Rachat de Tiffany par LVMH: chronique d’une opération avortée

Le rachat du joaillier Tiffany par LVMH est pour l’instant au point mort (Photo, Spencer PLATT/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP).
Le rachat du joaillier Tiffany par LVMH est pour l’instant au point mort (Photo, Spencer PLATT/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP).
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Publié le Jeudi 10 septembre 2020

Rachat de Tiffany par LVMH: chronique d’une opération avortée

  • L’arrivée de l’épidémie a, sans surprise, rebattu les cartes concernant un accord possible
  • « Le business de Tiffany n'était pas censé être heurté à ce point-là, les conditions de prix qui prévalaient dans un monde de pré-Covid », n'étaient plus les mêmes

PARIS : Avec la crise du coronavirus, et sur fond de guerre commerciale entre Paris et Washington, les obstacles se sont accumulés entre LVMH et Tiffany, compromettant le mariage du siècle dans le luxe. Voici cinq points de discorde majeurs.

Le tsunami du Covid-19

Quand les deux groupes ont annoncé leur rapprochement en novembre dernier, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes avec des marchés lancés à l'assaut des sommets qui autorisaient toutes les audaces financières pour les deux groupes.

« Avec 16,2 milliards de dollars, il s’agissait incontestablement de la plus grosse acquisition de l'histoire du luxe », estime Arnaud Cadart, gérant de portefeuilles chez Flornoy & Associés.

Mais l'arrivée de la crise a, sans surprise, conduit à une nouvelle analyse de la situation.

Un diamant trop cher ?

16,2 milliards quand tout va bien, c'est déjà beaucoup, mais quand l'activité baisse et les cours de Bourse aussi, c'est une autre histoire.

« Le business de Tiffany n'était pas censé être heurté à ce point-là, les conditions de prix qui prévalaient dans un monde de pré-Covid », n'étaient plus les mêmes, poursuit Cadart. 

Pour les acteurs de marché, « LVMH qui était le seul acheteur naturel » pour le joaillier américain a sans doute eu le « sentiment qu'il était en droit de négocier une baisse de prix », avec un cours de Tiffany qui s'éloignait de plus en plus des 135 dollars par action prévus au départ. Mardi à la clôture à Wall Street, le titre a terminé à près de 122 dollars.

Lors d'une conférence de presse, le directeur financier de LVMH, Jean-Jacques Guiony a toutefois assuré : « Nous n'avons jamais essayé de renégocier les termes de cette transaction ».

Pas assez de « preuves d'amour »

Si les deux groupes ont très peu communiqué sur leurs négociations, comme souvent dans ce genre de dossier, la prudence était néanmoins devenue palpable.

« Le marché attendait des preuves d'amour » qui ne sont pas venues, relate Cadart.

Dans les communiqués publiés mercredi, les deux camps s'accusent mutuellement d'avoir fait traîner.

Alors qu'ils avaient annoncé fin août repousser de trois mois - à fin novembre - la date butoir pour boucler l'opération, le conseil d'administration de LVMH fait état mercredi d'une nouvelle demande « de Tiffany de repousser le délai limite de réalisation de l'accord du 24 novembre 2020 au 31 décembre 2020 ».

De son côté, Tiffany, qui poursuit en justice aux États-Unis le groupe de Bernard Arnault, affirme que LVMH n'avait pas, à la date du 24 août 2020, lancé certaines demandes auprès d'autorités compétentes pour leur feu vert concernant l'opération, notamment l'Union européenne ou Taïwan.

La guerre commerciale

LVMH explique notamment sa décision par une lettre du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, « qui, en réaction à la menace de taxes sur les produits français formulée par les États-Unis, demande au groupe LVMH de différer l'acquisition de Tiffany au-delà du 6 janvier 2021 ».

En cause : les mesures de rétorsion visant des produits français représentant 1,3 milliard de dollars, annoncées en juillet par Washington pour punir Paris d'avoir instauré une taxe sur les géants technologiques américains. Mais dont l'application est gelée pour l'instant.

Pour certains experts, si l'éventualité d'un impact de la guerre commerciale n'est pas à exclure, cela offrirait aussi à LVMH une parade pour ne pas froisser ses partenaires aux Etats-Unis où le groupe est très actif.

A l'issue du Conseil des ministres mercredi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, a toutefois affirmé que « dans un contexte de négociations internationales très importantes avec nos partenaires, le gouvernement français n'est ni naïf ni passif ». « Nous avons des objectifs que nous souhaitons atteindre », a-t-il ajouté en précisant que Le Drian donnerait bientôt davantage de détails.

Une autre opportunité en embuscade ?

Cet abandon « peut aussi laisser la place à d'autres opportunités et notamment l'acquisition des 34% encore détenus par (le géant britannique des spiritueux) Diageo dans Moët Hennessy », dont LVMH détient déjà 66%, note M. Cadart.

Alors que Diageo a entamé une procédure d'arbitrage contre la décision de LVMH de couper les dividendes au titre de 2019 en raison de la crise, cette acquisition qui « représente environ 15 milliards, permettrait à Bernard Arnault de boucler la boucle de 30 ans de consolidation de sa position au sein du géant ». 


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com