A Dubaï, les expatriés libanais à la rescousse des proches restés au pays

Cargaison d’aide à destination de Beyrouth provenant de Libanais vivant à Dubaï (Photo, AFP).
Cargaison d’aide à destination de Beyrouth provenant de Libanais vivant à Dubaï (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 20 septembre 2021

A Dubaï, les expatriés libanais à la rescousse des proches restés au pays

  • Dans la riche et clinquante cité-Etat du Golfe, l'importante diaspora libanaise se mobilise pour venir en aide aux leurs
  • Les réseaux sociaux regorgent de messages de Libanais appelant à envoyer des produits de base : lait infantile, couches, médicaments, café ou encore serviettes hygiéniques

DUBAI: Dans un quartier du centre de Dubaï, où les grosses voitures circulent entre de gigantesques gratte-ciels, Jennifer Houchaime confie son sentiment de "culpabilité" et sa détermination à "aider" ses proches restés au Liban, pays plongé dans l'une des pires crises économiques au monde.

"Comment rester assise dans le confort de ma maison climatisée, avec un réfrigérateur plein, en sachant que mon peuple, mes amis et ma famille galèrent là-bas ?", s'interroge cette Libanaise de 33 ans, consultante dans le secteur hôtelier.

"La culpabilité est très, très forte ! De la culpabilité, de la honte et de la nostalgie, tout ce qui vous conduit chez un psychiatre en fait", confie-t-elle à l'AFP.

Dans la riche et clinquante cité-Etat du Golfe, l'importante diaspora libanaise se mobilise pour venir en aide aux leurs, confrontés depuis fin 2019 à l'effondrement de l'économie du Liban avec d'interminables coupures d'électricité, une inflation liée à la déliquescence de la monnaie et de graves pénuries en tout genre. 

Accusant une classe politique considérée quasi-unanimement comme incompétente et corrompue, la population manque de tout, de l'essence aux médicaments en passant par le pain et diverses denrées dans un pays qui n'a plus les moyens d'importer. Plus des trois quarts des Libanais vivent désormais dans la pauvreté.  

Les réseaux sociaux regorgent de messages de Libanais appelant à envoyer des produits de base : lait infantile, couches, médicaments, café ou encore serviettes hygiéniques.

Se défiant des autorités libanaises, les expatriés libanais de Dubaï ont pris l'initiative d'acheminer eux-même de l'aide. Lorsqu'ils rentrent au pays, Jennifer Houchaime et ses amis entassent dans leurs valises médicaments et produits alimentaires de base. "On veut essayer d'aider notre famille et nos amis autant que possible."

«Combler ce vide»

Face à la multiplication de ces initiatives d'entraide, la compagnie aérienne Emirates, basée à Dubaï, a autorisé jusqu'à fin septembre dix kilos de bagages supplémentaires pour ses clients se rendant au Liban.

Basée au Liban, Aya Majzoub, chercheuse à l'ONG Human Rights Watch, constate que la confiance envers les autorités locales n'a jamais été aussi faible. 

"Il n'est pas surprenant que des initiatives locales et populaires aient vu le jour pour combler ce vide tout en contournant le gouvernement considéré comme corrompu, inefficace et incompétent", dit-elle à l'AFP.

"Au cours des dernières décennies, les responsables libanais ont dilapidé des milliards de dollars d'aide internationale, s'enrichissant tout en appauvrissant le pays", fustige-t-elle.

Un récent voyage au pays a ouvert les yeux de Dima Hage Hassan. "J'étais au Liban, j'avais de l'argent, j'avais de l'essence dans ma voiture. Mais j'ai fait le tour des pharmacies sans pouvoir trouver de médicaments pour les otites de ma mère", raconte à l'AFP cette créatrice de contenu numérique indépendante, âgée de 38 ans.

"C'est très différent quand on est sur place, on ressent ce que les gens ressentent. On se sent très coupable de la façon dont on peut dépenser l'argent", ajoute l'expatriée libanaise, faisant référence au mode de vie dubaïote, connu pour ses restaurants hors de prix et ses gigantesques centres commerciaux. 

«Faire notre part»

La Libanaise Sarah Hassan, qui vit aussi à Dubaï, fait sa valise pour se rendre dans son pays pour la deuxième fois en moins de deux mois. Elle emporte médicaments, crèmes, ventilateurs à piles et serviettes hygiéniques.

"J'ai acheté deux ventilateurs parce que ma grand-mère est très âgée et nous voulons qu'elle se sente bien" quand il n'y a pas d'électricité, raconte-t-elle à l'AFP.

"Plusieurs de mes amis vont aussi au Liban, donc nous faisons tous notre part", ajoute cette femme de 26 ans qui travaille pour une grande marque de bijoux française. 

"J'ai été il y a un mois au Liban, c'était la première fois en deux ans. J'étais tellement choquée. Puis vous revenez ici, dans le confort de votre maison. Tout est à portée de main", confie Sarah Hassan.

