La France, meurtrie, en situation délicate sur la scène internationale

La vente de sous-marins par la France à l’Australie a été annulée (Photo, AFP).
La vente de sous-marins par la France à l’Australie a été annulée (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 20 septembre 2021

La France, meurtrie, en situation délicate sur la scène internationale

  • La France a rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis, un acte sans précédent vis-à-vis de cet allié historique, de même que celui en Australie
  • Les Etats-Unis et l'Australie, en annonçant mercredi une alliance stratégique avec Londres pour contrer l'influence de la Chine, ont en même temps torpillé un contrat de vente de sous-marins français

NATIONS UNIES: En optant pour une crise frontale avec les Etats-Unis après la perte d'un mégacontrat de sous-marins, la France fait un pari risqué, avec des alliés européens peu pressés de la soutenir et guère d'options à sa disposition.

"Quand on entre dans une crise de ce type, il faut savoir par quelle porte on pourra en sortir", avertit Bertrand Badie, professeur de relations internationales à l'Institut de Sciences Politiques à Paris.

Pour marquer sa colère, la France a rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis, un acte sans précédent vis-à-vis de cet allié historique, de même que celui en Australie, pays à l'origine de la crise.

"Il faudra bien qu'ils retournent à leur poste, surtout l'ambassadeur à Washington. Or on ne voit pas aujourd'hui quel type d'événement pourrait permettre ce retour sans que la France donne l'impression de céder ou de perdre la face", explique Bertrand Badie à l'AFP.

Paris ne décolère pas contre les Etats-Unis et l'Australie qui, en annonçant mercredi une alliance stratégique avec Londres pour contrer l'influence de la Chine, ont en même temps torpillé un contrat de vente de sous-marins français à la marine australienne pour plus de 50 milliards d'euros.

Si le président Emmanuel Macron est resté silencieux, son chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, d'ordinaire peu expansif, tire à boulets rouges sur les trois contrevenants en des termes très peu diplomatiques plutôt rares. 

"Mensonge", "duplicité", "mépris"... Il leur reproche d'avoir dissimulé pendant des mois leurs négociations, dénonce une "rupture majeure de confiance" entre alliés de l'Otan et traite au passage le Royaume-uni de "cinquième roue du carosse". 

«Un coup dur»

Face à cette charge, doublée d'un silence européen éloquent, la France se retrouve bien seule sur la scène internationale alors que s'ouvre cette semaine à New York l'Assemblée générale annuelle de l'ONU. Emmanuel Macron a choisi de ne pas s'y rendre, Jean-Yves Le Drian représentant la France.

A Berlin, le gouvernement s'est borné à dire avoir "pris note" de la crise. Avec les législatives allemandes du 26 septembre, la France sait qu'elle ne pourra guère compter dans l'immédiat sur Berlin.  

"C’est un coup dur pour la France. Il n’y a pas de sortie par le haut", considère Célia Belin, spécialiste des relations transatlantiques à la Brookings Institution. Dans cet imbroglio, "il faut exiger que les choses se terminent de manière légale et correcte avec les Australiens", précise-t-elle à l'AFP.

L'escalade avec les Etats-Unis risque d'impacter plusieurs dossiers sauf à tenter de recoller rapidement les morceaux.

"Cà peut être des gestes formels, symboliques, une rencontre, des propos très aimables, quelque chose qui vienne flatter la diplomatie française", juge Bertrand Badie.

Joe Biden a demandé à s'expliquer avec Emmanuel Macron, qui le prendra au téléphone dans les "prochains jours", selon le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal.

A ce stade, aucune rencontre bilatérale n'est prévue en marge de l'Assemblée de l'ONU à New York entre le chef de la diplomatie française et ses homologues américain Antony Blinken et britannique Liz Truss.

La colère, mauvaise conseillère ?

Une réunion des ministres français et britannique de la Défense, prévue cette semaine, a été annulée à la demande de Paris.

"On a le droit d'être en colère (..) Mais le risque pour la France c'est que ce soit la colère qui la guide", pointe François Heisbourg, de la Fondation pour la Recherche stratégique (FRS) à Paris.

