Somalie: la disparition d'une agent des renseignements secoue les sommets de l'Etat

Un véhicule de police est vu à l'entrée de l'hôpital Medina à Mogadiscio, en Somalie, le 15 juin 2021. (Photo, AFP)
Un véhicule de police est vu à l'entrée de l'hôpital Medina à Mogadiscio, en Somalie, le 15 juin 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 07 septembre 2021

Somalie: la disparition d'une agent des renseignements secoue les sommets de l'Etat

  • Employée de 25 ans au service de cybersécurité de l'Agence nationale de renseignements et de sécurité (Nisa), Ikran Tahlil a été enlevée dans la capitale Mogadiscio le 26 juin
  • Après des semaines de silence, la Nisa a affirmé vendredi que, selon ses investigations, les ravisseurs d'Ikran Tahlil l'avaient remise aux djihadistes shebab qui l'ont exécutée

NAIROBI: La disparition fin juin d'Ikran Tahlil était passée inaperçue, mais le sort de cette agente des services de renseignements est aujourd'hui au coeur d'une nouvelle crise entre le président et le Premier ministre somaliens, qui menace le fragile équilibre politique et sécuritaire du pays.

Employée de 25 ans au service de cybersécurité de l'Agence nationale de renseignements et de sécurité (Nisa), Ikran Tahlil a été enlevée dans la capitale Mogadiscio le 26 juin. Depuis, sa famille n'a eu de cesse de demander des explications.

Après des semaines de silence, la Nisa a affirmé vendredi que, selon ses investigations, les ravisseurs d'Ikran Tahlil l'avaient remise aux djihadistes shebab qui l'ont exécutée. Ces derniers ont démenti toute implication. La famille de la jeune femme accuse la Nisa de l'avoir éliminée.

La raison de son enlèvement est source de spéculations.

Les affirmations de la Nisa ont déclenché une tempête sur les réseaux sociaux et l'affaire est devenue politique samedi, lorsque le Premier ministre Mohamed Roble a estimé que le rapport d'enquête de la Nisa n'était "pas convaincant et manqu(ait) de preuves".

Il a sommé le directeur de l'agence, Fahad Yasin, "de fournir un rapport complet dans les 48 heures".

Ce dernier, un intime du président Mohamed Abdullahi Mohamed dit "Farmajo" dont il a été le chef de cabinet avant d'être nommé à la Nisa, a alors publiquement demandé à s'expliquer devant le Comité de sécurité nationale, où siège notamment le chef de l'Etat.

Face à "cette défiance", le Premier ministre a annoncé la "suspension" de M. Yasin et nommé un chef par intérim.

Mais le cabinet du président a ensuite publié un communiqué annulant cette décision "illégale et inconstitutionnelle", indiquant que le rapport de Fahad Yasin était attendu devant le Comité de sécurité nationale.

Escalade 

Cette bataille de communiqués marque un nouvel épisode de l'escalade des derniers mois entre Farmajo et son Premier ministre, nommé en septembre 2020.

Leur dernière passe d'armes datait d'août, quand Mohamed Roble s'est rendu au Kenya voisin, en signe de dégel des relations diplomatiques entre les deux pays, malgré l'opposition du président.

"Il y a maintenant une rivalité ouverte entre Roble et Farmajo", estime Omar Mahmood, analyste au centre de réflexion International Crisis Group (ICG).

Jusqu'alors discret, M. Roble occupe le centre de la scène politique somalienne depuis que le chef de l'Etat l'a chargé en mai d'organiser les élections, après des semaines de tensions qui ont culminé en affrontements armés à Mogadiscio.

Président depuis 2017, Farmajo a vu son mandat expirer le 8 février sans avoir pu s'entendre avec les dirigeants régionaux sur l'organisation d'élections, déclenchant une grave crise constitutionnelle.

Mi-avril, la prolongation pour deux ans de son mandat a provoqué des affrontements à Mogadiscio, ravivant le souvenir des décennies de guerre civile qui ont ravagé le pays après 1991.

