En quoi consiste l'accord de paix entre le Soudan et les groupes rebelles?

Un Soudanais fait signe de paix lors de la signature de l'accord de paix soudanais avec les rebelles à Juba, au Soudan du Sud, le 31 août 2020. (Akuot CHOL / AFP)
Un Soudanais fait signe de paix lors de la signature de l'accord de paix soudanais avec les rebelles à Juba, au Soudan du Sud, le 31 août 2020. (Akuot CHOL / AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 09 septembre 2020

En quoi consiste l'accord de paix entre le Soudan et les groupes rebelles?

  • L'accord sanctuarise la diversité du Soudan, fait du racisme un délit et érige les langues minoritaires en langues officielles, au côté de l'arabe
  • Les deux parties s'engagent à instaurer un cessez-le-feu total et permanent

LE CAIRE : Khartoum a paraphé avec plusieurs groupes rebelles un accord de paix historique visant à clore le chapitre des conflits qui ont ensanglanté le Soudan pendant près de deux décennies.

Un an après le début des négociations, la signature « définitive » du texte paraphé le 31 août par les dirigeants du Front révolutionnaire du Soudan (FRS) et le gouvernement de transition est prévue le 2 octobre.

La conclusion d'un tel accord était l'une des principales priorités du gouvernement de transition, arrivé au pouvoir après la chute d'Omar el-Béchir en avril 2019.

Qu'y a-t-il dans l'accord?

Le texte aborde de nombreux enjeux, notamment la justice transitionnelle (ensemble de mesures prises après la chute du régime de Béchir) et la « juste répartition du pouvoir et des richesses ».

L'accord sanctuarise la diversité du Soudan, fait du racisme un délit et érige les langues minoritaires en langues officielles, au côté de l'arabe.

Le texte protège aussi la liberté de culte, afin de garantir à la minorité chrétienne et aux adeptes de religions locales les mêmes droits que la majorité de leurs concitoyens de confession musulmane.

Les groupes rebelles appartiennent à des minorités ethniques et religieuses qui ont souffert d'une grande marginalisation sous le régime Béchir.

Créé en 2011, le FRS est une alliance de cinq groupes armés et quatre mouvements politiques. Ils sont issus du Darfour (ouest), région déchirée par la guerre depuis 2003 et des Etats méridionaux du Kordofan-Sud et du Nil Bleu où ils ont pris les armes en 2011, après une trêve de six ans suivant la guerre civile (1983 à 2005).

Quel partage du pouvoir?

Tout d'abord, les deux parties s'engagent à instaurer un cessez-le-feu total et permanent. Les insurgés seront ensuite intégrés aux forces régulières de l'armée et d'autres organes de sécurité, dans des unités mixtes.

En vertu de l'accord, les rebelles partageront le pouvoir avec Khartoum à tous les niveaux de l'autorité publique. Trois sièges leur ont été accordés au sein de la plus haute autorité du pays, le Conseil souverain, entité civilo-militaire chargée de superviser la transition politique.

Au Parlement -- qui n'a pas encore été élu --, 25% des sièges (sur 300) leur sont réservés.

Les femmes devront constituer 40% des représentants de l'Etat, précise le document.

Qui sera traduit en justice?

Les chefs des mouvements rebelles et des groupes armés vont bénéficier d'une amnistie. En revanche, les responsables de l'ancien régime devront comparaître devant la justice.

En prison pour corruption depuis décembre 2019, M. Béchir est actuellement jugé aux côtés de plusieurs anciens ministres pour le coup d'Etat de 1989.

L'accord prévoit la formation d'un tribunal spécial dédié aux crimes commis au Darfour, où les combats ont tué 300.000 personnes et provoqué le départ de 2.5 millions d'habitants, selon les Nations unies.

Il insiste sur la nécessité d'une « coopération complète et illimitée » avec la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis des mandats d'arrêts contre l'ex-président et d'autres figures de l'ancien régime pour « génocide » et « crimes contre l'humanité ».

En février, le pouvoir de transition a pris l'engagement verbal de favoriser la comparution d'Omar el-Béchir devant la CPI, à une date indéterminée.

Et les réfugiés?

Chassés par les violences, des millions de Soudanais ont été contraints de s'installer dans des pays limitrophes ou dans des camps de fortune au Soudan.

