À Mossoul, Aliph réhabilite le patrimoine pour ramener la vie

Cette photo prise le 29 août 2021 montre une vue des dommages causés au toit et à la tour de l'horloge de l'église Notre-Dame de l'Heure (également connue sous le nom de « l'église latine ») et des minarets de la mosquée Saffar à proximité, dans l'ancienne ville de Mossoul, dans la province septentrionale de Ninive, lors d'une visite du président français. Ludovic MARIN / AFP
Cette photo prise le 29 août 2021 montre une vue des dommages causés au toit et à la tour de l'horloge de l'église Notre-Dame de l'Heure (également connue sous le nom de « l'église latine ») et des minarets de la mosquée Saffar à proximité, dans l'ancienne ville de Mossoul, dans la province septentrionale de Ninive, lors d'une visite du président français. Ludovic MARIN / AFP
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Publié le Vendredi 03 septembre 2021

À Mossoul, Aliph réhabilite le patrimoine pour ramener la vie

  • «L’objectif pour nous est que chacun de ces projets soit l’occasion d’un travail avec la communauté», explique Valéry Freland
  • «Les Irakiens ont vraiment hâte de reconstruire leur pays», se réjouit Bariza Khiar

BEYROUTH : En déplacement en Irak, le président français, Emmanuel Macron, s’est rendu dimanche dernier à Mossoul, ville détruite par l’organisation État islamique, afin d’adresser son «respect à toutes les communautés» irakiennes. Le chef de l’Etat s’est promené dans les quartiers en ruine de la vieille ville, visitant une église et le site d’une mosquée détruite lors de la reprise de l’ancienne capitale de Daech, en Irak.

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Le président français Emmanuel Macron (C) visite l'église Notre-Dame de l'Heure à Mossoul, deuxième ville d'Irak, dans la province de Ninive, le 29 août 2021. Ludovic MARIN / AFP

Le déplacement de M. Macron a souligné, d’une part, la diversité culturelle et religieuse de cette partie du nord de l’Irak et, d’autre part, l’ampleur des destructions. Mossoul porte toujours les stigmates des combats de 2017, et la reconstruction de la ville «est trop lente», a estimé le président français.

La fondation suisse Aliph (Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit, NDLR), dont le nom désigne la première lettre de l’alphabet arabe, opère à Mossoul depuis plusieurs années déjà pour réhabiliter certains de ses sites religieux et archéologiques. Ces projets s’inscrivent dans le cadre de l’initiative Mosaïque, dont l’objectif est de préserver la diversité du patrimoine culturel et religieux de la ville irakienne.

L’un des édifices concernés est la mosquée omeyyade Al-Masfi, qui se trouve sur le site de la plus ancienne mosquée de la ville, construite peu après la conquête arabo-musulmane, en 638 de notre ère.

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Une vue aérienne montre des fidèles irakiens participant à la prière de l'Aïd Al-Fitr dans la vieille ville de Mossoul, dans la cour de la mosquée des Omeyades endommagée, tôt le 13 mai 2021, pour marquer la fin du mois sacré musulman du Ramadan.
Zaid AL-OBEIDI / AFP

Ce projet comprend également la rénovation de la mosquée Al-Raabiya, construite en 1766 et qui porte le nom de la fille du gouverneur de Mossoul Ismaïl Pacha Jalili, Rab’iya Khatun. C’est cette dernière qui a financé sa construction. Ce monument emblématique a été gravement endommagé lors de la bataille pour la libération de Mossoul, en 2016 et 2017.

Deux églises vont également être réhabilitées dans la ville: l’église syriaque orthodoxe Mar Thoma, qui date probablement du VIIe siècle, et l’église chaldéenne d’Al-Tahira, construite au XVIIIe siècle et dédiée à la Vierge Marie, qui fut un lieu de pèlerinage pour les chrétiens et les musulmans. Le musée de Mossoul, ainsi qu’une demeure patricienne, «la maison Toutouni», renaissent peu à peu de leurs cendres grâce au soutien de la fondation suisse.

Un membre des forces irakiennes inspecte les dégâts à l'intérieur du musée détruit de Mossoul le 2 avril 2017 après l'avoir repris aux combattants du groupe État islamique (EI). AHMAD GHARABLI / AFP
Un membre des forces irakiennes inspecte les dégâts à l'intérieur du musée détruit de Mossoul le 2 avril 2017 après l'avoir repris aux combattants du groupe État islamique (EI). AHMAD GHARABLI / AFP

Aliph a également décidé d’intervenir afin de réhabiliter le monastère syriaque catholique Mar Behnam à Khidr, à 35 kilomètres au sud-est de Mossoul, près de Karakosh. Ce lieu de pèlerinage pour les chrétiens, les musulmans sunnites et les Yézidis est l’un des plus vieux monastères du Moyen-Orient. Plusieurs temples yézidis, dans la plaine de Sinjar, figurent également parmi les projets de réhabilitation.

