La Covid-19 est un cadeau pour les dirigeants politiques peu scrupuleux

Des personnels soignants à l’intérieur du North Oaks Hospital, à Hammond (Louisiane) le 13 août 2021. Le gouverneur de la Louisiane, John Bel Edwards, a rétabli l’obligation de porter le masque à l’intérieur, au milieu d’une flambée des cas de Covid-19. (AFP/ Photo Emily Kask)
Des personnels soignants à l’intérieur du North Oaks Hospital, à Hammond (Louisiane) le 13 août 2021. Le gouverneur de la Louisiane, John Bel Edwards, a rétabli l’obligation de porter le masque à l’intérieur, au milieu d’une flambée des cas de Covid-19. (AFP/ Photo Emily Kask)
Short Url
Publié le Lundi 06 septembre 2021

La Covid-19 est un cadeau pour les dirigeants politiques peu scrupuleux

La Covid-19 est un cadeau pour les dirigeants politiques peu scrupuleux
  • Pendant que le monde continue de lutter contre la pandémie de Covid-19, ses variants et les pénuries de vaccins, un nouveau conflit oppose actuellement les personnes vaccinées aux personnes non vaccinées
  • En minimisant continuellement le danger posé par le virus mortel, Trump n’a pas uniquement nui à lui-même, mais également causé du tort à ses partisans

Jamais on n’a connu de divisions aussi profondes au sein des États-Unis. Aujourd’hui, presque toutes les manifestations sont empreintes de violence – de la Californie à la capitale Washington. 

La polarisation politique fait désormais partie intégrante du quotidien des gens. Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous. Les Américains sont divisés sur le racisme, l’identité sexuelle, l’éducation et même leur propre drapeau; un fossé creusé par les dirigeants politiques et les médias des deux côtés, républicain et démocrate.

Pendant que le monde continue de lutter contre la pandémie de Covid-19, ses variants et les pénuries de vaccins, un nouveau conflit oppose actuellement les personnes vaccinées aux personnes non vaccinées.

La politisation de la pandémie a eu une très grande incidence sur la manière dont les gens perçoivent les vaccins et sur la confiance qu’ils ont en leur gouvernement lorsqu’il s’agit de questions de santé importantes.

L’administration Biden travaille sans relâche pour augmenter le nombre de personnes vaccinées. Cependant, il y a un an, les dirigeants politiques démocrates étaient sceptiques à l’idée d’un vaccin mis au point pendant le mandat de Donald Trump. «Nous proposons des traitements qui peuvent sauver des vies. Nous allons mettre au point un vaccin avant la fin de l’année ou peut-être même plus tôt», avait déclaré Trump depuis la pelouse de la Maison Blanche en août 2020. Lorsqu’il a suggéré que les États-Unis pourraient disposer d’un vaccin sûr et efficace avant l’élection présidentielle du 3 novembre, l’ancien président a été accusé d’utiliser le combat du peuple américain contre la pandémie à des fins politiques.

À l’époque, le candidat à la présidentielle, Joe Biden, avait été mis au courant par les experts de la mise au point d’un vaccin contre la Covid-19. Il avait minimisé l’importance d’une telle annonce. «Soyons clairs. Je fais confiance aux vaccins et aux scientifiques. Mais je ne fais pas confiance à Donald Trump et, en ce moment, le peuple américain ne peut non plus lui faire confiance», dit-il.

En septembre 2020, la colistière de M. Biden, Kamala Harris, a repris ses arguments lors d’un entretien accordé à CNN, affirmant qu’elle ne pouvait croire Trump sur parole. «Je ne peux faire confiance à Donald Trump. Il faut qu’une source d’information fiable vienne confirmer ce qu’il raconte», soutenait-elle, établissant un lien étroit entre vaccin et élection présidentielle.

Avant l’élection, les démocrates craignaient que la mise au point d’un vaccin avant novembre ne soit un énorme atout pour les républicains.

En minimisant continuellement le danger posé par le virus mortel, Donald Trump n’a pas uniquement nui à lui-même, mais également causé du tort à ses partisans, même après avoir contracté le virus. Mal avisé, il a constamment laissé entendre que le port du masque était signe de faiblesse, comme l’ont montré ses partisans lors des rassemblements de soutien à sa candidature.

«La politique s’est infiltrée dans la plus grande menace en termes de santé publique, ébranlant la confiance de la population vis-à-vis des décisions gouvernementales.» Dalia Al-Aqidi

Les partisans des deux partis étaient confus au sujet du vaccin, et les dirigeants démocrates ont insisté sur le fait qu’il était impossible de faire confiance à l’administration Trump, ce qui a poussé leurs partisans à être sceptiques quant au vaccin.

Au cours de cette année électorale cruciale, les démocrates n’ont pas hésité à manipuler la pandémie pour l’adapter à leur programme électoral. Ilhan Omar, élue démocrate du Congrès américain, fait désormais la promotion du vaccin et soutient l’idée que chaque personne vaccinée devrait recevoir 100 dollars (85 euros). Il y a moins d’un an, cette même personne refusait de se faire vacciner pour une seule raison: «Nous ne pouvons faire confiance au président et le croire sur parole. Le vaccin qui nous sera administré pourrait nous nuire. Nous savons que Trump fait tout pour remporter l’élection. C’est pour cette raison qu’il minimise l’importance de cette pandémie. C’est pour cela qu’il fait fi de la mort de 200 000 Américains», disait-elle.

La politique s’est infiltrée dans la plus grande menace en termes de santé publique, ébranlant la confiance de la population vis-à-vis des décisions gouvernementales. Diaboliser les personnes non vaccinées est devenue monnaie courante au sein de la société américaine, tandis que de nombreux Américains – notamment républicains – considèrent que leurs libertés civiles sont bafouées quand on les force à se faire vacciner sous peine de faire face à des conséquences désastreuses, que ce soit sur leur lieu de travail ou dans leur mode de vie.

Pendant ce temps, et à la lumière de toutes les restrictions liées à la pandémie, l’administration Biden n’a pas pu – ou voulu – répondre à une question pourtant simple: quelles mesures ont-elles été prises pour contenir la pandémie à la frontière sud des États-Unis? La réponse est la suivante: aucune. Les migrants qui entrent illégalement à la frontière américano-mexicaine n’ont à leur disposition ni tests ni vaccins.

En fin de compte, les démocrates veulent tirer profit de la pandémie pour remporter les élections de mi-mandat en 2022 en proposant des chèques et des cadeaux au nom de la Covid-19.

Qui ne voterait pas pour eux?

Malheureusement, la pandémie est le cadeau le plus précieux jamais offert aux démocrates.

Dalia al-Aqidi est chercheuse principale au Center for Security Policy de Washington.

Twitter: @DaliaAlAqidi

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com