Ultradroite: six ex-membres du groupuscule OAS jugés pour des projets d'attaques terroristes

Logan Nisin était surveillé pour son appartenance à divers mouvements d'ultradroite, dont le Mouvement Populaire pour une Nouvelle Aurore (MPNA) ou l'organisation royaliste Action française (Photo, AFP).
Logan Nisin était surveillé pour son appartenance à divers mouvements d'ultradroite, dont le Mouvement Populaire pour une Nouvelle Aurore (MPNA) ou l'organisation royaliste Action française (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 19 septembre 2021

Ultradroite: six ex-membres du groupuscule OAS jugés pour des projets d'attaques terroristes

  • Selon l'accusation, ce groupuscule entendait «préparer physiquement, psychologiquement et matériellement des combattants (...) dans les perspectives d'une guerre raciale imminente»
  • Tous jugés pour «association de malfaiteurs terroriste», les six prévenus, âgés aujourd'hui de 23 à 29 ans, encourent jusqu'à dix ans de prison

PARIS: Ils voulaient "enclencher la ‘remigration’ basée sur la terreur": six anciens membres du groupuscule d'ultradroite OAS, dont leur jeune chef autoproclamé Logan Nisin, sont jugés à partir de mardi à Paris pour des projets d'attaques terroristes.

Leurs cibles envisagées: des personnes musulmanes, arabes, noires... ou encore Christophe Castaner, alors porte-parole du gouvernement macroniste, et Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise.

Selon l'accusation, ce groupuscule, fondé en novembre 2016 et démantelé en octobre 2017, entendait "préparer physiquement, psychologiquement et matériellement des combattants (...) dans les perspectives d'une guerre raciale imminente".

Avec en devise, une haine revendiquée. "Rebeux, blacks, racailles, migrants, dealers, djihadistes, toi aussi tu rêves de tous les tuer? Nous en avons fait le voeu REJOINS-NOUS" (sic), était-il écrit sur des tracts numérisés trouvés pendant l'enquête.

Tous jugés pour "association de malfaiteurs terroriste", les six prévenus, âgés aujourd'hui de 23 à 29 ans, encourent jusqu'à dix ans de prison. Trois autres, mineurs au moment des faits, seront jugés en octobre par le tribunal pour enfants.

Fan d'Anders Breivik

Leur chef présumé, Logan Nisin, a 20 ans quand il fonde secrètement l'Organisation des armées sociales (OAS) dont l'acronyme rappelle délibérément celui de l'Organisation armée secrète, responsable d'une campagne sanglante contre l'indépendance de l'Algérie dans les années 1960.

Logan Nisin est alors chaudronnier, vit à Vitrolles (Bouches-du-Rhône) chez sa mère et est déjà fiché S pour son appartenance à divers mouvements d'ultradroite, dont le Mouvement Populaire pour une Nouvelle Aurore (MPNA) ou l'organisation royaliste Action française.

Il est interpellé en juin 2017, les autorités s'inquiétant de son activité sur Facebook où il anime un groupe de "supporters" d'Anders Behring Breivik, auteur néonazi de la tuerie qui a fait 77 morts en Norvège en 2011.

Lors de perquisitions, les enquêteurs découvrent des documents révélant l'existence de l'OAS et plusieurs armes. "Le but n'est pas de tuer pour tuer, l'objectif concret de l'organisation est d'enclencher une remigration basée sur la terreur. Leur faire peur pour qu'un maximum s'en aille pacifiquement puis les 10% restant c'est bon, c'est acceptable", justifiera le jeune homme.

L'OAS avait des statuts, un organigramme, des manuels de fonctionnement, projetait d'extorquer des fonds à des entreprises pour acheter des armes... "Sur le papier, c'était pensé", reconnaît l'avocat de Logan Nisin, Me Eric Bourlion, mais sans être concret, assure-t-il à l'AFP. "On s'organise, on écrit, on dessine... mais on ne passe jamais à l'acte".

Procès inédit

Depuis 2017, six enquêtes liées à des projets d'attentats d'ultradroite, dont celle sur l'OAS, ont été ouvertes par le parquet antiterroriste. Ce dossier OAS est le premier à être jugé.

Lors de ce procès de deux semaines, Jean-Luc Mélenchon sera entendu.

En garde à vue, Logan Nisin avait indiqué que le groupe avait envisagé de s'attaquer au chef de file des Insoumis pendant la présidentielle, avant d'abandonner l'idée.

La découverte de l'existence de l'OAS et de ses projets ont constitué "un basculement" dans la vie politique de Jean-Luc Mélenchon, ont assuré à l'AFP ses avocats, Mes Mathieu Davy et Jade Dousselin, précisant que leur client demanderait, une nouvelle fois, à se constituer partie civile.

Lors de l'enquête, Logan Nisin avait aussi dit avoir "réellement" planifié de s'en prendre à Christophe Castaner et envisagé d'attaquer un marché aux puces, des kebabs ou encore le chantier de la grande mosquée de Vitrolles.

Il avait toutefois aussi affirmé ne jamais avoir eu les moyens de ses ambitions. Il avait également expliqué avoir réfléchi et jugé que les risques de finir en prison étaient trop élevés.

Après son placement en détention provisoire, Logan Nisin a d'abord incité ses partenaires, pas encore arrêtés, à détruire des preuves et à continuer l'activité de l'OAS. Quatre ans plus tard, son avocat l'assure: "il attend avec impatience de pouvoir s'expliquer" à la barre, "c'est quelqu'un qui a changé".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.