Une nouvelle exposition de photos d'architectes retrace la croissance spectaculaire de Dubaï

Le World Trade Centre de Dubaï, 1980. (Fournie)
Le World Trade Centre de Dubaï, 1980. (Fournie)
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Publié le Samedi 04 septembre 2021

Une nouvelle exposition de photos d'architectes retrace la croissance spectaculaire de Dubaï

  • Dans une nouvelle exposition, l'architecte Todd Reisz retrace les premières étapes de cette expansion spectaculaire qui a valu à Dubaï une renommée mondiale
  • C'est en 2005 que Reisz s'est rendu pour la première fois à Dubaï ; il travaillait à cette époque pour le cabinet d'architecture OMA, dont le siège est à Rotterdam

DUBAÏ : « Ces photos m'ont beaucoup aidé à retranscrire dans mes écrits la vie à Dubaï dans les années 1970 et ce que cette ville dégageait à l’époque », déclare Todd Reisz à propos des photographies de Stephen Finch et Mark Harris. « Mais cette exposition ne se veut pas une réflexion systématique sur les photographies en tant que telles. Elle est destinée à examiner la manière dont la photographie peut nous aider à appréhender le temps qui passe ».

Reisz, architecte et écrivain basé à Amsterdam, s'affaire à préparer le lancement de l’exposition « Off Centre / On Stage », qui tente de dévoiler les empreintes laissées par cette ville d'antan à travers les diapositives de deux architectes. Au cours des 16 dernières années, il s'est plongé dans l'histoire de l'architecture de Dubaï. Cette exposition se veut donc une histoire d'amour et le dernier chapitre d'une longue enquête sur la contribution de l'architecture à la promotion de l'Emirat à travers le monde.

« Je suis très attaché à chacune de ces photographies », déclare Reisz. « Le matériel que je possédais jusque-là était en noir et blanc. Ces photos, elles, étaient en couleur et elles m'ont tout simplement bouleversé... J'ai commencé à réfléchir au lien qui existait entre cette ville habitée – la zone dite aujourd'hui le vieux Dubaï – et l'emplacement du World Trade Centre. Je cherchais à concevoir ce que ça aurait été d'assister à sa construction. La ville était reliée par des routes, et d'innombrables débris de construction se dressaient sur le chemin qui la relie au World Trade Centre. Cependant, ce projet qui se préparait au loin était énormément ambitieux. Quel sentiment cela procurait-t-il aux gens ? Et « Où cette ville se dirigeait-t-elle ? ».

Souk de Deira, 1977. Avec l'aimable autorisation de Stephen Finch. (Fourni)
Souk de Deira, 1977. Avec l'aimable autorisation de Stephen Finch. (Fourni)

C'est en 2005 que Reisz s'est rendu pour la première fois à Dubaï ;  il travaillait à cette époque pour le cabinet d'architecture OMA, dont le siège est à Rotterdam. En mission dans le Golfe pour se familiariser avec l'environnement et l'urbanisation de la région, il a découvert le travail de l'architecte britannique John Harris alors qu'il faisait des recherches et rédigeait deux publications pour OMA/AMO. Peu connu en dehors du monde de l'architecture, le cabinet de Harris, John R. Harris & Partners, a élaboré le premier plan d'urbanisme de Dubaï, conçu le World Trade Centre de la ville et exercé une influence considérable sur la transformation de Dubaï en ville mondiale. Cette admiration pour Harris a amené Reisz à publier l'ouvrage  « Showpiece City : How Architecture Made Dubai » en octobre de l'année dernière.

« Loin d'être un grandiloquent, Harris n'était pas un architecte égocentrique. Il était plutôt subtil et très attaché aux idéaux de l'architecture moderne, à savoir comment elle pouvait servir à améliorer la vie des gens », explique M. Reisz. «Nonobstant les réserves que suscite ce postulat, les experts sont arrivés à Dubaï au milieu des années cinquante à un moment donné et précis. C'est en 1959 que Harris a débarqué à Dubaï. Il faisait partie des nombreux ingénieurs venus construire des routes, des aéroports ou des ports. Son travail m'a donc servi de prisme par lequel j'ai observé la transformation de la ville » (Ville phare : comment l'architecture a façonné Dubaï)

Et pourtant, cette exposition ne se penche pas sur Harris lui-même, mais sur les photographies réalisées par Stephen Finch et Mark Harris, qui étaient tous deux affiliés à l'entreprise John R. Harris & Partners. Mark, le fils de John, était étudiant en architecture à l'époque où les photographies ont été prises entre le milieu et la fin des années 1970. Il est par la suite devenu partenaire de l'entreprise. Quant à Finch, il était l'architecte en chef du projet du World Trade Centrer.