«L’objectif d’Aliph, à travers son action, est de mettre en valeur la diversité culturelle et religieuse de la ville de Mossoul et de la plaine de Ninive. Ces lieux sont riches en histoire religieuse», explique à Arab News en français Valéry Freland, directeur exécutif d’Aliph. «Derrière les pierres, il y a des hommes et des femmes. Cependant, il ne faut pas négliger la nécessité de rebâtir», ajoute-t-il.

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Une vue des destructions dans la vieille ville de Mossoul, dans la province septentrionale de Ninive, lors d'une visite du président français, le 29 août 2021. Ludovic MARIN / AFP

En effet, les réhabilitations de ces sites religieux qui font partie du riche patrimoine de la région vont permettre à moyen et à long termes à ses habitants de revenir dans leur maison et d’y vivre dignement. «À partir du moment où l’on reconstruit ces bâtiments historiques, il est évident que la vie pourra reprendre autour du lieu, ce qui entraînera un retour de l’économie locale», affirme ainsi Bariza Khiari, ancienne vice-présidente du Sénat français et vice-présidente d’Aliph. Déjà, au monastère Mar Behnam, les baptêmes chrétiens ont recommencé; les pèlerinages musulmans et yézidis ont également repris.

Pour souligner rôle humain joué dans cette initiative, le musée de Mossoul prévoit d’organiser un dialogue avec la population de Mossoul et ses représentants. «Le recrutement d’acteurs locaux pour travailler [sur ces réhabilitations] est d’ailleurs l’une des conditions. Sur place, chaque projet crée des emplois. L’objectif pour nous est que chacun de ces projets soit l’occasion d’un travail avec la communauté, sans sous-estimer les difficultés», confie M. Freland.

C’est le cas, par exemple, de la mosquée Al-Raabiya, créée par une femme: l’objectif est d’en faire un lieu de professionnalisation et d’inclusion des femmes, avec notamment la production de carreaux de faïence qui sont par ailleurs nécessaires à la restauration de la mosquée.

Sur un autre plan, le processus de restauration du mausolée de Mar Behnam, à Khidr, qui a eu lieu entre 2018 et 2020, s’est présenté sous la forme d’un processus de travail en commun entre plusieurs communautés. Les différents acteurs locaux, religieux et politiques se sont réjouis du travail accompli. C’est cette coopération réussie entre tous ceux qui ont travaillé sur le projet qui est intéressante, qu’il s’agisse de l’architecte, un Français, de l’archéologue, un Irakien, mais aussi de l’ensemble des ouvriers chrétiens et sunnites qui ont travaillé de concert. Les habitants de Khidr ont même apporté d’anciennes briques de leur maison pour aider à la reconstruction du mausolée.

Malgré ces avancées positives, des obstacles persistent. Plusieurs difficultés sécuritaires ont retardé la reconstruction, car Mossoul reste une zone instable. Aux mois de janvier et de février 2020, une recrudescence des tensions a rendu délicat l’accès à Mossoul.

En outre, les opérations de déminage des sites détruits ont ralenti les travaux dans les églises et les mosquées de Mossoul. Il s’agit d’un travail dangereux et minutieux et il importe de le réaliser avec beaucoup de précision afin de ne pas mettre en danger la vie des ouvriers et des ingénieurs sur place. Ce processus est toujours en cours.

Enfin, la crise du coronavirus a rendu ardu le fait de voyager en Irak pendant un certain temps. Pour pallier cette autre difficulté, le Louvre a mis en place un système de formation à distance du personnel du musée de Mossoul pour qu’il puisse commencer la restauration des artéfacts détruits par Daech durant la guerre.

À Mossoul, malheureusement, beaucoup de chrétiens ont quitté la ville. La vieille ville a tellement souffert des destructions qu’il reste peu d’habitants sur place. C’est donc un travail de très longue haleine.

«On a trouvé des gens très coopératifs, prêts à saisir la main de ceux qui veulent les aider, que ce soit au niveau de la population ou des autorités locales. Les Irakiens ont vraiment hâte de reconstruire leur pays», conclut Bariza Khiari.


L’ambassade d’Iran rouvre ses portes en Arabie saoudite

Des personnes se tiennent devant l’ambassade d'Iran à Riyad, en Arabie saoudite. (Photo, Reuters)
Des personnes se tiennent devant l’ambassade d'Iran à Riyad, en Arabie saoudite. (Photo, Reuters)
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  • Al Arabiya a rapporté que l’ambassade iranienne dans le Royaume avait rouvert ses portes mardi
  • Les deux pays ont accepté de rétablir leurs relations diplomatiques dans le cadre d’un accord conclu en mars sous l’égide de la Chine

RIYAD: L’ambassade d’Iran, située dans la capitale saoudienne Riyad, a rouvert ses portes, a rapporté Al Arabiya mardi.

Les deux pays ont accepté de rétablir leurs relations diplomatiques dans le cadre d’un accord conclu en mars sous l’égide de la Chine.

