Jean-Louis Périès, le magistrat qui préside le procès

Des avocats dans le hall du Palais de Justice de Paris, le 8 septembre 2021, où s'est ouvert le procès des attentats du 13 novembre 2015. (Photo, AFP)
Des avocats dans le hall du Palais de Justice de Paris, le 8 septembre 2021, où s'est ouvert le procès des attentats du 13 novembre 2015. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 09 septembre 2021

Jean-Louis Périès, le magistrat qui préside le procès

  • «Rien ne l'oblige à faire ça et il y a beaucoup de gens qui n'avaient pas envie de le faire»
  • «Un président au très fort caractère, qui mène son audience, mais qui est intellectuellement très honnête»

PARIS : Ce sera son dernier procès avant la retraite. A 65 ans, Jean-Louis Périès est le magistrat choisi pour présider le procès historique des attentats du 13 novembre 2015, qui s'ouvre le 8 septembre devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Jean-Louis Périès s'y prépare depuis près d'un an et demi, presqu'exclusivement. Il faut bien cela pour maîtriser l'ensemble du titanesque dossier - plus de 500 tomes - et tenir une audience face à 1.800 parties civiles pendant près de neuf mois, une durée inédite pour une procédure criminelle.

Inédite aussi, la charge émotionnelle du procès de ces attaques qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Saint-Denis et Paris, et traumatisé la France.

"On ne peut pas imaginer l'épreuve que c'est", résume un haut magistrat. "C'est comme un sportif qui court un marathon, et qui dit +eh bien, cette fois-ci, c'est pas un, c'est trois marathons+". 

"Rien ne l'oblige à faire ça et il y a beaucoup de gens qui n'avaient pas envie de le faire", note un autre magistrat parisien. "Il a fait plein de choses, il faut être courageux pour se dire, +pour mes derniers mois, je me fixe ça comme objectif+".

Jean-Louis Périès, magistrat depuis pile quarante ans, vient d'une famille du droit: son grand-père était greffier au tribunal de Foix (Ariège), son père juge d'instruction - notamment de l'affaire Dominici, un triple meurtre qui a défrayé la chronique dans les années 50 et reste un des grands mystères criminels du XXe siècle.

Juge d'instruction

Lui-même a débuté sa carrière dans la magistrature en 1981, comme juge à Aubagne. Il part ensuite à Marseille - où il a grandi et dont il a gardé un petit accent - pour y devenir juge d'instruction.

Il rejoint le parquet de Versailles en 1986, y restera dix ans avant de redevenir juge d'instruction à Evry, puis à Paris à partir de 2001. Il se spécialise alors dans la criminalité organisée et enchaîne les dossiers de drogue, de gangs, de filières d'immigration clandestine ou d'escroqueries.

En 2008, lassé avec le deuxième juge d'instruction Baudoin Thouvenot d'attendre les réquisitions du parquet qui traînent depuis trois ans, il créé la surprise en renvoyant devant le tribunal correctionnel Jean Tiberi et son épouse Xavière dans l'affaire des faux électeurs, à quelques jours des élections municipales.

En 2009, on le voit sur les marches du palais de justice de Paris parmi la centaine de magistrats et d'avocats rassemblés contre le projet - avorté - du président Nicolas Sarkozy de supprimer la fonction de juge d'instruction.

Celui qui a aussi instruit l'affaire du détournement d’œuvres d'art à l'Hôtel Drouot quitte son poste en 2011, part à Créteil où il est nommé premier vice-président du tribunal. Depuis 2014, enfin, il est président de chambre à la cour d'appel de Paris.

 «Fort caractère»

Aux assises, il préside notamment le procès du meurtre de Sofia, cette lycéenne brûlée vive par son petit ami à Saint-Denis, celui en appel d'Abdelhakim Dekhar, le tireur de BFM et Libération, ou encore le premier procès de l'attaque de policiers au cocktail Molotov à Viry-Châtillon.

"Un président au très fort caractère, qui mène son audience, mais qui est intellectuellement très honnête", se souvient Me Sarah Mauger-Poliak, qui y était avocate de la défense.

"Il est très attentif aux parties et en particulier aux avocats, il laisse vivre les débats", complète Me Thibault de Montbrial.

Ceux qui connaissent Jean-Louis Périès décrivent un brun à lunettes, "gueule sympa", "calme", avec "beaucoup d'humour", "qui sait prendre du recul".

"C'est un magistrat qui a le sens de l'humain, une dimension essentielle pour un procès d'une telle ampleur", résume Jean-Michel Hayat, Premier président de la cour d'appel de Paris. 

Jean-Louis Périès sera épaulé par deux autres présidents d'assises pour le procès du 13-Novembre. 

D'une part, la première assesseure Frédérique Aline, qui a récemment présidé le procès de Georges Tron en appel. D'autre part, Xavière Siméoni, magistrate honoraire qui avait renvoyé - comme juge d'instruction - Jacques Chirac en correctionnelle, et présidé le procès en appel de l'affaire Merah comme celui de l'attentat avorté contre une église à Villejuif.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».