Interrogations sur les critères d'évacuation des Afghans par la France

Des Afghans patientent à l’aéroport de Kaboul en espérant d’être évacués du pays, le 16 août (Photo, AFP).
Des Afghans patientent à l’aéroport de Kaboul en espérant d’être évacués du pays, le 16 août (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 04 septembre 2021

Interrogations sur les critères d'évacuation des Afghans par la France

  • La France a évacué plus de 2.600 Afghans, menacés par les talibans pour avoir travaillé pour elle ou pour avoir défendu les droits humains dans leurs pays
  • Aujourd'hui, les «oubliés» de la France vivent pour la plupart terrés chez eux face aux possibles représailles des talibans

PARIS: Entre désarroi et incompréhension, humanitaires et coopérants s'interrogent sur les critères qui ont prévalu pour l'évacuation d'Afghans vers la France après la chute de Kaboul aux mains des talibans, certains dénonçant même un "abandon" de leurs collègues. 

Dès la prise de Kaboul à la mi-août, l'ONG Afghanistan Libre, qui oeuvre pour l'éducation des filles, a alerté le centre de crise du Quai d'Orsay sur la menace pesant sur ses collaborateurs. 

"On a envoyé par email une première liste de 23 personnes de notre +staff+ et leurs familles à évacuer en priorité", raconte Louise Clément, directrice de l'organisation, à l'AFP.

"Je n'ai jamais eu de retour, ne serait-ce que pour accuser réception du email", dit-elle, ajoutant avoir aussi en vain tenté de joindre le centre de crise par téléphone pendant cinq jours.

"Franchement on est dans l'incompréhension (...) C'est juste insupportable de ne pas avoir de réponse", poursuit-elle, précisant ne pas avoir été contactée non plus depuis et n'avoir pu évacuer aucun de ses collaborateurs. 

La France a évacué plus de 2.600 Afghans, menacés par les talibans pour avoir travaillé pour elle ou pour avoir défendu les droits humains dans leurs pays.  

Afghanistan Libre était pourtant en première ligne sur un sujet aussi sensible que les droits des femmes. Un de ses directeurs d'école a été enlevé le 10 août dans la province de Paghman, près de Kaboul.

"Il a été torturé pendant deux jours, ils l'ont interrogé sur tous les projets de l'ONG et lui ont dit de faire passer le message qu'elle était identifiée, anti-islam, espionne de la France", déclare Louise Clément.

"Pas d'espoir pour nous"

Dans une lettre ouverte à l'ambassadeur de France en Afghanistan David Martinon, un groupe d'anciens expatriés de la coopération française déplore aussi que leurs collègues afghans employés avant 2018 n'aient pas été retenus. 

Au printemps, craignant l'avancée menaçante des talibans, ces ex-employés avaient déjà contacté l'ambassade de France pour solliciter des visas, mais disent avoir reçu une fin de non recevoir, car n'ayant pas travaillé pour la France "en 2018 et après". 

"Ce critère semblait arbitraire avant la prise de Kaboul (le 15 août). Après cela, il est devenu incompréhensible et discriminant, signifiant leur abandon", dénoncent les signataires de la lettre.

"Aucun de nos collègues n'a jamais été contacté. Aucune réponse n'a été apportée à nos sollicitations par les autorités responsables", poursuivent-ils.

L'AFP a pu parler à plusieurs de ces anciens employés: tous ont travaillé entre quatre et 13 ans pour des projets français, comme chauffeur, informaticien, enseignant. Parmi eux, certains sont issus de la minorité hazara, qui était persécutée par les talibans.

Aujourd'hui, les "oubliés" de la France vivent pour la plupart terrés chez eux face aux possibles représailles des talibans.

"Malheureusement, rien n'a changé pour nous depuis deux semaines, il n'y a pas d'espoir pour nous...", lâche Ahmad (prénom modifié), 34 ans, joint il y a deux semaines à Kaboul et recontacté vendredi par l'AFP. 

Cet enseignant hazara, employé sur un projet de l'ambassade lié à l'éducation de 2011 à 2015, n'a presque plus d'argent chez lui et peur de sortir, "comme beaucoup de gens qui ont travaillé pour des pays étrangers". 

"Course au réseautage"

"Le gouvernement français a évacué 3.000 Afghans, des artistes, des photographes, etc...; j'ai travaillé pour la France pendant plusieurs années et je pensais qu'il me protégerait aussi ainsi que ma famille...", lâche-t-il.

Dans une tribune parue dans Le Monde, un collectif de responsables humanitaires, chercheurs et journalistes déplore pour sa part un "profond manque de lisibilité dans les critères de constitution des listes d'évacuation".

"Ce sont les Afghans les mieux connectés qui ont pu obtenir leur laissez-passer", pointent-ils, déplorant une "véritable course au réseautage".

"L'accès promis à l'aéroport n'a été possible que pour ceux qui en avaient les ressources (...) Il fallait parler anglais, avoir un passeport, parfois même de l'argent pour payer les talibans, et des contacts à l'étranger", soulignent-ils.

Le ministère français des Affaires étrangères, interrogé par l'AFP, a assuré vendredi avoir enregistré "la totalité des signalements" qui lui avaient été transmis.

"Les évacuations d'urgence ont été dépendantes de critères très opérationnels liés en particulier aux difficultés extrêmes d'accès à l'aéroport de Kaboul" durant le pont aérien, a souligné le Quai d'Orsay.

