La France restera-t- elle le premier fournisseur de blé en Afrique du Nord ?

(Photo, AFP/Archives).
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Publié le Vendredi 11 septembre 2020

La France restera-t- elle le premier fournisseur de blé en Afrique du Nord ?

  • La France a enregistré une perte de 40 % du taux de ses exportations en raison des conséquences de conditions météorologiques défavorables
  • La France se maintient dans la région, ses relations commerciales avec les pays du Maghreb sont solides, mais restent menacées par l’offensive des autres pays exportateurs de blé

PARIS : Face à la baisse de la production en 2020, pour cause de sécheresse et d’une concurrence russe, australienne et américaine de plus en plus ardue, la France pourra-t-elle conserver sa place de premier pays exportateur de blé vers l’Algérie et de second pays exportateur de blé vers le Maroc ? 

Le 26 août dernier, la société de conseil Agritel a indiqué que la France connaît sa troisième plus faible récolte de blé tendre depuis vingt-cinq ans. Selon le cabinet conseil, repris par l’agence Reuters, la France, considérée comme le plus gros producteur de céréales de l’Union européenne pour 2020/2021, a enregistré une perte de 40 % de ses exportations en raison des conditions météorologiques défavorables enregistrées cette année. 

Lors d’une conférence de presse en ligne, Nathan Cordier, analyste du cabinet Agritel, a précisé que cette baisse des disponibilités françaises affectera le volume des exportations de la France avec une chute à 13 millions de tonnes, contre 20,9 millions durant l’année de production 2019/2020. 

De son côté, Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de l’établissement public FranceAgriMer, tempère les répercussions de la conjoncture actuelle et affirme que le marché chinois devrait rester un marché important pour la France, malgré la légère baisse du volume des exportations du blé dur, passant de 1,6 million de tonnes la saison dernière à 1,15 million pour 2020/2021. Pour rappel, la Chine est devenue le troisième acheteur de blé de la France, derrière l’Algérie et le Maroc. 

La météo conditionne le marché et favorise la concurrence

Les récoltes européennes connaissent une baisse de rendement pour cause de sécheresse. Ce qui est profitable aux marchés russe, australien et américain, lesquels aimeraient gagner des parts de marché à l’échelle mondiale. « Alors que la Russie vend plus aux marchés traditionnels français comme l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, cela pourrait laisser moins de céréales disponibles à expédier en Asie », tempère, de son côté, le rapport récent publié par Bloomberg. 

Le cabinet de conseil Agripel, confirme, de son côté, qu’une douzaine de navires auraient été réservés pour faire route vers la Chine, en milieu de saison 2020/2021. 

L’Algérie a longtemps été le premier importateur de blé français. Mais, cette année, la France fait face à une forte concurrence des autres marchés européens, comme la Pologne, la Suède ou l’Allemagne. « Si l’offre française réduite et les prix moins compétitifs lui coûtent des ventes substantielles en Algérie – son principal marché –, les importateurs chinois n’ont pas été découragés jusqu’à présent, rapporte Reuters. La situation sur le marché mondial du blé est à la rude compétition »
En effet, les exportations de blé tendre de la France vers l’Algérie risquent de chuter de plus de 50 %, et passeront à 2,6 millions de tonnes, contre 5,6 millions la saison dernière. L’Algérie est pourtant tributaire des exportations pour satisfaire la demande interne, qui ne cesse de croître depuis des années. 

Compétitivité et proximité

Selon une publication récente du département américain de l’agriculture (USDA), l’Algérie aurait besoin d’importer 7,5 millions de tonnes de blé sur 2020/2021. Selon la même source, l’Afrique du Nord est en phase de devenir le premier importateur mondial de blé. 
« La France est bien positionnée en termes de compétitivité/prix, affirme Marc Zribi. D’une part, grâce à la qualité des céréales françaises, avec leur capacité à répondre à un éventail extrêmement varié de demandes de la part des acheteurs et, d’autre part, grâce à l’extrême mobilisation de la filière logistique, malgré les grèves dans le fret ferroviaire et la crise sanitaire. Les coûts du fret se sont aussi sensiblement rapprochés de ceux de la mer Noire. »

Pour donner un nouveau souffle à la filière et maintenir sa position de leader sur le marché méditerranéen, Soufflet, premier exportateur français de céréales, va investir 10 millions d’euros dans un nouveau portique de chargement sur le port de Rouen, en Seine-Maritime. 

De son côté, Euronext avait répondu à un appel d’offres lancé par l’Algérie, premier client de l’Hexagone, pour l’achat de 50 000 tonnes de blé de mouture commandées en janvier 2020 par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). 
Un soulagement après la déclaration du gouvernement algérien, daté de décembre 2019, qui annonçait une réduction substantielle de 35,55 % des importations de blé tendre pour l’année 2020, soit 4 millions de tonnes importées, contre 6,5 millions en 2019. À cette période, les autorités algériennes expliquaient cette baisse par l’évolution de la production nationale (6 millions de tonnes). Or, cette dernière reste insuffisante pour répondre aux besoins nationaux.

