Nucléaire iranien: les Européens amorcent le rétablissement des sanctions contre Téhéran

Un drapeau iranien flotte devant le consulat iranien, où des diplomates iraniens rencontrent leurs homologues allemands, britanniques et français pour de nouvelles négociations sur le nucléaire, alors que les trois puissances européennes menacent de réimposer les sanctions prévues dans l'accord de 2015, à Istanbul, en Turquie, le 25 juillet 2025. (AFP)
Un drapeau iranien flotte devant le consulat iranien, où des diplomates iraniens rencontrent leurs homologues allemands, britanniques et français pour de nouvelles négociations sur le nucléaire, alors que les trois puissances européennes menacent de réimposer les sanctions prévues dans l'accord de 2015, à Istanbul, en Turquie, le 25 juillet 2025. (AFP)
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Publié le Vendredi 29 août 2025

Nucléaire iranien: les Européens amorcent le rétablissement des sanctions contre Téhéran

  • Les trois pays, surnommés E3, ont indiqué jeudi dans une lettre au Conseil de sécurité que "sur la base de preuves factuelles", ils estiment que l'Iran est en position de non-respect important de ses engagements"
  • La question sera discutée à huis-clos vendredi par les 15 membres du Conseil

PARIS: Face à l'impasse des négociations sur le nucléaire iranien, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont mis jeudi leur menace à exécution en entamant à l'ONU la procédure de rétablissement des sanctions internationales contre Téhéran dans trente jours, qui sera discutée dès vendredi au Conseil de sécurité.

Les trois pays, surnommés E3, ont indiqué jeudi dans une lettre au Conseil de sécurité que "sur la base de preuves factuelles", ils estiment que l'Iran est en position de non-respect important de ses engagements" en vertu de l'accord sur le nucléaire de 2015, le JCPOA, et "invoquent ainsi le mécanisme connu sous le nom du snapback" qui ouvre un processus de trente jours permettant de réimposer une série de sanctions suspendues il y a dix ans.

La question sera discutée à huis-clos vendredi par les 15 membres du Conseil.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a dénoncé une décision "injustifiée et illégale" des Européens, tout comme l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU pour qui elle n'a "absolument aucune base légale".

Israël a au contraire salué "une étape importante pour arrêter le programme nucléaire iranien".

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a affirmé que les Etats-Unis étaient ouverts à des discussions "directes" avec l'Iran "afin de trouver une solution pacifique et durable à la question du nucléaire iranien".

Signé par le E3, l'Iran, les Etats-Unis, la Chine et la Russie, le JCPOA suspend diverses sanctions économiques internationales prises par l'ONU contre l'Iran.

Washington a décidé de s'en retirer en 2018 sous la première présidence de Donald Trump et a rétabli ses propres sanctions. Depuis, Téhéran s'est affranchi de certains engagements pris, notamment sur l'enrichissement d'uranium.

Les pays occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.

Le trio européen E3 a déclenché ce "snapback" avant l'expiration en octobre de la possibilité d'y recourir, et après la campagne de bombardements israéliens et américains menés en juin contre les sites du programme iranien.

DÉCLARATION CONJOINTE DES MINISTRES DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE L’ALLEMAGNE, DE LA FRANCE ET DU ROYAUME-UNI SUR LE DÉCLENCHEMENT DE LA PROCÉDURE DE SNAPBACK  

Nous, ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, partageons l’objectif fondamental que l’Iran ne cherche, n’acquière, ni ne développe jamais d’arme nucléaire. Nous avions négocié le Plan d’action global commun avec la conviction qu’il contribuerait de manière décisive à garantir la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire de l’Iran. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a approuvé le Plan d’action global commun à l’unanimité dans la résolution 2231 (2015) du 20 juillet 2015. Il s’agissait d’une avancée majeure pour la non-prolifération, renforçant la paix et la sécurité internationales.

A la suite du retrait des États-Unis du Plan d’action global commun le 8 mai 2018 et bien que l’Iran ait cessé de mettre en œuvre ses engagements au titre du Plan d’action global commun à partir de mai 2019, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni (les « E3 ») sont restés des participants engagés à cet accord.

Depuis 2019, l’Iran a dépassé les limites prévues par le Plan d’action global commun concernant l’uranium enrichi, l’eau lourde et les centrifugeuses, a entravé la capacité de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à mener des activités de vérification et de surveillance au titre du Plan d’action global commun, et a renoncé à appliquer et à ratifier le Protocole additionnel à son accord de garanties généralisées. Ces actions constituent des violations des engagements pris par l’Iran au titre du Plan d’action global commun et ont de graves conséquences sur la capacité de l’Iran à progresser vers la mise au point d’une arme nucléaire.

C’était il y a plus de cinq ans. Depuis lors, nous avons fait tous les efforts possibles pour sortir de l'impasse. Nous avons inlassablement déployé des efforts diplomatiques intenses pour réduire les tensions et ramener l’Iran et les États-Unis à la table des négociations afin de parvenir à une solution négociée globale. Nous avons agi de bonne foi pour préserver le Plan d’action global commun, dans l’espoir sincère de trouver un moyen de sortir de l’impasse par un dialogue diplomatique constructif, tout en préservant l’accord et en restant dans son cadre.

