Une semaine après le séisme, Haïti reste confronté à l'urgence vitale

L'église Sainte-Anne, complètement détruite par le tremblement de terre à Chardonnières, en Haïti, le 18 août 2021. AFP
L'église Sainte-Anne, complètement détruite par le tremblement de terre à Chardonnières, en Haïti, le 18 août 2021. AFP
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Publié le Samedi 21 août 2021

Une semaine après le séisme, Haïti reste confronté à l'urgence vitale

  • Il n'a fallu que quelques secondes samedi dernier, face à la secousse de magnitude 7,2, pour que des dizaines de milliers d'habitants, certains parmi les plus vulnérables du pays, perdent tout ce qu'ils possédaient
  • A la rue, ils luttent depuis quotidiennement pour trouver de l'eau et de quoi se nourrir alors que les convois humanitaires commencent à distribuer les denrées de première nécessité, mais en quantités souvent insuffisantes

PORT-AU-PRINCE : Une semaine après le séisme qui a ravagé le sud-ouest d'Haïti, faisant près de 2.200 morts, répondre aux besoins de base des sinistrés demeure un défi pour les autorités, à l'heure où de nombreux habitants peinent à trouver eau potable et nourriture.

Il n'a fallu que quelques secondes samedi dernier, face à la secousse de magnitude 7,2, pour que des dizaines de milliers d'habitants, certains parmi les plus vulnérables du pays, perdent tout ce qu'ils possédaient.

A la rue, ils luttent depuis quotidiennement pour trouver de l'eau et de quoi se nourrir alors que les convois humanitaires commencent à distribuer les denrées de première nécessité, mais en quantités souvent insuffisantes.

Des distributions informelles d'aide humanitaire ont ainsi eu lieu vendredi aux Cayes, troisième ville d'Haïti, largement détruite par le séisme, donnant souvent lieu à des bagarres dans la foule.

Menées par des particuliers sans connaissance logistique, des répartitions de dons ont été réalisées au pied des camions, les sacs de riz lancés sur la foule sans que des bénéficiaires n'aient été préalablement identifiés comme étant en situation de vulnérabilité, a constaté un photographe de l'AFP.

Aux Cayes, la moitié d'un convoi de deux camions a été pillé par des individus non identifiés avant que la police haïtienne n'intervienne. Le reste des biens a été distribué depuis l'enceinte du commissariat dans une grande confusion, a ajouté le photographe.

Marcel François, lui, passe ses journées devant les ruines de sa maison, au bord de la route reliant l'aéroport au centre-ville des Cayes.

"Je vois beaucoup d'autorités défiler, des cortèges d'officiels qui filent avec leurs sirènes, des grosses voitures d'ONG. Des camions aussi passent mais je n'ai rien vu arriver sur moi", se désole auprès de l'AFP l'homme de 30 ans qui, comme nombre de sinistrés, ne doit sa survie qu'à la générosité de proches.

C'est dans cette ville qu'est venue vendredi la vice-secrétaire générale des Nations unies, Amina Mohammed, en visite 24 dans le pays. "Nous avons entendu quels étaient les besoins, de la part de ceux sur le terrain. Il y a de nombreux manques et nous restons engagés à vous accompagner", a déclaré la diplomate nigériane.

"Nous avons vu un incroyable moment d'unité dans la réponse au séisme, aussi pensons-nous que cela peut être transformé en opportunité pour reconstruire vers le mieux", a estimé Mme Mohammed avant son départ d'Haïti. 

L'idée de "reconstruire vers le mieux" n'a rien de nouveau pour les Haïtiens, à qui l'ONU avait déjà fait cette promesse après le séisme de 2010, qui avait tué plus de 200.000 personnes.

Le secrétaire général à l'époque, Ban Ki-moon, mais également Bill Clinton, alors envoyé spécial de l'ONU pour Haïti, avaient conjointement prôné le concept du "build back better" (reconstruire mieux), mais le slogan ne s'était pas concrétisé, et la reconstruction promise n'a pas été au rendez-vous dans une capitale ravagée par la catastrophe.

Séisme et crise politique

Puissance étrangère la plus influente en Haïti, les Etats-Unis ont annoncé le déploiement de 200 Marines dans le pays. Les huit hélicoptères que l'armée américaine a mis à disposition continuent à évacuer les blessés les plus graves depuis les zones affectées par le séisme vers les hôpitaux plus spécialisés du pays, à Port-au-Prince ou dans la ville de Mirebalais.

Si la Protection civile haïtienne déploie ses efforts pour coordonner au mieux l'aide qui afflue de quantité d'acteurs, internationaux comme nationaux, cette nouvelle catastrophe naturelle a frappé Haïti à l'heure où le pays est en pleine crise politique. 

Cela fait à peine un mois que le président Jovenel Moïse a été assassiné en pleine nuit dans sa résidence par un commando armé composé de mercenaires colombiens. L'enquête pour déterminer les commanditaires de cette attaque est au point mort. 

Avant son meurtre, le chef d'Etat très décrié gouvernait seul, par décret, car il n'avait pas organisé les élections législatives qui auraient dû se tenir en 2018. 

Lors d'une session extraordinaire de l'Organisation des Etats américains (OEA) vendredi, le Premier ministre haïtien Ariel Henry a promis d'œuvrer à l'organisation d'élections nationales "le plus rapidement possible".

"J'ai pris l'engagement de tout mettre en œuvre pour remettre mon pays sur les rails d'une démocratie fonctionnelle avec l'organisation, dans les plus brefs délais, de bonnes élections libres et transparentes. Il est impératif que nous retournions rapidement au fonctionnement normal des institutions démocratiques", a-t-il déclaré par vidéoconférence. 

Très éloignées de ces considérations politiques, les victimes du séisme du 14 août, qui s'impatientent de recevoir de quoi vivre, commencent à occuper les terrains libres dans les centres urbains alors que les autorités haïtiennes veulent éviter la création de tels camps informels de sinistrés, symbole du chaos qui avait suivi le séisme de 2010.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.