Leur retour volontaire et la garantie qu'ils jouissent des mêmes droits et libertés que leurs concitoyens occupent une place centrale dans l'accord.

Quelles chances de succès?

Les experts sont optimistes, bien que plusieurs accords précédents aient échoué.

Mais l'intégration d'anciens insurgés dans les troupes régulières revient souvent à créer des contingents difficiles à dompter. Car instaurer la paix et la confiance après tant d'années de conflits prend du temps.

Aussi, le retour de personnes ayant fui il y a des années est susceptible de faire éclore de nouveaux conflits autour de la propriété des terres. Des affrontements ont ainsi éclaté ces dernières semaines au Darfour.

Cet accord constitue un « progrès très significatif », souligne Jonas Horner, du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).

« Mais il est loin d'être exhaustif et représente seulement une première étape vers la paix. Il reste des obstacles importants à sa mise en œuvre », dit-il.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud 

Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
Des équipes d'urgence libanaises bouclent le périmètre d'un incendie sur le site des frappes israéliennes suite à des ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. Photo d'illustration (Photo par AFP)
Short Url
  • Deux personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne contre un véhicule dans le sud du Liban
  • Israël mène régulièrement des frappes au Liban, principalement dans le sud, affirmant cibler le Hezbollah pro-iranien, plus de cinq mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 27 novembre

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes sur une localité du sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé.

Le ministère a indiqué dans un communiqué qu'une frappe "menée par un drone de l'ennemi israélien contre une voiture dans la localité de Maiss el-Jabal a tué un Libanais et blessé deux Syriens".

Une autre personne a été tuée dans une seconde frappe sur cette localité, a ajouté le ministère dans un autre communiqué.

Israël mène régulièrement des frappes au Liban, principalement dans le sud, affirmant cibler le Hezbollah pro-iranien, plus de cinq mois après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 27 novembre.

Au début de la guerre à Gaza en octobre 2023, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas, le Hezbollah a tiré des roquettes à partir du sud du Liban sur Israël, affirmant agir en soutien à son allié palestinien.

Israël a réagi en septembre 2024 par d'intenses bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, qui est sorti très affaibli de la guerre.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire de cinq positions frontalières où il a maintenu des troupes, malgré l'accord.

Le Liban affirme respecter l'ensemble de ses engagements et impute à Israël la responsabilité du non-respect de l'accord.

Lundi, l'armée israélienne a indiqué avoir frappé plus de 50 "cibles terroristes" en un mois au Liban "après des violations du cessez-le-feu et des accords entre Israël et le Liban, posant une menace pour l'Etat d'Israël et sa population".

 


Les Emirats vont lever l'interdiction à leurs ressortissants de se rendre au Liban

Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi. (AFP)
Short Url
  • En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers Riyad
  • Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas

DUBAI: Les Emirats arabes unis vont lever l'interdiction faite à leurs ressortissants de se rendre au Liban, qui avait été imposée lors d'une querelle diplomatique en 2021, selon une déclaration conjointe des deux pays publiée jeudi.

Cette décision a été annoncée au lendemain d'une rencontre à Abou Dhabi entre le président libanais Joseph Aoun et son homologue émirati Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.

"Les deux parties sont convenues d'autoriser les citoyens à voyager, après avoir pris les mesures nécessaires pour faciliter les déplacements entre les deux pays et mis en place les mécanismes appropriés", indique le communiqué.

En 2021, les Emirats arabes unis avaient interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban, et rappelé leurs diplomates en poste à Beyrouth en signe de solidarité avec l'Arabie saoudite, après les critiques d'un ministre libanais envers l'intervention militaire de Ryad au Yémen.

Ni Beyrouth ni Abou Dhabi n'avaient interdit les déplacements des Libanais aux Emirats arabes unis, bien que certains aient eu des difficultés à obtenir des visas.

Le Fonds d'Abou Dhabi pour le développement, qui soutient des projets d'infrastructure dans les pays en développement, enverra une délégation au Liban pour étudier d'éventuels projets communs, ajoute le communiqué.

Les liens entre les deux pays se sont détériorés au cours de la dernière décennie en raison de l'influence du Hezbollah pro-iranien sur le Liban.

Mais depuis que le Hezbollah est sorti affaibli fin novembre de plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, avec Israël, les Emirats arabes unis manifestent à nouveau leur intérêt pour le Liban, à la suite d'autres pays du Golfe.

