Face à des défis existentiels, l'UE craint le vide de l'après-Merkel

Angela Merkel, la cheffe de gouvernement à la plus grande longévité parmi les démocraties européennes, a joué un rôle tout à fait décisif dans l'UE, explique le politologue Janis Emmanouilidis du European Policy Centre (EPC). (AFP)
Angela Merkel, la cheffe de gouvernement à la plus grande longévité parmi les démocraties européennes, a joué un rôle tout à fait décisif dans l'UE, explique le politologue Janis Emmanouilidis du European Policy Centre (EPC). (AFP)
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Publié le Jeudi 23 septembre 2021

Face à des défis existentiels, l'UE craint le vide de l'après-Merkel

  • L'UE est confrontée à des défis historiques: reconstruire une économie forte après la pandémie, lutter contre le changement climatique, affirmer son rôle géopolitique face aux Etats-Unis et à la Chine
  • L'ancienne ministre espagnole des AE reproche à la chancelière sa «stratégie consistant à attendre que les situations désespérées appellent des mesures désespérées»

BRUXELLES: Le retrait d'Angela Merkel de la scène politique suscite la peur du vide au sein de l'Union européenne, confrontée à des chantiers décisifs pour sa survie, mais aussi l'espoir d'un vent de renouveau.

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Ces derniers mois, les dirigeants de l'UE ont multiplié hommages et remerciements à celle qui a dirigé l'Allemagne depuis 2005, presque aussi longtemps que le chancelier de la Réunification, Helmut Kohl (1982-1998).


Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a salué son "énorme autorité". La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a souligné à quel point l'esprit d'analyse de cette docteure en chimie avait été crucial pour débloquer les négociations européennes parfois interminables.


Angela Merkel, la cheffe de gouvernement à la plus grande longévité parmi les démocraties européennes, a joué un rôle tout à fait décisif dans l'UE, explique le politologue Janis Emmanouilidis du European Policy Centre (EPC). Elle tirera sa révérence quelques mois après les législatives allemandes de dimanche, le temps qu'un nouveau gouvernement soit formé.


"Bien sûr, son départ laisse un vide", a-t-il déclaré à l'AFP, évoquant "la fin d'une époque". Au cours de ses 16 années au pouvoir, Mme Merkel a dû faire face à une "crise permanente" de l'UE, de la crise financière de 2008 à la pandémie de coronavirus, en passant par le Brexit, rappelle cet expert.

De la rue au Bundestag, des militants du climat en quête de suffrages

C'est vêtue d'un déguisement de licorne couleur arc-en-ciel que Kathrin Henneberger s'est fait connaître lorsqu'elle occupait une forêt allemande menacée par les bulldozers. La jeune militante pour le climat aspire désormais à endosser le costume de député.


Cette activiste habituée aux opérations coups de poing a décidé, à 34 ans, de se présenter aux élections législatives qui se tiennent dimanche en Allemagne.


Un pas qu'a également franchi Jakob Blasel, l'un des organisateurs du mouvement Fridays for Future en Allemagne.


Ils veulent représenter une jeunesse qui se mobilise en masse pour le climat mais aimerait être davantage entendue par les politiques.


Il faut entrer dans "les lieux où les décisions sont prises", fait valoir Jakob Blasel, 20 ans et déjà plusieurs années de militantisme derrière lui.


Comme Kathrin Henneberger, il a choisi de s'engager chez les Verts, un "vieux" parti du paysage électoral en Allemagne qui pointe en troisième place dans les sondages nationaux.


Aucun programme électoral, même pas celui des Verts, n'est aujourd'hui compatible avec l'accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement "bien en deçà" de +2°C et si possible à +1,5°C, accuse Fridays for Future.

Inondations et glacier 

Mais activisme et politique "ne sont pas en contradiction, ça se complète parfaitement", affirme à l'AFP le jeune homme à la tignasse bouclée qui espère être élu député en Schleswig-Holstein (nord).


Il espère que les inondations meurtrières de juillet dans l'ouest de l'Allemagne auront fait prendre conscience à beaucoup d'électeurs que l'impact du dérèglement climatique frappe à leur porte.


Dans les Alpes bavaroises, les scientifiques tirent la sonnette d'alarme depuis plusieurs années.


Accrochée à une falaise désertique du Zugspitze, le plus haut sommet d'Allemagne, la station de recherche Schneefernhaus mesure, saison après saison, la fonte des glaciers.