Todd Reisz est un architecte et un écrivain basé à Amsterdam. (Fourni)
Todd Reisz est un architecte et un écrivain basé à Amsterdam. (Fourni)

Leurs photos, qui remontent à 1976 et 1979, correspondent à des observations visuelles sans être des photographies documentaires ou artistiques. Ainsi, Mark Harris a photographié le quartier de Bastakiya. Il ne cherchait pas à capturer les bâtiments menacés ou les détails architecturaux. Il voulait simplement documenter comment les habitants de ce quartier circulaient à travers les rues et les ruelles. Ainsi, ses photographies représentent non seulement des images de la vie dans cette ville, mais également une étude urbaine.

« Je ne souhaite pas dire en partageant ces photos : ‘Voici à quoi ressemblait Dubaï autrefois, incroyable, non ?’ », explique Reisz. « Ces photos ont été réalisées par des architectes et ces derniers prennent des photos d'une manière différente des autres. Les caméras sont pour eux un outil d'analyse de l'environnement urbain. Par conséquent, la raison pour laquelle ils prennent des photos oscille entre le personnel et le professionnel.

« Les gens qui viendront à cette exposition y verront une expérience nostalgique de cette ville d'antan, j'en suis sûr. Je pense que ces photos procurent cette impression, et c'est bien. Enfin, les expositions sont censées laisser aux gens le soin de les interpréter comme ils le souhaitent. Pour moi, il est toutefois important de souligner que ces photos ont été prises par des architectes qui visitaient une ville qu'ils devaient transformer. Ils photographiaient le présent tout en dessinant l'avenir ».

Finch, pour sa part, souhaitait photographier les personnes qui vivaient dans la ville et qui l'utilisaient. Pour cela, il fallait examiner la manière dont ils se déplaçaient et interagissaient avec l'environnement physique. « Il ne faut d'ailleurs pas sous-estimer le sentiment qui a envahi les architectes lorsqu’ils ont vu s'élever une tour de 150 mètres, dessinée dans leur bureau », dit Reisz. « Finch a photographié le chantier et les ouvriers lors de leur pause-déjeuner ; mais il n'a pas pris ces photos comme l'aurait fait un photographe. Un photographe aurait osé s'approcher davantage des gens. L'architecte se tient à distance du sujet ».

C'est en 2005 que Reisz s'est rendu pour la première fois à Dubaï; il  travaillait alors pour le cabinet d'architectes OMA, dont le siège est à Rotterdam. (Fourni)
C'est en 2005 que Reisz s'est rendu pour la première fois à Dubaï; il  travaillait alors pour le cabinet d'architectes OMA, dont le siège est à Rotterdam. (Fourni)

Une photo particulière prise par Harris pointe vers le nord, en direction du World Trade Centre. « L'ensemble du complexe est visible sur cette photo : l'hôtel Hilton, le centre d'exposition, la tour et, au milieu, des jeunes qui jouent au cricket. C'est une très belle photo. Les habitants de Dubaï ont l'habitude de dénicher des terrains de cricket surprenants ; je me demande comment ces jeunes ont pu choisir cet endroit qui offre une si belle vue, un terrain vierge où le World Trade Centre est en construction. Ils l'ont choisi comme terrain de cricket ».

L'exposition, qui se tiendra dans le hall du Jameel Arts Center de Dubaï du 29 septembre au 19 février 2022, présente 60 photos et « d'autres représentations de Dubaï parues dans la presse locale et internationale » et sera complétée par un nouveau livre. Soutenue par la Barjeel Art Foundation, l'exposition s'appuie sur des documents que Reisz a rassemblés sur plus de dix ans, époque à laquelle  il s'est imposé comme une référence en matière de transformation urbaine de Dubaï. À bien des égards, l'exposition se veut un prolongement de « Showpiece City » et donne à Reisz l'occasion d'aller au-delà de certains des grands thèmes abordés dans ce livre et d'en étudier certains aspects, plus en profondeur.

Le World Trade Center de Dubaï, 1977. Avec l'aimable autorisation de Stephen Finch. (Fourni)
Le World Trade Center de Dubaï, 1977. Avec l'aimable autorisation de Stephen Finch. (Fourni)

«Ils ont retrouvé une vie qu'ils n'étaient pas censés vivre, voici le message que véhiculent ces photos » explique M. Reisz. « Je pense que ce hasard rend ces photos encore plus fascinantes à contempler aujourd’hui».

Ces photos ont été réalisées à l'époque où Dubaï entamait son expansion vers le sud. Avec un nouvel aéroport, un port maritime en eau profonde et un nouvel hôpital immense, les ambitions de la ville se sont manifestées à l'échelle mondiale. Cette expansion marquait une rupture avec le centre historique de Dubaï, situé sur la crique, et entraînait une transformation spectaculaire de la ville. Voilà qui explique le titre de l'exposition, « Off Centre / On Stage » (Loin du centre / Sur scène).

