Les États-Unis se préparent à de nouvelles attaques de Daech après le carnage à l'aéroport de Kaboul

Une victime des explosions de l'aéroport de Kaboul est transportée vers un hôpital proche, géré par l'ONG italienne Emergency. (Photo, AFP)
Une victime des explosions de l'aéroport de Kaboul est transportée vers un hôpital proche, géré par l'ONG italienne Emergency. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 27 août 2021

Les États-Unis se préparent à de nouvelles attaques de Daech après le carnage à l'aéroport de Kaboul

  • Le double attentat suicide a fait des dizaines de morts dont treize soldats américains, exacerbant encore la panique durant l’évacuation chaotique
  • Même s'il s'agit de deux groupes sunnites radicaux, l'EI et les talibans sont en concurrence et sont animés par une haine tenace et réciproque.

KABOUL : Un double attentat suicide revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a fait des dizaines de morts dont treize soldats américains à l'aéroport de Kaboul, exacerbant encore la panique à quelques jours de la fin programmée des évacuations de personnes cherchant désespérément à fuir le régime taliban.

L'attentat, mené par des kamikazes à la tombée du jour, alors que des milliers d'Afghans étaient toujours massés aux portes de l'aéroport dans l'espoir d'être évacués à l'étranger, a laissé des scènes de chaos et de désolation.

Ne pas abandonner les Afghanes !

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Une réfugiée afghane attend d'être prise en charge par les autorités britanniques à l'aéroport de Heathrow à Londres. Combien d'autres Afghanes risquent leur liberté sous le nouveau régime à Kaboul?. (Photo, AFP)

PARIS : "On ne peut pas les abandonner": Chékéba Hachemi, présidente de l'association Afghanistan Libre, a lancé un émouvant appel à aider les Afghanes, dont elle promeut l'éducation depuis vingt ans, jeudi devant des entrepreneurs réunis par le Medef.

Invitée pour un débat sur le combat des femmes pour la liberté, Chékéba Hachemi, première femme diplomate afghane dans le gouvernement qui a suivi la chute des talibans au début des années 2000, a été rattrapée par l'actualité et le retour des miliciens islamistes au pouvoir à Kaboul.

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La présidente et fondatrice de l'association Afghanistan Libre Chékéba Hachemi (à gauche) s'entretient avec la juriste, écrivaine et actrice française Rachel Khan (à droite) lors d'une session de la réunion annuelle d'été du Medef, "La Ref", le 26 août 2021 à l'hippodrome de Longchamp à Paris. (Photo, AFP)

"On ne peut pas les abandonner, on sait, on a tous une conscience, nous savons que nous laissons ce pays entre les mains des plus radicaux, de terroristes internationaux", a déclaré Mme Hachemi, particulièrement émue à l'évocation du sort des femmes soutenues par son association.

"Malheureusement pour notre petite ONG, tous les membres, nous vivons tout ça avec elles en direct, nous avons des +Whatsapp+ qui nous font vivre en direct tout ce qu'elles vivent", a-t-elle raconté.

Depuis plusieurs jours, elle tente de trouver une place pour ces femmes dans les vols d'évacuation vers la France.

"Aujourd'hui nous essayons, et c'est trop tard je pense, nous avons essayé, nous nous sommes concentrés pour sortir un maximum de jeunes femmes qui risquaient (sic) dans les avions en France. La France a rapatrié quelques milliers des personnes mais il n'y avait pas ces jeunes femmes de nos ONG, je représente un collectif de dix ONG françaises qui avons nos membres là-bas, et elles n'y sont pas. Ça va s'arrêter, ça nous fend le cœur plus que vous l'imaginez", s'est-elle désespérée.

"Personne n'est impuissant", a plaidé Chékéba Hachemi auprès du public d'entrepreneurs, qui a appelé à "parler, continuer, ne pas fermer les yeux sur ce qui se passe".

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des dizaines de victimes, mortes ou blessées, étendues dans les eaux saumâtres d'un canal d'égout, entourées de secouristes débordés et démunis. Hommes, femmes et enfants couraient dans tous les sens pour s'éloigner du lieu des explosions.

La double explosion a tué au moins treize soldats américains et en a blessé dix-huit autres, selon le Pentagone. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière contre l'armée américaine en Afghanistan depuis 2011.

Le régime taliban a recensé jusqu'à vingt morts et 52 blessés tandis qu'un haut fonctionnaire de santé du gouvernement pré-taliban a affirmé que le bilan pourrait atteindre 60 morts.