Les E3 ont notamment eu recours au mécanisme de règlement des différends du Plan d’action global commun, initié le 14 janvier 2020 et confirmé par le Coordonnateur du Plan d’action global commun, conformément au paragraphe 36 du Plan d’action. Les E3 ont également engagé de bonne foi des négociations, menées du 6 avril 2021 au 28 février 2022, pour ramener l’Iran au plein respect du Plan d’action global commun et permettre un retour des États-Unis dans l’accord. Le Coordonnateur du Plan d’action a présenté des propositions viables en mars 2022, puis à nouveau en août 2022. L’Iran a refusé ces deux séries de propositions et a continué à formuler des demandes inacceptables sortant du champ du Plan d’action global commun. Malgré cela, nous avons continué de dialoguer avec l’Iran dans le cadre de nos efforts pour trouver un règlement pacifique de la question par la voie diplomatique, comme expliqué dans notre lettre adressée au Conseil de sécurité des Nations Unies le 8 août 2025.

En juillet 2025, les E3 ont mis sur la table une offre d’extension de la résolution 2231 et de son mécanisme de « snapback ». Les exigences fixées par lesE3 en contrepartie de cette extension, à savoir notamment la reprise des négociations, le respect par l’Iran de ses obligations à l’égard de l’AIEA, et des mesures pour répondre à nos préoccupations concernant le stock d’uranium hautement enrichi, n’ont pas encore été remplies de manière satisfaisante par l’Iran. La mise en œuvre de ces mesures par l’Iran, combinée à une extension limitée dans le temps, aurait fourni une voie crédible vers la conclusion d'un accord politique destiné à remplacer le Plan d’action global commun et à répondre à nos préoccupations de longue date concernant le programme nucléaire iranien.

Aujourd'hui, le non-respect par l’Iran du Plan d’action global commun est manifeste et délibéré, et des sites présentant un risque majeur de prolifération en Iran sont en dehors de la surveillance de l’AIEA. Le stock d’uranium hautement enrichi de l’Iran, qui dépasse désormais neuf quantités significatives[1], ne répond à aucune justification civile, et l’AIEA n’est pas en mesure de le localiser. Son programme nucléaire constitue donc toujours une menace évidente pour la paix et la sécurité internationales.

A la suite des actions de l’Iran, et conformément au paragraphe 11 de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité des Nations Unies, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont aujourd'hui décidé de notifier au Conseil de sécurité le non-respect notable par l’Iran de ses engagements au titre du Plan d’action global commun, et déclenchant ainsi le mécanisme de « snapback ».

Cette notification initie la procédure de « snapback » définie dans la résolution 2231. Elle ouvre une période de 30 jours avant le rétablissement éventuel des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies précédemment levées. Nous soulignons que ces résolutions et les mesures qu’elles contiennent – sanctions et autres mesures restrictives – ne sont pas nouvelles. Au contraire, il s’agit de résolutions qui avaient été précédemment adoptées par le Conseil de sécurité puis levées au vu des engagements de l’Iran au titre du Plan d’action global commun. Or, l’Iran a choisi de ne pas respecter ces engagements. Conformément à la résolution, nous continuerons de nous efforcer de résoudre par la voie diplomatique la question du non-respect notable par l’Iran de ses engagements. Nous mettrons à profit cette période de 30 jours pour poursuivre le dialogue avec l’Iran sur notre proposition d’extension, ou sur toute démarche diplomatique sérieuse visant à ramener l’Iran au respect de ses engagements.

Nous rappelons que si le Conseil de sécurité n’adopte pas, dans un délai de 30 jours, une résolution visant à maintenir la levée des résolutions du Conseil de sécurité concernant l’Iran, six résolutions du Conseil de sécurité, y compris celles imposant des sanctions, seront rétablies.

 

[1] Selon la définition de l’AIEA, il s’agit de la quantité approximative de matière pour laquelle on ne peut pas exclure la possibilité de la fabrication d’un engin nucléaire.

 

Vers un délai supplémentaire? 

Il espère pousser l'Iran à des concessions alors que la diplomatie est au point mort: les négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sont ensablées, la coopération de Téhéran avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est restreinte, et les discussions entre Téhéran et les Européens n'avancent pas.

"En juillet 2025, les E3 ont mis sur la table une offre d'extension de la résolution" 2231 de l'ONU endossant le JCPOA "et de son mécanisme de +snapback+. Les exigences fixées par les E3 en contrepartie de cette extension, à savoir notamment la reprise des négociations, le respect par l'Iran de ses obligations à l'égard de l'AIEA, et des mesures pour répondre à nos préoccupations concernant le stock d'uranium hautement enrichi, n'ont pas encore été remplies de manière satisfaisante par l'Iran", écrivent les trois ministres des Affaires étrangères dans une déclaration conjointe.

Dénonçant "un risque majeur de prolifération", ils affirment avoir fait "tous les efforts possibles pour sortir de l'impasse" depuis plusieurs années.

