Le centre de formation «féministe» de Tariq Ramadan: une provocation?

L’écrivain controversé Tariq Ramadan (Photo, Thomas SAMSON/AFP).
L’écrivain controversé Tariq Ramadan (Photo, Thomas SAMSON/AFP).
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Publié le Jeudi 10 septembre 2020

Le centre de formation «féministe» de Tariq Ramadan: une provocation?

  • Le calendrier de cette annonce ne semble pas anodin
  • Le nouveau projet de Tariq Ramadan semble faire partie de sa stratégie défensive et « légitimiste »

PARIS : Tariq Ramadan a annoncé sur sa page Facebook, le 25 août dernier, la création en octobre d'un centre de recherche et de formation baptisé « Chifa ».

L’objectif de ce centre est de proposer des cours portant sur des thèmes variés comme la religion, l'humanisme, le colonialisme, le droit, mais aussi l'éthique et le féminisme, dans le cadre d'un cycle de trois ans, en présentiel ou en ligne.

Dans le résumé de la présentation figure une explication du mot « chifa », présenté comme une notion « holistique » : chaque lettre de ce terme est ainsi explicitée. Par exemple, la lettre H « représente l’idée centrale de “l’humanisme” qui exprime l’idée non seulement de penser à la place importante de l’humain dans l’ordre de la création, mais également à une façon de réfléchir à sa dignité et au comportement que cela exige : s’intéresser à l’être humain, à l’égalité de tous les êtres, en dignité et en droit. »

L'initiative de Tariq Ramadan se veut aussi sociale et sociétale : « Pour compléter cet engagement éducatif, nous avons également créé, au sein de l’association Chifa, une structure engagée dans le travail social concret et quotidien : Chifa-solidarité. Il s’agira de se concentrer sur la réalité carcérale, l’accompagnement des migrants et l’encouragement à l’éducation partout dans le monde. Il s’agira autant de rassembler des témoignages que de collecter des fonds pour soutenir les migrants ou pour fournir du matériel scolaire. Un pourcentage (15 %) des frais d’inscription de nos étudiants sera directement affecté à ce fonds de solidarité. »

Contre-offensive juridique

Le calendrier de cette annonce ne semble pas anodin. Le 13 février dernier, l'islamologue Tariq Ramadan a été mis en examen pour le viol de deux femmes. Dans un article du 21 août, le journal Le Parisien a indiqué que Ramadan avait lancé récemment une contre-offensive juridique par le biais d'une nouvelle équipe d'avocats. La nouvelle stratégie, selon Le Parisien, vise à remettre en cause la crédibilité des plaignantes.

À l'annonce de la création de Chifa, une partie de la presse française a soulevé le paradoxe d'un homme mis en examen pour viols et qui a pourtant le projet de diriger un centre de formation traitant de questions relatives au féminisme et à l'éthique. Le magazine Marianne a été très critique envers Ramadan. « Être prédicateur, prôner une vertu ultraconservatrice tout en étant mis en examen pour viols et créer une académie du progressisme, c'est possible. »

Tariq Ramadan se nourrit de ces critiques pour mettre en lumière ce qui, selon lui, est un acharnement contre sa personne. « Comment savoir si vous êtes sur la bonne voie ? Il y a de multiples façons d'évaluer la justesse de son combat. Il en existe deux qui sont immédiatement évidentes : 1. Quand votre intention, votre vision, vos principes et vos objectifs sont sincères et clairs, alors il faut aller de l'avant. 2. Quand ceux qui alimentent la haine, le racisme, l'islamophobie et le mensonge médiatique se lèvent comme un seul homme pour vous critiquer, alors vous savez que votre combat est juste. Observer aujourd'hui que Valeurs actuelles, la Ligue de défense juive, BFMTV réagissent de concert pour critiquer la création de Chifa suffit à nous convaincre que nous sommes sur la bonne voie », plaide-t-il sur sa page Facebook.

Stratégie défensive

Le nouveau projet de Tariq Ramadan semble ainsi faire partie de sa stratégie défensive et « légitimiste ». Les grands journaux nationaux comme Le Monde et Libération n'ont toutefois pas évoqué l'annonce du 25 août.

Le « combat » de Tariq Ramadan a été financé par le Qatar pendant des années. Selon une note du Tracfin, service de renseignement français placé sous l'autorité du ministère de l'Action et des Comptes publics, Tariq Ramadan aurait perçu de la part de la Qatar Foundation plus de 35 000 euros par mois. Sa relation privilégiée avec le Qatar, qui a connu son apogée avec le financement de la chaire d'études islamiques contemporaines à la Faculté des études orientales de l'université d'Oxford, semble avoir perdu de sa vigueur en raison des accusations de viols dont il fait l’objet.

Certains analystes parlent même de « disgrâce », avec pour point d'orgue le remplacement de Tariq Ramadan à la tête du Centre de recherche sur la législation islamique et l'éthique, situé à Doha. Toutefois, on ne dispose pas de preuve indéniable de cette supposée rupture. L'annonce du 25 août ne précise pas les sources de financement du centre de formation Chifa. Il est possible qu’elles proviennent de Tariq Ramadan et de sa famille, ou encore de membres des Frères musulmans.