Mohamed Roble est parvenu fin juin à un accord sur un calendrier électoral, avec pour horizon une élection du président le 10 octobre.

Selon le complexe système électoral somalien, les assemblées des cinq Etats du pays et des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui à leur tour désignent le président.

Elections retardées 

Ce processus a déjà pris du retard. La désignation des membres de la Chambre basse, dernière étape avant l'élection du chef de l'Etat, doit désormais se tenir entre le 1er octobre et le 25 novembre.

"Ce conflit (entre Farmajo et Roble), s'il n'est pas résolu à l'amiable, compliquera tous les autres efforts politiques en cours, y compris le processus électoral, qui sera retardé voire complètement arrêté", redoute Abdikani Omar, ancien haut fonctionnaire.

Contrairement à Farmajo, Mohamed Roble n'a pas nécessairement d'ambition présidentielle, estime Omar Mahmood, pour qui le Premier ministre a d'abord réagi à la "pression" et au "tollé général" suscités par la disparition d'Ikran Tahlil.

Les affrontements d'avril ont rappelé les fragiles équilibres claniques et militaires sur lesquels repose le pouvoir fédéral.

"Si les deux parties s'entêtent, alors la possibilité que cette crise politique se transforme en crise sécuritaire est réelle", prévient Omar Mahmood.

La situation est d'autant plus préoccupante qu'elle fragilise la Nisa, rouage essentiel de la lutte contre l'insurrection djihadiste shebab. 

Bien qu'évincés de Mogadiscio en 2011, les shebab contrôlent toujours de vastes zones rurales du pays et mènent régulièrement des attentats dans la capitale. 


Gaza: décès du bébé palestinien sauvé de l'utérus de sa mère mourante

Sous une tempête incessante de frappes à Gaza, la petite fille a survécu à des difficultés insurmontables en tant que seul membre de sa famille encore en vie après avoir été accouchée par césarienne du ventre de sa mère mourante. (AFP)
Sous une tempête incessante de frappes à Gaza, la petite fille a survécu à des difficultés insurmontables en tant que seul membre de sa famille encore en vie après avoir été accouchée par césarienne du ventre de sa mère mourante. (AFP)
Un médecin soigne « Sabreen Al-Ruh Al-Sheikh », un bébé né prématurément par césarienne quelques minutes avant la mort de sa mère, grièvement blessée lors d'une frappe aérienne israélienne, à l'hôpital émirati de Rafah le 24 avril 2024. (AFP)
Un médecin soigne « Sabreen Al-Ruh Al-Sheikh », un bébé né prématurément par césarienne quelques minutes avant la mort de sa mère, grièvement blessée lors d'une frappe aérienne israélienne, à l'hôpital émirati de Rafah le 24 avril 2024. (AFP)
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  • L'hôpital émirati de Rafah, où était hospitalisée cette petite fille née prématurée, a indiqué dans un communiqué que Sabreen al-Rouh --comme l'avait prénommée son oncle-- était décédée jeudi, sans autre détail
  • A Rafah, s'entassent selon l'ONU quelque 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacés par plus de six mois de bombardements et de combats dans la bande de Gaza (2,4 millions d'habitants)

Le nourrisson palestinien récemment sauvé de l'utérus de sa mère agonisante après un bombardement israélien, est décédé à l'hôpital de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé vendredi son oncle à l'AFP.

L'hôpital émirati de Rafah, où était hospitalisée cette petite fille née prématurée, a indiqué dans un communiqué que Sabreen al-Rouh --comme l'avait prénommée son oncle-- était décédée jeudi, sans autre détail.

"J'ai reçu un appel de (...) l'hôpital émirati de Rafah qui m'a informé que son état s'était dégradé, qu'ils n'avaient pu la sauver, et qu'elle avait rejoint sa famille", tuée dans ce bombardement ayant touché il y a environ une semaine la maison familiale, à l'est de Rafah, a déclaré l'oncle du bébé, Rami al-Sheikh.