Confronté à la plus grave crise depuis le début de son mandat et visiblement secoué, le président américain Joe Biden a réagi en promettant de "pourchasser" et de "faire payer" les auteurs de l'attaque. "L'Amérique ne se laissera pas intimider", a-t-il lancé d'un ton martial.

Ce premier attentat meurtrier depuis le retour au pouvoir des talibans le 15 août intervient à quelques jours du départ du pays des troupes américaines, prévu le 31 août après vingt ans de guerre infructueuse contre les islamistes.

Les larmes aux yeux, M. Biden a rendu hommage aux soldats tués, "des héros (...) engagés dans une mission dangereuse et altruiste pour sauver d'autres vies" et il a fait savoir que les Etats-Unis allaient "poursuivre l'évacuation".

Selon Washington, qui s'attend à ce que les attaques de l'EI "continuent", cet attentat a été mené par deux kamikazes du groupe jihadiste, suivi d'une fusillade.

Sous le nom d'ISKP (Etat islamique Province du Khorasan), l'EI a revendiqué certaines des attaques les plus sanglantes commises ces dernières années en Afghanistan, faisant des centaines de morts, en particulier parmi les musulmans chiites.

Même s'il s'agit de deux groupes sunnites radicaux, l'EI et les talibans sont en concurrence et sont animés par une haine tenace et réciproque.

Les Occidentaux ont condamné l'attentat, en soulignant qu'il ne devait pas empêcher la poursuite des évacuations massives, qui ont à ce jour permis de faire partir 100100 personnes, selon les dernières données publiées jeudi soir par la Maison Blanche.

Le nouveau régime taliban, via son porte-parole Zabihullah Mujahid, a "fermement condamné" ces "attentats à la bombe", tout en soulignant qu'ils étaient survenus dans une zone placée sous la responsabilité de l'armée américaine.

Depuis la reprise soudaine de Kaboul et du pouvoir par les talibans, le vaste aéroport de Kaboul est le dernier endroit du pays où sont rassemblés les forces occidentales, menées par l'armée américaine.

L'Otan et l'Union européenne ont appelé à poursuivre les évacuations depuis Kaboul malgré tout.

Panique

La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé un attentat "absolument ignoble". L'Allemagne a annoncé avoir mis fin à ses vols d'évacuation, comme les Pays-Bas et le Canada.

L'Australie s'est félicitée vendredi d'avoir évacué ses derniers soldats la veille de l'attentat.

"Je suis vraiment heureux et soulagé que nos soldats aient quitté Kaboul et que nous ayons pris la décision d'évacuer hier (jeudi) nos derniers ressortissants", a déclaré le ministre de la Défense Peter Dutton.

Après les explosions, Paris a annoncé le rapatriement en France pour raisons de sécurité de son ambassadeur en Afghanistan David Martinon, qui se trouvait jusqu'alors à l'aéroport de Kaboul.

Selon des sources militaires, l'une des explosions s'est produite à proximité d'Abbey Gate, l'un des trois points d'accès à l'aéroport.

"C'était une énorme explosion, au milieu de la foule qui attendait devant une des portes de l’aéroport", où entrent des gens qui se font évacuer par les Occidentaux, a déclaré à l’AFP un témoin de la scène, Milad.

"Il y a beaucoup de morts et de blessés", dit-il, ajoutant avoir vu "des corps et des fragments humains projetés" aux alentours.

Dans la confusion, il raconte avoir perdu les documents avec lesquels il espérait embarquer sur un vol avec sa femme et ses trois enfants.

"Je ne veux plus jamais aller (à l'aéroport). Mort à l'Amérique, son évacuation et ses visas", dit-il.

Les blessés "ne pouvaient pas parler, beaucoup étaient terrifiés, leurs yeux perdus dans le vague, leur regard vide", a témoigné sur Twitter le coordinateur médical de l'hôpital géré par l'ONG italienne Emergency, Alberto Zanin.

Le rythme des évacuations, qui n'avait cessé de s'accélérer ces derniers jours, avait commencé à ralentir mercredi.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait assuré mercredi que les talibans s'étaient engagés à laisser partir les Américains et les Afghans à risque se trouvant encore dans le pays après le 31 août. L'Allemagne a précisé avoir eu l'assurance qu'ils pourraient prendre des vols commerciaux.

La fin prochaine des évacuations fait craindre que de nombreux Afghans ayant travaillé ces dernières années avec les étrangers ou le gouvernement pro-occidental déchu et se sentent menacés par les talibans, ne puissent tous quitter le pays à temps.

Beaucoup d'Afghans, souvent urbains et éduqués, craignent que les islamistes n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.