Luxe, kalach' et volupté: les talibans campent chez leur ancien ennemi

A Kaboul, des talibans ont investi le luxueux palais de l'un de leurs pires ennemis, l'ancien vice-président Abdul Rashid Dostum (Photo, AFP).
A Kaboul, des talibans ont investi le luxueux palais de l'un de leurs pires ennemis, l'ancien vice-président Abdul Rashid Dostum (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 12 septembre 2021

Luxe, kalach' et volupté: les talibans campent chez leur ancien ennemi

  • Dostum est accusé de nombreux crimes de guerre, dont le massacre en 2001 de 2000 talibans, morts asphyxiés dans des conteneurs laissés sous un soleil de plomb en plein désert
  • Les opposants des talibans ne voient dans leur discours apaisé qu'une façade pour amadouer la communauté internationale, et les jugent tout aussi rigoristes et brutaux qu'avant

KABOUL: A Kaboul, des talibans ont investi le luxueux palais de l'un de leurs pires ennemis, l'ancien vice-président Abdul Rashid Dostum. Où ils jurent de tourner la page de la corruption passée, entre canapés moelleux, serre tropicale et jacuzzi.

Le long de l'interminable couloir à la moquette vert pomme si épaisse que chaque pied s'y enfonce, un combattant taliban dort affalé sur un canapé, sa kalachnikov contre lui, sous l'oeil des poissons exotiques multicolores qui peuplent les sept aquariums géants de la pièce.

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Des combattants talibans sont assis dans la serre de jardin. (Photo, AFP)

L'homme fait partie de la garde rapprochée de Qari Salahuddin Ayoubi, un puissant commandant du nouveau régime, qui a investi cette énorme maison de ville à plusieurs étages avec quelque 150 hommes le 15 août dernier, jour de l'entrée victorieuse des islamistes dans Kaboul.

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Des combattants talibans déjeunent dans la maison. (Photo, AFP)

À l'échelle afghane, le complexe est d'un luxe inimaginable, avec son dédale de salons cernés de grands canapés moelleux, ses tableaux clinquants, ses meubles de bois finement ciselés, ses énormes lustres, sa piscine intérieure de petits carreaux turquoise, son espace sauna/hammam/jacuzzi, sa salle de gym...

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(Photo, AFP)

Son propriétaire, le maréchal Dostum, l'un des plus célèbres chefs de guerre afghans, cacique du gouvernement des deux dernières décennies, aurait fui en Turquie.

Comme bien des hommes forts du régime déchu, il est soupçonné d'avoir largement profité de la corruption massive qui a détourné une partie de l'aide occidentale, et fini par discréditer le dernier gouvernement aux yeux de bien des Afghans.

"Quartier des voleurs"

Certains de ses responsables ont illégalement annexé des terrains pour se faire bâtir des maisons luxueuses dans ce quartier, Shirpur, proche de celui des ambassades étrangères. Les années passant, les kaboulis, résignés, lui ont donné un surnom: "le quartier des voleurs".

Une autre planète, pour les combattants talibans, souvent pauvres et qui ont pendant des années sacrifié tout confort à la rébellion, survivant entre montagnes et vallées.

Mais Qari Salahuddin Ayoubi, désormais commandant militaire de quatre provinces (Kaboul, Kapisa, Panchir, Parwan) en est sûr: ses hommes sont au dessus de cette basse débauche matérielle.

"Vivre dans les montagnes ou dans le luxe ne change rien pour nous, car notre foi est l'islam et dans l'islam (...) seule nous importe la vie après la mort", dit-il, dans son bureau où la climatisation, poussée à fond, fait souffler un air glacial.

Il fait bien plus chaud dans l'énorme serre tropicale installée dans une aile de la bâtisse, où des talibans se promènent ou prennent le thé sous un immense toit verrière de plusieurs centaines de mètres carrés. Au-dessus de la verdure trône une grande mezzanine où un grand bar de bois sombre en angle droit rappelle les goûts festifs du général, amateur réputé de petites nuits et d'alcools forts.

Dostum fut surtout l'un des pires ennemis des talibans, accusé de nombreux crimes de guerre, dont le massacre en 2001 de 2.000 d'entre eux, morts asphyxiés dans des conteneurs laissés sous un soleil de plomb en plein désert.

"Du côté des pauvres"

Mais le commandant Ayoubi nie fermement toute volonté de revanche.

"Nos combattants sont jeunes, ils ont beaucoup souffert, ils ont été victimes d'injustices", souligne-t-il. Et pourtant, cette maison, "nous ne l'avons pas dégradée". "Si d'autres qui ont eu les même problèmes (avec Dostum ou l'ancien gouvernement) étaient arrivés à notre place, vous n'auriez plus ces chaises, ces tables, ils auraient peut-être (tout) détruit".

Il ne dévie pas du discours officiel apaisé affiché par les talibans depuis leur retour au pouvoir, dénoncé par leurs opposants qui n'y voient qu'une façade pour amadouer la communauté internationale, et les jugent tout aussi rigoristes et brutaux qu'avant.

Les talibans respecteront la propriété privée, assure le commandant. "Mais si cela se passe comme sous l'ancien gouvernement corrompu et que certains tentent de se construire une maison en s'arrogeant la terre ou l'argent du peuple, nous ne l'accepterons pas".

Dès qu'il est arrivé, il a fait enlever les postes de sécurité et murs de bétons qui protégeaient la maison comme une petite forteresse et bouchaient la rue, pour la rendre à la circulation normale.

"Nous sommes du côté des pauvres", conclut-il, attendu dans le couloir par des dizaines de visiteurs plus ou moins influents, barbes noires ou blanches enturbannées qui patientent sous le ballet des poissons exotiques.


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.