Afghanistan: les menaces demeurent contre l'aéroport, des évacuations auront lieu «jusqu'au dernier moment»

Un combattant taliban monte la garde sur le site des deux attentats suicides du 26 août, qui ont tué des dizaines de personnes, dont 13 soldats américains, à l'aéroport de Kaboul le 27 août 2021. (AFP)
Un combattant taliban monte la garde sur le site des deux attentats suicides du 26 août, qui ont tué des dizaines de personnes, dont 13 soldats américains, à l'aéroport de Kaboul le 27 août 2021. (AFP)
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Publié le Vendredi 27 août 2021

Afghanistan: les menaces demeurent contre l'aéroport, des évacuations auront lieu «jusqu'au dernier moment»

  • L'attaque de l'aéroport, revendiquée par le groupe Etat islamique, est un premier test pour les talibans
  • La tension est à son comble, à quelques jours de la date-butoir du 31 août prévue pour le retrait des soldats américains d'Afghanistan après 20 ans de guerre, synonyme de fin des évacuations

KABOUL: L'évacuation des milliers de personnes fait toujours face à des "menaces précises et crédibles" au lendemain de l'attentat-suicide meurtrier contre l'aéroport de Kaboul, mais les opérations se poursuivront "jusqu'au dernier moment", a assuré Washington vendredi.  

Au moins 85 personnes, dont treize soldats américains, ont péri dans l'attaque revendiquée  par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), que de nombreux pays dont les Etats-Unis et leurs alliés ainsi que la Russie et la Chine ont condamnée.

"Nous estimons qu'il y a toujours des menaces crédibles (...), des menaces précises et crédibles", a affirmé le porte-parole de l'armée américaine, John Kirby.

La tension est à son comble, à quelques jours de la date-butoir du 31 août prévue pour le retrait des soldats américains d'Afghanistan après 20 ans de guerre, synonyme de fin des évacuations.

Quelque 5 400 personnes étaient actuellement réfugiées dans l'enceinte de l'aéroport, attendant de monter dans un avion, a dit le général Hank Taylor. "Nous avons la capacité d'inclure des évacués dans des avions militaires américains qui quittent l'Afghanistan jusqu'au dernier moment", a-t-il tenté de rassurer.

L'attaque, un double attentat-suicide vraisemblablement perpétré par un seul kamikaze, selon le général Taylor, a visé les Etats-Unis, qui organisent les évacuations, et les Afghans parmi les milliers de ceux qui campent depuis des jours devant l'aéroport, dans l'espoir de fuir les talibans. 

Elle a foudroyé ses victimes, certaines projetées aux alentours jusque dans les eaux sales d'un canal d'égout bordant l'entrée de l'aéroport. 

"Il y a beaucoup de femmes et d'enfants parmi les victimes. La plupart des gens sont choqués, traumatisés", a déclaré vendredi un responsable de l'ancien gouvernement renversé mi-août par les talibans, annonçant à l'AFP le nouveau bilan d'au moins 72 morts et 150 blessés à partir des informations recueillies dans les hôpitaux locaux.

Deux Britanniques et un enfant de Britannique ont péri dans l'attaque "abjecte", a pour sa part annoncé Londres vendredi.

Nombre de sources craignaient que le bilan ne s'alourdisse encore et les hôpitaux locaux étaient assaillis de personnes cherchant leurs proches disparus depuis la veille à l'aéroport.   

La double explosion a en outre provoqué la mort d'au moins treize soldats américains et en a blessé dix-huit autres, selon le Pentagone, ce qui en fait l'attaque la plus meurtrière contre l'armée américaine en Afghanistan depuis 2011.

Ton martial 

Confronté à la plus grave crise depuis le début de son mandat et manifestement secoué, le président américain Joe Biden a réagi en promettant de "pourchasser" et de "faire payer" les auteurs de l'attaque. "Nous ne pardonnerons pas. L'Amérique ne se laissera pas intimider", a-t-il lancé d'un ton martial.

M. Biden n'en reste pas moins déterminé à mettre fin à deux décennies d'une guerre longue, lointaine et sanglante pour son pays.

Vendredi, la situation est demeurée calme à Kaboul, notamment autour de l'aéroport où les vols affrétés par les Occidentaux ont repris sur le tarmac de l'aéroport, dernière enclave occupée par les forces occidentales en Afghanistan.

