Législatives russes: l'opposition crie à la fraude, le Kremlin se targue d'une super-majorité

«Pour le président (Poutine), le plus important est bien sûr que les élections aient été concurrentielles, dans la transparence et la probité». (Photo, AFP)
«Pour le président (Poutine), le plus important est bien sûr que les élections aient été concurrentielles, dans la transparence et la probité». (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 21 septembre 2021

Législatives russes: l'opposition crie à la fraude, le Kremlin se targue d'une super-majorité

  • Ces élections avaient été précédées par des mois de répression et par l'élimination de la quasi-totalité des opposants à Vladimir Poutine
  • Les autorités ont également forcé Apple et Google à supprimer l'application de l'équipe de Navalny donnant des consignes de vote

MOSCOU : L'opposition russe a dénoncé lundi des fraudes massives aux législatives qui ont vu le parti du Kremlin rafler une super-majorité des deux tiers, point final d'un scrutin sur-mesure dont avaient été exclus les détracteurs de Vladimir Poutine.

La formation Russie unie est créditée de 49,82% des voix, selon des résultats portant sur 99,98% des bureaux de vote.

La présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova, a confirmé que Russie Unie avait remporté plus des deux tiers des sièges à la chambre basse du Parlement, la Douma, comme à l'issue des précédentes législatives il y a cinq ans.

Conséquence d'élections au cours desquelles la moitié des sièges sont attribués à la proportionnelle et l'autre au scrutin majoritaire uninominal à un tour, ce parti disposera de plus de 300 mandats sur 450, assez pour réviser la Constitution.

"Pour le président (Poutine), le plus important est bien sûr que les élections aient été concurrentielles, dans la transparence et la probité", a estimé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

"J'aimerais particulièrement remercier les citoyens russes, vous remercier de votre confiance chers amis", a de son côté déclaré M. Poutine.

Le parti au pouvoir devance les communistes du KPRF (18,93%), mais est en recul par rapport aux 54,2% et 334 sièges de 2016. La participation était en hausse, atteignant 51,68%, signe selon le président russe d'une approche "responsable" des électeurs.

L'opposition, pour l'essentiel interdite de scrutin à l'instar d'Alexeï Navalny, emprisonné, a quant à elle dénoncé des fraudes massives : bourrages d'urnes, manipulation du vote en ligne, observateurs exclus du dépouillement, etc.

L'Union européenne a dénoncé un climat d'"intimidation", tandis que les Etats-Unis ont estimé que les Russes avaient été "empêchés d'exercer leurs droits civiques" sur fond de répression de l'opposition. Londres a déploré un "grave recul des libertés démocratiques".

«Opération spéciale»

A Moscou, le bastion des détracteurs du Kremlin, l'opposition a affirmé que les résultats du vote en ligne avaient été falsifiés, permettant d'inverser la tendance défavorable à Russie Unie observée au moment du comptage des votes papiers.

Pour protester contre ces résultats, une courte manifestation a rassemblé quelques centaines de personnes lundi soir dans la capitale, certains scandant "la Russie sera libre" ou tenant des pancartes "On m'a privé de vote".

Un participant, Alexeï Konovalov, 26 ans, a expliqué à l'AFP avoir découvert le jour du scrutin qu'un inconnu s'était présenté à sa place au bureau de vote pour voler sa voix. "Je ne suis pas d'accord avec les résultats. Quelqu'un a voté à ma place", a-t-il dit.

Via Instagram, Alexeï Navalny a ironisé sur les "petites mains agiles" de Russie Unie qui ont permis de "complètement inverser" les résultats des votes électroniques. 

La popularité de Russie Unie était en berne avant le vote, avec une cote de confiance inférieure à 30%, minée par les affaires de corruption et la chute du niveau de vie.

"Cette Douma +élue+ est évidemment illégitime et nous ne la reconnaissons pas. Quand une opération spéciale permet à un parti avec une cote de 30% de dépasser 75% des sièges dans un Parlement, cela revient à insulter les citoyens", a lâché sur Twitter Léonid Volkov, un allié de M. Navalny.

"Les gens sains d'esprit (...) n'ont pas pu voter pour ce parti", a renchéri auprès de l'AFP Dmitri Gavrilov, un électeur moscovite.

L'ONG spécialisée Golos a qualifié d'"évidence" la baisse du "niveau de transparence" et même le dirigeant du Parti communiste, Guennadi Ziouganov, généralement mesuré, a appelé à faire cesser "cette sale cuisine" électorale.

La présidente de la Commission électorale a balayé ces accusations. 

«Vote intelligent»

Etant donné le résultat en hausse obtenu par les communistes, le mouvement de M. Navalny a revendiqué le succès de sa stratégie du "vote intelligent", consistant à appeler à voter en faveur des candidats les mieux placés pour gêner ceux de Russie Unie.

Les partisans de M. Navalny, emprisonné depuis son retour en janvier en Russie après un empoisonnement qu'il attribue au Kremlin, étaient bannis du scrutin du fait de l'interdiction de leur organisation pour "extrémisme".

Ces élections avaient été précédées par des mois de répression et par l'élimination de la quasi-totalité des opposants à Vladimir Poutine.

Les autorités ont également forcé Apple et Google à supprimer l'application de l'équipe de M. Navalny donnant des consignes de vote.

Outre Russie Unie et les communistes, trois partis sont en position de siéger à la Douma : les nationalistes de LDPR (7,50%), les centristes de Russie Juste (7,44%) et un nouveau venu, le parti des "Nouvelles personnes" (5,33%). Ces formations sont considérées comme étant dans la ligne du pouvoir.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com