Les Palestiniens se réjouissent de l’évasion spectaculaire de la prison israélienne

Un soldat israélien monte la garde à un poste de contrôle dans la ville de Jénine, en Cisjordanie, après sa fermeture suite à l'évasion des six prisonniers palestiniens. (Photo, AFP)
Un soldat israélien monte la garde à un poste de contrôle dans la ville de Jénine, en Cisjordanie, après sa fermeture suite à l'évasion des six prisonniers palestiniens. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 07 septembre 2021

Les Palestiniens se réjouissent de l’évasion spectaculaire de la prison israélienne

  • Des observateurs ont décrit l'évasion des prisonniers «exactement semblable à ce qui se produit dans les films»
  • La joie a envahi les places publiques de la bande de Gaza, suite à ce que les Palestiniens ont décrit comme une «liberté arrachée»

GAZA-AMMAN : La joie a envahi les places publiques de la bande de Gaza, qui ont vu la distribution de douceurs et la célébration de ce que les gens ont décrit comme une "liberté arrachée" suite à l'évasion de six prisonniers d'une prison israélienne lourdement fortifiée.

Si les Palestiniens de Gaza sont descendus spontanément dans les rues, des rassemblements et la distribution de douceurs ont été organisés par le Jihad islamique, auquel appartiennent cinq des six prisonniers. Le sixième détenu appartient au Fatah.

Un membre du bureau politique du Jihad islamique, Walid Al-Qoutati, a déclaré que le processus d'évasion de Gilboa était très compliqué et qu'il fallait des experts pour expliquer le déroulement de l'opération.

"L'opération constituera une épopée et une légende dans l'histoire de la lutte nationale palestinienne", a-t-il ajouté.

Des célébrations ont eu lieu dans les rues, avec des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "La deuxième grande évasion des prisons de l'ennemi sioniste". D'autres portaient le nom des prisonniers qui avaient réussi à "arracher leur liberté".

La question des prisonniers est considérée comme l'une des plus complexes du conflit israélo-palestinien. Les estimations officielles indiquent que plus d'un million de Palestiniens ont été emprisonnés depuis juin 1967.

Environ 5000 Palestiniens croupissent toujours derrière les barreaux dans des conditions décrites par les organisations palestiniennes comme étant "inhumaines".

Des observateurs ont jugé que l'évasion des prisonniers était "exactement similaire à ce qui se passe dans les films", étant donné que Gilboa était qualifiée en Israël de "prison de haute sécurité" en raison de ses procédures rigoureuses visant à empêcher toute tentative d'évasion.

 Selon la Fondation Addameer pour les Soins aux Prisonniers et les Droits de l'Homme, Gilboa se trouve dans la région de Beït Shéan, dans le nord d'Israël. Elle a été créée sous la supervision d'experts irlandais et a été inaugurée en 2004.

Pour la fondation, "La prison jouit d'un très haut niveau de sécurité, et est décrite comme la prison la plus surveillée où Israël détient des prisonniers palestiniens, les accusant d'être responsables de la réalisation d'opérations offensives visant des Israéliens."

L'expert militaire et ancien major général Wassef Erekat a confié à Arab News : "L'opération d'évasion représente une victoire pour la volonté palestinienne. Il s'agit plutôt d'un miracle qui s'ajoute aux exploits des détenus des prisons de l'occupation qui inventent des moyens de pénétrer le système de sécurité dont Israël se vante tant."

Erekat a déclaré que le succès des six prisonniers encouragerait d'autres détenus à réfléchir davantage à la possibilité de prendre leur liberté en main, compte tenu de l'intransigeance d'Israël en termes de libération, que ce soit par le biais de négociations politiques ou dans le cadre d'un accord d'échange.

L'écrivain Ahmed Abu Zuhri n'a pas exclu que les factions palestiniennes "surprennent l'occupation" avec des opérations similaires, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur des prisons.

"L'ennemi se rend compte qu'il y a six bombes à retardement en liberté, et les six prisonniers pourraient recourir à des opérations commando pour surprendre l'ennemi au lieu de disparaître, car ils réalisent qu'Israël ne cessera pas de les rechercher et de les liquider", a-t-il déclaré à Arab News.

Mahdi Abdulhadi, fondateur et président de la Palestinian Academic Society for the Study of International Affairs, basée à Jérusalem, a indiqué que les Palestiniens se rencontraient en tant que martyrs, prisonniers ou évadés.