Il a indiqué être allé chercher le corps à l'hôpital vendredi. "J'ai ouvert la tombe de son père, Shukri, et je l'ai enterrée là, dans le cimetière Awni Daher de Rafah", a-t-il indiqué.

"Par la volonté d'Allah, il était écrit que Rouh, fille de Sabreen al-Sakani, devait rejoindre sa famille dans l'éternité, malgré les efforts de l'équipe du service néonatal de l'hôpital du Croissant-Rouge émirati pour la sauver jeudi", écrit l'hôpital dans un message posté vendredi.

Sabreen al-Sakani était arrivée agonisante à l'hôpital, très lourdement blessée à la tête et au ventre, respirant difficilement, avait expliqué un chirurgien à l'AFP. En l'examinant les équipes médicales avaient découvert qu'elle était enceinte et avait décidé d'extraire le foetus par césarienne.

Sa mère était morte quelques minutes plus tard, tandis que le père et la soeur du nourrisson étaient arrivés décédés à l'hôpital.

Au moins 19 personnes ont été tuées dans la frappe ayant touché cette maison, selon le ministère de la Santé gazaoui.

A Rafah, s'entassent selon l'ONU quelque 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacés par plus de six mois de bombardements et de combats dans la bande de Gaza (2,4 millions d'habitants). Israël assure que sont regroupés à Rafah les derniers bataillons du Hamas et dit vouloir y mener une offensive pour les anéantir.

Le Hamas a mené le 7 octobre une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis d'anéantir le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.356 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

 


L'Egypte envoie une délégation en Israël, pour parler d'une trêve à Gaza selon des médias

Les bombardements israéliens de Gaza ont tué plus de 34 000 Palestiniens, dont environ les deux tiers étaient des enfants et des femmes. (Reuters)
Les bombardements israéliens de Gaza ont tué plus de 34 000 Palestiniens, dont environ les deux tiers étaient des enfants et des femmes. (Reuters)
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  • Une délégation venue d'Egypte, l'un des trois pays médiateurs avec le Qatar et les Etats-Unis, est attendue vendredi en Israël pour discuter de questions de sécurité
  • Mais selon des médias israéliens, la délégation doit tenter de relancer les négociations au point mort et plaider pour un accord de trêve impliquant la libération de dizaines d'otages retenus à Gaza

JÉRUSALEM: Une délégation égyptienne est attendue vendredi en Israël pour tenter, selon des médias, de relancer les négociations sur une trêve dans la bande de Gaza associée à une libération d'otages, pendant que se prépare une offensive israélienne sur Rafah.

La guerre entre Israël et le Hamas qui fait rage depuis le 7 octobre dans le territoire palestinien a fait au moins 51 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste. Un correspondant de l'AFP a été le témoin vendredi d'un tir de missiles sur une maison de la ville de Gaza, qui a fait au moins trois morts.

La guerre s'accompagne d'une flambée des violences à la frontière nord d'Israël avec le Liban, où l'armée israélienne a annoncé vendredi la mort d'un civil.

Israël se prépare pendant ce temps à lancer une offensive terrestre dans la ville surpeuplée de Rafah, frontalière avec l'Egypte, dans le sud de la bande de Gaza, que le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, considère comme le dernier grand bastion du Hamas.

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent un bain de sang dans cette ville, devenue un refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens, entassés pour beaucoup dans des camps de tentes, sans eau ni électricité, où ils commencent à souffrir de la chaleur après avoir enduré le froid de l'hiver.

Après six mois et demi de bombardements et de combats au sol, Israël estime que le Hamas dispose de quatre bataillons regroupés à Rafah.

Une délégation venue d'Egypte, l'un des trois pays médiateurs avec le Qatar et les Etats-Unis, est attendue vendredi en Israël pour discuter de questions de "sécurité", selon une source proche du gouvernement.

Mais selon des médias israéliens, la délégation doit tenter de relancer les négociations au point mort et plaider pour un accord de trêve impliquant la libération de "dizaines" d'otages retenus à Gaza.

