Lesbos: cinq ans après, le débat sur l'accueil des migrants ressurgit en Allemagne

Dans les villes comme Berlin ou Hambourg, des banderoles fleurissent aux fenêtres depuis le printemps: "Evacuer Moria" ou "#LeaveNoOneBehind" ("ne laisser personne derrière"). (Photo AFP).
Dans les villes comme Berlin ou Hambourg, des banderoles fleurissent aux fenêtres depuis le printemps: "Evacuer Moria" ou "#LeaveNoOneBehind" ("ne laisser personne derrière"). (Photo AFP).
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Publié le Jeudi 10 septembre 2020

Lesbos: cinq ans après, le débat sur l'accueil des migrants ressurgit en Allemagne

  • Des villes et régions allemandes réclament de nouveau avec insistance de prendre en charge des migrants après l'incendie du camp grec de Moria
  • La Rhénanie du Nord-Westphalie, la région la plus peuplée d'Allemagne, s'est dite prête à prendre en charge jusqu'à un millier de migrants coincés à Moria

BERLIN : Cinq ans tout juste après avoir accueilli dans la douleur des centaines de milliers de réfugiés, des villes et régions allemandes réclament de nouveau avec insistance de prendre en charge des migrants après l'incendie du camp grec de Moria.

Ces appels, qui fait ressurgir le débat ayant agité le pays à l'époque, proviennent de la gauche, des Verts mais aussi de certains responsables conservateurs après le feu qui a ravagé le camp insalubre où s'entassent plus de 12.000 personnes sur l'île grecque de Lesbos.

Cette "catastrophe humanitaire", selon le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, occupait la une de tous les grands titres de la presse jeudi. 

Des manifestations dans tous le pays, en particulier à Berlin, ont également rassemblé plusieurs milliers de personnes mercredi soir, assurant sur leurs banderoles: "Nous avons de la place!"

La Rhénanie du Nord-Westphalie, la région la plus peuplée d'Allemagne, s'est dite prête à prendre en charge jusqu'à un millier de migrants coincés à Moria

"Nous avons besoin de deux choses: une aide immédiate pour Moria et une aide européenne durable pour la prise en charge des enfants et des familles", a assuré le dirigeant de la région, Armin Laschet, successeur potentiel d'Angela Merkel l'an prochain et qui brigue la tête de leur parti conservateur en décembre.

Fait notable: Armin Laschet est un des rares responsables politiques à s'être rendu en août dans le camp qualifié de "honte pour l'Europe entière" par plusieurs ONG alors que son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) a mis la barre à droite sur les questions d'immigration depuis 2016.

D'autres Länder comme la Basse-Saxe ou la Thuringe lui ont emboîté le pas. 

Le gouvernement fédéral leur a toutefois opposé à ce jour une fin de non-recevoir en réaffirmant privilégier un compromis européen sur la répartition des migrants sur le continent.

"Bonne volonté"

"Les capacité d'accueil, la place existent, il y a la bonne volonté extrêmement grande de Länder et de communes", a insisté la co-présidente des Verts, Annalena Baerbock.

Depuis des mois, les maires de communes enjoignent au gouvernement d'Angela Merkel d'agir.

Dans les villes comme Berlin ou Hambourg, des banderoles fleurissent aux fenêtres depuis le printemps: "Evacuer Moria" ou "#LeaveNoOneBehind" ("ne laisser personne derrière").

Un collectif d'ONG a fait installer lundi 13.000 chaises devant le Reichstag, le bâtiment qui abrite la chambre des députés, pour réclamer l'évacuation des migrants de Lesbos.

Plus de 170 communes, de Hambourg à Cologne en passant par Munich, se sont également regroupées pour réclamer la prise en charge des personnes sauvées en mer Méditerranée.

Une décision qui contraste avec l'automne et l'hiver 2015 quand de nombreuses villes avaient été contraintes, faute de place, d'installer des réfugiés dans des casernes désaffectées, des gymnases et des containers. 

A l'époque, beaucoup avaient tiré la sonnette d'alarme, affirmant être débordés.

Lits vides

Mais cinq ans plus tard, des élus locaux assurent disposer de nombreuses lits vides dans des foyers de demandeurs d'asile.

"Notre ville a les capacités en terme de personnel et d'organisation", a ainsi réaffirmé le responsable des Affaires intérieure de la ville de Berlin, Andreas Geisel. 

La gestion de la "crise" par la capitale allemande avait pourtant été l'une des plus erratiques, avec des gens contrains d'attendre dehors des jours durant pour se faire enregistrer.

Cet été, Berlin a sans succès concrétisé sa proposition en voulant accueillir 300 réfugiés, tout comme la Thuringe.

"C'est pour moi incompréhensible que l'Etat fédéral ne permette pas aux communes qui y sont prêtes de fournir une aide rapide et solidaire", a déploré le maire de Berlin, Michael Müller.

La municipalité veut présenter un programme d'accueil devant les représentants des Etats régionaux au Bundesrat.

L'arrivée de centaines de milliers de réfugiés en 2015 avait dans un premier temps suscité un immense élan de solidarité parmi les Allemands. 

Mais le vent avait ensuite tourné, notamment à la lumière des agressions sexuelles du Nouvel An 2016 à Cologne attribuées à des migrants nord-africains, et de faits divers utilisés par l'extrême droite pour dénoncer la politique d'accueil. 

L'Allemagne compte actuellement quelque 1,8 million de personne ayant obtenu ou demandé le statut de réfugié, toutes nationalités confondues.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"