Dans des cités de Marseille, la peur en rêvant d'ailleurs

Rue du quartier "Les marronniers" le 30 août 2021 à Marseille, dans le sud de la France. (AFP)
Rue du quartier "Les marronniers" le 30 août 2021 à Marseille, dans le sud de la France. (AFP)
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Publié le Mardi 31 août 2021

Dans des cités de Marseille, la peur en rêvant d'ailleurs

  • Dans un bâtiment voisin, le point de deal est clairement visible. Pour entrer en voiture, il faut passer par un portail: les dealers contrôlent les véhicules extérieurs
  • «Maintenant, plus personne ne veut sortir même pour aller acheter le pain, on a peur»

MARSEILLE: Elles ont souvent des noms champêtres -- Les Marronniers, Les Rosiers, Les Lauriers-- ou évoquant le large --Marine Bleue --, mais ces cités de Marseille sont minées par le trafic de drogue, la violence ou le logement indigne.


L'AFP est allée à la rencontre des habitants de quatre d'entre elles, dans les quartiers nord, parmi les plus pauvres de la deuxième ville de France. Premières victimes de ces fléaux, ils racontent leurs craintes, leur sentiment d'abandon, anonymement ou sous des prénoms d'emprunt, par peur des trafiquants ou des marchands de sommeil.

Les Marronniers: Batman et le Joker

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Un graff annonce la couleur: Batman et son ennemi, le Joker, se tiennent par les épaules et souhaitent "Bienvenue aux Marronniers". (AFP)

"Maintenant, plus personne ne veut sortir même pour aller acheter le pain, on a peur", lâche Khadija. Devant sa résidence accolée à la cité des Marronniers et devenue un point de guet pour le trafic de drogue, Rayanne, 14 ans, a été tué par balles le 18 août. Sur le trottoir d'en face, un tag: "L'Etat nous laisse tomber".


Plus haut, la cité HLM de six bâtiments paraît pourtant tranquille. On y accède en passant sous un pont ferroviaire. Un graff annonce la couleur: Batman et son ennemi, le Joker, se tiennent par les épaules et souhaitent "Bienvenue aux Marronniers". 


En cette fin de matinée, les "charbonneurs" (vendeurs de drogue) n’ont pas encore investi le terrain. "Ils dorment, mais dès le début d'après-midi, ils font la loi", raconte une habitante, pointant les restes des barricades installées la veille près du point de deal. Chaises, poubelles, vieux meubles: tout est bon pour entraver la police. 


"Ça fait 40 ans que je vis ici, on n'avait jamais vu cette violence", constate Fatou, qui "n'attend plus rien des politiques". Pour elle, les "choufs", payés pour avertir de l'arrivée de la police, "ne sont pas d'ici", les trafiquants recrutant hors de la cité et même de Marseille. Mohamed, ex-ouvrier du BTP, se désole: "Avant, c'était un quartier tranquille. Nous, on peut rien y faire, à part dire à nos petits-enfants qu'il faut pas faire comme eux".

 

Macron trois jours à Marseille pour dévoiler un plan d'urgence

Une longue visite pour un lourd dossier: de mercredi à vendredi, le président Emmanuel Macron sera à Marseille pour y dévoiler un plan dont l'ambition est de guérir les maux de la deuxième ville de France et en faire une "capitale de la Méditerranée".


De l'éducation à la sécurité, en passant par les transports, la rénovation urbaine ou l'environnement, le chef de l'Etat va se pencher sur "les fragilités" de Marseille durant sa visite, la plus longue dans une seule ville depuis le début de son quinquennat.


Mais "Paris ne vient pas gérer Marseille", assure l'Elysée, en faisant allusion à la rivalité traditionnelle entre les deux cités. "L'Etat vient appuyer les projets des collectivités territoriales", représentées par le nouveau maire socialiste de Marseille Benoît Payan et la présidente de la métropole Martine Vassal (LR).


Accompagné par huit membres du gouvernement, M. Macron devrait donc annoncer jeudi un engagement financier de l'Etat de plusieurs centaines de millions d'euros, en particulier dans le plan de rénovation de plus de 200 des 472 écoles de la ville.