« La chose qui me fascine le plus à propos de Dubaï, c'est la circulation rapide des idées dans le monde », dit Reisz. « Plus précisément, les idées sur la manière dont nous construisons nos villes, concevons nos bâtiments, et comment nous présentons nos villes au reste du monde pour que les gens s'y rendent. En quelque sorte, je pense que pour mieux comprendre ce phénomène, il suffit de se tourner vers Dubaï».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com.


Gaza: le Hamas et le Jihad islamique annoncent rendre le corps d'un otage

Les branches armées du Hamas et du Jihad islamique ont annoncé mardi qu'elles allaient rendre le corps d'un 26e otage mort retenu dans la bande de Gaza à 14h00 GMT, après qu'Israël a dénoncé leur retard à le faire. (AFP)
Les branches armées du Hamas et du Jihad islamique ont annoncé mardi qu'elles allaient rendre le corps d'un 26e otage mort retenu dans la bande de Gaza à 14h00 GMT, après qu'Israël a dénoncé leur retard à le faire. (AFP)
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  • Le Hamas a depuis libéré l'ensemble des otages vivants enlevés lors de son attaque sanglante en Israël le 7 octobre 2023, et remis - plus tard que prévu - les dépouilles de 25 otages morts, conformément aux termes du cessez-le-feu
  • Il a justifié ces retards par la difficulté à retrouver des corps de personnes décédées sous les décombres laissés par les bombardements israéliens, en l'absence aussi du manque d'engins de déblaiement

GAZA: Les branches armées du Hamas et du Jihad islamique ont annoncé mardi qu'elles allaient rendre le corps d'un 26e otage mort retenu dans la bande de Gaza à 14h00 GMT, après qu'Israël a dénoncé leur retard à le faire.

"Les Brigades al-Quds et les Brigades al-Qassam remettront le corps d'un des captifs israéliens, retrouvé au centre de la bande de Gaza", détaille un communiqué conjoint des deux organisations.

Peu avant, Israël avait accusé le Jihad islamique de violer le fragile cessez-le-feu en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre, en tardant à remettre aux autorités un corps que le groupe avait annoncé avoir localisé lundi.

"A la lumière de l'annonce du Jihad islamique concernant la localisation des restes d'un otage décédé, Israël considère comme grave le retard dans sa remise immédiate. Il s'agit d’une nouvelle violation de l'accord" de cessez-le-feu, avait indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu.

Au début du cessez-le-feu négocié par les Etats-Unis entre Israël et le Hamas, les groupes armés détenaient 20 otages vivants et 28 dépouilles de personnes prises en otage alors qu'elles étaient déjà décédées ou mortes durant leur captivité.

Le Hamas a depuis libéré l'ensemble des otages vivants enlevés lors de son attaque sanglante en Israël le 7 octobre 2023, et remis - plus tard que prévu - les dépouilles de 25 otages morts, conformément aux termes du cessez-le-feu.

Il a justifié ces retards par la difficulté à retrouver des corps de personnes décédées sous les décombres laissés par les bombardements israéliens, en l'absence aussi du manque d'engins de déblaiement.

En échange, Israël a libéré près de 2.000 prisonniers palestiniens et restitué les corps de centaines de Palestiniens morts.

Le Hamas et Israël, qui a mené la semaine dernière des bombardements meurtriers sur le territoire, s'accusent mutuellement ces derniers jours de ne pas respecter la fragile trêve en vigueur après deux ans d'une guerre dévastatrice, déclenchée par l'attaque du 7-Octobre.

De nombreux points restent en suspens sur la mise en oeuvre de l'accord du cessez-le-feu, en particulier sur le calendrier et le déroulé de ces différentes étapes.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 17 novembre une résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour le territoire palestinien, qui prévoit le déploiement d'une force internationale chargée notamment de désarmer le Hamas, qui refuse jusque-là de rendre les armes.

La résolution prévoit aussi la mise en place d'une autorité de transition pour gouverner le territoire, excluant le Hamas, qui a dénoncé un "mécanisme de tutelle internationale" inacceptable.


Au Liban, le monastère du Saint des miracles attend le pape

"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
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  • La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre
  • Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles

ANNAYA: "Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV.

La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre.

"Ma famille et moi avons une grande foi en Saint Charbel et nous lui rendons toujours visite", déclare Charbel Matar, 69 ans, entouré de son épouse et ses amis.

"J'ai failli mourir quand j'avais cinq ans. Il a accompli un miracle, il m'a sauvé de la mort et m'a maintenu en vie pendant 64 années de plus", ajoute l'homme dont les parents ont changé le prénom de Roger à Charbel en l'honneur du saint.

Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles.