"Regardez, on peut voir à certains endroits qu'il n'y a plus de neige", pointe Inga Beck, 37 ans, porte-parole de la station, devant une fenêtre qui donne sur le glacier Schneefern Nord, le plus grand du pays. 


Un récent rapport ministériel estime que 250 litres d'eau s'écoulent du glacier toutes les 30 secondes. A ce rythme, celui-ci, ainsi que les quatre glaciers allemands, auront disparu d'ici à 2040.


Dans la région du Zugspitze, "les températures ont grimpé d'1,5 degrés ces trente dernières années", relate Hans Peter Schmid, directeur de l'institut de recherche KIT-Campus Alpin.

Rassembler jeunes et anciens 

Kathrin Henneberger a longtemps cru que la désobéissance civile était le principal moyen d'agir pour sauver la planète.


"J'ai occupé des mines, bloqué la construction de centrales, mais il y a une nouvelle jeune génération qui s'active", explique celle qui a adhéré à l'ONG Greenpeace à l'âge de 13 ans.


"On n'a plus besoin de moi ici, tandis que cette génération a besoin de députés qui la prennent au sérieux", observe-t-elle, soulignant : "l'industrie fossile est au Bundestag et y a une très grande influence."


Dans plusieurs régions allemandes, les écologistes sont déjà au pouvoir, parfois même aux côtés des conservateurs.


Les Verts, qui ont toutes les chances d'entrer au gouvernement, tentent de faire le pont entre les revendications, parfois radicales, des activistes et l'électorat plus traditionnel d'un pays où les plus de 60 ans représentent 38% des électeurs.


Parmi leurs propositions phares : avancer à 2030 la sortie du charbon prévue en 2038, et interdire à partir de cette date la vente de voitures équipés de moteurs à combustion.


Membre des Verts depuis près de quarante ans, Hajo Siemes accueille avec enthousiasme la nouvelle génération.


Cet élu local de 74 ans accompagnait récemment Kathrin Henneberger lors d'un déplacement de campagne en vélo dans sa circonscription de Möchengladbach (ouest) et se souvient de son propre parcours.


"Beaucoup d'entre-nous viennent du terrain et étaient dans la rue", observe ce vétéran de la lutte antinucléaire des années 1970.


Politiques, manifestants, activistes... "un mouvement vit de la diversité des acteurs", insiste Mme Henneberger.


"Nous ne pouvons pas imposer les 1,5 degrés en politique uniquement à travers des manifestations massives", explique la candidate, qui ne compte pas renoncer à descendre dans la rue.


Vendredi, l'avant-veille du scrutin, elle sera, comme Jakob Blasel, dans les cortèges appelés à "une grève mondiale" par le mouvement Fridays for Future.

Gestionnaire pragmatique 

Ses discours sur l'Europe n'entreront pas dans l'Histoire. Dépourvue de grande vision, la chancelière doit sa bonne image à ses talents de gestionnaire pragmatique qui lui ont permis de maintenir l'unité de l'UE dans l'adversité en forgeant les compromis nécessaires.


Elle a fait preuve de "continuité et de fermeté", ce que de nombreux Européens ont apprécié en période d'incertitude. "Le prochain chancelier devra d'abord prendre de l'envergure avant de pouvoir prétendre à la remplacer dans ce rôle", souligne-t-il. Peu importe qu'il s'appelle Armin Laschet (CDU), Olaf Scholz (SPD) ou Annalena Baerbock (Verts).


Selon une étude menée dans 12 pays de l'UE par le Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), 41% des personnes interrogées affirment qu'elles voteraient pour Angela Merkel plutôt que pour Emmanuel Macron, s'il fallait élire un président pour l'Europe.


Pendant la crise de l'euro, au début des années 2010, elle avait pourtant suscité la colère après avoir tardé à venir en aide aux pays endettés, comme la Grèce, laissant craindre un moment une implosion de la monnaie unique.

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Allemagne : un mode de scrutin à la fois majoritaire et proportionnel

Les élections législatives allemandes qui ont lieu le 26 septembre se déroulent selon un système de vote complexe, qui allie scrutin uninominal direct à un tour et principe proportionnel.


Elles sont cruciales car l’Allemagne est une démocratie parlementaire où le/la chancelier/e est élu/e par les députés du Bundestag, la chambre basse du Parlement, dans le sillage du scrutin, et non directement par la population.


