Des images dévoilent les dures conditions dans la prison iranienne d'Evin

Une capture d'écran extraite d'une vidéo montrant un gardien en train de battre un prisonnier à la prison d'Evin à Téhéran, en Iran. (The Justice of Ali via AP)
Une capture d'écran extraite d'une vidéo montrant un gardien en train de battre un prisonnier à la prison d'Evin à Téhéran, en Iran. (The Justice of Ali via AP)
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Publié le Lundi 23 août 2021

Des images dévoilent les dures conditions dans la prison iranienne d'Evin

  • Un compte en ligne, supposé avoir été créé par une entité se décrivant comme un groupe de pirates informatiques, a partagé des images de la cyberattaque
  • «La prison d'Evin est une tache sur le turban noir et la barbe blanche de Raïssi», disait également le message sur les écrans de la salle de contrôle de la prison

DUBAÏ: Le gardien d'une salle de contrôle de la tristement célèbre prison iranienne d'Evin note que les moniteurs se trouvant devant lui s'éteignent soudainement et montrent quelque chose de très différent des images de surveillance qu'il regardait.

«Cyberattaque», clignotent les moniteurs. D'autres gardes se rassemblent, portant leurs téléphones portables et filmant, ou passant des appels urgents. «Manifestation générale jusqu'à la libération des prisonniers politiques», affiche une autre ligne sur les écrans.

Un compte en ligne, censé avoir été créé par une entité se décrivant comme un groupe de pirates informatiques, a transmis des images de l'incident, de même que des parties d'autres vidéos de surveillance qu'il a saisies, à l'Associated Press. Les pirates présumés ont déclaré que la diffusion des images exprimait une volonté de montrer les dures conditions dans la prison, connue pour détenir des prisonniers politiques, ainsi que des personnes ayant des liens avec l'étranger et qui sont souvent utilisées comme monnaie d'échange dans les négociations avec l'Occident.

Dans une partie de la séquence, un homme brise un miroir de salle de bain pour essayer de se taillader le bras. Les prisonniers  et même les gardiens  se battent entre eux dans des scènes captées par des caméras de surveillance. Des détenus dormant dans des chambres individuelles avec des lits superposés en ont empilé trois contre les murs, s'enveloppant dans des couvertures pour rester au chaud.

«Nous voulons que le monde entende notre voix réclamant la libération de tous les prisonniers politiques», lit-on dans un message du compte en ligne à l'AP de Dubaï.

L'Iran, qui a fait l'objet de critiques du rapporteur spécial des Nations unies sur les conditions de détention, n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires envoyée à sa mission de l'ONU à New York. Les médias officiels iraniens dans le pays n'ont pas confirmé l'incident d'Evin.

Cependant, plusieurs incidents de piratage embarrassants se sont produits en Iran, au milieu de tensions persistantes concernant son programme nucléaire accéléré, et alors que les pourparlers avec l'Occident sur la relance de l'accord atomique entre Téhéran et les puissances mondiales restent en suspens.

Quatre anciens prisonniers d’Evin, ainsi qu'un militant iranien des droits de l’homme à l'étranger, ont déclaré à l'AP que les vidéos ressemblaient à des lieux de la prison du nord de Téhéran. Certaines des scènes correspondaient également à des photographies de l’établissement pénitentiaire précédemment prises par des journalistes, ainsi qu'à des images de la prison telles que vues sur des photos satellite auxquelles a eu accès l'AP.

Les images montrent également des rangées de machines à coudre utilisées par les détenus, une cellule d'isolement avec des toilettes à la turque, ainsi que des zones extérieures de la prison. Il y a des images de la cour d'exercice en plein air de la prison, des toilettes des prisonniers, ainsi que des bureaux de la prison.

Une grande partie des images porte des horodatages de 2020 et de cette année. Plusieurs vidéos sans l’affichage montrent des gardes portant des masques sanitaires, indiquant le fait qu'elles ont été prises durant la pandémie du coronavirus.

Même lorsqu’il n’y a pas de son dans les vidéos, celles-ci dévoilent le monde sinistre auquel sont confrontés les prisonniers d’Evin. Une séquence montre ce qui semble être un homme décharné jeté d'une voiture dans le parking, puis traîné dans la prison. Une autre montre un religieux, descendant les escaliers et passant à côté de cet homme, sans s'arrêter.