Les portraits du saint, avec sa longue barbe blanche, ornent maisons, voitures, mêmes bureaux, et les visiteurs affluent au monastère, qui porte le nom de Saint Maron, en toutes saisons.

"J'étais certaine que le pape allait visiter Saint Charbel (..) car Rome ne peut pas nier les miracles qu'il accomplit", dit Randa Saliba, une femme de 60 ans. "Saint Charbel est un message d'amour (..), il garde vivant le message chrétien".

La dernière visite d'un souverain pontife au Liban avait été celle de Benoit XVI en 2012.

Toutes les confessions 

En prévision de l'arrivée du pape, des ouvriers appliquent une couche d'asphalte sur la route menant au paisible monastère, dans les montagnes boisées d'Annaya qui surplombent la mer.

Des visiteurs, dont des femmes musulmanes voilées, se promènent sur le site, où la cellule monacale de Saint Charbel a été gardée intacte. Certains allument des bougies et récitent des prières.

Fils de bergers, le moine originaire du nord du Liban était entré dans les ordres à l'âge de 23 ans, avant de mener une vie d'ermite.

L'abbé Tannous Nehmé, vice-recteur de Saint Maron, affirme que le monastère attire environ trois millions de visiteurs chaque année.

"Ce ne sont pas seulement des chrétiens - beaucoup de musulmans, ou des personnes non croyantes, viennent. Des gens arrivent de partout: d'Afrique, d'Europe, de Russie", affirme-il.

Au milieu des effluves d'encens, seul le bruit des travaux de restauration de la tombe de Saint Charbel troublent la quiétude du monastère.

C'est là que, lorsque la tombe a été ouverte en 1950, des représentants du clergé ont constaté que le corps du saint était intact, plus d'un demi-siècle après sa mort.

Le monastère a recensé des dizaines de milliers de personnes qui ont affirmé avoir été guéries par Saint Charbel.

La miraculée la plus célèbre est une Libanaise, Nohad Chami, diagnostiquée avec une maladie en phase terminale en 1993.

Elle affirme avoir eu une vision de Saint Charbel qui l'a guérie. Elle est décédée cette année, à l'âge de 75 ans.

"L'espoir" 

Le Liban, un pays multiconfessionnel, est le seul Etat arabe où le président de la République est un chrétien maronite, en vertu du partage du pouvoir entre les communautés.

"La visite du pape est très importante pour le Liban. Elle apporte du bien et la bénédiction", se réjouit Claude Issa, une mère de trois enfants âgée de 56 ans.

Le Liban est sorti d'une guerre meurtrière il y a près d'un an entre le Hezbollah et Israël, qui continue de mener des frappes dans le pays, disant viser des membres ou infrastructures du mouvement pro-iranien.

Secoué par une crise économique inédite depuis 2019, il a également connu en août 2020 une énorme explosion, qui a fait plus de 220 morts et dévasté une partie de Beyrouth.

Le pape doit tenir le 2 décembre une prière silencieuse sur le site de l'explosion, au port de Beyrouth, et célébrer une messe publique.

"Sa visite donnera un élan aux gens, leur fera sentir qu'il y a toujours de l'espoir au Liban", affirme Claude Issa.

 


L'ONU s'alarme «pour la survie de Gaza»

La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
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  • Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme"
  • "Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport

GENEVE: La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée.

Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme", dénonce un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

"Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport.

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Plus de 69.756 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas. Ces données, jugés fiables par l'ONU, ne précisent pas le nombre de combattants tués mais indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.

Selon le rapport de la Cnuced, les opérations militaires israéliennes ont fait passer Gaza "d'une situation de sous-développement à celle d'une ruine totale".

L'ONU estime qu'environ 70 milliards de dollars seront nécessaires pour reconstruire le territoire palestinien.

"Même dans un scénario optimiste, dans lequel la croissance atteint un taux à deux chiffres et l'aide étrangère afflue, il faudra plusieurs décennies pour que Gaza retrouve le niveau de qualité de vie d'avant octobre 2023", souligne le rapport.

La Cnuced appelle à la mise en oeuvre "d'un plan de redressement d'ensemble" qui associe "une aide internationale coordonnée, le rétablissement des transferts fiscaux" d'Israël vers Gaza "et des mesures visant à alléger les contraintes qui pèsent sur le commerce, les déplacements et l'investissement".

Cette agence onusienne appelle à instaurer, dans ce cadre, un revenu de base universel à Gaza, pour pourvoir à la subsistance de tous les habitants, sous forme d'un programme d'aide en espèces, "reconductible et sans conditions" et qui serait versé mensuellement.

La Cnuced note également qu'en Cisjordanie occupée, "la violence, l'expansion accélérée des colonies et les restrictions à la mobilité de la main-d'oeuvre" sont à l'origine du pire déclin économique depuis que l'agence a commencé à tenir des registres en 1972.