France: le pass sanitaire a dopé la vaccination, un succès pour Macron

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours au Palais du Pharo, le 2 septembre 2021, dans le cadre d'une visite de trois jours à Marseille. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours au Palais du Pharo, le 2 septembre 2021, dans le cadre d'une visite de trois jours à Marseille. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 02 septembre 2021

France: le pass sanitaire a dopé la vaccination, un succès pour Macron

  • Le pays a administré au moins une dose à 72,1% de sa population et affiche, avec la Suède et la Finlande, le taux de vaccination le plus élevé de l'UE
  • Le président Emmanuel Macron n'a pas exclu jeudi à Marseille une extension de l'obligation du pass sanitaire au-delà du 15 novembre

PARIS: Globalement bien accepté, le "passe sanitaire Covid" a contribué à installer la France dans le peloton de tête des vaccinations, alors qu'elle était à la traîne, une configuration potentiellement favorable à Emmanuel Macron pour la prochaine présidentielle. 

Sept semaines après l'annonce de son instauration par le président Emmanuel Macron, et à quelques mois d'une nouvelle élection présidentielle, les Français sont désormais habitués à devoir montrer patte blanche pour aller au restaurant, au bar, dans une salle de sport, un musée ou une très grande surface.

Le sésame demandé est le certificat de vaccination, un test Covid-19 négatif ou la preuve de guérison de la maladie au cours des six derniers mois. 

"Au départ, ce n'était pas gagné. Mais malgré quelques réticences, ça a bien disséminé, c'est relativement bien respecté et ça contribue indiscutablement pour l'instant à contrôler cette quatrième vague", estime le Pr Djillali Annane, à la tête du service de réanimation de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, en région parisienne.

Des millions de personnes ont franchi le pas de la vaccination pour éviter les tests à répétition, même si la mesure reste critiquée comme étant discriminatoire à l'égard des non vaccinés. Le cap des 50 millions de primo-vaccinés sur une population de 67 millions de personnes devrait être franchi très prochainement.

En proportion de citoyens ayant reçu au moins une dose, la France a dépassé les États-Unis et l'Allemagne cet été, puis le Royaume-Uni et l'Italie ces derniers jours, selon des données officielles analysées par l'AFP. 

Le pays a administré au moins une dose à 72,1% de sa population et affiche, avec la Suède et la Finlande, le taux de vaccination le plus élevé de l'UE : 0,6% de la population reçoit chaque jour une injection. 

L'Espagne, Malte et le Portugal font mieux en Europe, tandis que le Canada reste au-dessus de la France au sein du G7.

Macron n'exclut pas une extension du pass sanitaire au-delà du 15 novembre

MARSEILLE: Le président Emmanuel Macron n'a pas exclu jeudi à Marseille une extension de l'obligation du pass sanitaire au-delà du 15 novembre dans les territoires sous forte pression de l'épidémie de Covid-19.

"Il est trop tôt pour le dire" mais "si l'épidémie (de la Covid-19) est encore présente dans les semaines qui viennent, il faudra se laisser cette possibilité pour les territoires qui sont les plus touchés", a indiqué le chef de l'État lors d'un point de presse après une visite d'une école à Marseille.

Une telle extension, déjà évoquée début août par le ministre de la Santé Olivier Véran, devra faire l'objet d'un texte de loi au Parlement.

Cet instrument "provisoire (...) évite de fermer les structures. C'est parce qu'il y a le pass sanitaire qu'on n'a plus besoin de fermer les restaurants, les cafés, les théâtres, les cinémas, les salles de spectacles, les activités sportives", a fait valoir M. Macron.

Selon lui, la situation épidémique, "en particulier en Outre-mer", pourrait rester "très tendue" après la mi-novembre.

Obligatoire depuis le 21 juillet dans les lieux (culture, loisirs, sports, salons...) accueillant plus de 50 personnes, le pass sanitaire a été étendu le 9 août à l'accès aux hôpitaux sauf urgences, aux bars et restaurants, aux grands centres commerciaux sur décision préfectorale et le 30 août aux 1,8 million de salariés au contact du public. 

Coup de pouce politique

Pour le président Macron, qui devrait briguer un second mandat en avril 2022, la réaction généralement positive au laissez-passer est bienvenue, contribuant à renforcer l'exécutif, selon les sondages. 

Selon des récentes études d'Elabe, 64 à 77% des personnes interrogées soutiennent ce système, tandis que la confiance dans la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement est à son plus haut niveau depuis le début de la pandémie, qui a fait au moins 114 577 morts et contaminé plus de 6,7 millions de personnes dans le pays. 

Pour Bernard Sananes, le directeur d'Elabe, le chef de l'État "donne l'impression d'avoir traversé la crise avec des moments difficiles, mais sans laisser d'espace pour une alternative, pour que quelqu'un dise 'Untel aurait fait mieux'". 

Pourtant, au début de la pandémie, plusieurs ratés des autorités, comme l'absence de masques, puis la lenteur de la mise en place de la vaccination, avaient à l'inverse donné des munitions à ses opposants.