«Réinvention»

Dans ces quartiers populaires, il s'entretiendra aussi avec des habitants sur la situation sécuritaire après une série de règlements de compte sanglants liés au trafic de drogue.


"C'est la mère de toutes les batailles", a récemment affirmé sur place le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en annonçant le renfort prochain de 300 policiers dans les Bouches-du-Rhône.


Mais pour Benoît Payan, "il manque 800 policiers" et il faut davantage de spécialistes de "la police scientifique, financière et judiciaire".


Au cours de sa visite, M. Macron va également faire des annonces sur le déficit criant de transports collectifs à Marseille - qui ne compte que deux lignes de métro pour 900.000 habitants dans la ville et près de 1,6 million dans l'agglomération -, sur la réhabilitation des logements insalubres deux ans après le drame de la rue d'Aubagne, et sur la situation sanitaire.


La dernière journée, vendredi, sera consacrée à l'environnement avec une sortie en mer dans le parc des Calanques et l'ouverture du Congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui se tient à Marseille jusqu'au 11 septembre.

 

Les Rosiers: «La jungle»

Après quelques petites maisons proprettes, sur une colline d'où l'on aperçoit la mer, se dressent Les Rosiers. L'ensemble d'une dizaine de bâtiments, qui abrite plus de 3.000 personnes, est aujourd'hui une des copropriétés les plus dégradées de France. "C'est pire qu'un quartier pourri", lâche une des rares copropriétaires occupantes, évoquant l'ascenseur en panne pendant des mois, les parties communes sans lumière, les marches d'escaliers délabrées.

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Cette photographie prise le 30 août 2021 montre le quartier "Les rosiers" à Marseille, dans le sud de la France. (AFP)


Dans un bâtiment voisin, le point de deal est clairement visible. Pour entrer en voiture, il faut passer par un portail: les dealers contrôlent les véhicules extérieurs, racontent habitants et personnes amenées à intervenir dans la cité. "C'est la jungle. Il n'y a pas beaucoup de bancs, mais à quoi ça sert d'avoir des bancs quand on a peur de sortir? Parfois, quand la police vient pour poursuivre les dealers, on a l'impression d'être dans un film d'action, comme à la télé", se désole une mère de quatre enfants.

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Après quelques petites maisons proprettes, sur une colline d'où l'on aperçoit la mer, se dressent Les Rosiers. (AFP)


Profitant du manque de logements sociaux à Marseille, des marchands de sommeil proposent des appartements insalubres à des familles sans solution. "Tout le monde s'en fiche de la situation ici. J'ai l'impression qu'ils [les responsables politiques] se disent : +On laisse les gens pauvres et d'origine étrangère s'entretuer dans cet endroit+", ajoute la mère de famille. 

La Marine Bleue: «Ils sont gentils»

Accrochés à un platane, les rubans posés par les policiers rappellent la scène de crime: dix jours plus tôt, dans cet espace tranquille de la Marine Bleue, deux jeunes hommes ont été mitraillés, vers minuit. "Oui, il y a un point de deal mais nous sommes très surpris, chez nous, ce n'est pas une cité classée sensible", lâche une représentante d'Habitat Marseille Provence, le bailleur social gérant l'ensemble de six bâtiments et 787 logements de la fin des années 1950.

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Cette photo prise le 30 août 2021 montre le quartier "La marine bleue" à Marseille, dans le sud de la France. (AFP)

Ici, aucun appartement n'est squatté. L'environnement est presque agréable, entre les lauriers en fleurs et les pins entourant un petit stade flambant neuf. Quant aux dealers, certains s'en accommodent: "Ils sont gentils", explique un jeune homme. "Parfois, avec ma mère, ils nous aident à porter les paquets si on est chargé".


D'autres rêvent d'ailleurs. "Imagine j'ai des enfants...", lance Majid, 26 ans, qui vit là chez ses parents, avec ses frères et soeurs. "Ici, les problèmes, c'est les grands, pas les petits, mais les petits, ils grandissent... Je veux partir d'ici", renchérit Julie, une petite quarantaine, entourée de ses quatre enfants.


