Discours sur l'état de l'Union: les principales annonces de von der Leyen

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devant le Parlement à Strasbourg (Photo, AFP)
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devant le Parlement à Strasbourg (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 15 septembre 2021

Discours sur l'état de l'Union: les principales annonces de von der Leyen

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devant le Parlement à Strasbourg (Photo, AFP)
  • L'UE lancera «dans les prochaines semaines» un débat sur la réforme des règles budgétaires européennes qui devrait aboutir à leur assouplissement
  • L'Union européenne va fournir 100 millions d'euros supplémentaires d'aide aux organisations humanitaires présentes en Afghanistan pour éviter «une famine et un désastre humanitaire majeurs»

STRASBOURG: Défense européenne, autonomie industrielle, partage des vaccins, lutte contre les violences faites aux femmes: voici les principales annonces du discours annuel sur l'état de l'Union prononcé mercredi par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devant le Parlement à Strasbourg.  

Union de la défense   

Un sommet sur la défense sera organisé par la présidence française de l'Union européenne au premier semestre de 2022, alors que le retrait d'Afghanistan a relancé la réflexion sur l'autonomie des Européens.  

Souveraineté technologique  

Bruxelles va proposer une loi européenne sur les semi-conducteurs pour défendre la souveraineté technologique de l'UE, actuellement dépendante de l'Asie en la matière, et alors que des pénuries paralysent plusieurs secteurs d'activité.  

D'ici à 2030, l'UE ambitionne de produire 20% des semi-conducteurs dans le monde, soit un doublement de sa part actuelle.  

« Accélérer la vaccination mondiale »   

Soulignant qu'à l'échelle planétaire, « moins de 1% des doses (de vaccins) administrées l'ont été dans les pays à faibles revenus », Ursula von der Leyen a annoncé que l'UE allait quasiment doubler ses dons de vaccins à ces pays, à 450 millions de doses d'ici à la mi-2022.  

Europe de la santé   

Une nouvelle autorité, baptisée HERA, installée au sein même de la Commission, sera chargée de préparer l'UE aux prochaines crises sanitaires et d'investir dans des technologies médicales prometteuses.  

 

Un outil-clé pour affronter les futures pandémies

Bruxelles dévoilera jeudi la structure qui visera à « renforcer la capacité de l'UE à prévenir, détecter et contrer rapidement » les prochaines crises sanitaires, en assurant le développement, l'approvisionnement, le stockage et la distribution des traitements médicaux nécessaires. 

Dans son projet d'« Europe de la santé », Bruxelles avait affiché dès novembre 2020 son ambition de créer l'équivalent de la puissante Autorité pour la recherche et développement en biomédical (Barda) aux Etats-Unis, qui dépend du ministère américain de la Santé et dispose de colossaux moyens pour collaborer avec les laboratoires. 

HERA ne sera pas une agence indépendante sur le modèle de l'Agence européenne des médicaments (EMA) ou du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). 

Elle sera établie « au sein de la Commission, comme ressource partagée pour les Etats membres et l'UE », un format qui permettra de la rendre complètement opérationnelle « dès début 2022 », de fonctionner de façon flexible et de s'appuyer sur les pouvoirs et l'expertise de l'exécutif européen, selon un document consulté par l'AFP. 

La structure, qui disposera de six milliards d'euros sur six ans, devra « renforcer la coordination » entre Etats membres, en lien avec l'industrie pharmaceutique, afin notamment de résoudre les problèmes de pénuries et de dépendance mis en évidence par la pandémie de Covid-19. 

HERA sera pilotée par un conseil réunissant experts de la Commission et représentants des Etats, le Parlement européen devant se contenter d'un observateur. 

Si les Etats, dont la santé est une compétence exclusive, devront donner leur feu vert, le texte ne devrait pas être voté par le Parlement européen, un camouflet pour les eurodéputés réunis cette semaine à Strasbourg. 

« Les ambitions semblent à la baisse. Cette autorité ne doit pas être une coquille vide, ni un simple comité de réaction à la main de la Commission et des États », a regretté Nathalie Colin-Oesterlé (PPE, droite), rapporteure d'un texte sur les pénuries de médicaments. 

« On se retrouve avec une proposition dénuée de toute ambition législative, le Parlement s'apprêtant à être exclu de la discussion », même si »on comprend la nécessité d'aller vite et d'être pragmatique », a réagi Valérie Trillet-Lenoir (Renew, libéraux). 