Elle aussi ressent une "culpabilité si étouffante". "Ce n'est pas juste que tous ces gens souffrent pour des choses aussi basiques", soupire-t-elle.


Soudan: au moins 18 civils tués par les paramilitaires dans le Kordofan-Nord

Des membres du Croissant-Rouge soudanais et des experts médico-légaux exhument les dépouilles de personnes enterrées dans des tombes de fortune pour les réinhumer dans le cimetière local d'al-Azhari, dans la banlieue sud de Khartoum, la semaine dernière. (AFP)
Des membres du Croissant-Rouge soudanais et des experts médico-légaux exhument les dépouilles de personnes enterrées dans des tombes de fortune pour les réinhumer dans le cimetière local d'al-Azhari, dans la banlieue sud de Khartoum, la semaine dernière. (AFP)
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  • Au moins 18 civils ont été tués jeudi par les paramilitaires dans le Kordofan-Nord, dans l'ouest du Soudan en guerre depuis plus de deux ans
  • La région, théâtre de combats acharnés entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et l'armée, est largement isolée, les lignes de communication étant quasi inexistantes

KHARTOUM: Au moins 18 civils ont été tués jeudi par les paramilitaires dans le Kordofan-Nord, dans l'ouest du Soudan en guerre depuis plus de deux ans, a indiqué samedi une ONG.

La région, théâtre de combats acharnés entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et l'armée, est largement isolée, les lignes de communication étant quasi inexistantes.

Selon Emergency Lawyers, qui documente les exactions depuis le début du conflit, l'attaque des FSR survenue jeudi contre deux villages dans le sud de la région d'Umm Kuraydim "a causé la mort de 18 civils et blessé des dizaines d'autres".

Faute d'accès aux soins sur place, les blessés ont été transférés vers el-Obeid, à quelques dizaines de kilomètres au sud-est.

Cette ville, située à un carrefour stratégique reliant la capitale Khartoum (à 400 km) à la vaste région du Darfour, avait été assiégée par les paramilitaires pendant près de deux ans avant d'être reprise par l'armée en février.

Depuis la perte de Khartoum, reconquise par l'armée en mars, les paramilitaires se sont repliés vers l'ouest, intensifiant notamment leurs attaques au Darfour, qu'ils contrôlent déjà presque entièrement.

L'ONG a aussi fait état "de pillages, d'agressions et d'enlèvements de jeunes."

Alors que la guerre est entrée dans sa troisième année, les deux camps ont été accusés de viser des civils, de bombarder aveuglément des zones habitées et d'empêcher l'acheminement de l'aide humanitaire. Les paramilitaires sont tout particulièrement mis en cause pour des violences sexuelles systématiques, pillages et nettoyage ethnique.

Le conflit, déclenché en avril 2023 et décrit par l'ONU comme "la pire crise humanitaire au monde", a déjà fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.

Le Soudan fait aussi face à une épidémie de choléra, une maladie diarrhéique grave transmise par de l'eau ou des aliments contaminés. Depuis juillet 2024, près de 100.000 cas ont été enregistrés à travers le pays, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).


Liban: une explosion de munitions tue six soldats dans un site du Hezbollah

Lebanese army soldiers check the wreckage of a vehicle that was reportedly targeted by an Israeli strike, on the highway near the village of Ansarieyh, south of the coastal city of Sidon on August 8, 2025. (AFP)
Lebanese army soldiers check the wreckage of a vehicle that was reportedly targeted by an Israeli strike, on the highway near the village of Ansarieyh, south of the coastal city of Sidon on August 8, 2025. (AFP)
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  • L'armée libanaise a annoncé la mort de six de ses soldats dans une explosion survenue lors d'une opération de déminage dans un "dépôt d'armes" du sud du Liban, appartenant au Hezbollah
  • En vertu de la trêve conclue en novembre, qui a mis fin à la récente guerre entre Israël et le Hezbollah, allié de l'Iran, l'armée déploie des troupes dans le sud du pays et démantèle les infrastructures du groupe armé

BEYROUTH: L'armée libanaise a annoncé la mort de six de ses soldats dans une explosion survenue lors d'une opération de déminage dans un "dépôt d'armes" du sud du Liban, appartenant au Hezbollah selon une source militaire.

En vertu de la trêve conclue en novembre, qui a mis fin à la récente guerre entre Israël et le Hezbollah, allié de l'Iran, l'armée déploie des troupes dans le sud du pays et démantèle les infrastructures du groupe armé.

Cet incident survient quelques jours après que le gouvernement a chargé l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, à mettre en oeuvre d'ici la fin de l'année et auquel le mouvement chiite s'oppose. Téhéran a affirmé samedi son opposition à cette décision.

"Alors qu'une unité de l'armée recherchait et démantelait un dépôt d'armes à Wadi Zebqin, à Tyr, une explosion s'est produite à l'intérieur, faisant six morts et plusieurs blessés parmi les soldats", a indiqué l'armée dans un bilan provisoire, ajoutant avoir ouvert une enquête.