Le "degré d'imminence du risque" pour les personnes en danger a bien été pris en compte, selon le Quai, mais sans pouvoir toujours garantir leur évacuation "dans l'urgence et le chaos physique aux portes".

La priorité est désormais à la réouverture de l'aéroport de Kaboul, fermé depuis le retrait des Américains d'Afghanistan le 31 août, et à la mise en place d'opérations humanitaires pour aider les milliers d'Afghans qui souhaitent encore partir.

Dans cette perspective, "les critères de constitution des listes doivent être clarifiés et les catégories éligibles élargies", insiste le collectif dans Le Monde.


Le président syrien Ahmad al-Chareh arrive aux Etats-Unis

La visite du président Ahmed Al-Sharaa aux États-Unis est la première d'un président syrien depuis l'indépendance du pays en 1946, selon les analystes. (AP)
La visite du président Ahmed Al-Sharaa aux États-Unis est la première d'un président syrien depuis l'indépendance du pays en 1946, selon les analystes. (AP)
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  • Le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh a entamé une visite historique aux États-Unis après la levée des sanctions marquant un tournant diplomatique majeur
  • Cette visite, centrée sur la coopération antiterroriste, l’intégration à la coalition internationale et la reconstruction de la Syrie, symbolise la reconnaissance internationale du nouveau régime post-Assad et son rapprochement avec Washington

WASHINGTON: Le président intérimaire syrien, Ahmad al-Chareh, est arrivé aux Etats-Unis samedi pour une visite officielle inédite, a rapporté l'agence de presse officielle de son pays, au lendemain de son retrait de la liste noire américaine du terrorisme.

Le chef d'Etat par intérim, dont les forces rebelles ont renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en fin d'année dernière, doit rencontrer lundi le président américain, Donald Trump.

Il s'agit de la première visite bilatérale d'un chef d'Etat syrien aux Etats-Unis depuis l'indépendance du pays en 1946.

A son arrivée, M. Chareh a échangé des passes de basketball avec le commandant des forces américaines aux Moyen-Orient, Brad Cooper, ainsi qu'avec le chef de la coalition internationale anti-jihadistes, Kevin Lambert, selon des images qu'il a postées sur les réseaux sociaux.

Lors de cette visite, Damas devrait signer un accord pour rejoindre cette coalition menée par les Etats-Unis, selon l'émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack.

Le groupe jihadiste Etat Islamique (EI) avait été défait militairement en 2019 en Syrie par la coalition et les Forces démocratiques syriennes (FDS), conduites par les Kurdes, qui négocient actuellement leur intégration dans l'armée syrienne.

Les Etats-Unis prévoient pour leur part d'établir une base militaire près de Damas, a indiqué à l'AFP une source diplomatique en Syrie.

La Syrie, sortie de plus de 13 ans de guerre civile, cherche aussi à garantir des fonds pour sa reconstruction, un chantier dont le coût pourrait dépasser les 216 milliards de dollars (187 milliards d'euros), selon la Banque mondiale.

Jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a levé les sanctions contre M. Chareh, qui jusqu'à présent avait besoin d'une exemption des Nations unies pour chaque déplacement international.

La résolution préparée par les Etats-Unis salue l'engagement des nouvelles autorités de M. Chareh, qui il y a encore un an dirigeait le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, à "lutter contre le terrorisme".

Le ministère syrien de l'Intérieur a annoncé samedi avoir mené 61 raids et procédé à 71 arrestations dans une "campagne proactive pour neutraliser la menace que représente l'EI", selon l'agence officielle Sana.

Ces raids ont eu lieu notamment dans les secteurs d'Alep, d'Idlib, de Hama, de Homs, de Deir ez-Zor, de Raqqa et de Damas, où demeurent des cellules dormantes de l'organisation, a-t-il été précisé.

C'est au titre de chef de HTS, qui à la tête d'une coalition islamiste a renversé Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, que M. Chareh était inscrit depuis 2013 sur la liste des sanctions de l'ONU.

- Bouleversement -

Mais dès sa prise du pouvoir, il a clairement rompu avec son passé jihadiste, multipliant les ouvertures vers l'Occident et les pays de la région, notamment les riches monarchies arabes. Il a aussi engagé des négociations avec Israël, pays avec lequel la Syrie est théoriquement en état de guerre.

Donald Trump avait déjà rencontré le dirigeant syrien lors d'un voyage dans le Golfe en mai et avait annoncé la levée des sanctions américaines contre la Syrie.

Les deux hommes vont également évoquer les négociations directes entamées par les autorités syriennes avec Israël.

M. Trump avait pressé en mai le dirigeant syrien de rejoindre les accords d'Abraham, qui ont acté en 2020 la reconnaissance d'Israël par plusieurs pays arabes.

Aux yeux de Michael Hanna, analyste de Crisis Group, "le président Trump a bouleversé de manière inattendue la politique de longue date des États-Unis concernant la Syrie en mai et a continué à soutenir le nouveau gouvernement à Damas, malgré des épisodes d'instabilité et de violence sectaire qui ont entamé la confiance envers les nouveaux dirigeants du pays".

La visite prévue à la Maison-Blanche de M. Chareh est "un témoignage supplémentaire de l'engagement des Etats-Unis envers la nouvelle Syrie et un moment hautement symbolique pour le nouveau dirigeant du pays, marquant ainsi une nouvelle étape dans sa transformation étonnante de chef militant en homme d’Etat mondial", ajoute l'analyste.


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.