Parmi les sorties de crises possibles, l'Australie pourrait louer des sous-marins nucléaires d'attaque à la France en attendant que les Etats-Unis lui en fournissent, suggère-t-il. Le contrat initial portait sur des submersibles à propulsion diesel.

"Après un camouflet comme ça, il est très important que les Français se concentrent sur l’Europe et s’assurent une solidarité européenne", estime Célia Belin.

Loin de ses promesses de début de mandat, Joe Biden a déjà plusieurs fois bousculé ses partenaires européens, de l'annonce unilatétale du retrait d'Afghanistan au maintien de frontières fermées pour les voyageurs européens en raison de la pandémie de Covid-19. 

"Mais l'Europe n'a jamais été autant divisée sur ses options de politique étrangère" et sur sa relation avec Wahington, observe Bertrand Badie.

Pour les Européens de l'Est, le salut face à la Russie ne peut passer que par les Etats-Unis. L'Allemagne reste aussi soucieuse de ménager l'allié américain. Ces positions vont à l'encontre de l'autonomie stratégique de l'Europe réclamée par le président Macron dont le pays prendra la présidence de l'Union européenne au premier semestre 2022.


Consulat d'Iran à Paris: un homme interpellé après une alerte

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  • En réalité, aucun explosif n'a été retrouvé "ni dans les locaux du consulat, ni dans le véhicule" du suspect, a annoncé la Préfecture de police de Paris, après l'interventionde la BRI (brigade de recherche et d'intervention)
  • Selon les premiers éléments, il s'agit d'un homme né en 1963 en Iran", a poursuivi le parquet, ajoutant qu'il était sorti "de lui-même" du consulat

PARIS: Un homme a été interpellé vendredi après une alerte lancée par le consulat d'Iran à Paris. Un individu aurait été vu dans ses locaux "porteur d'une grenade ou d'un gilet explosif", selon l'intitution.
En réalité, aucun explosif n'a été retrouvé "ni dans les locaux du consulat, ni dans le véhicule" du suspect, a annoncé la Préfecture de police de Paris, après l'interventionde la BRI (brigade de recherche et d'intervention), une unité d'élite de la police
Le parquet de Paris a également affirmé à l'AFP qu'"aucune matière explosive" n'avait été retrouvée "à ce stade, ni sur lui, ni sur place".
"Selon les premiers éléments, il s'agit d'un homme né en 1963 en Iran", a poursuivi le parquet, ajoutant qu'il était sorti "de lui-même" du consulat et qu'il "aurait proféré des menaces de passage à l'acte violent".
"Les vérifications et comptes-rendus se poursuivent afin de préciser la situation judiciaire", selon la même source.
L'affaire avait débuté vers "11H00" avec le signalement d'un homme qui "aurait été aperçu par un seul témoin entrant dans le consulat, rue de Fresnel, porteur d'une grenade ou d'un gilet explosif", avait rapporté un peu auparavant la PP à l'AFP.
En début d'après-midi un périmètre de sécurité avait été mis en place tout autour du consulat, situé dans le 16e arrondissement de Paris près du Trocadéro.
Le trafic sur les lignes de métro 9 et 6 desservant la station Trocadéro, la plus proche du consulat d'Iran, a été interrompu, pour des raisons de sécurité, comme l'a annoncé la RATP sur X.
Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a mobilisé, outre la BRI, d'importantes forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Le préfet répondait à une "demande d'intervention" du consulat.
Le consulat et l'ambassade d'Iran partagent le même bâtiment, mais ont des entrées différentes: le 4 avenue d'Iena pour l'ambassade et le 16 rue Fresnel pour le consulat.
Après l'interpellation du suspect, le dispositif sécuritaire était toujours bien en place et une vingtaine de journalistes étaient présents, notamment des journalistes étrangers, selon le journaliste de l'AFP.
Deux camions de police bloquaient le croisement de la rue de la Manutention et de la rue Fresnel où se trouve le consulat d’Iran.
La France a relevé son dispositif Vigipirate en urgence attentat, son plus haut niveau, après l'attentat survenu en mars à Moscou dans une salle de spectacle.

