Sous-marins: Macron et Biden promettent de restaurer «la confiance»

Le président américain Joe Biden (à gauche) écoute le président français Emmanuel Macron s'exprimer lors d'une séance de travail lors du sommet du G7 à Carbis Bay, Cornwall, le 12 juin 2021. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden (à gauche) écoute le président français Emmanuel Macron s'exprimer lors d'une séance de travail lors du sommet du G7 à Carbis Bay, Cornwall, le 12 juin 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 22 septembre 2021

Sous-marins: Macron et Biden promettent de restaurer «la confiance»

  • Au cours de cet entretien téléphonique très attendu, les deux présidents ont tenté de trouver une issue à la crise diplomatique la plus grave entre les Etats-Unis et la France depuis le « non » français à la guerre d'Irak en 2003
  • En premier lieu, Emmanuel Macron et Joe Biden sont convenus que « des consultations ouvertes entre alliés » auraient « permis d'éviter cette situation »

PARIS: Six jours après le début de la crise des sous-marins, Joe Biden et Emmanuel Macron ont annoncé des "engagements" pour rétablir une confiance durement éprouvée entre Paris et Washington, le président américain reconnaissant que "des consultations ouvertes entre alliés" auraient permis d'éviter ces tensions.

Au cours de cet entretien téléphonique très attendu, les deux présidents ont tenté de trouver une issue à la crise diplomatique la plus grave entre les Etats-Unis et la France depuis le "non" français à la guerre d'Irak en 2003.

En premier lieu, Emmanuel Macron et Joe Biden sont convenus que "des consultations ouvertes entre alliés" auraient "permis d'éviter cette situation". 

"Le président Biden a fait part de son engagement durable à ce sujet", ajoutent-ils dans un communiqué commun, alors que Paris l'a accusé de se comporter comme son prédécesseur Donald Trump.

Les deux dirigeants ont décidé de se retrouver "à la fin du mois d'octobre" en Europe, où le président américain est attendu pour participer au G20 à Rome les 30 et 31, puis à la COP-26 début novembre à Glasgow (Royaume-Uni). D'ici là, ils lanceront "un processus de consultations approfondies visant à mettre en place les conditions garantissant la confiance".

Pour se faire, Emmanuel Macron a décidé que l'ambassadeur de France aux Etats-Unis, l'expérimenté diplomate Philippe Etienne, retournerait à Washington "la semaine prochaine" et travaillerait "alors en lien étroit avec des hauts fonctionnaires américains". 

Paris avait annoncé vendredi le rappel des ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie, une décision sans précédent vis-à-vis de deux alliés historiques, pour protester contre l'annonce d'un partenariat stratégique entre ces deux pays et le Royaume-Uni, qui a entraîné torpillage d'un mégacontrat de sous-marins français à Canberra.

"Les messages sont bons" avec la reconnaissance qu'il aurait fallu "mieux communiquer", a commenté Benjamin Haddad, directeur Europe du think tank Atlantic Council. "Les Américains ont compris que le choc principal à Paris ne venait pas tant que de l'aspect commercial que de la rupture de confiance", a-t-il ajouté, en prévenant toutefois qu'"on ne surmonte pas tout du jour au lendemain par une conversation".

« Importance stratégique »

Adoptant un ton mesuré et consensuel tranchant avec celui des échanges des derniers jours, le communiqué commun précise que "l’engagement de la France et de l’Union européenne dans la région indopacifique revêt une importance stratégique".

En visite à Washington, le Premier ministre britannique Boris Johnson a également affirmé que le partenariat AUKUS n'était "pas exclusif" et n'essayait "pas d'exclure qui que ce soit". Il a également appelé Paris à se ressaisir en lançant, en franglais, "donnez-moi un break" (laissez-moi souffler) sur cette affaire.

Joe Biden a aussi adopté un ton conciliant en jugeant "nécessaire que la défense européenne soit plus forte et plus performante" pour contribuer à la sécurité transatlantique et compléter "le rôle de l'Otan", selon le communiqué.

La crise a en effet ouvert un débat en France, mais aussi dans d'autres pays de l'UE, sur la nécessité d'accélérer vers une plus grande souveraineté européenne en matière de défense pour s'affranchir du parapluie américain.

Mais les capitales les plus atlantistes, comme Copenhague, un des plus proches alliés des Etats-Unis en Europe, ont publiquement émis des réserves : la Première ministre danoise Mette Frederiksen a dit ne pas comprendre "du tout" les critiques formulées contre Washington et a défendu "le très loyal" Joe Biden.

En France, plusieurs candidats à l'Elysée, de Jean-Luc Mélenchon (LFI) à Marine Le Pen (RN) en passant par Eric Ciotti (LR), appellent à revoir les liens avec l'Otan, certains voulant mettre sur la table la question de la participation de la France au commandement intégré" de l'organisation transatlantique.

La France y avait fait son retour, en 2009 sous Nicolas Sarkozy, 43 ans après l'avoir quittée, sous l'impulsion du général de Gaulle.

"Le dialogue politique est inexistant au sein de l'Otan", mais "il ne faut pas claquer la porte" de l'alliance pour autant, a répondu mercredi la ministre des Armées Florence Parly devant les sénateurs.

Intervenant mardi à l'Assemblée générale de l'ONU, Joe Biden a promis que les Etats-Unis allaient redevenir un partenaire fiable auprès de ses alliés malmenés pendant l'ère Trump. "Au cours des huit derniers mois, j'ai accordé la priorité à la reconstruction de nos alliances", a-t-il plaidé à New York.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.