Retrait d'Afghanistan au 31 août: une date et beaucoup de questions

Les talibans eux-mêmes ont menacé les Etats-Unis de «conséquences» s'ils décidaient de poursuivre les évacuations au-delà du 31 août, qualifiant toute extension du calendrier de «ligne rouge». (AFP)
Les talibans eux-mêmes ont menacé les Etats-Unis de «conséquences» s'ils décidaient de poursuivre les évacuations au-delà du 31 août, qualifiant toute extension du calendrier de «ligne rouge». (AFP)
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Publié le Mercredi 25 août 2021

Retrait d'Afghanistan au 31 août: une date et beaucoup de questions

  • Biden a cependant souligné que le respect de la date butoir «dépend» de la coopération des talibans pour «permettre l'accès à l'aéroport» des candidats au départ
  • Le report de quatre mois donne le temps aux militaires de se retirer de façon ordonnée et aux civils américains ainsi qu'aux Afghans en attente d'un visa d'immigration de s'organiser pour quitter

WASHINGTON: Joe Biden a confirmé mardi la date du 31 août pour le retrait des forces américaines d'Afghanistan. Une date butoir qui soulève beaucoup de questions.

- Pourquoi cette date?

La date du 31 août a été fixée par le président américain lui-même, avant l'offensive éclair des talibans qui leur a permis de prendre le pouvoir le 15 août.


L'accord conclu entre les fondamentalistes et l'administration de Donald Trump en février 2020 prévoyait un retrait total des forces étrangères au 1er mai.


Lorsqu'il décide à la mi-avril de poursuivre le retrait entamé par son prédécesseur, Joe Biden annonce que toutes les forces étrangères devront avoir quitté le pays "avant que nous ne marquions le 20e anniversaire des attentats haineux du 11-Septembre".


L'objectif est de retirer les 2 500 militaires américains encore sur le sol afghan, plusieurs milliers de militaires de l'Otan et quelque 16 000 sous-traitants civils avant le 20e anniversaire des attentats ayant conduit les Etats-Unis à renverser le régime des talibans pour leur soutien à Al-Qaïda.


Mais le choix de cette date symbolique est alors vertement critiqué et Joe Biden avance début juillet la date butoir au 31 août.

- Pourquoi est-elle devenue un problème?

Le report de quatre mois donne le temps aux militaires, qui attendaient depuis janvier la décision de M. Biden, de se retirer de façon ordonnée et aux civils américains ainsi qu'aux Afghans en attente d'un visa d'immigration de s'organiser pour quitter le pays.


Si les militaires mènent alors leurs opérations de retrait tambour battant, ni le département d'Etat ni la Maison Blanche ne jugent urgent d'accélérer le processus de délivrance des visas, comptant sur une résistance du gouvernement de plusieurs mois face à l'avancée des talibans.


L'offensive-éclair des insurgés, facilitée par la déroute de l'armée afghane, prend Washington par surprise. Le 14 août, Joe Biden annonce l'envoi de renforts à l'aéroport de Kaboul pour sécuriser l'évacuation de civils.


Le lendemain, le président afghan Ashraf Ghani abandonne le pouvoir aux talibans. Soudain, l'évacuation de milliers de diplomates et civils américains, ainsi que de dizaines de milliers d'Afghans craignant pour leur vie pour avoir coopéré avec les Occidentaux, devient urgente.

- Quels problèmes logistiques entraîne-t-elle?

Les Etats-Unis annoncent l'envoi de 6 000 soldats pour sécuriser l'aéroport et organiser un gigantesque pont aérien, et sont obligés de composer avec les talibans pour tenter de canaliser les foules d'étrangers et d'Afghans qui se précipitent vers l'aéroport pour fuir le pays.


L'opération commence lentement, les militaires américains donnant la priorité à la sécurisation des lieux. Des scènes de panique conduisent l'armée américaine à fermer l'aéroport. Les contrôles d'identité prennent des heures, la foule s'agglutine aux abords de l'aéroport et des milliers de personnes se retrouvent coincées pendant parfois plusieurs jours entre les postes de contrôle des talibans et ceux de l'armée américaine.


Mais l'organisation se met en place peu à peu et les opérations s'accélèrent, avec des rotations aériennes continues, d'avions militaires américains d'abord, puis des armées d'autres pays.


Mardi, 21 600 personnes ont été évacuées en 24 heures. Au total, depuis le début du pont aérien le 14 août, 70 700 personnes ont été évacuées, dont environ 4 000 Américains, des ressortissants des pays de l'Otan et des milliers d'Afghans craignant pour leur vie sous un nouveau régime des talibans.

- Quels sont les risques?

Le président Joe Biden a invoqué mardi le "risque grave et croissant d'une attaque" du groupe jihadiste Etat islamique pour justifier son refus de repousser la date butoir du 31 août, imposant ainsi une fin de non-recevoir aux Européens qui souhaitaient davantage de temps pour évacuer.


Les talibans eux-mêmes ont menacé les Etats-Unis de "conséquences" s'ils décidaient de poursuivre les évacuations au-delà du 31 août, qualifiant toute extension du calendrier de "ligne rouge".


L'armée américaine doit maintenant organiser l'évacuation de ses propres troupes envoyées en renfort tout en protégeant les militaires sur place ainsi que les rotations aériennes, une opération logistique délicate et dangereuse. Le processus prendra "plusieurs jours", a indiqué le porte-parole du Pentagone John Kirby, laissant entendre que les évacuations pourraient s'arrêter avant le 31. 


Washington doit aussi évacuer le millier de soldats américains qui se trouvaient encore à Kaboul le 14 août, ainsi que les quelque 600 soldats afghans qui ont refusé de rendre les armes et qui ont aidé à sécuriser l'aéroport.


M. Biden a cependant souligné que le respect de la date butoir "dépend" de la coopération des talibans pour "permettre l'accès à l'aéroport" des candidats au départ, mettant le nouveau régime de Kaboul en garde contre toute "entrave" à ces opérations.


Il a aussi demandé au Pentagone et au département d'Etat "des plans d'urgence pour ajuster le calendrier si cela devait être nécessaire".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.