 


France: décès d'une adolescente en marge d'une attaque au couteau devant une école

Des élèves et des parents se rassemblent devant une école parmi les forces de police de la ville de Souffelweyersheim, dans l'est de la France, après que deux filles ont été blessées lors d'une attaque au couteau devant l'école le 18 avril 2024. (Photo, AFP)
Des élèves et des parents se rassemblent devant une école parmi les forces de police de la ville de Souffelweyersheim, dans l'est de la France, après que deux filles ont été blessées lors d'une attaque au couteau devant l'école le 18 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • Jeudi après-midi, une alerte avait été lancée par le directeur de l'école primaire de la commune après que deux écolières eurent été attaquées au couteau à l'extérieur de l'établissement
  • Vendredi matin, plusieurs policiers étaient en faction devant l'établissement, où les surveillants faisaient entrer les collégiens

SOUFFELWEYERSHEIM: Une adolescente de 14 ans a été victime d'un arrêt cardiaque lors du confinement de son collège consécutif à une attaque au couteau jeudi dans une école attenante dans un village au nord de Strasbourg (est de la France).

La jeune fille "avait été secourue par des enseignants qui très vite ont appelé les services de pompiers" dans la commune de Souffelweyersheim, en Alsace, mais "elle est décédée en fin d'après-midi", a expliqué vendredi à l'AFP le recteur d'académie, Olivier Faron.

"C'est avec une infinie tristesse que j'ai appris le décès d'une jeune collégienne, victime d'un arrêt cardiaque lors de la mise en sûreté en marge de l'attaque au couteau à proximité de son établissement", a réagi auprès de l'AFP la ministre française de l'Education nationale, Nicole Belloubet.

"La perte d'une jeune vie, pleine de promesses et d'avenir, est une tragédie qui me bouleverse, qui nous bouleverse. Dans la douleur, toute l'Education nationale est auprès des siens".

Jeudi après-midi, une alerte avait été lancée par le directeur de l'école primaire de la commune après que deux écolières eurent été attaquées au couteau à l'extérieur de l'établissement par un individu présentant des antécédents psychiatriques.

Outre l'école, le collège, distant de quelques dizaines de mètres, a également été confiné.

"Nous avons mis en place la procédure de confinement. Les enseignants l'ont fait de manière extrêmement précise et rigoureuse et malheureusement cette collégienne a connu un épisode de stress très fort qui a abouti à cet arrêt cardiaque", a indiqué le recteur.

Vendredi matin, plusieurs policiers étaient en faction devant l'établissement, où les surveillants faisaient entrer les collégiens.

"Aucune solution parfaite" 

"(Mon fils) est autonome, il fait le trajet tout seul à vélo normalement, mais là, faire le trajet ce matin lui faisait peur. On est juste venu récupérer ses affaires et je vais le garder avec moi aujourd'hui. Il a eu du mal à s'endormir hier soir", a expliqué à l'AFP Deborah Wendling, mère d'un élève du collège.

"Le confinement a été mené presque plus sous forme de jeu à l'école primaire, mais ici ça a été peut être un peu trop direct", a-t-elle ajouté. "Lui pensait qu'il y avait une personne armée dans le collège. Ils entendaient des portes claquer, mais en fait c'était juste les autres classes qui se confinaient aussi".

Lorsque l'alerte a été donnée, les classes ont fermé leurs portes et les élèves se sont dissimulés sous les tables. L'auteur de l'attaque au couteau n'est entré dans aucun établissement.

"Des investigations devront être menées afin de déterminer dans quelles conditions cet arrêt (cardiaque) est intervenu", a déclaré jeudi la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi.

"Il n'y a aucune solution parfaite et nous analyserons en profondeur ce qui s'est passé. S'il y a des enseignements à tirer, nous les tirerons. Mais les enseignants ont vraiment fait le nécessaire", a commenté le recteur.

Motivation de l'assaillant inconnue 

"Nous sommes atterrés, sans voix", a déclaré Georges Schuler, maire de Reichstett, commune de résidence de la collégienne. "Je ne peux pas vous dire si cette jeune fille présentait une pathologie cardiaque ou pas".