Hamed, 13 ans, jouait à la PlayStation quand les coups de feu ont résonné, le 22 août: "C'est Marseille", sourit-il, fataliste.

Parc Corot: rêve de mur

"Quand on est arrivé, il y a 50 ans, il y avait des fleurs partout, un gardien", se souvient Marie, ancienne aide-soignante de 77 ans. Aujourd'hui, le Parc Corot, avec ses 376 logements, est une copropriété surendettée et dégradée. Les détritus recouvrent les espaces verts et la plupart des bâtiments sont squattés par des migrants d'origine nigériane. "Dans notre bloc, on surveille, une famille a tenté de forcer la porte d'un appartement vacant, mon fils est venu et il a soudé l’entrée", raconte-t-elle.

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Parc Corot, "le pire lieu de Marseille", titrait le journal Le Monde en 2018. (AFP)


"On se soutient ici", assure Michèle, sa voisine de 71 ans, qui vient de hausser le ton sur des jeunes qui allumaient un barbecue sous ses fenêtres. Du coup, ils l'ont déplacé: "Au moins j'aurai ma soirée", souffle cette ancienne aide-ménagère, en s'imaginant loin. "Tant que je ne serai pas partie, un de mes fils refuse de me parler", explique-t-elle.


"Mes enfants aussi me supplient de partir", confirme Marie.


Parc Corot, "le pire lieu de Marseille", titrait le journal Le Monde en 2018. Depuis, le bâtiment A, insalubre, a été muré. Et le point de deal qu'il accueillait n'est pas revenu. Un seul des sept bâtiments émerge comme une oasis, entretenu par ses habitants, avec sa façade repeinte en rose et orange, ses jolis parterres de fleurs et son jardin partagé grillagé. Nathalie, une de ses habitantes, ne rêve que d'une chose: que son bâtiment soit séparé du reste de la copropriété par "un mur".


Largages humanitaires français sur Gaza: inefficaces mais politiquement confortables

Sur le terrain, les largages provoquent des scènes chaotiques : des centaines de Gazaouis affamés se ruent sur les colis, parfois au péril de leur vie ; certains sont blessés lors de l’atterrissage des palettes, d’autres se battent pour un sac de farine. (AFP)
Sur le terrain, les largages provoquent des scènes chaotiques : des centaines de Gazaouis affamés se ruent sur les colis, parfois au péril de leur vie ; certains sont blessés lors de l’atterrissage des palettes, d’autres se battent pour un sac de farine. (AFP)
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  • L’action est devenue un impératif, pour atténuer, autant que possible, l’horreur insoutenable suscitée par la vue de ces petits corps osseux voués à une mort certaine
  • Ainsi, le vendredi 1er août, un avion militaire français a largué dix tonnes de vivres sur Gaza : des palettes parachutées depuis le ciel, composées de denrées non périssables

PARIS: Ébranlé par les images relayées par les médias, montrant des enfants et des nourrissons décharnés par la famine imposée aux habitants de Gaza, le monde ne pouvait plus se contenter de détourner le regard.
L’action est devenue un impératif, pour atténuer, autant que possible, l’horreur insoutenable suscitée par la vue de ces petits corps osseux voués à une mort certaine.

Ainsi, le vendredi 1er août, un avion militaire français a largué dix tonnes de vivres sur Gaza : des palettes parachutées depuis le ciel, composées de denrées non périssables.
Un geste présenté comme un acte de solidarité par le président français Emmanuel Macron — un geste similaire à ceux des Jordaniens, des Émiratis, des Allemands et d’autres encore.

Un geste dérisoire

Mais pour ceux qui connaissent la réalité humanitaire sur le terrain, il s’agit surtout d’un geste dérisoire face à l’ampleur de la catastrophe.
La vérité, c’est que personne n’est dupe — ni les ONG, ni les diplomates, ni même les responsables politiques qui admettent eux-mêmes que « les largages ne suffisent pas ».

Mais persister dans cette mise en scène permet de contourner l’essentiel, parce que faire plus, c’est-à-dire briser le blocus israélien, exige un courage politique qui manque cruellement aujourd’hui.
Le largage aérien est une technique de dernier recours, utilisée lorsque les routes sont impraticables — or ce n’est pas le cas à Gaza, où les camions peuvent passer.

