Biden paiera le prix de la débâcle en Afghanistan lors des prochaines élections

Le président américain, Joe Biden, serre la main d’un membre de l’US Marine Corps Honor Guard à Dover, dans l’État du Delaware le 29 août 2021. (Reuters)
Le président américain, Joe Biden, serre la main d’un membre de l’US Marine Corps Honor Guard à Dover, dans l’État du Delaware le 29 août 2021. (Reuters)
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Publié le Vendredi 03 septembre 2021

Biden paiera le prix de la débâcle en Afghanistan lors des prochaines élections

Biden paiera le prix de la débâcle en Afghanistan lors des prochaines élections
  • Les sondages les plus récents menés par NBC News, CBS News, Morning Consult, Harris et Suffolk University montrent que la cote de popularité du président Biden a atteint son niveau le plus bas
  • Les républicains critiquent vivement Joe Biden et son administration, les accusant d’avoir mal géré le retrait des troupes, humilié les soldats américains et abandonné les principaux alliés internationaux des États-Unis

Il n’est jamais trop tôt pour planifier le prochain cycle lorsqu’il est question de l’élection présidentielle et des élections législatives aux États-Unis, quels que soient les résultats récents. Le parti gagnant commence immédiatement à mettre en avant ses points forts afin d’obtenir une plus grande majorité au cours des deux prochaines années. Le parti rival, quant à lui, entame une phase d’analyse pour tenter de comprendre pourquoi il a perdu et de trouver des moyens de remporter la majorité à la Chambre des représentants et/ou au Sénat.

C’est exactement ce que fait le parti républicain depuis que l’ancien président, Donald Trump, a perdu face à Joe Biden en novembre 2020.

Les sondages les plus récents menés par NBC News, CBS News, Morning Consult, Harris et Suffolk University montrent que la cote de popularité du président Biden a atteint son niveau le plus bas depuis sa prise de fonction en janvier avec 47 % d’opinions favorables. Cette baisse est en partie due au retrait chaotique des troupes d’Afghanistan et au décès de soldats américains et de citoyens afghans lors de l’attaque terroriste à l’aéroport international Hamid-Karzaï la semaine dernière.

Les électeurs démocrates, républicains et indépendants soutiennent, en majorité, l’idée du retour des troupes mais les Américains ne supportent pas de perdre. Le chaos dont ils sont témoins tous les jours devant leurs télévisions ou sur les réseaux sociaux ne montre rien d’autre qu’une défaite.

Même si la politique étrangère n’a pas joué un rôle de premier plan au cours des deux dernières élections présidentielles, elle semble être l’un des deux principaux facteurs – en plus de la Covid-19 – qui détermineront les résultats des élections de mi-mandat en 2022. La faible cote de popularité de Joe Biden met en danger la majorité démocrate à la Chambre des représentants.

La crise humanitaire qui touche le peuple afghan s’aggrave. Les personnes qui ont aidé les troupes des États-Unis et de l’Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) sont prises au piège des talibans qui contrôlent le territoire. Elles n’ont aucun espoir de sortir du pays avant la date butoir du 31 août. Leur sort est désormais entre les mains de militants radicaux.

Les talibans ont annoncé qu’ils ne permettront pas aux citoyens afghans de quitter le pays après le 31 août et l’administration Biden n’a donné à ces derniers aucune garantie qu’ils pourront partir ou vivre en sécurité sous le règne des talibans.

«Ce serait un suicide politique pour les candidats démocrates que de défendre ou de justifier les actes du président.»

Dalia al-Aqidi

Interrogée sur les Afghans qui ont apporté leur aide aux forces américaines au cours des vingt dernières années et qui seront abandonnés, la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a donné une réponse vague lors de la conférence de presse de vendredi. «Nous ne pouvons rien garantir mais nous pouvons tenter de mettre les moyens nécessaires à la disposition des ressortissants des pays tiers. Le président a d’ailleurs demandé au secrétaire d’État de poursuivre les efforts diplomatiques avec les partenaires internationaux en ce sens. Nous veillerons également à aider les Afghans détenteurs de visas et éligibles à nos programmes. Bien entendu, tout citoyen américain resté en Afghanistan pourra quitter le pays même après le retrait définitif des troupes», déclare-t-elle.

Les républicains critiquent vivement Joe Biden et son administration, les accusant d’avoir mal géré le retrait des troupes, humilié les soldats américains et abandonné les principaux alliés internationaux des États-Unis. Inutile de dire que cette opinion se reflètera clairement dans les résultats de l’élection l’année prochaine.

Ce serait un suicide politique pour les candidats démocrates que de défendre ou de justifier les actes du commandant en chef des forces armées américaines ou même de répéter les propos de Joe Biden selon lesquels il n’avait pas le choix parce qu’il avait hérité des mauvaises décisions de son prédécesseur. D’autre part, prendre leurs distances avec le président est également une mauvaise idée parce que les électeurs veulent avoir des réponses claires.

Je ne dirais pas que l’Afghanistan est la raison principale pour laquelle les républicains prendront le contrôle de la Chambre des représentants mais ce retrait chaotique, l’augmentation des taux de criminalité dans plusieurs grandes villes américaines et la crise à la frontière américano-mexicaine sont une combinaison fatale et un énorme obstacle politique à surmonter.

Ces derniers jours, la stratégie républicaine pour 2022 s’est déplacée vers l’Afghanistan et l’approche de Joe Biden face à la situation dangereuse qui y règne. Il ne s’agit pas d’une question de politique étrangère lorsque la vie des citoyens américains est en jeu.

Les démocrates savent que les enjeux sont considérables et les accusations selon lesquelles les républicains auraient politisé la catastrophe afghane sont sans fondement.

Les Américains, dans leur très grande majorité, considèrent que la stratégie de politique étrangère de Joe Biden en Afghanistan est un échec. Il faudra plus d’un an pour effacer les images atroces de ce pays ravagé par la guerre en raison de l’inaptitude du président à lutter contre le nouvel «émirat islamique d’Afghanistan».

Dalia al-Aqidi est chercheure principale au Center for Security Policy.

Twitter : @DaliaAlAqidi

NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique sont propres à leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com