Attal ne souhaite pas de nouvelle dissolution si Bayrou tombe

 Gabriel Attal "fera tout pour que François Bayrou reste Premier ministre" et ne souhaite pas de nouvelle dissolution si celui-ci n'obtient pas la confiance de l'Assemblée le 8 septembre car "ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée". (AFP)
Gabriel Attal "fera tout pour que François Bayrou reste Premier ministre" et ne souhaite pas de nouvelle dissolution si celui-ci n'obtient pas la confiance de l'Assemblée le 8 septembre car "ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée". (AFP)
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  • "Je ferai tout pour aider le gouvernement à tenir et François Bayrou à rester Premier ministre", a déclaré mercredi le chef du groupe parlementaire Renaissance (macroniste) sur France inter
  • "Ce à quoi je suis prêt, c'est qu'on se mette autour d'une table avec les responsables politiques prêts à avancer. De toute façon, quel que soit le vote du 8 septembre, il faudra un budget pour le pays", a-t-il ajouté

PARIS: Gabriel Attal "fera tout pour que François Bayrou reste Premier ministre" et ne souhaite pas de nouvelle dissolution si celui-ci n'obtient pas la confiance de l'Assemblée le 8 septembre car "ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée".

"Je ferai tout pour aider le gouvernement à tenir et François Bayrou à rester Premier ministre", a déclaré mercredi le chef du groupe parlementaire Renaissance (macroniste) sur France inter.

"Ce à quoi je suis prêt, c'est qu'on se mette autour d'une table avec les responsables politiques prêts à avancer. De toute façon, quel que soit le vote du 8 septembre, il faudra un budget pour le pays", a-t-il ajouté.

Se disant hostile à la suppression des deux jours fériés sans compensation salariale, il n'a pas répondu s'il était prêt à faire une concession sur la taxation des plus fortunés à l'égard de la gauche.

"On proposera des alternatives. Mais pour ça, encore faut-il qu'il y ait un gouvernement", a-t-il éludé.

Si le gouvernement Bayrou chute, l'ancien Premier ministre "ne croit pas qu'une nouvelle dissolution apporterait de la stabilité".

"Si on se demande chaque année s'il faut que les Français revotent, c'est que le problème ne vient pas des Français, mais bien de l'Assemblée elle-même. Et ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée, c'est à l'Assemblée de régler ses propres problèmes", a-t-il estimé.

"Dans la quasi-totalité des pays européens qui nous entourent, ils ont une Assemblée avec des forces éclatées. Et pourtant ils arrivent à travailler ensemble et à trouver des solutions ", a-t-il fait valoir.


Vote de confiance: le RN veut une dissolution pour «donner une majorité au pays», affirme Chenu

Le vote de confiance convoqué le 8 septembre par François Bayrou sera son "ultime échec", a prédit mardi le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu, disant espérer une dissolution pour "donner une majorité au pays". (AFP)
Le vote de confiance convoqué le 8 septembre par François Bayrou sera son "ultime échec", a prédit mardi le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu, disant espérer une dissolution pour "donner une majorité au pays". (AFP)
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  • "S'il est un président responsable, il se tourne vers les Français, il dissout l'Assemblée et il leur dit 'donnez une majorité'", a estimé M. Chenu, soulignant que "les Français ont vu ce que ça donnait, un pays sans majorité"
  • Un argument-clé pour le RN, qui "fera campagne (...) pour gouverner le pays non seulement sur un programme, mais sur l'idée de donner une majorité à ce pays", a assuré le vice-président du parti d'extrême droite

PARIS: Le vote de confiance convoqué le 8 septembre par François Bayrou sera son "ultime échec", a prédit mardi le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu, disant espérer une dissolution pour "donner une majorité au pays".

"François Bayrou tente une ultime manoeuvre, il rencontrera un ultime échec", a déclaré sur Cnews et Europe 1 le député du Nord, anticipant déjà l'étape d'après et une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron.

"S'il est un président responsable, il se tourne vers les Français, il dissout l'Assemblée et il leur dit 'donnez une majorité'", a estimé M. Chenu, soulignant que "les Français ont vu ce que ça donnait, un pays sans majorité".

Un argument-clé pour le RN, qui "fera campagne (...) pour gouverner le pays non seulement sur un programme, mais sur l'idée de donner une majorité à ce pays", a assuré le vice-président du parti d'extrême droite.

Discours également relayé par son porte-parole Thomas Ménagé, député du Loiret, qui a expliqué sur RMC que "la seule solution dans la Ve République (...) c'est de demander aux Français de s'exprimer à nouveau pour dégager une majorité claire et que la France ne soit pas à l'arrêt".

Pour autant, M. Chenu a balayé tout risque de crise économique lié à l'instabilité politique: "On nous fait le coup à chaque fois. A chaque élection ou à chaque menace de censure, on nous dit attention, tout va s'arrêter, le pays va s'écrouler (...) La France tiendra. Ce n'est pas parce qu'on va changer de Premier ministre, ou qu'on aura une nouvelle majorité, que la France va s'écrouler".


