde arabe à Paris célèbre ces "Divas" à l'aura entre musique, politique et féminisme, de l'Égypte au Liban et au-delà.

"L'idée c'est de parler de personnalités exceptionnelles qui ont révolutionné la musique et le cinéma de l'âge d'or du monde arabe (en gros des années 1930 aux années 1970, ndlr) comme Oum Kalthoum, Fairouz, Warda ou Asmahan, des femmes devenues icônes, émancipées de la domination masculine, qui ont réussi par leur courage à vivre leur rêve", synthétise pour l'AFP Hanna Boghanim, une des commissaires de l'évènement.

"Divas", exposition enthousiasmante - qui mêle affiches, garde-robes, extraits de concerts immersifs, salons littéraires reconstitués et hologrammes sur fond d'électro - se tient jusqu'au 26 septembre.

Une place de choix est évidemment réservée à Oum Kalthoum, la "Quatrième Pyramide", la voix la plus célèbre du monde arabe. Ce n'est pas seulement un joyau égyptien. Quand elle meurt en 1975, une marée humaine au Caire porte son cercueil mais on la pleure de Bagdad à Casablanca. Du temps de ses récitals chaque premier jeudi du mois à la radio du Caire, c'est tout le monde arabe qui s'arrête pour l'écouter.

"L'Astre de l'Orient", autre surnom, a "cette folie, cette liberté, cette force de caractère et ce tempérament qui ont mis quasiment tout le monde arabe à ses pieds", décrit dans l'émission télé "Entrée libre" le trompettiste Ibrahim Maalouf, qui lui dédie un album, "Kalthoum".

- Panarabisme -

"Ce sont aussi des personnalités politiques, Oum Kalthoum a été l'incarnation du panarabisme avec Nasser (président égyptien emblématique), Warda a défendu la décolonisation algérienne à travers ses chansons, Fairouz (libanaise) a défendu la cause palestinienne et Asmahan (une princesse druze) travaille pour les alliés durant la Seconde guerre mondiale", éclaire Hanna Boghanim.

Si Oum Kalthoum a mis tout le monde arabe d'accord, Fairouz "a fait mieux", mettre "tous les Libanais" sur la même longueur d'onde, glisse malicieusement Ibrahim Maalouf dans "Divas", documentaire récent (Planète+). La chanteuse est un ciment national rare dans un pays toujours malade de ses fractures.

Fairouz est la seule de ces étoiles toujours en vie (86 ans). Retirée loin des feux médiatiques (en dehors de son entrevue avec Emmanuel Macron en août 2020), Fairouz n'a pas donné suite aux sollicitations des organisateurs de l'exposition, à leur grand regret.

Warda - dite aussi "Warda l'Algérienne" - a également cassé les codes. En 1972, elle remonte sur scène pour le 10e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie alors qu'elle avait cessé de chanter à la demande de son mari, officier de l'armée. Elle divorce alors pour reprendre une carrière entamée à l'âge de 11 ans au Tam Tam, le cabaret parisien de son père. Elle retourne ainsi en Egypte, pays où elle avait déjà étendu sa carrière au cinéma.

- Amants, alcool, poker -

La courte vie d'Asmahan, la moins connue, a tout d'un roman, entre scandales - amants, alcool, poker, etc -, destin de star entre micro et écran sans oublier l'espionnage au service des alliés. Avec, pour couronner le tout, une mort précoce à 27 ans (comme Kurt Cobain ou Amy Winehouse) dans des circonstances encore floues après la découverte de sa voiture dans le Nil...

D'autres femmes clé sont évoquées dans l'exposition, comme l'Egyptienne Samia Gamal, dont la rivale n'est autre qu'une certaine Dalida dans le film "Un verre, une cigarette" (1954), production du Caire devenu cet "Hollywood sur Nil" ou "Nilwood".

"Dalida permet de faire le lien avec le grand public, qui connaît moins toutes ces divas arabes, souligne Hanna Boghanim. On voulait la montrer dans son contexte égyptien, depuis ce film de 1954 jusqu'au film dramatique, +Le sixième jour+ qu'elle jouera pour Youssef Chahine en 1986". Elle meurt l'année suivante.

 


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.