Au Yémen, les factions belligérantes exhortées à «faire taire les armes» et à respecter l’accord sur Hodeïda

Le chef de la Mission des nations unies en appui à l’accord sur Hodeïda (Minuaah), Abhijit Guha, lors de la réunion du Comité de coordination du redéploiement (CCR) en décembre 2019. (Minuaah)
Le chef de la Mission des nations unies en appui à l’accord sur Hodeïda (Minuaah), Abhijit Guha, lors de la réunion du Comité de coordination du redéploiement (CCR) en décembre 2019. (Minuaah)
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Publié le Lundi 23 août 2021

Au Yémen, les factions belligérantes exhortées à «faire taire les armes» et à respecter l’accord sur Hodeïda

  • Abhijit Guha affirme que l’accord en question a permis de réduire considérablement la violence et les victimes parmi les civils au cours des trois dernières années
  • M. Guha demande au gouvernement et à la milice houthie de répondre à l’initiative de paix, de cesser les combats et d’ouvrir la voie à un règlement politique qui permettrait de mettre fin à la guerre

ALEXANDRIE: Un haut responsable de l’ONU appelle les factions en conflit au Yémen à «faire taire les armes» et à honorer leurs dernières obligations en mettant pleinement en œuvre les dispositions de l’accord sur Hodeïda.

Le président du Comité de coordination du redéploiement (CCR), qui est également le chef de la Mission des nations unies en appui à l’accord sur Hodeïda (Minuaah), Abhijit Guha, affirme que l’accord en question a permis de réduire considérablement la violence et les victimes parmi les civils au cours des trois dernières années. Des rapports quotidiens font toutefois état de combats et de bombardements sporadiques entre les forces du gouvernement et la milice houthie.

«Exhorter les parties au conflit à redoubler d’efforts pour appliquer de bonne foi les dispositions de l’accord sur Hodeïda: c’est le message le plus important que je tiens à faire passer», déclare-t-il à Arab News.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé la création de la Minuaah et du CCR au mois de janvier 2019, soit un mois après la signature de l’accord de Stockholm par les parties belligérantes, qui comprend trois volets: un mécanisme pour activer l’accord sur l’échange de prisonniers, un mémorandum d’accord sur Ta’izz et l’accord sur Hodeïda.

Le chef de la Mission des nations unies en appui à l’accord sur Hodeïda (Minuaah), Abhijit Guha, lors de la réunion du Comité de coordination du redéploiement (CCR), au mois de décembre 2019. (Minuaah)

La Minuaah est chargée de veiller au respect du cessez-le-feu dans la province de Hodeïda, au redéploiement des forces dans les foyers de tension de la ville ainsi que dans les ports de Hodeïda et au processus de déminage. Elle doit en outre rendre compte des progrès sur le terrain au Conseil de sécurité de l’ONU.

CONTEXTE

La Minuaah est chargée de veiller au respect du cessez-le-feu dans la province de Hodeïda, au redéploiement des forces dans les foyers de tension de la ville ainsi que dans les ports de Hodeïda et au processus de déminage. Elle doit en outre rendre compte des progrès sur le terrain au Conseil de sécurité de l’ONU.

Elle incite les parties yéménites à mettre en œuvre l’accord sur Hodeïda. Au cours des trois dernières années, les violations du cessez-le-feu ont diminué, tandis que les mouvements des navires dans les ports de Hodeïda ont augmenté, précise M. Guha: «Les violations du cessez-le-feu ont globalement baissé et les activités économiques se sont développées – y compris dans les ports – depuis la signature de l’accord.»

Selon les données de la Minuaah, il y avait en moyenne 77 morts et 93 blessés par mois parmi les civils. Cette année, ces chiffres mensuels sont respectivement de 7 et 16. Le nombre d’incidents violents a atteint un nombre record de 3 469 en mars 2019, alors qu’il n’y en a eu que 92 au cours du mois de juillet dernier.

En vertu de l’accord de Stockholm, le gouvernement yéménite, dont les forces s’étaient positionnées en bordure de la ville de Hodeïda à la fin de l’année 2018, a mis fin à son offensive, tandis que la milice houthie a accepté de se retirer des principaux ports de la ville et de déposer les recettes publiques dans la succursale de la banque centrale située à l’intérieur de la ville.

Le gouvernement a accusé la milice houthie de violer l’accord en confiant la sécurité des ports de la ville à des forces alliées et en pillant des milliards de riyals (plusieurs millions d’euros) dans la banque centrale.