La présence de la gendarmerie aux abords des établissements scolaires a été renforcée, selon la préfecture du Bas-Rhin.

Les deux fillettes visées lors de l'attaque présentent des "blessures physiques légères" et ont rapidement quitté l'hôpital, selon le parquet de Strasbourg.

L'assaillant, âgé de 30 ans, a été interpellé.

Une enquête pour "tentatives d'homicides volontaires sur mineures de 15 ans (et rébellion)" a été ouverte.

"Les motivations du principal suspect demeurent inconnues à ce stade", a précisé le parquet, évoquant des "fragilités psychiatriques".

 

 


Darmanin empoigné vivement en Guadeloupe par un homme placé en garde à vue

Le ministre français de l'intérieur et de l'outre-mer, Gérald Darmanin, arrive pour parler à la presse lors d'une visite consacrée aux mesures de sécurité avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques avec la Brigade fluviale de la police française à Paris le 9 avril 2024. (Photo de Miguel MEDINA / AFP)
Le ministre français de l'intérieur et de l'outre-mer, Gérald Darmanin, arrive pour parler à la presse lors d'une visite consacrée aux mesures de sécurité avant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques avec la Brigade fluviale de la police française à Paris le 9 avril 2024. (Photo de Miguel MEDINA / AFP)
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  • Les faits se sont déroulés alors que le ministre de l'Intérieur venait enregistrer une interview dans les locaux la chaîne Guadeloupe 1ère
  • Un homme «d'une vingtaine d'années» selon la source proche de l'enquête, s'est approché du ministre demandant à lui parler

POINTE-A-PITRE: Gérald Darmanin a été empoigné vivement mais pas blessé jeudi près de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) dans les locaux de la chaîne Guadeloupe 1ère par un jeune homme, aussitôt interpellé et placé en garde à vue, a-t-on appris d'une source proche de l'enquête et de deux témoins de la scène.

Les faits se sont déroulés alors que le ministre de l'Intérieur venait enregistrer une interview dans les locaux de cette télévision, à Baie-Mahault, au terme de son déplacement en Guadeloupe au cours duquel il a annoncé l'instauration d'un couvre-feu à partir de 20H00 pour les mineurs à Pointe-à-Pitre, ville qualifiée de "coupe-gorge" par son maire.

Un homme "d'une vingtaine d'années" selon la source proche de l'enquête, s'est approché du ministre demandant à lui parler, ont relaté à l'AFP deux témoins qui ont souhaité garder l'anonymat.

Le ministre lui a alors tendu la main et c'est alors que l'homme l'a empoigné vivement par le bras et les épaules avant d'être maitrisé par les hommes de la sécurité du ministre, a décrit un des deux témoins.

L'homme a été placé en garde à vue à la gendarmerie de Baie-Mahault, a déclaré à l'AFP la source proche du dossier, ajoutant qu'une enquête avait été ouverte pour "violence sur personne dépositaire de l'autorité publique et rébellion".

"Il a voulu s’échapper et ne s'est pas laissé faire" et s'est montré "non coopératif" lors de sa garde à vue. Les tests habituels n'ont pas pu être effectués et le jeune homme a été "hospitalisé aux urgences psychiatriques" du CHU de Pointe-à-Pitre, vendredi soir, selon la même source.

Le ministre n'a pas été blessé. Il a ensuite enregistré comme prévu son interview.

"J'en ai discuté avec le ministre qui m'a dit que ce n'était pas trop grave et j'espère que ça finira bien pour le jeune", a dit à l'AFP Ary Chalus, le président de la région Guadeloupe.

Interrogé sur cet épisode, le député socialiste Christian Baptiste a pour sa part répondu: "Je ne sais pas les conditions dans lesquelles cela s'est passé, mais on ne peut pas accepter l'inacceptable, qu'un ministre puisse se faire agresser, et on peut s'interroger sur le service de sécurité".

M. Darmanin, lui, n'a pas souhaité s'exprimer sur cet incident.