La donne a changé avec le ralentissement des opérations d’approvisionnement sur le marché international. Selon le bureau de Business France d’Alger, deux appels d’offres pour des commandes de 25 000 tonnes de blé tendre ont été lancées pour des livraisons en juin et juillet 2020. « Le marché a reculé au cours de la semaine dernière et semble désormais bien évoluer, commentent les analystes, cités par Reuters. Le renouvellement de la commande algérienne redonne, comme à chaque fois, des signes de relance pour les exportateurs, notamment français, qui sont ses principaux fournisseurs en blé tendre ».

Selon les données publiées par le bureau AgriMer, « l’appel d’offres lancé par l’Algérie fait entrevoir la perspective d’une première grande vente à l’exportation de blé français issu de la nouvelle récolte ».

De son côté, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) tente de rassurer les pays quant aux risques de pénurie en matière de blé, un aliment de base pour assurer la sécurité alimentaire. « Les prévisions de la FAO concernant la production mondiale de blé pour  2020 demeurent inchangées par rapport au mois dernier, lui faisant atteindre le niveau quasi record de l’année dernière. Cette production, associée à des stocks relativement amples, devrait aider à protéger les marchés alimentaires », a précisé la FAO dans son bulletin.

La Russie étend son influence en Méditerranée

Devenue premier pays exportateur mondial de blé, la Russie mise sur cette céréale, depuis une vingtaine d'années, pour renforcer sa présence sur la scène internationale. Sur les 180 millions de tonnes exportées chaque année dans le monde, près d'un quart provient de Russie. « Vladimir Poutine a compris que le pouvoir céréalier de la Russie pouvait créer de la richesse nationale, de l’emploi et de la devise grâce à l’export. Il a donc entrepris de modifier la logistique de ses ports de la mer Noire pour pouvoir vendre plus », analyse Sébastien Abis, directeur du club Demeter et chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). 

Pour augmenter ses parts de marché à l’international, la Russie s’est tournée vers les pays du sud de la Méditerranée. En effet, un tiers des exportations mondiales de blé se concentre dans les pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. 

Également courtisé par la Russie, le Maroc, quant à lui, continue de garder la France comme principal pourvoyeur de blé. Sébastien Abis s’interroge cependant sur l’offensive commerciale déployée par la Russie sur les deux principaux grands importateurs de blé – (Algérie, Maroc) –, à la suite des visites de Dimitri Medvedev, à Alger et Rabat, en 2017. Ces dernières n’ont-elles pas été marquées par de nouvelles exigences ? « Le ministre russe avait-il mêlé les questions céréalières à celle de la défense et l’armement ? », se demande le chercheur dans les colonnes du journal Le Figaro, le 4 septembre dernier. 

La France se maintient dans la région, ses relations commerciales avec les pays du Maghreb sont solides, mais restent menacées par l’offensive des autres pays exportateurs de blé comme la Russie qui ambitionne de produire 100 millions de tonnes d’ici à cinq ans. 


 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.


Pourquoi le chocolat reste cher avant Noël malgré la baisse du prix du cacao

Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
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  • Après des récoltes déficitaires ayant fait exploser les prix du cacao en 2024, la production repart en Côte d’Ivoire et au Ghana grâce à la hausse du prix payé aux producteurs, entraînant une baisse des cours mondiaux
  • Malgré cette accalmie, les consommateurs ne verront pas les prix du chocolat baisser pour Noël, car les coûts élevés ont déjà conduit à des hausses tarifaires, des réductions de portions et une baisse de la teneur en cacao

LONDRES: Après être montés en flèche pendant deux ans, les cours du cacao sont largement retombés cette année, mais sans répercussion sur les prix du chocolat à quelques jours des fêtes de fin d'année. Explications.

- L'Afrique de l'Ouest est le coeur de la production -

La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les principaux fournisseurs de cabosses, les fruits du cacaoyer, desquels sont extraits les fèves de cacao utilisées pour le chocolat.

Ces deux pays d'Afrique de l'Ouest concentrent plus de la moitié de la production mondiale, le reste étant principalement réparti entre le Nigeria, le Cameroun, ainsi que l'Equateur, l'Indonésie et le Brésil.

Cette concentration de la production mondiale dans quelques zones géographiques rend le marché très vulnérable aux aléas climatiques de l'Afrique de l'Ouest et aux maladies des cacaoyers.

- Les prix ont battu des records en 2024 -

Les récoltes des "saisons 2021-2022, 2022-2023, et 2023-2024 ont été déficitaires" par rapport à la demande, entraînant une hausse mécanique des prix, explique à l'AFP Oran Van Dort, de Rabobank.

Ce déficit s'explique selon lui par les mauvaises conditions météorologiques, mais aussi des problèmes systémiques dans les plantations ghanéennes et ivoiriennes, comme "le vieillissement des arbres, la propagation du "swollen shoot virus" (oedème des pousses du cacaoyer) ou la faible utilisation d'engrais et de pesticides", faute de revenus suffisants.

Résultat, en décembre 2024, le prix du cacao a atteint le niveau inédit de 12.000 dollars la tonne à la Bourse de New York, lui qui s'échangeait entre 1.000 et 4.000 dollars depuis les années 80.