Ils l’ont déjà fait lors du cessez-le-feu instauré début 2024 : entre 500 et 600 camions entraient chaque jour dans l’enclave, atteignant la totalité de la population « en toute sécurité et dignité », rappelle le patron de l’UNRWA, Philippe Lazzarini.
Aujourd’hui, 6 000 camions sont prêts à franchir la frontière, mais ils sont bloqués par décision politique.

En comparaison, un avion transporte deux fois moins qu’un camion et coûte cent fois plus cher, souligne l’ancien officier français Guillaume Ancel, sur son blog Ne pas subir.
Sur le terrain, les largages provoquent des scènes chaotiques : des centaines de Gazaouis affamés se ruent sur les colis, parfois au péril de leur vie ; certains sont blessés lors de l’atterrissage des palettes, d’autres se battent pour un sac de farine.

« Une faim créée par l’homme ne peut être traitée que par la volonté politique », martèle Lazzarini.
Sans réseau organisé de distribution, ces parachutages sont condamnés à rester aléatoires, et ne remplacent pas un acheminement massif par voie terrestre, seul capable d’assurer une aide équitable et durable.

Si Israël autorise ces largages, c’est parce qu’ils offrent un alibi, affirme Ancel, ajoutant que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, « simule une ouverture tout en persistant à étrangler la population ».
Le geste donne l’illusion d’un effort humanitaire, mais en réalité, il permet de maintenir le blocus sans en assumer la responsabilité politique — c’est, en somme, un faux-semblant.

Toutefois, ce faux-semblant arrange aussi certaines capitales occidentales, car il leur permet de dire : « Nous agissons », tout en évitant d’affronter frontalement Tel-Aviv.
Le largage est donc une scène de théâtre diplomatique, où l’essentiel n’est pas d’aider vraiment, mais de se donner bonne conscience et de montrer que l’on fait quelque chose.

Pourtant, le blocus de Gaza n’est pas une fatalité, mais un choix politique — et c’est là que réside le nœud du problème.
L’ONU, le Programme alimentaire mondial, l’UNICEF et Médecins Sans Frontières sont unanimes : il faut rétablir immédiatement des couloirs terrestres, laisser entrer des centaines de camions par jour, avec de la nourriture, de l’eau, du carburant et du matériel médical.

Des largages politiquement confortables 

Cindy McCain, directrice du Programme alimentaire mondial, appelle à « inonder Gaza d’aide alimentaire massive », mais tant que le blocus israélien ne sera pas levé, ces appels resteront lettre morte.
Les largages peuvent continuer à tomber du ciel — coûteux, inefficaces, mais politiquement confortables.

Confortables, car personne ne peut briser le blocus : les Européens sont divisés, trop dépendants de Washington, et les Nations unies n’ont aucune emprise sur la situation.
Reste les États-Unis, indique Ancel, qui rappelle que le président américain Donald Trump avait réussi à imposer à Netanyahou la fin d’une opération militaire contre l’Iran, en 2020.
Cependant, aujourd’hui, aucun dirigeant occidental ne semble prêt à exercer la même pression pour Gaza.

Alors, en attendant, la famine avance et tue.
Plus de 150 morts par malnutrition ont déjà été recensés, et chaque jour sans camions est un jour de trop, affirment les organisations humanitaires.
Chaque largage aérien, aussi bien intentionné soit-il, est une diversion qui permet au blocus de perdurer.

Pour parler clairement, il faut dire que larguer quelques tonnes de vivres sur Gaza ne sauvera pas la population : c’est un geste de communication, pas une stratégie humanitaire.
Les dirigeants qui s’en contentent se réfugient dans le confort du symbole, au lieu d’affronter la réalité politique.
Car seule la levée, même partielle, du blocus permettra d’éviter une famine massive — et c’est d’ailleurs ce que le président français reconnaît dans un post sur X.

Ce n’est pas une question de moyens techniques, ni même une question de financement, mais une question de volonté politique.
Tant que celle-ci fera défaut, Gaza restera prisonnière de ce que Lazzarini appelle « une faim créée par l’homme » : une faim délibérée, qui n’est pas le fruit du hasard, mais d’une stratégie assumée — et tolérée — par tous.