"La résistance est le reflet d'un peuple qui veut une vie digne et ces six personnes ont montré ce qu'est la résistance nationale", a-t-il affirmé à Arab News. "Il y a une joie générale et un sentiment de la capacité des Palestiniens à défier leurs geôliers. Le moment est venu de vaincre la culture de la peur et de compter sur soi, alors qu'Israël tente de maintenir la politique du statu quo."

Un général de l'armée de l'air jordanienne à la retraite, Maamoun Abu Nawwar, a estimé que l'évasion a achevé l'action qui avait commencé avec la bataille de onze jours entre Israël et la bande de Gaza. "C'est un acte de résistance de la part d'un peuple qui s'oppose à l'injustice", a-t-il déclaré à Arab News.

L'ancien ministre du gouvernement palestinien Ziad Abu Zayyad a affirmé que l'évasion des prisonniers de guerre palestiniens devrait rappeler à tous que tant qu'il y aura des guerres et des conflits armés, il y aura des "combattants prisonniers" privés de leur liberté.

"Les guerres et l'occupation doivent prendre fin. Les prisonniers palestiniens ne seront jamais brisés tant que leur peuple n'aura pas concrétisé son droit à la paix, à la sécurité et à la liberté dans son État indépendant de Palestine."

Hazem Ayyad, un chroniqueur du quotidien Assabeel, a estimé que le succès des six détenus était une "victoire majeure" pour la résistance palestinienne et qu'il faisait voler en éclats le modèle de sécurité israélien "prétendument hermétique".

Selon M. Ayyad, l'évasion est survenue à un moment où l'Autorité palestinienne de Ramallah perdait de sa popularité et où le Hamas était impliqué dans des négociations d'échange de prisonniers. Le quotidien israélien Haaretz a souligné que l'évasion était un échec en matière de sécurité et de renseignement.

Adham Manasra, animateur à Raya FM à Ramallah, a quant à lui rapporté qu'un ancien détenu de Gilboa avait confié à l'émission de radio que les restrictions étaient extrêmement lourdes dans la prison. "L'interlocuteur a affirmé que s'échapper de Gilboa tenait du miracle".

L'ancien prisonnier avait confié que les détenus étaient contrôlés trois fois par jour et n'étaient même pas autorisés à emporter une cuillère en métal dans leur chambre.

Manasra a indiqué à Arab News que les gens étaient heureux, mais que certains craignaient que l'évasion ne conduise à une plus grande répression israélienne des prisonniers et à la punition collective des Palestiniens.

 


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne a frappé plus de 50 «cibles terroristes» au Liban au cours du dernier mois

Un homme prend des photos après des frappes israéliennes suite aux ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. (AFP)
Un homme prend des photos après des frappes israéliennes suite aux ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. (AFP)
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  • Dimanche, Israël a frappé le sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis l'entrée en vigueur du fragile cessez-le-feu du 27 novembre
  • Le Premier ministre israélien Netanyahu a promis d'empêcher le Hezbollah d'utiliser la banlieue sud de Beyrouth comme "refuge"

JERUSALEM : L'armée israélienne a déclaré lundi qu'elle avait frappé plus de 50 "cibles terroristes" au Liban au cours du mois dernier, malgré le cessez-le-feu de novembre qui a mis fin à la guerre entre Israël et les militants du Hezbollah.
Dimanche, Israël a frappé le sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis l'entrée en vigueur du fragile cessez-le-feu du 27 novembre, ce qui a incité le président libanais Joseph Aoun à demander à la France et aux États-Unis, qui en sont les garants, d'y mettre fin.
"Au cours du mois dernier, les forces de défense israéliennes ont frappé plus de 50 cibles terroristes au Liban. Ces frappes ont été menées à la suite de violations du cessez-le-feu et des accords entre Israël et le Liban, qui constituaient une menace pour l'État d'Israël et ses citoyens", a déclaré l'armée dans un communiqué.
Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que la frappe de dimanche visait un bâtiment utilisé par le Hezbollah pour stocker des "missiles guidés avec précision" et a promis d'empêcher le groupe militant soutenu par l'Iran d'utiliser la banlieue sud de Beyrouth comme "refuge".
Le chef du Hezbollah, Naim Qassem, a déclaré dans un discours lundi que l'attaque "n'a aucune justification" et l'a qualifiée d'"attaque politique visant à changer les règles par la force".
Israël a continué à mener des frappes régulières au Liban malgré la trêve, qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, lesquelles ont culminé avec une campagne de bombardements israéliens intensifs et une incursion terrestre.
En vertu de cet accord, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, et démanteler toute infrastructure militaire restante au sud.
Israël devait retirer toutes ses forces du Sud-Liban, mais des troupes restent sur cinq positions jugées "stratégiques".