Les illusions perdues des migrants refoulés au Guatemala

Des migrants arrivent à El Ceibo, au Guatemala, le 19 août 2021, après avoir été renvoyés des Etats-Unis et du Mexique ( AFP / Archives )
Des migrants arrivent à El Ceibo, au Guatemala, le 19 août 2021, après avoir été renvoyés des Etats-Unis et du Mexique ( AFP / Archives )
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Publié le Samedi 21 août 2021

Les illusions perdues des migrants refoulés au Guatemala

  • Selon les organisations humanitaires qui leur viennent en aide, jusqu'à 600 migrants sont ainsi convoyés en bus chaque jour à cette frontière à l'écart des grandes routes
  • Les missionnaires qui gèrent la petite Maison du Migrant d'El Ceibo ont bien du mal à faire face à cet afflux imprévu

EL CEIBO, GUATEMALA : Haydi a cru toucher à la terre promise: arrivée à pied au Texas avec dans les bras son fils de deux ans, elle a pourtant été renvoyée en avion au Mexique, d'où elle a été ensuite expulsée au Guatemala avec des centaines d'autres migrants, par un poste-frontière non contrôlé. 

"On nous a trompés. On nous a fait croire que nous allions pouvoir passer... Et, d'un coup, on nous a fait monter dans les avions... et au revoir !", raconte la jeune Guatémaltèque âgée de 23 ans, accueillie à la Maison du Migrant d'El Ceibo, à la frontière mexicaine, à environ 550 km de la capitale du Guatemala.

Selon les organisations humanitaires qui leur viennent en aide, jusqu'à 600 migrants sont ainsi convoyés en bus chaque jour à cette frontière à l'écart des grandes routes.

Les missionnaires qui gèrent la petite Maison du Migrant d'El Ceibo ont bien du mal à faire face à cet afflux imprévu. Pour laisser la place aux nouveaux arrivants qui déferlent chaque jour, les migrants refoulés ne sont autorisés qu'à une seule nuit d'étape dans la cour, au milieu de leurs valises, sacs à dos et chaussures.

«Stratégie perverse»

"Il y a des Honduriens, des Nicaraguayens, des Salvadoriens... Il y a toute une stratégie perverse (des Mexicains) pour cacher les groupes d'autres pays" en faisant passer d'abord les Guatémaltèques rapatriés, explique à l'AFP Leonel Dubon, le directeur de l'ONG Refuge pour les Enfants.

A la frontière d'El Ceibo, aucune infrastructure douanière ou sanitaire ne peut accueillir les passagers des bus qui arrivent chaque jour en fin d'après-midi.

"Le ministère guatémaltèque des Affaires étrangères a demandé au Mexique et aux Etats-Unis des informations officielles sur ces mouvements migratoires irréguliers", a indiqué le gouvernement du président Alejandro Giammattei, qui ne cache pas sa surprise.

Les autorités guatémaltèques soulignent que les rapatriements de migrants doivent se faire par les postes frontières habilités: à l'aéroport de la capitale, ou à la frontière terrestre de Tecun Uman, à quelque 300 km au sud-ouest de la ville de Guatemala.

Après la sévère politique migratoire de Donald Trump, les candidats au rêve américain, qui fuient la violence et la misère, ont placé leurs espoirs dans un assouplissement de la présidence du démocrate Joe Biden, mais Washington n'a pas baissé la garde.

Gloria Amador Gutierrez, une enseignante hondurienne âgée de 32 ans était partie le 30 juillet pour les Etats-Unis avec sa petite fille, au sein d'un groupe d'une vingtaine de personnes. Elle a été refoulée au Guatemala le 19 août.

«La famille nous attend»

"Parmi les migrants refoulés il y a des avocats, des diplômés de l'université... Il n'y a pas de travail et nous avons décidé de partir à l'étranger, de nous battre pour nos enfants, pour qu'ils aient une bonne éducation. Nous avons de la famille aux Etats-Unis qui nous attend", explique-t-elle. "Nous allons prendre un peu de repos au Honduras, et, si Dieu le veut, nous essaierons encore", prévient-elle.

Pour eux, les difficultés ont commencé au Mexique : "nous étions à un quart d'heure du but, mais ils sont arrivés à nous attraper alors que nous étions en terrain découvert", raconte un cousin de Gloria, Onan, âgé de 32 ans, qui voyage lui aussi avec sa fille de deux ans  dans les bras.

Le paysan guatémaltèque José Jimenez avait, lui, réussi à passer la frontière avec son fils. Mais tous deux ont été appréhendés et renvoyés dans leur pays. Pour faire le voyage, José avait emprunté 5.500 dollars pour payer le passeur, auxquels s'ajoutaient 1.300 dollars d'économies. On lui a tout volé...

"Les +coyotes+ (comme sont surnommés les passeurs) disent que (la frontière des Etats-Unis) est ouverte, que tu peux passer, mais tout ce qu'ils font c'est te demander l'argent pour traverser le fleuve (frontalier) en menaçant de te tuer. Et si tu refuses de payer, ils te livrent à la mafia, et l'affaire est réglée", dénonce-t-il.

Pour lui, c'est entendu, il ne retentera pas l'expérience. "C'est dur, nous avons tous souffert, et les enfants encore plus", souffle-t-il.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.