Selon la chaîne Al-Araby, il s'agit aussi d'appuyer les efforts déployés par l'Egypte pour empêcher une offensive sur Rafah.

Tirs à la frontière libanaise

A la frontière israélo-libanaise, les échanges de tirs sont devenus quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, un puissant mouvement armé allié du Hamas et soutenu par l'Iran.

Des dizaines de milliers d'habitants ont fui les localités situées de part et d'autre de la frontière.

L'armée a annoncé vendredi qu'un civil israélien travaillant sur un chantier avait été tué près de la frontière par des missiles tirés du sud du Liban.

"Dans la nuit, des terroristes ont tiré des missiles antichar sur la zone d'Har Dov, dans le nord d'Israël", a affirmé l'armée.

Har Dov est le nom israélien des Fermes de Chebaa, une zone contestée située à la frontière entre le Liban et le plateau syrien du Golan, annexé par Israël.

Le Hezbollah affirme de son côté avoir mené "une embuscade complexe" contre un convoi israélien dans les "Fermes de Chebaa occupées" et avoir "détruit deux véhicules".

L'armée a indiqué avoir frappé "des cibles appartenant au Hezbollah dans la zone de Chebaa, dans le sud du Liban, notamment un arsenal et un lanceur" de missiles, ainsi que des "infrastructures opérationnelles" et une "enceinte militaire".

 "Un missile"puis un autre 

La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.356 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Vendredi à la mi-journée, un correspondant de l'AFP a vu des appareils tirer des missiles sur une maison du quartier Al-Rimal de la ville de Gaza, dans le nord du territoire, et les corps d'un homme, d'une femme et d'un enfant être extraits des décombres.

"J'étais assis en train de vendre des cigarettes et soudain un missile est tombé, secouant toute la zone, suivi d'un autre missile, secouant à nouveau la zone. Nous nous sommes précipités pour voir ce qui s'était passé, et nous avons trouvé des martyrs, un homme, une femme et une petite fille", a également raconté à l'AFP un témoin qui n'a pas donné son nom.

Le correspondant de l'AFP a ensuite vu deux frappes aériennes successives toucher le quartier de Zeitoun, au sud-est de la ville de Gaza. Un épais panache de fumée s'élevait du quartier.

La "démocratie" 

La guerre qui a dévasté la bande de Gaza a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire de 2,4 millions d'habitants, assiégé par Israël et menacé de famine.

Face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par la route depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, où des navires militaires ou civils pourront déposer leurs cargaisons.

Aux Etats-Unis, pays allié d'Israël, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise sur les campus, après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.

Ces manifestations d'étudiants pro-palestiniens font partie de la "démocratie", a affirmé vendredi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, en visite en Chine.

 

 


Iran: deux « terroristes  » tués dans une frappe de drone

Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
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  • La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche
  • Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone

TEHERAN: Les forces iraniennes ont tué jeudi soir deux "terroristes" dans une frappe de drone dans la région du Sistan-Baloutchistan (sud-est) qui abrite une minorité ethnique, a annoncé un média officiel.

"Une attaque de drone menée par des forces de sécurité contre une voiture transportant des terroristes à proximité de Zahedan a entraîné la mort de deux terroristes", a indiqué l'agence Irna, sans fournir des détails.

La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche, qui adhère à l'islam sunnite plutôt qu'à la branche chiite prédominante en Iran.

Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone. Formé en 2012, il est considéré comme une "organisation terroriste" par l'Iran, ainsi que par les Etats-Unis.

Le 9 avril, le groupe avait revendiqué une attaque contre un véhicule de la police, qui avait coûté la vie à cinq policiers.

Jaish al-Adl avait déjà revendiqué une double attaque le 4 avril contre une base des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, à Rask, et un poste de police à Chabahar, dans la même région. Seize membres des forces de l'ordre et 18 assaillants avaient été tués, selon un bilan des autorités.