Tourisme en France: un an après les JO, un bilan prometteur mais insuffisant

La fréquentation aérienne à Paris devrait augmenter de 18 % en juillet et de 7 % en août. « On ne fantasme pas une explosion de fréquentation grâce aux Jeux, mais l’image de Paris s’est consolidée », affirme l’Office de tourisme de Paris. La tendance est également positive ailleurs dans l’Hexagone, même si elle reste tributaire de facteurs saisonniers. La météo joue toujours un rôle majeur dans les réservations. (AFP)
La fréquentation aérienne à Paris devrait augmenter de 18 % en juillet et de 7 % en août. « On ne fantasme pas une explosion de fréquentation grâce aux Jeux, mais l’image de Paris s’est consolidée », affirme l’Office de tourisme de Paris. La tendance est également positive ailleurs dans l’Hexagone, même si elle reste tributaire de facteurs saisonniers. La météo joue toujours un rôle majeur dans les réservations. (AFP)
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  • Les anciens sites olympiques suscitent encore la curiosité : des touristes viennent découvrir les lieux où étaient installés les stades éphémères, et la vasque olympique, désormais située dans le jardin des Tuileries, s’impose comme un symbole fédérateur
  • La fréquentation aérienne à Paris devrait augmenter de 18 % en juillet et de 7 % en août. « On ne fantasme pas une explosion de fréquentation grâce aux Jeux, mais l’image de Paris s’est consolidée », affirme l’Office de tourisme de Paris

PARIS: Un an après les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, la France continue de récolter les fruits de cet événement mondial.
Si l’été olympique avait quelque peu déçu certains professionnels du tourisme, l’été 2025 marque un tournant plus favorable.
L’Île-de-France, en particulier, affiche une dynamique encourageante : entre janvier et mai, 19,2 millions de visiteurs y ont été recensés, soit une hausse de 1 % par rapport à l’an dernier.
Ce rebond est porté principalement par la clientèle étrangère, en augmentation de 8 %, selon le Comité régional du tourisme Paris Île-de-France.
Les anciens sites olympiques suscitent encore la curiosité : des touristes viennent découvrir les lieux où étaient installés les stades éphémères, et la vasque olympique, désormais située dans le jardin des Tuileries, s’impose comme un symbole fédérateur.
La fréquentation aérienne à Paris devrait augmenter de 18 % en juillet et de 7 % en août. « On ne fantasme pas une explosion de fréquentation grâce aux Jeux, mais l’image de Paris s’est consolidée », affirme l’Office de tourisme de Paris.
La tendance est également positive ailleurs dans l’Hexagone, même si elle reste tributaire de facteurs saisonniers. La météo joue toujours un rôle majeur dans les réservations.
Si les régions du Nord-Ouest ont pâti d’un été 2024 maussade, la Bretagne et la Normandie reprennent des couleurs grâce au beau printemps 2025 et à la canicule de juin. Les campings enregistrent une hausse de 4 % des réservations, et les professionnels anticipent une croissance globale de 2,5 % dans l’hôtellerie de plein air.
Au niveau national, les signaux sont au vert, selon Atout France : les réservations dans l’hôtellerie sont en hausse de 1,5 %, et de 16 % pour les locations de vacances. Juin a été un excellent mois, porté notamment par une clientèle de seniors, attirés par des températures plus clémentes et une moindre affluence.

Contexte économique difficile
Si les Français restent prudents en raison du contexte économique, les étrangers sont bien au rendez-vous.
Les Américains, malgré une parité euro-dollar moins avantageuse, maintiennent leur fréquentation, tandis que les Canadiens, Scandinaves, Australiens et Chinois affichent une croissance de 10 à 15 %.
Au total, les visiteurs internationaux devraient être 4,7 % plus nombreux cet été qu’en 2024.

