Panique totale à l'aéroport de Kaboul, l'attaque la plus meurtrière depuis 2011: 85 morts

Des Afghans pleurent la mort d'un proche dans la double explosion de l'aéroport de Kaboul. (AFP).
Des Afghans pleurent la mort d'un proche dans la double explosion de l'aéroport de Kaboul. (AFP).
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Publié le Vendredi 27 août 2021

Panique totale à l'aéroport de Kaboul, l'attaque la plus meurtrière depuis 2011: 85 morts

  • La "panique totale" a saisi jeudi les Afghans rassemblés près de l'aéroport de Kaboul, frappé par deux explosions
  • L'attentat qui a tué au moins 13 militaires américains jeudi à proximité de l'aéroport de Kaboul est l'attaque la plus meurtrière contre les forces du Pentagone depuis 2011 en Afghanistan

KABOUL: La "panique totale" a saisi jeudi les Afghans rassemblés près de l'aéroport de Kaboul, frappé par deux explosions meurtrières, ont raconté des témoins, quelques heures après que des pays occidentaux eurent mis en garde contre le fort risque d'attentat.

Le bilan de la double attaque suicide perpétrée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) à l'aéroport de Kaboul est monté vendredi à 85 morts, dont treize soldats américains, dans une atmosphère tendue à quelques jours de la fin prévue des évacuations des étrangers et afghans qui cherchent à fuir le nouveau régime taliban. 160 personnes ont été blessées.


A quelques jours de l'échéance du 31 août fixée par le président américain Joe Biden pour retirer les troupes étrangères d'Afghanistan et achever l'évacuation de ceux qui veulent fuir le pays, désormais aux mains des talibans, des milliers de candidats au départ étaient encore massés jeudi près de l'aéroport.

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Ils avaient ignoré les avertissements occidentaux lancés depuis la veille et faisant état de menaces crédibles d'attentats-suicides autour du complexe, où un gigantesque pont aérien est organisé par les Occidentaux depuis la soudaine reprise du pouvoir par les talibans à la mi-août.


Mais alors que le soleil commençait à se coucher sur la capitale afghane, deux explosions ont retenti. 


Ces attentats ont fait "au moins" 13 à 20 morts et 52 blessés, a indiqué  le principal porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid.


Des photos publiées sur les réseaux sociaux montraient des personnes ensanglantées emmenées sur des brouettes, ou un enfant agrippant le bras d'un homme souffrant d'une blessure à la tête.


D'autres images montraient des corps éparpillés dans l'eau d'un canal de drainage alors que des survivants se relevaient. 


Des appels à l'aide désespérés étaient entendus alors que des personnes recherchaient leurs proches après les explosions. "Il y a des morts étendus ici", criait une personne hors caméra.

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Une fumée épaisse s'élevait dans les airs, alors qu'hommes, femmes et enfants couraient dans tous les sens pour s'éloigner du lieu des explosions. 


Une explosion a eu lieu près d'Abbey Gate, une des portes d'accès de l'aéroport, et l'autre à proximité de l'hôtel Baron, selon le Pentagone.


"C’était une énorme explosion, au milieu de la foule qui attendait devant une des portes de l’aéroport", où étaient notamment passées ces derniers jours des personnes évacuées par les Français et les Britanniques, a déclaré un témoin, Milad.


"Il y a beaucoup de morts et de blessés", dit-il, ajoutant avoir vu "des corps et des fragments humains projetés" aux alentours.


Dans la confusion, il raconte avoir perdu les documents avec lesquels il espérait embarquer sur un vol avec sa femme et ses trois enfants. 


"Je ne veux plus jamais aller (à l'aéroport). Mort à l'Amérique, son évacuation et ses visas", dit-il.


"Quand les gens ont entendu l’explosion, ça a été la panique totale. Les talibans ont alors tiré en l’air pour disperser les gens qui attendaient devant la porte", a indiqué un autre témoin, qui a notamment vu "un homme courir avec un bébé blessé dans les bras".

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Des proches de victimes installent le cercueil d'un mort à l'arrière d'une voiture. (AFP). 

Vie meilleure 

Peu après, un photographe de l'AFP a vu arriver au moins cinq dépouilles de victimes et des dizaines de blessés dans un hôpital proche, géré par l'ONG italienne Emergency.


Akram Lubega, un Ougandais de 26 ans qui travaille à l’aéroport pour une compagnie de restauration, a indiqué avoir entendu une explosion sans savoir de quoi il s’agissait. "Bien sûr qu’on a tous peur. Tout le monde est tendu, et des soldats se déploient tout autour de l’aéroport" par crainte d'autres attaques, a-t-il ajouté.


Les mises en garde occidentales n'avaient pas dissuadé, avant l'explosion, nombre d'Afghans de continuer d'assiéger l'aéroport.
 

