Face à la crise afghane, les républicains assaillent un Biden «faible»

Les actes de Joe Biden "transpirent la faiblesse, l'incompétence", a dénoncé vendredi le chef de la minorité républicaine à la Chambre, Kevin McCarthy. (Photo, AFP)
Les actes de Joe Biden "transpirent la faiblesse, l'incompétence", a dénoncé vendredi le chef de la minorité républicaine à la Chambre, Kevin McCarthy. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 28 août 2021

Face à la crise afghane, les républicains assaillent un Biden «faible»

  • Qu’ils soient trumpistes ou modérés, les élus GOP exploitent la crise pour mobiliser les électeurs à l’approche des élections de mi-mandat en novembre 2022
  • Ce ton acrimonieux tranche avec l'image traditionnelle d'une Amérique qui s'est longtemps rassemblée face aux tragédies, sans blâmer immédiatement le président

WASHINGTON : "Démission", "destitution": face à la crise afghane et la mort de treize militaires américains, les républicains attaquent Joe Biden dans un pays qui se rassemble d'ordinaire après les tragédies nationales, signe des profondes divisions régnant à Washington et des grands enjeux politiques à venir. 

"Joe Biden a du sang sur les mains", a tweeté la numéro trois du parti républicain à la Chambre des représentants, Elise Stefanik.

Le président démocrate, responsable d'un "échec abject en Afghanistan", doit démissionner, a renchéri le sénateur Josh Hawley, tandis qu'une autre républicaine, Marsha Blackburn, appelait carrément tous les hauts responsables de l'administration Biden à quitter leurs fonctions.

Si ces voix trumpistes, soutiens de l'ancien président républicain, résonnent avec force, les grands chefs républicains évitent eux encore d'appeler directement Joe Biden, 78 ans, à démissionner. Mais tous fustigent sa gestion du retrait d'Afghanistan.

Les actes de Joe Biden "transpirent la faiblesse, l'incompétence", a dénoncé vendredi le chef de la minorité républicaine à la Chambre, Kevin McCarthy.

"Faible", c'est le mot que beaucoup de républicains martèlent pour désigner le président septuagénaire depuis l'attentat revendiqué jeudi par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

"Pour être commandant en chef, il faut avoir la confiance" des Américains. Or "le président Biden" l'a perdu hier, a asséné M. McCarthy lors d'une conférence de presse au Congrès.

Il n'est pas allé jusqu'à appeler à sa démission ou au lancement d'une procédure en destitution, exhortant d'abord à évacuer tous les Américains encore à Kaboul d'ici la date butoir du 31 août.

"Après cette date, nous pourrons mettre tout en œuvre pour que des comptes soient rendus", a-t-il toutefois insisté.

«L'heure de vérité viendra»

Démission, destitution: ces perspectives sont absolument improbables aujourd'hui, avec un Congrès contrôlé par des démocrates qui soutiennent encore massivement Joe Biden.

Mais ces appels pourraient mobiliser les électeurs républicains alors qu'approchent les élections parlementaires cruciales de mi-mandat, en novembre 2022, lorsque l'opposition espère bien reprendre la majorité.

Déjà, la popularité de Joe Biden a chuté, sous l'effet cumulé de la crise afghane, mais aussi de la flambée de l'épidémie de Covid-19 due au variant Delta.

"Les républicains appelant Biden à démissionner sont aussi peu sérieux que les démocrates qui appelaient Trump à démissionner", a tweeté vendredi Lis Smith, stratège démocrate et ex-responsable de la communication de Pete Buttigieg pendant sa campagne présidentielle.

"A un moment, ce mot perd tout son sens et vous avez juste l'air ridicule." 

Après l'attentat meurtrier près de l'aéroport de Kaboul, le président américain a assumé jeudi "la responsabilité pour, fondamentalement, tout ce qu'il s'est passé dernièrement".

Mais il a aussi rappelé l'accord conclu en 2020 entre les talibans et Donald Trump, qui s'était engagé à retirer les troupes dès le mois de mai.

Et a réaffirmé sa décision de mettre fin à la plus longue guerre des Etats-Unis.

Ce ton acrimonieux tranche avec l'image traditionnelle d'une Amérique qui s'est longtemps rassemblée face aux tragédies, sans blâmer immédiatement le président, comme après les attentats du 11-Septembre sous George W. Bush, ou l'attaque qui avait tué 241 Marines à Beyrouth en 1983, sous Ronald Reagan.

Mais les divisions, déjà vives sous Barack Obama (2009-2017) se sont encore creusées pendant le mandat de Donald Trump.

Et les appels à l'union qui résonnent après la mort des militaires américains sonnent presque désuets, vains.

"S'il peut être tentant pour certains d'utiliser ce moment pour marquer des points politiques, ce n'est pas le moment", a écrit jeudi un sénateur républicain, Kevin Cramer.

"Mes chers concitoyens, rassemblons-nous, portons le deuil de ceux qui sont tombés, réconfortons ceux qui souffrent, et prions pour la paix, le sens de la responsabilité et la sécurité".


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."


Trump reproche à Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions concernant le conflit Iran-Israël

Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
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  • Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran.
  • Il a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

CALGARY, CANADA : Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran, et a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

« Le président Emmanuel Macron, de France, a dit par erreur, dans le but de faire de la publicité, que j'avais quitté le sommet du G7 au Canada pour retourner à Washington afin de travailler à un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran. Faux ! Il n'a aucune idée de la raison pour laquelle je suis maintenant en route pour Washington, mais cela n'a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C'est beaucoup plus gros que ça », a-t-il tempêté sur son réseau Truth Social.

« Emmanuel ne comprend jamais rien, que ce soit volontairement ou non », a asséné le président américain, peu après avoir quitté le rassemblement des chefs d'État et de gouvernement du G7 dans les Rocheuses canadiennes, un jour plus tôt que prévu.

Le président français avait affirmé plus tôt, lors d'un point presse en marge du sommet, qu'« une offre avait été faite » de la part des Américains pour « une rencontre et des échanges » avec les Iraniens, ajoutant : « Si les États-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c'est une très bonne chose. » 

Ces dernières heures, Donald Trump a envoyé des signaux confus sur le conflit en cours entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations vont bon train sur un éventuel engagement militaire direct des États-Unis.

Tout en exhortant l'Iran à conclure un « accord » sur son programme nucléaire « avant qu'il ne soit trop tard », il a aussi appelé à « évacuer » Téhéran dans un message particulièrement alarmiste sur Truth Social.

Le gouvernement américain a toutefois assuré que la posture des forces américaines dans la région restait « défensive ».

Selon le site Axios, l'exécutif américain n'a pas abandonné la voie diplomatique et discute d'une possible rencontre entre l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.