Mais tous ces efforts ne masquent pas certaines failles persistantes. Un sondage mené auprès de plus de 100 touristes à Paris révèle une légère baisse de satisfaction par rapport à l’été olympique.
Alors que la capitale avait obtenu la note moyenne de 8,18/10 en 2024, elle plafonne à 7,94 en 2025. En cause : la dégradation perçue de la propreté (passée de 7 à 6,5/10) et de la sécurité (de 8,6 à 7,6/10).
Paris est une ville magnifique, mais les touristes ont bien des raisons de se plaindre : certains quartiers sentent l’urine, d’autres pâtissent de la présence de détritus, de crottes de chien ou d’un sentiment d’insécurité accru.
Sans le dispositif policier exceptionnel des JO, les incivilités semblent avoir regagné du terrain.
Les transports, eux aussi, cristallisent les critiques : le métro parisien est jugé vétuste, mal indiqué, et les procédures de billetterie souvent incompréhensibles pour les étrangers.
Enfin, si les serveurs gagnent en amabilité (note moyenne de 7,9 contre 7,2 en 2024), les Parisiens, dans leur ensemble, sont perçus comme moins accueillants, malgré l’importance de l’impact touristique sur le plan économique.

En 2024, 100 millions de visiteurs étrangers

Avec 100 millions de visiteurs étrangers accueillis en 2024, la France reste la première destination touristique mondiale en nombre. Mais en termes de recettes, elle stagne à la quatrième place, derrière l’Espagne (126 milliards d’euros), les États-Unis et le Royaume-Uni.
En 2024, les recettes touristiques françaises s’élevaient à 71 milliards d’euros. Pour corriger ce déséquilibre, le Comité interministériel du tourisme, réuni fin juillet à Angers, a fixé un objectif ambitieux : atteindre 100 milliards d’euros de recettes d’ici 2030.
Cette transformation passe par une diversification et une montée en gamme de l’offre : tourisme durable, œnotourisme, tourisme de savoir-faire, tourisme sportif ou encore tourisme d’affaires.
Des mesures concrètes ont été annoncées, parmi lesquelles une nouvelle régulation des meublés touristiques, une simplification de l’embauche dans le secteur, ainsi que des campagnes de promotion ciblées, notamment vers l’Asie.
Le gouvernement souhaite également renforcer l’attractivité des métiers du tourisme, avec un plan « saisonniers » et une nouvelle édition de la Semaine des Métiers du Tourisme.

La campagne internationale lancée sous le slogan « Jouez les prolongations » vise à capitaliser sur l’héritage des Jeux pour prolonger l’élan positif. Car au-delà des infrastructures rénovées et des chiffres flatteurs, l’enjeu est désormais qualitatif : faire en sorte que chaque visiteur reparte avec une image chaleureuse, fluide et durable de la France.


La chaleur s'installe dans le sud de la France, incertitude sur une possible canicule

Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025. (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025. (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
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  • Un épisode de chaleur s'installera à partir de lundi sur le sud-ouest de la France et la vallée du Rhône,
  • Les températures devraient rester moins élevées que lors de la canicule de la fin juin-début juillet, selon Météo-France

TOULOUSE, FRANCE : Un épisode de chaleur s'installera à partir de lundi sur le sud-ouest de la France et la vallée du Rhône, mais les températures devraient rester moins élevées que lors de la canicule de la fin juin-début juillet, selon Météo-France.

« Sur le sud-ouest, on s'attend à un bel épisode de chaleur, mais pour le moment, on n'anticipe pas quelque chose de l'ampleur de ce qu'on a connu en juillet, loin de là », a déclaré à l'AFP le prévisionniste Jérôme Lecou.

« On ne peut pas exclure qu'une partie du sud-ouest passe en vigilance orange canicule, mais il y a quand même des incertitudes sur ce qui peut se passer en fin de semaine », souligne-t-il.

Les modèles de Météo-France dessinent en effet un « scénario incertain pour le week-end », bien que l'option privilégiée reste, à ce stade, le maintien d'une masse d'air chaud sur le sud-ouest, où les températures atteindront 34 à 35 °C, avec des pointes de 36 à 38 °C, précise M. Lecou.

L'air frais présent au nord de l'Hexagone, en raison d'une dépression située au large de l'Écosse, pourrait toutefois se déplacer vers le sud et contribuer, le cas échéant, à rafraîchir la moitié méridionale du pays.