Les réactions dans le monde

  • L'Otan, de nombreux pays dans le monde entier et les talibans ont condamné jeudi le double attentat meurtrier à l'aéroport de Kaboul, revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) que Washington a menacé de représailles.
  • Etats-Unis -Selon le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain chargé de l'Afghanistan, il s'agit d'attentats-suicides commis par "deux jihadistes considérés comme appartenant à l'EI (...) suivis par des jihadistes de l'EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires"."Si nous pouvons trouver qui est lié à cela, nous nous lancerons à leur poursuite", a déclaré le général, précisant que douze militaires américains avaient été tués et quinze blessés et que les évacuations se poursuivaient.
  • Cette attaque, qui a fait entre treize et vingt morts selon les talibans, a peu après été revendiquée par l'EI.
  • L'ancien président américain Donald Trump a dénoncé une tragédie qui "n'aurait jamais dû avoir lieu".
  • L'actuel président Joe Biden a estimé jeudi soir qu'il n'y avait pas de preuve d'une "collusion" entre les talibans et le groupe Etat islamique dans l'attaque. Il a promis d'en "pourchasser" les auteurs et de les faire "payer".
  • Talibans -Les talibans ont condamné "fermement" l'attaque, tout en soulignant qu'elle était survenue dans une zone placée sous la responsabilité de l'armée américaine. "L'explosion a eu lieu dans une zone où les forces américaines sont responsables de la sécurité", a souligné leur porte-parole Zabihullah Mujahid.
  • Otan -Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a condamné "fermement cet attentat terroriste horrible", tout en soulignant que la priorité restait "d'évacuer autant de gens que possible vers un environnement sûr, le plus rapidement possible".
  • Union européenne -Le président du Conseil européen Charles Michel a également appelé à continuer les évacuations depuis l'aéroport sécurisé par les Etats-Unis. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a condamné "les attaques lâches et inhumaines à l'aéroport de Kaboul".
  • Canada - "Nous condamnons fermement les attentats terroristes perpétrés à Kaboul. Nous sommes de tout coeur avec le peuple afghan, les proches des victimes, y compris nos alliés. Nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour soutenir les Afghans et accueillir les réfugiés", a tweeté le Premier ministre Justin Trudeau.
  • Allemagne -La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé un attentat "absolument ignoble". "Il s'agit d'une situation très, très tendue pour faire sortir les gens du pays", a-t-elle souligné.
  • Royaume-Uni -Le Premier ministre Boris Johnson a annoncé que les opérations d'évacuation allaient continuer malgré les attentats. "Clairement, ce que montre cette attaque, c'est l'importance de continuer ce travail de la manière la plus rapide et la plus efficace possible dans les heures qui nous restent, et c'est ce que nous allons faire", a-t-il ajouté.
  • "Le Royaume-Uni et les Etats-Unis demeurent résolus dans leur mission pour sortir le plus grand nombre de personnes possible ... Les actes des terroristes ne nous arrêteront pas", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab.
  • Russie - "Il faut que le monde entier fasse pression sur les nouvelles autorités afghanes, peu importe qu’on les reconnaisse ou pas (...) , pour exhorter ces autorités à mettre en place un dialogue inter-afghan. Un dialogue inclusif, en utilisant la terminologie occidentale, et non pas un dialogue exclusif. Les vainqueurs ont gagné la guerre mais ils ont encore à gagner la paix", a indiqué sur Facebook Konstantin Kossatchev, un vice-président du Conseil de la Fédération russe (chambre haute du Parlement).
  • Italie -"Je condamne ce vil et horrible attentat contre des personnes sans défense en quête de liberté", a réagi le Premier ministre italien Mario Draghi.
  • Espagne -Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a condamné les attentats tout en soulignant que l'Espagne oeuvrait "pour évacuer le plus grand nombre possible de personnes" d'Afghanistan.
  • France -Le président Emmanuel Macron a condamné "avec la plus grande fermeté les attaques terroristes". L'état-major des armées a annoncé que Paris poursuivait ses opérations d'évacuation d'Afghans craignant les représailles des talibans.
  • Pays-Bas - Le Premier ministre Mark Rutte a déploré "une terrible tragédie".
  • Norvège -La ministre norvégienne Ine Eriksen Soreide a condamné l'attaque contre "des civils innocents tentant de quitter le pays", un "acte terrible de cruauté".
  • Suède -La ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde a adressé ses condoléances aux familles des militaires américains tués dans les attentats.
  • Turquie -La Turquie a condamné "une attaque haineuse".
  • Israël -Le Premier ministre Naftali Bennett, actuellement en visite aux Etats-Unis, a exprimé le "profond chagrin" de son pays "pour la mort d'Américains à Kaboul".
  • Arabie Saoudite - L'Arabie saoudite "condamne fermement l'attaque terroriste meurtrière". "Cet acte haineux viole toutes les valeurs morales et humanitaires." 
  • Egypte -L'Egypte a condamné "la double attaque terroriste" et renouvelé "sa solidarité dans le combat contre toutes les formes de terrorisme, de violence et d'extrémisme", selon le ministère des Affaires étrangères.
  • Jordanie -La Jordanie a condamné les attentats et dénoncé le "terrorisme qui reste une menace dangereuse".
  • Qatar -Le Qatar a dénoncé l'attaque et rejeté "la violence et le terrorisme quelles que soient les motivations et les causes".
  • Pologne - Le président polonais Andrzej Duda a déclaré: "Je condamne dans les termes les plus forts les attaques haineuses à l'aéroport de Kaboul (...) Mes prières vont aux familles des victimes de cet acte lâche. La Pologne se tient aux côtés de nos amis américains et afghans".