En mars, l'Arabie saoudite avait déclaré qu'elle examinerait les "obstacles" à la reprise des importations libanaises et à la levée de l'interdiction faite à ses ressortissants de se rendre au Liban.

M. Aoun avait auparavant rencontré le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, à Ryad, où il effectuait son premier voyage à l'étranger depuis son entrée en fonction en janvier.

M. Aoun, qui a les faveurs de Ryad et de Washington, a été élu après que l'affaiblissement du Hezbollah et le renversement en Syrie de l'allié du mouvement, Bachar al-Assad, ont modifié l'équilibre des pouvoirs au Liban.

 


Syrie: l'un des principaux chefs religieux druzes dénonce une «campagne génocidaire» contre sa communauté

 Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
Au moins quinze combattants druzes ont été tués mercredi dans une embuscade près de Damas, a rapporté jeudi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). (AFP)
Short Url
  • Des combats avaient opposé mercredi à Sahnaya, près de Damas, des groupes armés liés au pouvoir islamiste sunnite à des combattants druzes, avant un retour à un calme précaire
  • Les 15 combattants druzes, qui se rendaient à Sahnaya, ont été pris pour cible "par les forces de sécurité, et des hommes armés qui leur sont affiliés", selon l'ONG

DAMAS: La plus haute autorité spirituelle des druzes de Syrie a dénoncé jeudi une "campagne génocidaire" contre sa communauté et s'en est pris au pouvoir d'Ahmad al-Chareh, au lendemain de combats confessionnels ayant fait des dizaines de morts près de Damas.

Ces heurts entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement du président Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite.

Dans un communiqué, cheikh Hikmat al-Hajri a dénoncé une "campagne génocidaire injustifiée" visant des "civils à leur domicile" et réclamé "une intervention immédiate de forces internationales".

"Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement (...) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, prétend que ce sont des éléments incontrôlés". "Un gouvernement protège son peuple."

Les combats à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des druzes, ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite. Les violences avaient été déclenchées par des attaques des pro-Assad contre les forces de sécurité.

Affirmant vouloir défendre les druzes, Israël, pays voisin de la Syrie avec laquelle il est techniquement en guerre, a menacé de frapper le pouvoir syrien en cas de nouvelles violences contre cette minorité.

Les druzes sont une minorité ésotérique issue de l'islam chiite et ses membres sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël. Les alaouites sont une autre branche minoritaire de l'islam, tandis que le sunnisme et le chiisme en sont les deux principaux courants.

"Engagement ferme" 

Les combats près de Damas ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet. L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Les heurts à Jaramana ont fait 17 morts mardi avant de s'étendre mercredi à Sahnaya où 22 combattants de deux camps ont péri, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Mercredi aussi, 15 combattants druzes ont péri dans une embuscade sur une route menant à Sahnaya, d'après l'ONG.

Des accords entre représentants des druzes et du pouvoir ont permis de rétablir le calme mardi soir à Jaramana, une banlieue de Damas, et mercredi soir à Sahnaya, à 15 km au sud-ouest de Damas, où des forces de sécurité ont été déployées.

Les autorités syriennes avaient averti qu'elles "frapperaient d'une main de fer tous ceux qui cherchent à saper la stabilité de la Syrie", accusant des "groupes hors-la-loi" d'avoir provoqué les violences.

Le pouvoir syrien a dans ce contexte réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze". Il a aussi exprimé "son rejet catégorique de toute ingérence étrangère" après l'intervention militaire israélienne.

"Etendre le chaos" 

Israël a mené plusieurs frappes affirmant cibler des objectifs du pouvoir syrien.

Les druzes d'Israël forment une minorité arabophone d'environ 150.000 personnes réputée pour son patriotisme, et sont surreprésentés dans l'armée et la police par rapport à leur nombre.

Au Liban voisin, le chef druze libanais, Walid Joumblatt, a accusé Israël d'instrumentaliser les druzes de Syrie. "Israël continue de vouloir appliquer son plan de toujours (...) consistant à morceler la région en entités confessionnelles et étendre le chaos", a-t-il déclaré fin mars.

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les druzes.

Mais les dignitaires druzes ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie et rejeté les menaces israéliennes contre le pouvoir syrien.

"En se plaçant en protecteur de la communauté druze, Israël espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain (...)", estime Michael Horowitz, un analyste indépendant.