Deux voix 
Chacun des 60,4 millions d'électeurs dispose de deux voix pour élire les députés, dont le nombre a été fixé à 598 au minimum. Le chiffre final devrait toutefois être supérieur et ne sera connu qu'à l'issue du scrutin.


La moitié des sièges (299) sont attribués par un scrutin uninominal direct à l'échelle des circonscriptions. Le candidat arrivé en tête, même s'il n'atteint pas les 50%, est élu. Ce qui favorise traditionnellement les grands partis, les petits n'ayant que très peu de députés élus directement.


Mais les électeurs disposent d'une deuxième voix, qu'il doivent attribuer à une liste de partis dans chaque Etat régional. C'est là qu'intervient le système proportionnel, mis en place sous l'influence des alliés après la guerre pour éviter un retour du totalitarisme, avec un seuil minimum de 5% des suffrages pour entrer au Bundestag. 

Sièges supplémentaires 

L'électeur peut voter deux fois pour le même parti ou différencier son choix. Les Allemands optent souvent pour cette dernière solution car ils sont habitués à être gouvernés par des coalitions, en raison du système proportionnel, et essaient d'influencer leur composition.


La deuxième voix a beaucoup d'importance: le score obtenu par chaque parti dans chaque Etat régional va en effet déterminer en grande partie le nombre d'élus envoyés au final au Bundestag, via un mode de calcul compliqué.


Si un parti obtient par exemple dans une région donnée (ou in fine au plan national) 30% des voix à la proportionnelle, il aura droit à coup sûr à 30% de tous les sièges alloués. 

Obésité? 

A ce stade, deux cas de figure: si le nombre d'élus directs au scrutin majoritaire représente un total inférieur à ce seuil de 30%, on complète avec les élus de la liste régionale. Si en revanche il est supérieur au score proportionnel, ces sièges directs supplémentaires restent et augmentent donc mécaniquement le nombre total de députés au Bundestag.


D'autant qu'en pareil cas, la Cour constitutionnelle allemande a imposé un rééquilibrage sous forme d'une attribution de sièges supplémentaires aussi aux autres petits partis, afin de préserver la dimension proportionnelle du scrutin.


Le nombre final d'élus a de ce fait enflé de scrutin en scrutin dans la période récente: ils sont déjà 709 députés dans le Bundestag sortant et pourraient, selon certaines projections dépasser cette fois 750. 


Plusieurs tentatives pour plafonner ce nombre ont eu lien dans le passé mais sans résultat probant.

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Attente et hésitations 

"Angela Merkel n'a pas sauvé l'Europe", affirme l'ancien président de la Commission, Jean-Claude Juncker. "C'est le narratif allemand qui voudrait qu'elle ait été à l'origine de toutes les solutions dans les crises graves", a-t-il déclaré au quotidien belge Le Soir. "Je ne sous-estime pas le rôle qu'elle a joué mais je suis loin de le surestimer pour avoir vécu ses propres hésitations durant cette période qui fut parmi les plus difficiles de la construction européenne".


Pour ce vétéran de la politique luxembourgoise, Merkel a cependant agi en "femme d'Etat" en ouvrant les frontières allemandes aux réfugiés en 2015 malgré les attaques dont elle a été la cible dans son pays, et "elle a bien réagi" durant la pandémie en acceptant un plan de sauvetage historique à 750 milliards d'euros qui a incarné la solidarité européenne.


L'ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères, Ana Palacio, reproche à la chancelière sa "stratégie consistant à attendre que les situations désespérées appellent des mesures désespérées". Cette stratégie a "souvent profité à ceux qui enfreignent les règles", assure-t-elle, en référence aux tergiversations allemandes face au chef du gouvernement hongrois Viktor Orban dont le pays s'est éloigné des valeurs européennes.


Or, l'UE est confrontée à des défis historiques: reconstruire une économie forte après la pandémie, lutter contre le changement climatique, affirmer son rôle géopolitique face aux Etats-Unis et à la Chine... 


"Mme Merkel a peut-être habilement maintenu le statu quo sur le continent au cours des dernières années, mais les défis auxquels l'Europe est confrontée aujourd'hui exigent des solutions radicales, et non des changements cosmétiques. Ce dont l'UE a besoin aujourd'hui, c'est d'une Allemagne visionnaire", estime Piotr Buras, de l'ECFR.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.