Une source militaire qui a requis l'anonymat a déclaré à l'AFP que l'explosion s'était produite "à l'intérieur d'une infrastructure militaire du Hezbollah", alors que les soldats "retiraient des munitions et engins non explosés".

Le président Joseph Aoun a, selon un communiqué de la présidence, contacté l'armée pour lui présenter ses condoléances et s'enquérir des circonstances de "l'incident tragique", qui a fait plusieurs "martyrs et blessés" parmi les soldats.

"C'est avec une profonde douleur que le Liban salue les fils de notre vaillante armée tombés en martyrs dans le sud, alors qu'ils accomplissaient leur devoir national", a écrit sur X le Premier ministre Nawaf Salam.

- Pression gouvernementale -

Le cessez-le-feu de novembre, qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, stipule que le port des armes au Liban doit être limité aux appareils de sécurité étatiques.

Le gouvernement, qui a décidé de désarmer le mouvement d'ici fin 2025, s'est réuni à deux reprises cette semaine sur le sujet, tandis que le Hezbollah a rejeté cette décision.

Un haut conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a affirmé samedi que "la République islamique d'Iran est certainement opposée au désarmement du Hezbollah, car l'Iran a toujours aidé le peuple libanais et la Résistance, et continue de le faire".

Jeudi, le gouvernement libanais a examiné une proposition américaine comprenant un calendrier pour le désarmement du Hezbollah, Washington pressant Beyrouth d'agir.

L'exécutif a approuvé l'introduction du texte américain sans fixer de délais précis, et a appelé au déploiement de troupes libanaises dans les zones frontalières ainsi qu'au retrait des forces israéliennes de cinq secteurs du sud du Liban occupés depuis la récente guerre.

Le même jour, le porte-parole des Casques bleus au Liban, Andrea Tenenti, a indiqué que les soldats de l'ONU avaient "découvert un vaste réseau de tunnels fortifiés" dans la même zone.

Le porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU, Farhan Haq, a précisé aux journalistes que les Casques bleus et l'armée libanaise avaient trouvé "trois bunkers, de l'artillerie, des lance-roquettes, des centaines d'obus explosifs et de roquettes, des mines antichars ainsi qu'environ 250 engins explosifs improvisés prêts à l'emploi".


Le comité ministériel arabe tient Israël pleinement responsable du génocide en cours à Gaza

Un enfant regarde une photo d'Amir, un garçon palestinien de cinq ans qui a été tué alors qu'il collectait de l'aide alimentaire à Gaza, lors d'une manifestation dans le centre de Lisbonne le 7 août 2025. (AP)
Un enfant regarde une photo d'Amir, un garçon palestinien de cinq ans qui a été tué alors qu'il collectait de l'aide alimentaire à Gaza, lors d'une manifestation dans le centre de Lisbonne le 7 août 2025. (AP)
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  • La commission a également exigé un accès inconditionnel à Gaza et a souligné la nécessité de commencer immédiatement à mettre en œuvre le plan de reconstruction arabe

Le Caire: Le comité ministériel arabe chargé de la question de Gaza a déclaré samedi tenir Israël entièrement responsable des crimes génocidaires visant les civils palestiniens dans la bande de Gaza.

« Nous tenons l’occupation israélienne entièrement responsable du génocide en cours et de l’impitoyable catastrophe humanitaire sans précédent qui se déroule dans la bande de Gaza, » indique un communiqué émis par les ministres participant au Sommet arabe‑islamique sur la situation à Gaza.

Le comité a appelé la communauté internationale — en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité — à agir d’urgence pour mettre un terme aux politiques agressives illégales israéliennes.

Il a aussi demandé l’arrêt immédiat et global de l’agression israélienne contre la bande de Gaza, ainsi que la fin des violations perpétrées par les forces occupantes contre les civils et les infrastructures civiles dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem‑Est.

Le comité a également exigé un accès inconditionnel à Gaza.

« Nous demandons que l’occupant israélien permette immédiatement et sans condition l’entrée à grande échelle de l’aide humanitaire – nourriture, médicaments et carburant – tout en garantissant la liberté d’opération des agences de secours et des organisations humanitaires internationales, conformément au droit international humanitaire et à ses principes applicables. »

Il a enfin souligné la nécessité de lancer sans délai la mise en œuvre du plan arabo‑islamique pour la reconstruction de la bande de Gaza, et a appelé à une participation active à la conférence de reconstruction de Gaza, qui se tiendra prochainement au Caire.

À l’issue d’une réunion du cabinet de sécurité vendredi, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a confirmé qu’un plan visant à prendre le contrôle de la ville de Gaza avait été approuvé.

Selon le ministère de la Santé de Gaza, l’offensive militaire israélienne lancée depuis l’attaque du 7 octobre a fait plus de 61 000 morts palestiniens.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com