Dans une autre vidéo, on voit des gardiens en train de battre un homme en uniforme de prisonnier. Un gardien donne un coup de poing à un prisonnier dans une cellule de détention. Les gardiens se battent aussi entre eux, tout comme les prisonniers. Beaucoup sont entassés dans une seule et même cellule. Aucun ne porte de masque sanitaire.

Le compte qui a transmis les vidéos à l'AP s'appelle «The Justice of Ali» («La justice d'Ali»), une référence au gendre du prophète Mohammed qui est vénéré par les chiites. Il se moque également du Guide suprême iranien Ali Khamenei.

Il affirme disposer de «centaines» de gigaoctets de données provenant de ce qu'il a décrit comme un piratage effectué il y a plusieurs mois. Il n'a pas répondu aux questions relatives aux personnes impliquées dans la fuite.

Le compte a lié le moment de la fuite de données à la récente élection du président iranien Ebrahim Raïssi, un proche de la ligne dure de Khamenei impliqué dans l'exécution de milliers de personnes en 1988, à la fin de la guerre Iran-Irak.

«La prison d'Evin est une tache sur le turban noir et la barbe blanche de Raïssi», disait également le message sur les écrans de la salle de contrôle de la prison.

L'Iran, longtemps sanctionné par l'Occident, fait face à des difficultés pour obtenir du matériel et des logiciels récents, utilisant souvent des appareils électroniques fabriqués en Chine ou des systèmes plus anciens. Le système de la salle de contrôle vu dans la vidéo, par exemple, semblait fonctionner sous Windows 7, pour lequel Microsoft ne fournit plus de correctifs de sécurité. Cela permettrait à un pirate potentiel de l’attaquer plus facilement. Les versions piratées de Windows et d'autres logiciels sont courantes en Iran.

Ces derniers mois, le système ferroviaire iranien a été apparemment la cible d'une cyberattaque. D'autres groupes de pirates informatiques ont publié des détails sur des Iraniens arguant de piratage au nom du régime théocratique iranien. Entretemps, la cyberattaque la plus célèbre – le virus Stuxnet qui a détruit les centrifugeuses iraniennes, au plus fort des craintes occidentales concernant le programme de Téhéran – est largement soupçonnée d’avoir été une création américaine et israélienne.

La prison d'Evin a été construite en 1971 sous le règne du shah Mohammed Reza Pahlavi d'Iran. Des prisonniers politiques y ont été détenus à l'époque et plus tard, après que la révolution islamique de 1979 a écarté le chah du pouvoir.

Bien qu'en théorie sous le contrôle du système pénitentiaire iranien, Evin dispose également d'unités spécialisées pour les prisonniers politiques et ceux ayant des liens avec l'Occident, dirigées par le groupe paramilitaire des Gardiens de la révolution, qui en réfèrent uniquement à Khamenei. La prison est la cible de sanctions américaines et européennes.

Après que l'Iran a réprimé les manifestants à la suite de la réélection contestée du président de la ligne dure Mahmoud Ahmadinejad en 2009, de nombreux manifestants arrêtés se sont retrouvés à Evin. Les parlementaires ont ensuite requis des réformes à Evin, à la suite de rapports faisant état d'abus dans la prison – qui ont conduit à l'installation de caméras en circuit fermé.

Les problèmes ont cependant persisté. Les comptes rendus du rapporteur spécial de l'ONU Javaid Rehman ont cité à plusieurs reprises la prison d'Evin comme un site de sévices à l’encontre des prisonniers. Rehman a averti en janvier que l'ensemble du système pénitentiaire iranien était confronté depuis longtemps à «une surpopulation et un manque de mesures d'hygiène» ainsi qu’à «des obstacles insurmontables pour réagir à la Covid-19».

«Des prisonniers d'opinion et des prisonniers politiques ont contracté la Covid-19 ou ont présenté des symptômes de la maladie, et beaucoup ont affirmé n’avoir pas reçu de traitements ou n’avoir pas effectué de tests, ou encore ont subi des retards injustifiés au niveau des résultats des traitements et des tests», a-t-il écrit.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.