Bayrou en mission impossible face à une chute plus probable que jamais

France's Prime Minister Francois Bayrou speaks during a press conference in Paris on August 25, 2025.
France's Prime Minister Francois Bayrou speaks during a press conference in Paris on August 25, 2025.
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  • François Bayrou demandera la confiance de l’Assemblée le 8 septembre, dans une tentative désespérée de sauver son gouvernement, fragilisé par le rejet de son plan d’économies
  • Une coalition d’oppositions – de l'extrême gauche à l'extrême droite – annonce déjà son vote contre, tandis que les syndicats prévoient des mobilisations pour le 10 septembre

PARIS: François Bayrou entame mardi devant la CFDT une opération de la dernière chance pour tenter d'arracher la survie de son gouvernement, plus que jamais menacé d'être renversé par les oppositions lors du vote de confiance du 8 septembre qui inaugure une nouvelle période d'incertitudes.

Confronté au rejet de son plan d'économies budgétaires de près de 44 milliards d'euros d'économies, par les opposants comme dans l'opinion, ainsi qu'à des appels à bloquer le pays le 10 septembre, le Premier ministre a brandi un va-tout lundi pour sa rentrée.

A sa demande, Emmanuel Macron va ainsi convoquer une session parlementaire extraordinaire le 8 septembre, et M. Bayrou sollicitera le jour-même la confiance de l'Assemblée sur une déclaration de politique générale. Son espoir: faire valider la nécessité d'un tel plan de réduction du déficit public, avant d'en négocier les mesures, dans un second temps.

Mais les réactions des oppositions ont été immédiates et ne semblent laisser quasiment aucune chance de réussite au gouvernement, privé de majorité depuis sa naissance en décembre.

Du Rassemblement national à La France insoumise en passant par les Ecologistes et les communistes, tous ont promis de voter contre la confiance.

Matignon espérait peut-être trouver un compromis avec le Parti socialiste. Mais "les socialistes voteront contre la confiance" à François Bayrou, a tranché leur patron Olivier Faure.

Sauf revirement, coup de théâtre ou tractations positives d'ici là, ces oppositions conjuguées disent que la France sera virtuellement sans gouvernement dans deux semaines. Un nouveau rebondissement dans l'instabilité politique provoquée par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, qui risque en outre d'ouvrir une phase de turbulences financières.

Fébrilité

Signe de fébrilité: la Bourse de Paris a nettement reculé lundi et le taux d'intérêt de la dette française a grimpé, dans la foulée de l'annonce surprise de François Bayrou.

A l'extrême droite, Marine Le Pen a réitéré son souhait d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée. Un scénario qu'Emmanuel Macron a plusieurs fois assuré vouloir éviter.

A gauche, la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier a estimé que l'initiative du Premier ministre était "de fait une démission". Il a "fait le choix de partir", c'est une "autodissolution", a abondé Olivier Faure.

PS, Ecologistes et le reste de la gauche unioniste, qui promettent une candidature commune pour 2027 (sans Mélenchon ni Glucksmann à ce stade) se disent" prêts" à prendre la suite du gouvernement Bayrou.

Après deux premières conférences de presse et une série estivale de vidéos Youtube, François Bayrou se retrouve confronté aux vives réactions aux mesures envisagées pour réduire le déficit public, en particulier son projet de suppression de deux jours fériés.

Un débat "dévoyé" selon le chef du gouvernement, qui, avant de débattre de ces dispositions dans le détail, entend solliciter la confiance sur le diagnostic: "Y a-t-il ou pas urgence nationale à rééquilibrer nos comptes publics et à échapper, parce que c'est encore possible, à la malédiction du surendettement?", a-t-il posé lundi.

La date retenue, le 8 septembre, précède de deux jours l'appel, lancé sur les réseaux sociaux et les messageries, à bloquer la France. Un appel soutenu par la gauche, de LFI au PS.

Les syndicats rejettent aussi les mesures du plan gouvernemental, qui comprennent aussi une année blanche fiscale et le gel des prestations sociales. Ils s'opposent également au projet d'une nouvelle réforme de l'assurance-chômage, et ont reçu très frileusement la proposition de la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet de permettre la monétisation de la cinquième semaine de congés payés.

Si elles demeurent circonspectes face aux appels du 10 septembre, les organisations syndicales réfléchissent aux modes d'actions, avant une intersyndicale prévue dès ce vendredi. Certaines fédérations de la CGT et de Solidaires ont déjà prévu de se mobiliser le 10 septembre.

C'est dans ce contexte que François Bayrou interviendra mardi lors de l'évènement de rentrée de la CFDT, initialement prévu à la Bourse du Travail à Paris et finalement déplacé à Boissy-la-Rivière (Essonne).

Le Premier ministre a fait du dialogue social un mantra de son bail à Matignon. Mais le "conclave" convoqué pour revisiter la réforme des retraites de 2023 s'est achevé sur un échec.

M. Bayrou doit ensuite s'exprimer jeudi lors de l'évènement de rentrée du Medef. Il est attendu vendredi à la Foire de Châlons.