Procès Charlie : pour les survivants, des cicatrices et des cauchemars "à vie"

Dessin de tribunal réalisé le 9 septembre représentant Laurent Sourisseau dit Riss (g), bédéiste, écrivain et directeur de Charlie Hebdo, témoignant aux côtés de l’avocat de l’hebdomadaire satirique. (Benoit Peyrucq /AFP)
Dessin de tribunal réalisé le 9 septembre représentant Laurent Sourisseau dit Riss (g), bédéiste, écrivain et directeur de Charlie Hebdo, témoignant aux côtés de l’avocat de l’hebdomadaire satirique. (Benoit Peyrucq /AFP)
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Publié le Vendredi 11 septembre 2020

Procès Charlie : pour les survivants, des cicatrices et des cauchemars "à vie"

  • Simon Fieschi, le webmaster de Charlie Hebdo, évoque pêle-mêle, devant le tribunal, les "tremblements" aux jambes, la "perte de motricité", les "difficultés de concentration", "les épisodes de tristesse et de colère"...
  • "Aucun d'entre nous n'a échappé à ce qui s'est passé", explique de son côté Laurent Sourisseau, dit Riss, directeur de publication de l'hebdomadaire, qui évoque un "drame collectif"

PARIS : Il y a la douleur physique, tenace, obsédante. Et puis la souffrance morale, "abyssale". Au procès des attentats de janvier 2015, les survivants de Charlie Hebdo ont raconté cette semaine leur difficile reconstruction, ponctuée de "cauchemars" et de "crises d'angoisse".

Webmaster pour l'hebdomadaire satirique, Simon Fieschi a perdu sept centimètres dans l'attaque. La faute à une balle de kalachnikov tirée à bout portant par les frères Chérif et Saïd Kouachi, venue se loger dans sa colonne vertébrale.

"Les douleurs sont à vie. On ne peut pas s'en débarrasser", a expliqué d'une voix calme le trentenaire, qui a passé neuf mois à l'hôpital et ne peut plus se déplacer sans l'aide d'une béquille. "Désormais, je dois faire un travail de rééducation à vie".

Face à la Cour d'assises spéciale de Paris, Simon Fieschi évoque pêle-mêle les "tremblements" aux jambes, la "perte de motricité", les "difficultés de concentration", "les épisodes de tristesse et de colère"...

"Je suis en post-traumatisme et j'y resterai toute ma vie (...) C'est un effort psychique de tous les jours, une fatigue abyssale", confie le webmaster, qui a choisi de poursuivre son travail chez "Charlie", mais "à temps partiel" désormais.

Blessés par balles, miraculés, proches et amis... "Aucun d'entre nous n'a échappé à ce qui s'est passé", explique d'une voix grave Laurent Sourisseau, dit Riss, directeur de publication de l'hebdomadaire, qui évoque un "drame collectif".

"Amputation"

Depuis le début du procès, qui s'est ouvert le 2 septembre, le directeur de "Charlie" - touché à l'épaule dans l'attentat - a assisté à l'ensemble des débats, assis au fond de la salle, silencieux. A la barre, il n'élude rien de la souffrance vécue par son équipe.

"La sensation immédiate après l'attentat, c'est d'avoir été tronçonné en deux, comme si on vous privait d'une partie de vous", raconte Riss, qui décrit le sentiment de "vide" créé par la tuerie, dans laquelle 10 personnes ont trouvé la mort.

"C'est une autre mutilation, peut-être encore plus terrible que celle des corps : c'est une amputation", lâche le dessinateur, hanté depuis cinq ans par l'image de son "ami" Charb gisant inerte dans la salle de rédaction.

Chroniqueuse pour l'hebdomadaire, Sigolène Vinson doit elle aussi se battre avec des souvenirs et des visions d'apocalypse. "Cet attentat, il est en moi, comme incarné dans ma peau", lâche l'ex-avocate, qui a assisté "impuissante" à la tuerie.

Après le drame, la journaliste a longtemps fait le même cauchemar : Hayat Boumeddiene, compagne du tueur de l'Hyper Cacher Amédy Coulybaly, lui tirant "un carreau d'arbalète dans le front". Aujourd'hui, elle vit au bord de la mer et essaie de se reconstruire.

Malgré le temps, "les blessures n'ont pas cicatrisé", constate Patrick Pelloux, médecin urgentiste et ex-chroniqueur pour "Charlie", arrivé sur les lieux du drame quelques minutes seulement après l'attaque.

"Assigné à résidence"

Lui aussi connaît un sentiment diffus de frustration et d'impuissance, qui peine à se dissiper. "C'est difficile parce que quand on fait médecine, c'est pour sauver des gens. Et s'il y en avait bien que je voulais sauver, c'était eux", soupire-t-il.

Combien de temps durera cette souffrance ? Le "manque" va-t-il finir par s'estomper ? Veuve de Frédéric Boisseau, l'agent de maintenance tué par les frères Kouachi au tout début de l'attaque, Catherine Gervasoni n'a guère d'espoir.

"S'ils prennent de la prison, nous, on a pris jusqu'à nos derniers jours", lâche la quinquagénaire, en référence aux 14 accusés jugés pour avoir apporté un soutien logistique aux frères Kouachi et à Amédy Coulibaly, tués lors d'assauts des forces de l'ordre.

Cette sensation d'enfermement, pour les survivants de Charlie Hebdo, est amplifiée par un amas de contraintes sécuritaires : protection policière permanente, travail dans des locaux tenus secrets...

"C'est comme si j'étais assigné à résidence. Je dois prévenir de tout ce que je fais", raconte Riss, qui a dû renoncer avec sa compagne à s'engager dans une procédure d'adoption d'enfant, incompatible avec sa situation.

Pour tenir, Simon Fieschi essaye lui "de ne pas trop faire de comparaison entre l'avant et l'après" et de ne pas se regarder comme une "victime". "La victime a des droits, nous on a des devoirs : le devoir de témoigner de ce que font des armes de guerre".


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.