"L'escalade nucléaire de l'Iran ne doit pas aller plus loin", a justifié jeudi le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot sur X, alors que le sort de 400 kilos d'uranium enrichi à 60%, permettant de fabriquer 9 bombes, demeure inconnu depuis qu'ils ont été visés par les bombardements israéliens et américains de juin.

"Jouer l'escalade" 

Toutefois, "cette mesure ne signe pas la fin de la diplomatie: nous sommes déterminés à mettre à profit la période de trente jours qui s'ouvre pour dialoguer avec l'Iran", a-t-il affirmé.

Une "fenêtre d'opportunité" qu'a également appelé à saisir le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Selon une source diplomatique française, les Iraniens pourraient être "tentés de jouer l'escalade, du moins en partie". Mais "si on ne faisait rien, le dossier du nucléaire iranien sortait de l'ONU pour toujours", a-t-elle ajouté.

Téhéran affirme d'ailleurs que cette décision "compromettra gravement le processus d'interaction et de coopération en cours" avec l'AIEA.

"Les Iraniens s'arc-boutent à leur position maximaliste qui est de n'autoriser aucune nouvelle coopération avec l'AIEA. Est-ce qu'il peut y avoir des négociations dans les trente jours? C'est l'objectif de tout le monde, mais il faut que les Iraniens abandonnent cette position maximaliste", analyse pour l'AFP Héloïse Fayet, chercheuse sur les questions nucléaires à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Le délai de trente jours expirera durant les réunions de la "semaine de haut niveau" de l'Assemblée générale de l'ONU à New York du 22 au 30 septembre, où seront rassemblés des dizaines de dirigeants mondiaux.


Vingt militaires turcs tués dans le crash d'un avion en Géorgie

L'avion avait décollé de Gandja, dans l'ouest de l'Azerbaïdjan, en direction de la Turquie. Il s'est écrasé peu après être entré dans l'espace aérien géorgien mardi après-midi. (AFP)
L'avion avait décollé de Gandja, dans l'ouest de l'Azerbaïdjan, en direction de la Turquie. Il s'est écrasé peu après être entré dans l'espace aérien géorgien mardi après-midi. (AFP)
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  • Les autorités turques, qui ont publié les noms et portraits des vingt victimes, n'ont pas communiqué pour l'heure sur les possibles raisons du crash de l'appareil C-130
  • Il n'y a aucun survivant, selon la Turquie, qui avait indiqué mardi que 20 militaires se trouvaient à bord de l'appareil

ISTANBUL: Vingt militaires turcs sont morts dans le crash mardi d'un avion cargo militaire turc dans l'est de la Géorgie, a annoncé mercredi le ministère turc de la Défense.

Les autorités turques, qui ont publié les noms et portraits des vingt victimes, n'ont pas communiqué pour l'heure sur les possibles raisons du crash de l'appareil C-130.

Il n'y a aucun survivant, selon la Turquie, qui avait indiqué mardi que 20 militaires se trouvaient à bord de l'appareil.

L'avion avait décollé de Gandja, dans l'ouest de l'Azerbaïdjan, en direction de la Turquie. Il s'est écrasé peu après être entré dans l'espace aérien géorgien mardi après-midi.

L'épave de l'appareil avait été localisée en fin d'après-midi à quelques kilomètres de la frontière azerbaïdjanaise.

Des vidéos amateurs filmées par des témoins du crash montrent un appareil qui chute en tournoyant, laissant un panache de fumée blanche dans son sillage, avant de s'écraser au loin en dégageant une épaisse colonne de fumée noire.

Sur ces images, l'appareil apparaît déjà en partie désintégré lors de sa chute.

Le président Recep Tayyip Erdogan avait évoqué dès mardi après-midi des "martyrs", sans toutefois faire état d'un bilan.

Les autorités géorgiennes ont annoncé l'ouverture d'une enquête pour éclaircir les circonstances du crash.

Les C-130 Hercules sont des avions militaires de fabrication américaine développés par Lockheed Martin et produits depuis les années 1950. Ils sont encore très populaires à travers le monde.


La BBC doit «se battre» pour défendre son journalisme, dit le DG sortant

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
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  • Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public
  • Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump

LONDRES: La BBC doit "se battre" pour défendre son journalisme, a déclaré mardi le directeur général sortant de la BBC, Tim Davie, alors que le groupe public britannique est menacé de plainte en diffamation par Donald Trump.

Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public, rapportés par la chaîne BBC News.

Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump, le 6 janvier 2021, qui donnait l'impression que le président sortant incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.

"Nous avons fait une erreur, et il y a eu un manquement à nos règles éditoriales", a reconnu Tim Davie, expliquant qu'il avait assumé sa "part de responsabilité" en démissionnant.

Il n'a toutefois pas mentionné directement la menace d'action en justice lancée par Donald Trump, ni la date de son départ effectif, lors de cette visioconférence avec le président de la BBC, Samir Shah.

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC".

"Mais nous nous en sortirons", et "nous devons nous battre pour défendre notre journalisme", a-t-il insisté.

"Nous sommes une organisation unique et précieuse, et je vois la liberté de la presse mise à rude épreuve, je vois son instrumentalisation", a-t-il encore ajouté.


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.