L'Otan et l'Union européenne avaient appelé après l'attentat à poursuivre les évacuations malgré tout.

La France, via le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Clément Beaune, a fait savoir qu'elle pourrait les continuer "au-delà" de vendredi soir, tout en se voulant prudent au vu du contexte sécuritaire incertain. Une délégation française a rencontré vendredi des responsables talibans à Doha pour la première fois depuis qu'ils ont pris le pouvoir il y a bientôt deux semaines. 

La Suisse, l'Italie, l'Espagne et la Suède ont annoncé vendredi avoir terminé leurs vols d'évacuation, comme l'Allemagne, les Pays-Bas, le Canada ou l'Australie avant elles. Côté britannique, les exfiltrations s'achèveront "dans quelques heures", a précisé Londres vendredi matin.

Le gigantesque pont aérien a jusqu'ici permis l'évacuation de plus de 100.000 étrangers et Afghans.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté annoncé vendredi que son pays avait eu de premières discussions avec les talibans à Kaboul et qu'il étudiait une proposition qu'ils ont faite pour gérer l'aéroport de la capitale après le retrait américain.

Les talibans ont demandé à Washington de garder une présence diplomatique à Kaboul, selon des responsables américains

WASHINGTON: Les talibans ont demandé aux Etats-Unis de conserver une présence diplomatique en Afghanistan après la fin de leur retrait prévue mardi, mais Washington n'a pas encore pris de décision, ont affirmé vendredi des responsables américains.

Selon ces responsables, les dirigeants du mouvement islamiste qui a pris le pouvoir mi-août à Kaboul veulent que les autres pays maintiennent leurs ambassades ouvertes après le 31 août, y compris les Etats-Unis.

Ces derniers ont abandonné leur ambassade pour retirer leurs derniers diplomates qui n'ont pas encore été évacués à l'aéroport de la capitale afghane, sécurisé par l'armée américaine.

Mais les militaires américains partiront définitivement mardi et ne seront donc plus en mesure d'assurer la sécurité d'éventuels diplomates auxquels le président Joe Biden demanderait de rester sur place.

Dans ces conditions, et alors que Washington est encore loin de reconnaître un futur gouvernement dirigé par les talibans, une présence diplomatique américaine peut-elle être préservée?

Le débat est en cours au sein de l'administration Biden, ont dit ces responsables, assurant que la sécurité des fonctionnaires américains était la première priorité. Ils ont assuré qu'une décision pourrait être annoncée en début de semaine prochaine, c'est-à-dire juste avant la fin du retrait américain.

«Corps projetés»

Les talibans se sont efforcés depuis leur retour d'afficher une image d'ouverture et de modération. Mais beaucoup d'Afghans, souvent urbains et éduqués, redoutent qu'ils n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001. 

Ceux qui travaillé ces dernières années avec les étrangers ou le gouvernement pro-occidental déchu, notamment, craignent d'être réduits au silence, voire traqués, et ont nourri le flot des nombreux candidats au départ.

Les talibans, qui ont permis aux Etats-Unis de finir de gérer les évacuations, travaillent à la formation du gouvernement qu'ils comptent mettre en place après le départ des Américains.

Mais leurs rivaux jihadistes de l'EI, responsables eux aussi de sanglantes attaques en Afghanistan ces dernières années, semblaient vouloir capitaliser sur l'atmosphère de fébrilité et de chaos à Kaboul, en particulier autour de l'aéroport.

Un témoin afghan de l'attentat, prénommé Milad, a décrit à l'AFP "une énorme explosion au milieu de la foule qui attendait devant une des portes de l’aéroport", où entrent des gens qui se font évacuer par les Occidentaux, puis "des corps et des fragments humains projetés" tout autour.

Le nouveau régime taliban, via son porte-parole Zabihullah Mujahid, a "fermement condamné" l'attentat, tout en soulignant qu'il était survenu dans une zone placée sous la responsabilité de l'armée américaine.

Après l'attentat, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a convoqué les membres permanents du Conseil de Sécurité pour une réunion lundi sur la situation en Afghanistan.

Alors que les talibans, privés des nombreuses élites expérimentées désormais en exil, risquent de peiner à remettre sur les rails un pays à l'économie en lambeaux, la Suède a fait savoir vendredi qu'elle interrompait son aide financière à l'Afghanistan.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.