Olivia Ronen, discrète avocate de Salah Abdeslam

Olivia Ronen, l'avocate de Salah Abdeslam, le premier jour du procès qui se déroule dans une salle d'audience provisoire aménagée pour la procédure au Palais de Justice de Paris. (Photo, AFP)
Olivia Ronen, l'avocate de Salah Abdeslam, le premier jour du procès qui se déroule dans une salle d'audience provisoire aménagée pour la procédure au Palais de Justice de Paris. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 09 septembre 2021

Olivia Ronen, discrète avocate de Salah Abdeslam

  • Salah Abdeslam, 31 ans, est l'unique survivant des commandos des attentats de novembre 2015, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis
  • «L'envergure du procès du 13-Novembre est inédite, on ne peut pas y être préparé avant de le vivre. Mais elle maîtrise la matière», souligne Me Lucile Collot, secrétaire de la conférence dans la même promotion

PARIS : Olivia Ronen, 31 ans, est la discrète avocate parisienne qui aura, à partir du 8 septembre et pour au moins huit mois, la très délicate tâche d'assurer la défense de Salah Abdeslam, principal accusé du procès des attentats du 13-Novembre.

"On s'approche de l'échéance... la pression monte", admet calmement Olivia Ronen. "Je sais que ce ne sera pas simple".

A l'ouverture de l'audience devant la cour d'assises spéciale de Paris, c'est vers son client que tous les regards se tourneront: Salah Abdeslam, 31 ans, est l'unique survivant des commandos des attentats de novembre 2015, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis.

C'est lui qui a pris contact avec elle, il y a trois ans, depuis la prison de Fleury-Mérogis où il est détenu sous très haute sécurité. 

Profil bien éloigné du médiatique ténor du barreau de Lille Frank Berton, un temps l'avocat de Salah Abdeslam, Olivia Ronen a été officiellement désignée en novembre dernier. Mais celle qui répète qu'elle ne veut pas "attirer la lumière" s'était gardée d'en faire la publicité, et veut repousser au maximum le moment où elle se retrouvera sous les feux des médias.

Sur la première rencontre avec le plus célèbre de ses clients, "le moment où on s'est décidé", elle ne dira rien.

Rien non plus sur l'état d'esprit de Salah Abdeslam, ni de la manière dont il compte aborder son procès, lui qui est resté mutique pendant des années, réplique-t-elle encore dans un sourire poli mais assuré.

Ce, pour ne pas "l'enfermer dans quelque chose de prédéfini", explique Me Ronen. Et puis, si "c'est un dossier qui intéresse et concerne tout le monde, je veux rester très scrupuleuse sur le respect du secret de mes échanges avec lui".

"C'est lorsqu'on a le moins envie de comprendre que c'est le plus intéressant d'y aller. Plus l'étau se resserre, plus notre rôle est essentiel", dira juste cette "grande bosseuse", "extrêmement exigeante avec elle même", selon des confrères.

«Comme une dingue»

Silhouette menue et élégante, cheveux noirs en chignon haut sur la tête, elle a, quand elle enfile sa robe noire, "une très grande force de conviction", une énergie "incroyable", assure sa confrère Me Fanny Vial, également en défense dans le procès du 13-Novembre.

Née en 1990, Olivia Ronen grandit à Paris. Son père est chef d'entreprise. Sa mère, fonctionnaire au ministère des Finances, s'est rapidement arrêtée de travailler pour élever ses quatre filles.

Elle fait dix ans de danse classique puis du théâtre "jusqu'à huit heures par semaine", s'oriente vers des études littéraires avant de bifurquer vers la fac de droit et l'école du barreau. Le pénal est une "évidence" et elle se bat "comme une dingue" pour obtenir un stage chez le célèbre pénaliste Thierry Lévy (décédé en 2017).

Elle prête serment en 2016 et est élue secrétaire de la conférence - ces jeunes avocats du barreau de Paris élus pour un an à l'issue d'un concours d'éloquence pour, notamment, être commis d'office dans les dossiers d'assises. 

Elle hérite ainsi d'affaires de petits attentats déjoués, défend Erwan Guillard, un ex-militaire parti faire le jihad en Syrie.

L'avocate confie avoir été marquée par un "sentiment d'impuissance" quand un de ses clients, impliqué dans le dossier des attentats de Nice, s'est suicidé en prison en 2019.

"L'envergure du procès du 13-Novembre est inédite, on ne peut pas y être préparé avant de le vivre. Mais elle maîtrise la matière", souligne Me Lucile Collot, secrétaire de la conférence dans la même promotion, qui rappelle que sa génération a "baigné dans les dossiers terroristes".

Olivia Ronen aime travailler seule, a ouvert son cabinet en solo mais a fait appel à un confrère de sa génération pour l'aider à assurer la défense de Salah Abdeslam: Martin Vettes, 32 ans, avec qui elle a déjà travaillé sur plusieurs dossiers d'assises. 

Avec nos "cinq ans de barreau" chacun, dit Me Vettes de son côté, "on aborde ce procès avec humilité". "Comment ce procès +hors-normes+ va se passer, personne ne le sait. On y va, pas bardés de certitudes, mais avec détermination".


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.