Aides aux entreprises: vers un ciblage plus fin

Le président français Emmanuel Macron (à droite), le Premier ministre français Jean Castex (2e à gauche) et le ministre français de l'économie Bruno Lemaire (à gauche), lors d’une rencontre avec les constructeurs automobiles français à l'Élysée à Paris, le 12 juillet 2021. (Michel Euler / Pool / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite), le Premier ministre français Jean Castex (2e à gauche) et le ministre français de l'économie Bruno Lemaire (à gauche), lors d’une rencontre avec les constructeurs automobiles français à l'Élysée à Paris, le 12 juillet 2021. (Michel Euler / Pool / AFP)
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Publié le Vendredi 27 août 2021

Aides aux entreprises: vers un ciblage plus fin

  • Nous sommes passés au sur mesure, nous continuerons à soutenir ceux qui en ont besoin», a assuré mercredi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire à l'occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France du Medef
  • Le dispositif d'activité partielle, qui a permis de préserver l'emploi et les compétences durant la pire récession qu'a vécue la France depuis 1945, avait coûté 34,4 milliards d'euros fin avril

PARIS : Tourisme, commerces, culture… les secteurs qui souffrent encore de la crise ou du pass sanitaire seront reçus lundi à Bercy, pour une réunion qui devrait déboucher sur un resserrement des aides aux entreprises, après la fin du «quoi qu'il en coûte» pour sauver l’économie.

«Nous sommes passés au sur mesure, nous continuerons à soutenir ceux qui en ont besoin», a assuré mercredi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire à l'occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France du Medef.

Sont conviés les organisations patronales interprofessionnelles (Medef, CPME, U2P) et les représentants des secteurs de l'hôtellerie et de la restauration, des salles de sport, de l'évènementiel, du tourisme et des parcs à thèmes, qui peuvent encore jusqu'à fin août percevoir le fonds de solidarité, quoique de manière dégressive.

L'avenir de ce fonds, qui a coûté près 35 milliards d'euros depuis mars 2020 et bénéficié à plus de deux millions d'entreprises, sera sur la table ainsi que le niveau de l'indemnisation du chômage partiel dans les secteurs les plus touchés par la crise, actuellement majoré également jusqu'à fin août.

Le dispositif d'activité partielle, qui a permis de préserver l'emploi et les compétences durant la pire récession qu'a vécue la France depuis 1945, avait coûté 34,4 milliards d'euros fin avril.

Sont aussi invités à Bercy les représentants des fédérations du commerce, alors que les grands centres commerciaux soumis au pass sanitaire ont subi des pertes de chiffre d'affaires contrairement à leurs concurrents non bridés par cette contrainte.

Une première réunion avec l'ensemble de ces acteurs le matin en présence de Bruno Le Maire et ses homologues du Travail Elisabeth Borne, des PME Alain Griset et du Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne.

L'après-midi, le monde de la Culture, dont des représentants du cinéma et du spectacle vivant, seront reçus séparément par le ministre de l'Economie et sa collègue de la Culture Roselyne Bachelot.

- «cousu main» -

Le pass sanitaire «a un impact économique» notamment sur les centres commerciaux qui y sont soumis avec des chutes de fréquentation entre 20% et 40%, et même de 50% pour les cinémas, a estimé cette semaine à la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.

Pour autant, cette organisation patronale approuve la fin du «quoi qu'il en coûte», tout comme la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).

«Un entrepreneur est fait pour vivre de ses clients, pas des aides», a déclaré à l'AFP son président François Asselin, pour lequel il faudra dorénavant que le gouvernement fasse du «cousu main» pour ceux qui ont réellement besoin.

«S'il y a des décisions prises que vous ne maîtrisez pas et qui impactent directement l'activité de votre entreprise, il est tout à fait normal que vous soyez soutenu» tant que l'activité n'est pas repartie «de manière durable», selon lui.

M. Asselin ajoute que «le plus important, c'est de maintenir l'activité», laquelle était selon la Banque de France revenue en juillet entre 98,5% et 99% de son niveau d'avant-crise.

Pour décider du maintien des aides, «il faut croiser secteurs et territoires», explique Pierre Goguet, le président de CCI France, l'organisation nationale des chambres de commerce et d'industrie.

Les hôtels étaient par exemple bien remplis dans beaucoup de régions cet été, «mais si vous prenez Paris, dont l'hôtellerie vit des clientèles étrangères, le remplissage est de 40%» et seuls 30% des pèlerins sont revenus à Lourdes qui est «la seconde ville hôtelière de France», souligne M. Goguet. Il souligne la capacité des CCI à distribuer les aides, comme elles l'ont déjà fait avec celles accordées aux commerces ruraux multi-activité.

Les travailleurs indépendants et les auto-entrepreneurs font pour leur part état d'un niveau de reprise inégal et certains demandent la réactivation du fonds de solidarité pour tous les secteurs.

Un plan de soutien avec des mesures pérennes pour les indépendants, en préparation depuis plusieurs mois, devrait être présenté par le gouvernement courant septembre, a-t-on appris du ministère des PME.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.