Le chef de la Mission des nations unies en appui à l’accord sur Hodeïda (Minuaah), Abhijit Guha, lors de la réunion du Comité de coordination du redéploiement (CCR), au mois de décembre 2019. (Minuaah)

M. Guha, qui a évité de citer les responsables des violations, confirme que le redéploiement des forces n’a pas été entièrement mis en œuvre: «En vertu de cet accord, le redéploiement devait être effectué en plusieurs phases. Malheureusement, des obstacles ont entravé le bon déroulement de sa mise en œuvre. La Minuaah n’est pas responsable des trois ports de la ville, dans la mesure où ce n’est pas elle qui les contrôle. Le redéploiement des forces conformément à l’accord demeure en suspens, ce qui constitue le plus grand obstacle au respect des engagements pris à Stockholm», fait-il savoir.

Une autre difficulté s’est présentée l’année dernière lorsque le gouvernement a décidé de boycotter le comité de redéploiement après qu’un tireur d’élite houthi a abattu un agent de liaison du gouvernement.

Le responsable de l’ONU a qualifié la fusillade «d’incident malheureux» qui a entravé l’exécution de l’accord.

«Depuis la suspension, la mission tente activement de rapprocher les parties pour relancer et soutenir les mécanismes conjoints dans le but de respecter les modalités énoncées dans l’accord sur Hodeïda», explique-t-il.

Le gouvernement a demandé à maintes reprises que la Minuaah déménage son bureau principal des régions de Hodeïda contrôlées par la milice houthie vers une zone plus neutre, affirmant que la milice «avait pris la mission en otage», limitant ainsi ses mouvements.

M. Guha souligne que l’emplacement actuel du siège de la mission n’est pas définitif. «Depuis son déploiement, les emplacements de la mission sont temporaires. Nous avons tenu des discussions avec les deux parties pour essayer de trouver un lieu à la fois approprié d’un point de vue opérationnel et susceptible de garantir l’accès aux deux factions, comme le note le Conseil de sécurité de l’ONU dans sa dernière résolution», précise-t-il.

Lorsque la milice houthie a repris son offensive contre la ville centrale de Marib, le gouvernement a subi une très grande pression publique pour qu’il relance l’offensive interrompue contre la ville de Hodeïda en vue d’atténuer la pression exercée sur ses forces à Marib.

M. Guha a conseillé aux parties belligérantes d’éviter l’escalade et d’alléger les souffrances du peuple. Il soutient que l’accord sur Hodeïda a permis d’éviter une grande catastrophe humanitaire qui aurait pu frapper l’ensemble du Yémen dans l’hypothèse où le gouvernement aurait décidé de poursuivre son offensive contre la ville. En effet, la plupart des biens et de l’aide humanitaire sont acheminés via Hodeïda.

«Minimiser le traumatisme de la population civile doit demeurer la principale préoccupation de toutes les parties. Comme je l’ai déjà dit, l’accord sur Hodeïda a eu une incidence significative: il a permis de limiter les pertes civiles, de réduire la violence au sein du gouvernorat et de veiller à ce que les ports de Hodeïda restent opérationnels pour assurer l’acheminement de l’aide humanitaire», ajoute-t-il.

M. Guha demande au gouvernement et à la milice houthie de répondre à l’initiative de paix, de cesser les combats et d’ouvrir la voie à un règlement politique qui permettrait de mettre fin à la guerre.

«Il est plus que primordial que les deux parties reprennent le dialogue, fassent taire les armes et recherchent une solution politique qui garantirait un avenir prospère et pacifique à l’ensemble du peuple yéménite. Il est impératif que les pertes civiles cessent. Le bien-être des Yéménites doit constituer notre priorité. L’heure est au processus de paix» , conclut-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.


Syrie: 11 morts dans de nouveaux affrontements confessionnels près de Damas

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
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  • Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut
  • En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements à caractère confessionnel aux environs de Damas, a annoncé mercredi une ONG, au lendemain d'accrochages meurtriers dans une localité syrienne voisine à majorité druze qui ont fait 17 morts.

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus de mortier s'abattent sur nos maisons", a déclaré à l'AFP au téléphone Samer Rafaa, un habitant et militant actif de Sahnaya, où une partie de la population est druze.

Selon l'OSDH, basée en Grande-Bretagne mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, l'un des deux morts à Sahnaya est un combattant druze.

Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut à la localité.

En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements.

Ces violences ont réveillé le spectre des affrontements confessionnels, après des massacres qui ont visé en mars la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

L'attaque contre Jaramana a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message et les chefs spirituels de la minorité druze ont condamné toute atteinte au prophète.


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com