- La récolte de fèves a redécollé ces derniers mois -

Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le prix payé aux producteurs est fixé par l'État, qui l'a largement augmenté pendant l'année 2025, après l'avoir longtemps maintenu inchangé malgré la hausse des cours.

"Pour la première fois depuis des années, j'ai l'impression que nous cultivons avec le soutien du gouvernement", témoigne auprès de l'AFP, Kwame Adu, de la région d'Ahafo au Ghana.

La hausse des revenus a permis aux producteurs d'acheter des engrais et des machines pour améliorer la récolte, ainsi que de planter de nouveaux arbres, favorisant leurs perspectives.

"L'année passée (saison 2024/2025, ndlr), ça s'est bien passé parce qu'au moment où le cacao a donné les fruits, il y avait la pluie", explique aussi à l'AFP Jean Kouassi, agriculteur ivoirien de 50 ans, qui possède 4 hectares de plantation.

- Il y a moins de cacao dans les produits -

"Le coût record des matières premières a contraint les fabricants de chocolat à prendre une série de décisions impopulaires: réduction des quantités, augmentation des prix", mais aussi la "dilution discrète de la teneur en cacao" dans les produits, souligne Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

La pratique peut même coûter l'appellation "barre au chocolat" à certains produits, comme c'est arrivé aux biscuits Penguin et Club de la marque McVitie's cette année au Royaume-Uni, qui impose un minimum de teneur en cacao.

La demande des géants comme Mondelez, Mars, Ferrero ou Nestlé s'est affaiblie, ce qui, ajouté à la bonne récolte 2024-2025, a entraîné une baisse des cours. La tonne de cacao évolue désormais à New York aux alentours de 6.000 dollars.

- Le chocolat reste cher -

La baisse des prix du cacao ne profitera pas aux amateurs de chocolat durant les fêtes, celle-ci arrivant "bien trop tard pour affecter les assortiments de Noël déjà produits et dont les prix ont été fixés il y a plusieurs mois", tranche Ole Hansen

"Les récentes fluctuations des prix du cacao sont encourageantes, mais le marché reste volatil (...) il est encore trop tôt pour se prononcer sur des changements spécifiques concernant les prix", reconnaît Nestlé, interrogé par l'AFP.

L'espoir demeure pour les oeufs et les lapins de Pâques, selon M. Hansen, à condition que le marché se stabilise autour des niveaux actuels.


EDF inaugure en Guadeloupe son premier compensateur synchrone pour stabiliser le réseau

Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
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  • EDF a inauguré en Guadeloupe un compensateur synchrone de 180 tonnes, une première mondiale destinée à stabiliser un réseau insulaire en forte transition vers les énergies renouvelables
  • L’équipement, sans émission de CO₂, doit réduire les coûts et renforcer la sécurité électrique

PARIS: EDF a inauguré mercredi en Guadeloupe son premier compensateur synchrone, une machine de 180 tonnes destinée à stabiliser un réseau insulaire non interconnecté, une "première mondiale" pour l'électricien.

Installé sur le site industriel de Jarry, près de Pointe-à-Pitre, l'équipement sera "mis en service très prochainement", a indiqué à la presse Hugo Gevret, qui a piloté ce projet. Il s'agit d'"un gros alternateur qui tourne à vide" et contribue à maintenir la tension et à soutenir la fréquence du réseau, deux paramètres essentiels dans un système isolé.

Dans les systèmes électriques traditionnels, cette stabilité est assurée par les turbines lourdes des centrales thermiques ou nucléaires. Leur masse en rotation fournit une inertie mécanique qui amortit naturellement les variations de fréquence.

Mais la Guadeloupe, engagée vers la décarbonation et l'autonomie énergétique d'ici 2035, doit intégrer davantage d'énergies renouvelables, dont l'intermittence ne fournit pas cette sécurité. "L'éolien et le photovoltaïque (...) n'apportent pas cette inertie qu'on recherche dans un système électrique: c'est le rôle du compensateur", souligne encore Hugo Gevret.

Son rotor en rotation permanente imite l'inertie mécanique d'une centrale classique, sans brûler de combustible. La machine peut absorber ou injecter de l'énergie réactive pour maintenir la tension, et réagir en quelques millisecondes aux fluctuations du réseau, un paramètre crucial dans un territoire non interconnecté.

L'investissement, engagé en 2019, atteint plus de 20 millions d'euros. La machine doit "faire économiser cinq millions d'euros à la collectivité et 30.000 tonnes annuelles de CO2", précise Hugo Gevret car contrairement aux turbines à combustion utilisées jusqu'ici pour stabiliser le système, elle n'émet aucun gaz à effet de serre.

Ce dispositif constitue pour l'électricien une "première mondiale", a rappelé Marie-Line Bassette, directrice régionale d'EDF. Selon elle, d'autres installations sont prévues dans les territoires ultramarins, pour lesquels des appels d'offres ont été lancés.

L'archipel a été frappé ces dernières années par des délestages et coupures à répétition, aggravés par des conflits sociaux dans le secteur de l'énergie. En 2024, une grève avait même provoqué un black-out total de plus de 36 heures.