Opposants clairsemés

Aujourd'hui, le pass sanitaire reste encore fortement décrié par "une minorité, mais pas marginale", bénéficiant du soutien d'environ 20 à 25% des Français, pointe M. Sananes.

Tous les samedis, ses opposants manifestent pour dénoncer la "dictature" imposée par l'exécutif, mais le mouvement n'a jamais attiré un large soutien public, contrairement à celui, à caractère social celui-là, des "gilets jaunes" qui a secoué le mandat de M. Macron en 2018 et 2019.

"Pour la plupart des gens, sortir son téléphone à l'entrée d'un restaurant est devenu une habitude. Ils n'ont pas suivi les manifestants sur le terrain idéologique", a déclaré M. Sananes.

Mais avec la rentrée, les médecins se préparent à une possible augmentation des cas. 

Pour l'heure, selon l'épidémiologiste Catherine Hill, tous les indicateurs Covid-19 sont orientés à la baisse, mais "il reste un réservoir de près de 20 millions de personnes (non vaccinées) dans lesquelles le virus peut continuer à circuler".

"Le vecteur de l'épidémie va être les gens non vaccinés", dit-elle. La moitié sont des enfants de moins de 12 ans. 

Et quels que soient les succès à court terme, "nous sommes à la merci d'un nouveau variant", prévient-elle.


Après «Bloquons tout» et les promesses de «rupture», les syndicats dans la rue jeudi

"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
"Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées. (AFP)
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  • Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi
  • Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme"

PARIS: "Le budget va se décider dans la rue": à l'instar de la CGT, les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaire "brutales" annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre n'a pour l'heure pas écartées.

Après sa rencontre avec Sébastien Lecornu lundi, la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet, se montrait plus que jamais déterminée, malgré l'abandon de la suppression de deux jours fériés samedi. "(Il) ne s'est engagé à rien du tout. Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", a-t-elle lancé.

Dès son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu avait promis des "ruptures sur le fond" et "pas que sur la forme". Depuis vendredi, il reçoit les syndicats représentatifs - à l'exception de Frédéric Souillot (FO) qui souhaite le rencontrer après le 18. Mais ces derniers maintiennent leur appel à la mobilisation du 18, espérant peser de tout leur poids sur les futures orientations budgétaires.

CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires seront ainsi unis jeudi dans la rue, pour la première fois depuis le 6 juin 2023 - date de la dernière mobilisation contre la réforme des retraites.

Les mesures avancées cet été sont "d'une brutalité sans précédent", dénonçaient-ils fin août dans un communiqué commun, regrettant que l'ancien gouvernement choisisse "encore une fois de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·es, les malades".

Ils pointent "des coupes dans les services publics, (...), une énième réforme de l'assurance chômage, le gel des prestations sociales et celui des salaires des fonctionnaires comme des contractuel·les, la désindexation des pensions de retraites, le doublement des franchises médicales, la remise en cause de la 5ème semaine de congés payés…".

L'abandon de la suppression de deux jours fériés, unanimement décriée par le monde syndical, constitue "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a estimé Sophie Binet.

Même la CFDT, pourtant peu rompue aux cortèges syndicaux, maintient sa participation: vendredi, Marylise Léon a réaffirmé que son syndicat était "plus que jamais motivé pour aller dans la rue", à l'issue de son entrevue avec Sébastien Lecornu.

"Le budget tel qu'il a commencé à être construit n'est pas compatible avec la justice sociale, fiscale et environnementale donc il y a vraiment besoin de le revoir de fond en comble", a-t-elle estimé lundi sur France Inter.

Sur la durée ? 

Sur la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat, Mme Léon a pourtant apprécié que le Premier ministre dise être conscient de la nécessité de "faire quelque chose".

"Le budget, il va se décider dans la rue", insiste Mme Binet. Ainsi, "il faut faire une démonstration de force jeudi prochain et après", laissant entrevoir une mobilisation dans la durée.

Lundi, la CGT annonçait déjà plus de 220 manifestations, un chiffre encore amené à évoluer.

Les organisations syndicales parviendront-elles à dépasser l'affluence du mouvement citoyen "Bloquons tout" - qui a rassemblé près de 200.000 personnes le 10 septembre selon le ministère de l'Intérieur, sans toutefois parvenir à paralyser le pays ? Les manifestants du 10, parfois méfiants vis-à-vis des syndicats, participeront-ils à cette nouvelle journée ?

Aucune inquiétude côté syndical: "Nous avons déjà d'excellents retours sur la mobilisation de jeudi", assure Frédéric Souillot (FO).

"Nous avons l'objectif d'avoir un million de personnes avec nous", avance de son côté Cyril Chabanier (CFTC).

"La colère sociale est toujours là", abonde Julie Ferrua, co-déléguée générale de Solidaires.

De leur côté, les autorités s'attendent à une mobilisation plus importante que le 10 septembre et craignent la présence de plusieurs centaines de manifestants radicaux dans des cortèges. Une cellule de crise sera ouverte dès mardi au ministère de l'Intérieur.

Après le 18, ce sera le tour des agriculteurs de la FNSEA, le 26 septembre, de mener "une grande journée d'actions" autour des échanges internationaux de produits agricoles.


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.