Abdelhamid Abaaoud, tueur des terrasses et coordinateur du 13-Novembre

Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attentats du 13-Novembre. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 09 septembre 2021

Abdelhamid Abaaoud, tueur des terrasses et coordinateur du 13-Novembre

  • Troisième d'une famille de six enfants, Belge d'origine marocaine, il a grandi à Molenbeek, une commune de l'agglomération bruxelloise, où son père tenait un commerce
  • Parmi ses amis d'enfance, on retrouve Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre, jugé à partir du 8 septembre dans le procès des attentats parisiens

PARIS : Il s'était fait connaître en paradant sur une vidéo où il tractait des cadavres de "mécréants" en Syrie. Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attentats du 13-Novembre et tireur des terrasses parisiennes avant d'être tué dans l'assaut de Saint-Denis, était un ancien délinquant devenu émir du groupe Etat islamique (EI).

Dans l'extrait diffusé à la télévision française début 2014, Abdelhamid Abaaoud, 27 ans à l'époque, des boucles de cheveux noirs sous un chapeau afghan, petite barbe, est au volant d'un 4x4 auquel sont accrochés les corps de rebelles syriens.

"Avant on tractait des jet-skis, des quads, des motocross", déclame tout sourire "Abu Omar al-Belgiki", dans ce reportage sur la "brigade des immigrés", composée de jihadistes français et belges.

Troisième d'une famille de six enfants, Belge d'origine marocaine, il a grandi à Molenbeek, une commune de l'agglomération bruxelloise, où son père tenait un commerce.

Parmi ses amis d'enfance, on retrouve Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre, jugé à partir du 8 septembre dans le procès des attentats parisiens. Il compte aussi parmi ses voisins Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau" des attentats de Bruxelles, qui comparaîtra également devant les assises de Paris.

«400 coups»

Copains de délinquance, Abdelhamid Abaaoud et Salah Abdeslam font les "400 coups" à deux, diront des proches. Ils seront notamment condamnés ensemble pour une tentative de cambriolage en 2010. 

Entre ses 22 et 28 ans, Abdelhamid Abaaoud a cumulé 18 condamnations pour des délits de droit commun.

C'est en prison qu'il se serait radicalisé, courant 2012. A sa sortie, ses proches remarquent qu'il s'habille différemment, se laisse pousser la barbe, se met à pratiquer la religion rigoureusement et montre de la sympathie pour les jihadistes. Il part alors en Egypte étudier l'arabe et le Coran. 

En 2013, il se rend pour la première fois en Syrie, pour quelques mois. De retour en Belgique, il vend sa voiture, des parts d'un commerce de vêtements monté avec un ami, récupère de l'argent issu de braquages ou de vols et repart en Syrie début 2014, cette fois avec son frère de 13 ans enlevé à la sortie de l'école. 

Ses proches préviendront la police, son père portera plainte. Il sera condamné en juillet 2015 par défaut à Bruxelles à vingt ans de prison pour ce séjour et l'enlèvement. Le petit frère serait mort en Syrie.

Sur place, Abdelhamid Abaaoud prend vite du galon et devient un "émir" au sein du comité des opérations extérieures de l'EI, chargé du recrutement et de la formation express de combattants européens et binationaux. 

"Son rôle est de chercher les meilleurs potentiels pour les renvoyer en Europe. Il faut des profils lisses, indétectables", avait décrypté un enquêteur au procès à Paris de l'une de ses recrues, Reda Hame.

«Il s'adapte»

Début 2015, Abdelhamid Abaaoud coordonne à distance la cellule jihadiste de Verviers (Belgique), démantelée in extremis par les autorités averties d'un projet d'attentat imminent.

Interrogé à l'époque dans ce dossier, Salah Abdeslam l'avait décrit comme "un bon ami", "un chouette gars", qu'il connaît depuis plus de dix ans. "En dehors du jihad, c'est quelqu'un de bien".

Le patronyme d'Abaaoud se retrouvera ensuite dans tous les dossiers d'attentats ou projets avortés de cette période, imaginés en Syrie et coordonnés par lui: de Verviers à l'attentat avorté d'une église à Villejuif (Val-de-Marne) et l'attaque déjoué par des passagers à bord du Thalys en août 2015. Avant le 13-Novembre, puis quelques mois plus tard les attentats de Bruxelles en mars 2016. 

Arrêté à Paris en août 2015, Reda Hame a raconté aux enquêteurs comment Abdelhamid Abaaoud l'avait formé au maniement des armes en quelques jours en Syrie.

"Il m'a demandé si ça m'intéressait de partir à l'étranger. Il m'a dit par exemple, imagine un concert de rock dans un pays européen, si on te passe de quoi t'armer, est-ce que tu serais prêt à tirer dans la foule ?"

Devenu une cible prioritaire des services antiterroristes européens, Abdelhamid Abaaoud parvient toutefois à échapper à leur vigilance. Avec une autre de ses recrues, le futur tireur du Thalys Ayoub El Khazzani, il remonte la route des Balkans jusqu'en Belgique en se faisant passer pour un migrant.

"Il est comme un poulpe, il s'adapte, il sait comment vous parler", disait de lui ce dernier à son procès en décembre.

Le 13 novembre 2015 au soir, alors que tous les services de renseignement le croient en Syrie, le chef de l'opération prend place, vêtu de noir, chaussures orange aux pieds, dans la voiture du commando des terrasses parisiennes.

Il sera tué quelques jours plus tard dans l'assaut de l'appartement de Saint-Denis où il s'était réfugié avec sa cousine et un autre membre du commando. 


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".