 

Les évacuations s'achèvent « dans quelques heures »

 

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Des Afghans évacués de Kaboul par l'armée française arrivent à la base militaire d'Al-Dhafra près d'Abou Dhabiaux Emirats Arabes Unis. ( AFP PHOTO / ETAT MAJOR DES ARMEES). 

L'Espagne a annoncé vendredi matin avoir terminé ses vols d'évacuation, comme l'Allemagne, les Pays-Bas, le Canada et l'Australie avant elle. Celles des Britanniques s'achèveront "dans quelques heures", a précisé Londres vendredi matin.

Après les explosions, Paris a annoncé le rapatriement en France pour raisons de sécurité de son ambassadeur en Afghanistan David Martinon, qui se trouvait jusqu'alors à l'aéroport de Kaboul.

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Parmi les candidats à l'exil figurent beaucoup d'Afghans urbains et éduqués, qui craignent que les islamistes n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001.


Y figurent aussi ceux qui ont travaillé pour les forces du gouvernement pro-occidental déchu ou pour leurs alliés des forces occidentales, ennemis des talibans pendant 20 ans, ou des sociétés étrangères, qui craignent de violentes représailles des islamistes.


La foule a également été nourrie par l'afflux d'Afghans non invités par les Occidentaux à partir, et qui tentent juste de saisir l'opportunité d'une vie meilleure en Occident.


C'est le cas d'Hamid, venu avec une partie de sa famille. Employé dans un ministère avant l'arrivée au pouvoir des talibans, il admet ne pas faire partie des catégories menacées par les nouveaux maîtres de Kaboul.


"J'ai entendu que si je pouvais rentrer dans l'aéroport, je pourrais aller en Amérique", explique-t-il, disant s'attendre à ce que les talibans lui retirent son emploi pour le donner "à des parents à eux". Dans ce cas, s'interroge-t-il, "comment prendrai-je soin de ma famille?"

 

L'attaque à Kaboul la plus meurtrière pour l'armée américaine en Afghanistan depuis 2011

L'attentat qui a tué au moins 13 militaires américains jeudi à proximité de l'aéroport de Kaboul est l'attaque la plus meurtrière contre les forces du Pentagone depuis 2011 en Afghanistan.


"Deux jihadistes considérés comme appartenant à l'Etat islamique se sont fait sauter à Abbey Gate, suivis par des jihadistes de l'EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires", a annoncé le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain en charge de l'Afghanistan.


Voici quelques unes des attaques les plus meurtrières contre des militaires américains depuis le début de leur intervention en Afghanistan.

Hélicoptères 

La guerre la plus longue de l'histoire des Etats-Unis a coûté la vie à plus de 1.900 militaires américains au combat.


L'attaque la plus meurtrière a eu lieu dans la nuit du 6 août 2011 lorsqu'un hélicoptère Chinook avait été abattu par les talibans dans la province de Wardak, au sud-ouest de Kaboul.


Trente militaires américains, sept soldats afghans et un interprète civil avaient été tués dans l'écrasement de l'appareil. Parmi eux, 22 Navy Seals, le corps d'élite de la Marine américaine.


Avant cela, l'événement le plus meurtrier du conflit pour la coalition remontait au 28 juin 2005, quand 16 militaires américains avaient été tués dans la chute d'un autre Chinook, touché par une roquette tirée par des talibans dans la province orientale de Kunar.

Echanges de tirs 
Neuf soldats américains ont aussi été tués en juillet 2008 dans des échanges de tirs avec des talibans à Wanat, dans la province du Nouristan.


Quinze mois plus tard, 8 Américains sont morts dans des circonstances similaires lors de tirs contre des centaines d'insurgés à Kamdesh, dans la même province.

Alliés présumés 

Plusieurs soldats américains sont aussi morts dans des attaques perpétrées par des auteurs que les Etats-Unis considéraient pourtant comme alliés.


Le 27 avril 2011, huit militaires - dont plusieurs officiers - et un civil, tous américains et chargés de la formation de l'aviation afghane, avaient été abattus sur une base de Kaboul par un ancien pilote de l'armée afghane.


Et le 30 décembre 2009, un "agent triple" que les services de renseignement américains pensaient être de leur côté a tué sept officiers et contractants de la CIA, dans un spectaculaire attentat-suicide sur la une base de l'Otan appelée Camp Chapman, dans l'est du pays.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.