Erasmus professionnel   

L'UE va lancer un nouveau programme, ALMA, sur le modèle d'Erasmus, pour offrir aux jeunes sans emploi ou sans formation « la possibilité d'une expérience professionnelle temporaire dans un autre État membre » que le leur.  

Règles budgétaires  

L'UE lancera « dans les prochaines semaines » un débat sur la réforme des règles budgétaires européennes qui devrait aboutir à leur assouplissement.  

Lutte contre l'évasion fiscale   

Bruxelles proposera un projet de loi ciblant les profits dissimulés derrière des sociétés écrans afin que les entreprises paient « un juste montant d'impôts ».  

Travail forcé   

La Commission va proposer l'interdiction de la vente dans l'UE de produits issus du travail forcé, ce qui pourrait concerner la production chinoise impliquant la minorité musulmane ouïghoure.  

Violences contre les femmes   

Bruxelles proposera « avant la fin de l'année » une loi sur la lutte contre les violences faites aux femmes. « Il s'agit de prévoir des sanctions efficaces, de prévenir et de protéger », a déclaré Mme von der Leyen.  

Afghanistan  

L'Union européenne va fournir 100 millions d'euros supplémentaires d'aide aux organisations humanitaires présentes en Afghanistan pour éviter « une famine et un désastre humanitaire majeurs » dans ce pays aux mains des talibans depuis la mi-août. L'UE avait déjà annoncé en août le quadruplement de son aide humanitaire à l'Afghanistan et aux pays voisins, à 200 millions en 2021.   

Environnement  

L'UE va augmenter de quatre milliards d'euros jusqu'en 2027 sa contribution au financement de « l'action climatique » des pays les plus vulnérables et attend « un effort supplémentaire » des Etats-Unis et des « autres partenaires ». L'UE s'était déjà engagée à financer 25 milliards de dollars annuels sur les 100 milliards par an promis par la communauté internationale jusqu'en 2025.  

Migration  

Six ans après l'afflux de réfugiés en provenance de Syrie qui avait pris l'UE de court, Ursula von der Leyen a pressé les Etats membres d'adopter la réforme de la politique d'asile proposée en 2020 par la Commission, qui bute sur de profondes divisions entre les 27. « Je vous invite instamment, dans cette Assemblée et dans les États membres, à accélérer le processus », a-t-elle dit.  

Fustigeant une « attaque hybride pour déstabiliser l'Europe », elle a aussi dénoncé « l'instrumentalisation » par le Bélarus des migrants, « mis dans des avions et littéralement poussés vers les frontières de l'Europe ».  

Etat de droit  

L'Allemande a souligné sa « détermination » à défendre les valeurs européennes tout en évitant de stigmatiser la Hongrie et la Pologne. Bruxelles est engagé dans un bras de fer avec ces deux pays sur le respect des décisions de la justice européenne, l'indépendance des juges et la lutte contre la corruption.  

« Quelques États membres ont connu une évolution préoccupante » mais « le dialogue n'est jamais clos », a-t-elle dit. 


La BBC doit «se battre» pour défendre son journalisme, dit le DG sortant

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
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  • Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public
  • Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump

LONDRES: La BBC doit "se battre" pour défendre son journalisme, a déclaré mardi le directeur général sortant de la BBC, Tim Davie, alors que le groupe public britannique est menacé de plainte en diffamation par Donald Trump.

Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public, rapportés par la chaîne BBC News.

Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump, le 6 janvier 2021, qui donnait l'impression que le président sortant incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.

"Nous avons fait une erreur, et il y a eu un manquement à nos règles éditoriales", a reconnu Tim Davie, expliquant qu'il avait assumé sa "part de responsabilité" en démissionnant.

Il n'a toutefois pas mentionné directement la menace d'action en justice lancée par Donald Trump, ni la date de son départ effectif, lors de cette visioconférence avec le président de la BBC, Samir Shah.

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC".

"Mais nous nous en sortirons", et "nous devons nous battre pour défendre notre journalisme", a-t-il insisté.

"Nous sommes une organisation unique et précieuse, et je vois la liberté de la presse mise à rude épreuve, je vois son instrumentalisation", a-t-il encore ajouté.


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.