«L’ambassade d’Iran à Riyad, notre consulat général à Djeddah et notre bureau auprès de l’Organisation de la coopération islamique seront officiellement rouverts mardi et mercredi», avait annoncé lundi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Nasser Kanaani.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le ministère saoudien de la Santé forme des bénévoles au service des pèlerins âgés à Médine

Des pèlerins indonésiens à la mosquée du prophète à Médine. (@wmngovsa)
Des pèlerins indonésiens à la mosquée du prophète à Médine. (@wmngovsa)
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  • Les bénévoles ont été formés pour communiquer avec des pèlerins issus d’autres cultures et parlant d’autres langues
  • Ils sensibilisent également les pèlerins aux questions de santé afin qu’ils puissent accomplir leurs rituels en toute sécurité et de manière efficace

RIYAD: La branche du ministère de la Santé à Médine a lancé un programme géré par des bénévoles pour fournir des services de santé, d’éducation et d’ambulance aux pèlerins âgés et aux résidents de la ville sainte.

Le ministère a précisé que 121 bénévoles s’étaient inscrits au programme et fournissaient leurs services dans des centres situés à proximité des sites islamiques de Médine fréquentés par les pèlerins, notamment la mosquée du Prophète, la mosquée de Qouba, la mosquée Al-Qiblatain, la mosquée Miqat et la mosquée Sayed al-Shouhada.

Les bénévoles ont été formés pour communiquer avec des pèlerins issus d’autres cultures et parlant d’autres langues.

Ils sensibilisent également les pèlerins aux questions de santé afin qu’ils puissent accomplir leurs rituels en toute sécurité et de manière efficace. Le programme se poursuivra jusqu’à la fin de la saison du Hajj de cette année.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Yémen: des enquêteurs blanchissent l’alliance militaire dirigée par l’Arabie saoudite de violations des droits de l’homme

La Jiat a mené une enquête sur quatre allégations de mauvaise conduite opérationnelle formulées contre l’alliance militaire. (Photo, AFP)
La Jiat a mené une enquête sur quatre allégations de mauvaise conduite opérationnelle formulées contre l’alliance militaire. (Photo, AFP)
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  • La Jiat a mené une enquête sur quatre allégations de mauvaise conduite opérationnelle formulées contre l’alliance militaire dirigée par le Royaume au Yémen
  • Les enquêteurs ont rejeté les affirmations des organisations humanitaires et des médias selon lesquelles la coalition avait lancé des frappes aériennes dans les lieux mentionnés

RIYAD: Des enquêteurs ont blanchi l’alliance militaire dirigée par l’Arabie saoudite de violations présumées des droits de l’homme au Yémen.

Lundi, la Joint Incident Assessment Team (Jiat) a déclaré qu’elle avait rejeté les affirmations des organisations humanitaires et des médias selon lesquelles la coalition avait lancé des frappes aériennes, dont une sur l’aéroport de Sanaa en 2020.

La Jiat a mené une enquête sur quatre allégations de mauvaise conduite opérationnelle formulées contre l’alliance.

Le 8 décembre 2020, l’ONG médicale humanitaire Médecins sans frontières avait signalé à la coalition ce qu’elle avait décrit comme une «mission aérienne» contre l’aéroport de Sanaa. Cependant, selon le porte-parole de l’équipe, Mansour al-Mansour, une enquête a conclu que la cible militaire la plus proche de la coalition à cette date se trouvait dans le gouvernorat d’Amran, à 22 km de l’aéroport.

Une autre allégation, formulée par le Groupe d’experts éminents (GEE) sur le Yémen en janvier 2020, concernait une frappe aérienne présumée contre un camion-citerne à eau dans le district d’As-Sawadiya, dans le gouvernorat d’Al-Bayda, en avril 2019. M. Al-Mansour a rappelé que ce jour-là, les forces de la coalition les plus proches se trouvaient à 158 km de la région, dans le gouvernorat de Sanaa.

La Jiat a également exonéré la coalition d’une violation présumée des droits de l’homme dans un centre de détention de la ville de Saada, dans le nord-ouest du Yémen, signalée par le porte-parole du secrétaire général de l’ONU en janvier 2022. L’équipe a établi que le site visé était la Sécurité centrale située à Saada, à environ 2 400 m au sud de l’aéroport de Saada.

Par ailleurs, l’ONG Physicians for Human Rights a accusé les forces de la coalition d’avoir mené une frappe aérienne contre l’hôpital Al-Karama à Taïz en mars 2020, causant des dommages considérables au bâtiment ainsi que la mort d’un civil.

Les spécialistes de la Jiat ont découvert que l’hôpital figurait sur une liste de sites interdits aux forces de la coalition et qu’aucune mission aérienne n’avait eu lieu dans le gouvernorat de Taïz à cette date. M. Al-Mansour a indiqué que les enquêtes de l’équipe montraient que «les procédures étaient sûres et respectaient les règles du droit humanitaire international».

Il a ajouté que les responsables de la Jiat avaient rencontré le personnel militaire et les personnes concernées au Yémen ainsi que des unités sur le terrain, tenant compte des règles et des valeurs du droit international humanitaire pour parvenir à leurs conclusions.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com